Un livre et un auteur qui gagne à être connus !
J'ai dévoré ce livre, lu à l'occasion d'un comité de lecture pour le compte de la médiathèque municipale pour laquelle je travaille.
Un grand coup de coeur. Lorsqu'un SS, travaillant dans un camp de la mort pendant la Seconde guerre mondiale, tombe sur une petite enfant juive qui lui rappelle sa propre fille, il décide de fuir avec elle, et donc de déserter sentant la fin de lhégémonie nazie proche, pour retrouver les siens.
Vraiment magnifique.
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Il avait passé trois longues années à traîner ce poids, ne pensant qu’au jour béni où il rentrerait, grand seigneur en ses terres. La seule personne qui comptait à ses yeux venait de lui tourner irrémédiablement le dos. Aujourd’hui, il n’était plus rien : déserteur de l’armée allemande, époux et père déchus. En un
instant, le rêve de sa vie s’était évanoui.
Contrairement aux idées reçues, ce n’étaient pas les bombes, les obus ou les tirs de mortier qui effrayaient les soldats. Ça, c’était le lot commun. Tout au plus, espérait-on mourir rapidement si on avait manqué de chance. Non, ce que l’on craignait vraiment, c’était la paralysie. Cet instant précis, où, fusil à l’épaule, on s’apprêtait à faire tomber l’ennemi. Le regard fixe, droit devant,le viseur calé sur le mouvement de sa cible, à attendre, le doigt bloqué sur lagâchette. Et le moment venu, impossible de tirer. La catalepsie.
À cette époque, il était plus important de se consacrer pleinement à la fin de la mission confiée par le führer : l’extermination d’un peuple. On s’occuperait des traîtres plus tard.
Avant le décès de Nicholas, il avait toujours évité de se mêler à la frénésie alcoolique. La guerre requérait de la lucidité. Mais la détresse qui avait suivi la
disparition de son compagnon d’armes l’avait insidieusement poussé à franchir ses limites. Cette mort l’avait presque rendu fou, il avait perdu tout contrôle de lui-même.
Qu’importe, il ne revivrait jamais le bonheur d’une famille et la chaleur d’un
foyer. Entré vivant, on ne sortait d’ici que mort.