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Chroniques de la place carrée tome 2 sur 4
EAN : 9782072988011
352 pages
Gallimard (12/01/2023)
4.1/5   58 notes
Résumé :
Laura est infirmière.
Tonio est petit dealer.
Laura est amoureuse.
Tonio saisit une belle opportunité.
Laura aimerait tout quitter, mais Marion est en couple.
Tonio en a marre de jouer les seconds rôles.
Et il y a tous les autres, qui s’impatientent, qui s’entraident, qui magouillent, qui cherchent une issue. Thierry n’a plus rien pour payer les couches de la petite. Zacharie est prêt à livrer n’importe quoi à n’importe qui.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Tristan Saule reprend les codes du roman noir pour construire brillamment un récit à la mécanique narrative implacable. Il entremêle les destins, complexes, de deux personnages principaux autour desquels gravite toute une myriade de personnages secondaires tout aussi réussis et incarnés. Laura est infirmière, ce n'est pas facile en période COVID tout début de pandémie, d'autant qu'elle est en pleine confusion amoureuse. Tonio est un petit dealer d'ecta qui saisit l'opportunité de monter un plan héroïne sans en avoir l'envergure. Ils ne se connaissent pas mais vivent dans le même quartier.

Forcément, on sent l'inéluctable arriver. Laura et Tonio vont être en danger par les choix qu'ils vont faire, contraints ou insouciants ou assumés. On sait qu'ils vont se rencontrer et que la collision fera mal, et pourtant rien n'est surjoué ni artificiel. Bien au contraire, le récit respire l'authenticité tant Tristan Saule a un oeil aiguisé pour prendre le pouls de la société à un moment de bascule et observer ce quartier populaire qu'il a choisi comme cadre de son roman. La critique sociale et politique est fine, acérée mais sans manichéisme, pleine de tendresse pour tous ces oubliés, ici désoeuvrés par le confinement qui se profile, sans ressources, les laissés pour compte de l'ascenseur social. le regard n'est jamais surplombant mais à leur hauteur, d'une rare empathie.

L'auteur excelle dans la narration, enchaînant des paragraphes courts, parfois d'une dizaine de lignes voire d'une seule phrase, deux pages au maximum. Les mots claquent, apportant une rythme très particulier, plein de nervosité et de tension crescendo à mesure que les destins s'entremêlent. Les dernières pages happent totalement. le sens de la découpe, très assuré, donne l'impression de lire avec plein de caméras filmant chacune leur scène, leur morceau de scène sous leur angle. le mouvement finit par créer une chorégraphie irrésistible qui explose et laisse le lecteur chaos, entre système hospitalier au bord du chaos et guerre des gangs.

Tristan Saule confirme son talent avec ce deuxième volet de son cycle de romans noirs sociétaux «  Chronique de la place carrée ». Si le premier, Mathilde ne dit rien m'avait plus remué ( c'est un de mes gros coups de coeur 2021 ), j'ai trouvé celui-ci tout aussi formidable. Et quel plaisir de retrouver le personnage de Mathilde, même dans un petit rôle ( mais O combien important ) ! J'attends le prochain opus avec impatience !
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Deuxième volet de la trilogie de Tristan Saule - Chronique de la place carrée -, romans sociaux, sociétaux, plutôt noirs comme ont pu s'en rendre compte les lecteurs du tout premier opus - Mathilde ne dit rien -, et si celui-ci semble l'être "un peu moins", ne vous fiez pas aux apparences, il réserve des surprises auxquelles vous resterez difficilement insensibles.

Nous retrouvons donc la place carrée, place située au coeur de la cité populaire de la petite ville de Monzelle.
Dans ces barres d'immeubles conçues dans les années 70 vivent aujourd'hui 8000 de nos compatriotes, ceux essentiellement appartenant à ce que certains appellent "la France d'en bas", celle des "Lumpen", celle qui survit grâce à des petits boulots, des aides sociales, de l'entraide ou de la "débrouille" ; mode de survie peu considéré par le Code pénal.

Au milieu de ce décor et de quelques-uns des protagonistes
du premier pan de la trilogie, dont Loumès, Idriss, Zineb et Mathilde, ouais, "la Mathilde qu'est revenue"... juste le temps d'une ou deux scènes, mais pas n'importe lesquelles...vit Laura, une très belle jeune femme ; une beauté magnétique, un peu comme celle de Cléopâtre.
Laura, infirmière de son état, est passionnée de cinéma. Et puis elle est gay ; rien de vraiment extraordinaire si ce n'est que son amour du 7ème art va lui faire croiser le chemin de Marion, une jeune trentagénaire... mariée à un homme, mais en laquelle vivent des pulsions homosexuelles qui vont faire leur coming out grâce à la "Zone" de Tarkovski et à Laura de laquelle elle va s'éprendre...pour le meilleur et pour le pire.
Tonio, l'ancien toxico auquel Mouss a donné une seconde chance, qui deale "léger" et qui sert de chauffeur à Mouss et à Loumès va se voir proposer par le "Manouche", un Marocain qui a jadis combattu en Bosnie et qui s'est reconverti en trafiquant à la petite semaine et en alcoolo chronique, une affaire d'héroïne.
Passer de l'exta à la dreu et le faire en loucedé en s'associant avec une brute sociopathe, avec l'espoir de toucher le jackpot, tel est le choix auquel est confronté Tonio.
Laura et Tonio forment donc ce binôme dramatique mis en scène par Tristan Saule. Binôme autour duquel gravite un monde dont la vie et les mauvais choix peuvent faire surgir les djinns les plus redoutés.
Mais intéressons-nous un instant à Laura, laquelle fait office dans ce roman d'héroïne cinématographique ( alors que Tonio se débat toutes les larmes de sa mère pour en avoir un peu... ), de scénariste, de metteure en scène, de cheffe opératrice vidéo, de spectatrice cinéphile, voire de critique.... Bref, elle incarne le cinéma dont elle orchestre le film à la manière d'un Otto Preminger, et je me suis posé la question de savoir si le - Laura - de Tristan Saule n'était pas une révérence littéraire offerte au maitre en hommage à son - Laura -, ce chef-d'oeuvre dans lequel auréolait de toute sa "présence" et de tout son mystère une sublime Gene Tierney... laquelle, les amateurs s'en souviennent, a incarné dans - L'Égyptien - de Michael Curtiz la tout aussi sublime princesse Bakétamon... sorte de Cléopâtre, dont la beauté peut faire penser à celle de Laura l'infirmière, bouclant ainsi la boucle...

Et tout cela au début de 2020 alors que de Chine arrive un virus inconnu, le SARS-COV2, plus "célèbre" sous l'appellation de " coronavirus de Wuhan."
La menace est d'abord sous-estimée comme le "nuage de Tchernobyl", puis on manque de masques, puis on confine...et c'est à ce moment-là que le roman nous cueille.

Un roman à l'écriture et au montage ( structure narrative ) découpé comme un film.
Il débute ainsi :
"- le SAMU, bonsoir.
Au bout du fil, une voix féminine, brisée, tremblante.
- Il faut venir. Il faut venir.
- Dites-nous ce qui se passe, madame, dit la permanencière .Comment vous appelez-vous ?
- Il y a un souffle dans le combiné. le vent peut-être. Ou alors la respiration vaine de la femme.
- C'est moi, dit-elle. Je suis rentrée dedans. Je l'ai tuée, elle bouge plus.
- Où êtes-vous, madame ?"

COUPEZ !

D'autres lieux, d'autres scènes, une autre temporalité(?)
Et on retrouve Laura aux urgences qui attend l'arrivée d'une jeune accidentée de la route. L'hélicoptère ne va pas tarder.
La jeune femme qui vient d'être renversée par une voiture est prise en charge et transportée au scanner.
Elle est suivie de près par sa mère qui crie son nom : "Laura !"
Surprise, troublée, l'infirmière se retourne croyant un instant que c'est elle qu'on appelle, que c'est sa mère qui l'appelle...
Cette jeune femme qui porte le même prénom qu'elle, qui a le même âge qu'elle, qui porte un pantalon vert pomme pareil à l'un des siens, ce pourrait être elle.
Tout au long de cette scène, Laura ne va être partie prenante que dédoublée, un peu de manière extracorporelle.
"- Laura contemple l'évènement à distance, invisible. Elle est au cinéma. Personne ne lui prête attention. Elle est un fantôme blanc qui tremble dans la lueur des néons blafards. La fille a le même âge qu'elle, le même nom qu'elle. Laura n'est peut-être que son âme errante, flottant dans la pièce avant de rejoindre le tunnel de lumière, avant de se fondre dans le grand tout. Il n'y a qu'une seule Laura qui s'éteint à l'âge de vingt-trois ans comme une conne, en ayant passé toute sa vie à attendre qu'elle commence. Ça ne devait pas se dérouler comme ça."

COUPEZ !

Laura marquée par la mort tragique de la jeune femme, se confiera à Marion, avec laquelle elle prendra connaissance de la sentence prononcée quelques mois plus tard par un juge contre la chauffarde : deux mois de prison avec sursis. Marion s'indignera de la légèreté de la peine...

Tristan Saule a réussi son pari ; un second volet, différent mais tout aussi prenant que le premier.
L'écriture ciné, l'authenticité des personnages, le réalisme de leur vécu ( en tant qu'ancien soignant, j'ai été scotché par l'aisance avec laquelle il met en scène le médical, le paramédical, leur lexique, leurs codes, leurs actes... c'est bluffant ! ), le rythme et l'action parfaitement accordés, le scénario et le script impeccablement maîtrisés.
La Place Carrée vit sous nos yeux, réelle comme seul le réel pouvait nous la montrer ; se contentant d'observer.
Il y a chez Tristan Saule, sur le plan cinématographique, mais pas que... quelque influence néoréaliste à laquelle, pour ce qui est de la relation Laura-Marion papillonnent devant nos yeux des effluves d'un - Mulholland Drive – qu'aurait mis en scène un duo Truffaut-Kassovitz.

J'ai vraiment tout aimé dans ce bouquin.
À commencer par la structure narrative que je ne peux qu'appeler montage.
Tout y est vie.
Rien n'échappe à la caméra du metteur en scène.
Et comme j'avais parlé en commençant ce billet des lieux que l'on retrouve dans ce deuxième opus et qui nous deviennent familiers, comment ne pas évoquer ces deux établissements symboliques qui enserrent la cité et que sont l'hôpital et la SPA... cette SPA, ce pistolet de Tchekhov dont je me disais que Tristan Saule parlait trop pour ne pas finir par lui offrir un rôle à sa mesure...
Il y a du social, il y a du sociétal, il y a de la chronique, de l'action, du suspense, du noir... et c'est intelligent.

Un régal de lecture... dont je pourrais parler des heures ; je ne le ferai pas, rassurez-vous !

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Tranches de vie en période de Covid
*
Ceci est le tome 2 de la saga "Chroniques de la Place Carrée". Une comédie de moeurs , un ton résolument doux-amer aux accents dramatiques.
Autant j'ai énormément apprécié le 1er tome, autant celui-ci m'a moyennement plu.
Il y a quelques personnages récurrents - tel le jeune ado Idriss - qui tiennent lieu de fil conducteur dans cette fresque de quartier.
La pandémie virale (confinement strict) est au coeur du récit. Les habitants de ce "ghetto" déshérité le vivent chacun à sa manière. L'auteur adopte un ton cinématographique, sec et fluide.
Pour travailler exactement au même endroit que l'infirmière Marion (aux Urgences), je peux dire que l'auteur s'est remarquablement renseigné.
*
Nous, lecteurs, sommes les spectateurs de ces tranches de vie banales mais singulières. Nous aussi l'avons peut-être vécu. (ce huis-clos social).
Je lirais avec impatience le tome 3.
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En pleine pandémie de Covid-19, pendant le confinement, Laura, infirmière, est amoureuse de Marion, une femme mariée, tandis qu'échoit à Tonio, un dealer minable de shit et d'exta, une opportunité inespérée qui peut l'enrichir considérablement. L'amour parviendra-t-il à arracher Marion de sa vie routinière ? Tonio arrivera-t-il à réussir son coup ? ● J'avais adoré Mathilde ne dit rien, le premier volume de ces Chroniques de la Place Carrée. Mais contrairement aux autres lecteurs Babelio, j'ai été déçu par ce roman. ● On ne retrouve le superbe personnage de Mathilde que dans une brève apparition. ● Mais surtout il y a trop de personnages, les paragraphes sont trop courts, si bien qu'on saute constamment d'un personnage à l'autre et que cela ne fonctionne pas bien. La construction du récit m'a paru beaucoup moins bien maîtrisée que dans le premier tome. Dommage…
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Voilà un auteur, Tristan Saule, qu'il me tardait de lire, fortement influencé par les amis de Vleel où il est régulièrement mis en avant. Alors quand j'ai reçu Héroïne dans le cadre du jury du prix Quai du Polar 2023, il a été positionné en haut de la pile.

Deuxième tome des Chroniques de la place carrée – qu'on peut lire indépendamment du précédent – Héroïne nous entraîne en plein confinement dans les pas de Laura, infirmière qui tient le coup grâce à l'amour entrevu avec Marion, et de Tonio, second couteau des caïds locaux qui rêve de sa propre place au soleil.

Ils sont les personnages centraux d'une mini comédie humaine au coeur de cette ville ouvrière de l'Est de la France et de son quartier des Hauts, qui voit sa Place carrée devenir le théâtre du désoeuvrement, de la misère, du désespoir comme des espoirs fébriles. Et du drame aussi.

Roman sombre qui transpire l'empathie et l'humanité de son auteur, Saule place ses personnages entre deux vies, qui vont passer au révélateur décisif du confinement. La fuite avec Manon, son héroïne, pour Laura ; l'élévation sociale grâce à l'héroïne, pour Tonio.

C'est noir ; mais beau ; mais noir… Et addictif ! Les deux autres tomes seront vite rattrapés !
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critiques presse (1)
Liberation
22 avril 2022
Avec la suite de «Mathilde ne dit rien», Tristan Saule, écrivain installé dans l’Yonne, nous plonge dans le quotidien des habitants d’une place comme il en existe beaucoup dans les villes de France. Des tranches de vie familières et follement romanesques.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Alors que Laura porte les draps souillés vers la corbeille, le téléphone sonne. Le service de néphrologie a besoin d’un lit tout de suite pour un homme de soixante-six ans, admis huit jours plus tôt pour insuffisance rénale. À son arrivée, il toussait un peu et son état s’est aggravé. En début de soirée , il respirait avec peine. Il n’a pas été testé mais le scanner est parlant. Il est sûrement positif au corona. C’est Jean-Jacques Richter, un ancien collègue, infirmier à la retraite
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Ahmed est dans le vestibule de la tour 1, assis entre les poussettes que les mamans préfèrent laisser là plutôt que de les monter et les descendre de l’appartement trois fois par jour. À cette heure-là, personne ne le dérangera. Et puis, il sera à l’abri du vent. Avec l’hiver qui approche, il ne fait pas chaud, cette nuit. Il sort sa boulette d’héroïne et son matériel d’injection.
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Les mathématiques sont mystérieuses. Elles vous embrassent ou vous ignorent.
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On discute avec lui, on rigole et puis, une heure plus tard, on le fout dans un sac. J’ai dit tout ça, dans la chambre, devant tout le monde. Je pleurais au bord du lit comme une gamine, c’est pas vrai, Sonia? Je voyais rien du tout. Je savais pas quelle tête vous faisiez. J’ai juste entendu sa voix. La docteure Hanh, elle a dit « OK ». Elle a dit « OK, on bouge pas d’ici. Vous lui faites la toilette mortuaire et, seulement après, je prononcerai le décès et on l’isolera.
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Cette semaine-là, le soleil continue de baigner avec ironie un pays confiné, comme dans un vieux roman de politique-fiction où les lilas embaument, où les oiseux gazouillent, et où tout le monde est prisonnier. Les autorités sanitaires pensent que le pic épidémique a été atteint. Les courbes fléchissent pendant que les corps se lamentent, que les obsessions gonflent et suppurent, que la vaisselles vole dans les cuisine pleine de farine et de pain maison.
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Videos de Tristan Saule (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tristan Saule
6 oct. 2021 Cette fois c’est Tristan Saule qui se prête au jeu et répond à nos questions. Nous l’avons interviewé à Quais du Polar 2021. Romancier français, Tristan Saule est l’auteur de "Mathilde ne dit rien", un polar sombre qui met en scène la vie de Mathilde, une travailleuse sociale.
Au cours de cet entretien il nous raconte son parcours d’auteur, le travail avec l’éditeur et revient sur les deux méthodes qu’il utilise pour écrire ses romans. L’une dans le temps long où il s’autorise tout et l’autre qui doit aboutir sur une publication tous les ans. Un rythme rapide et très demandeur qui nécessite de travailler de façon complètement différente.
+ Lire la suite
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