Contrairement à beaucoup de monde ici, je n'ai absolument pas accroché à ce roman.
J'ai trouvé le personnage de Virginie incohérent et son histoire invraisemblable. On nous la présente comme l'archétype de la victime absolue, sur lequel s'acharnent sans raison une foule de personnages différents.
Elle rencontre une nouvelle personne, bim, cette nouvelle personne la cogne, l'insulte ou la viole. C'est (quasi) systématique, toujours dans la surenchère.
Les personnes qui l'entourent n'ont aucune profondeur, ils sont méprisants et brutaux, point. On dirait qu'ils n'ont été créés sombres que pour rendre Virginie lumineuse, par contraste. A part générer du pathos, ils ne servent à rien.
La seule justification qu'on nous apporte pour expliquer cette densité invraisemblable de connards dans un même bâtiment (l'hospice), c'est que le Directeur est un bon samaritain qui accepte de recruter d'anciens détenus.
Et pour l'auteur, la justification suffit, "anciens détenus" = "connards prêts à tabasser n'importe qui gratuitement parce qu'il/elle est différent(e)", apparemment.
Mais c'est cette gratuité dans la cruauté que je ne comprends pas.
Idem pour la prison : tout le monde y est mauvais par nature, les prisonniers, les matons...
Je veux bien qu'une minorité de personnes réagissent haineusement à la différence, mais pas toutes.
Et si de temps en temps, on croise un personnage non-brutal (le Bibliothécaire, Marie, Lana, Fleur...), c'est nécessairement qu'il s'agit d'une victime, passée, présente ou future. Comme si dans la vie, il n'y avait que deux camps : celui des bourreaux et celui des victimes.
Et ces personnages ne sont pas creusés plus que cela, non plus. Parce qu'il ne faudrait pas non plus qu'ils prennent trop de lumière à Virginie. C'est elle, le martyr de l'histoire.
Rien que cette histoire de noms d'ailleurs. Virginie, Marie, Fleur... rien que du sacré, du blanc, du pur, la palme revenant une fois de plus au plus virginal des trois. Les gentils sont étiquetés GENTILS en large et en travers.
Et tous les autres personnages sont anonymisés. Rien qu'un troupeau de bourreaux indistincts, sans substance, rien.
C'est grossier, il n'y a pas d'autre mot. Aucune nuance.
J'ai détesté ce roman pour ce manque de subtilité, pour tout ce noir et tout ce blanc.
Le fait que Virginie soit toujours innocente de tout. Un agneau torturé gratuitement, en permanence.
Si elle se retrouve en prison, c'est à cause d'un crime qu'elle n'a pas commis. Si elle s'est retrouvée à participer à un cambriolage, c'est qu'elle était victime de la drogue, etc.
Tout ce qui lui arrive est toujours injuste, toujours externe à elle, elle subit en permanence.
Le pire, c'est cette histoire de vengeance sous-jacente, elle m'a complètement achevée.
Virginie, tout ce qu'on lui fait subir, elle encaisse. Quand elle comprend qu'on va la violer, elle se résigne, elle met du lubrifiant, etc.
Pire, elle "se cambre pour chercher le plaisir". Une version extrême de "Si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre" (toujours pour accentuer son petit côté martyr).
On pourrait se dire que tout l'objet de sa présence à l'hospice, c'est qu'elle cherche à se venger, d'une façon ou d'une autre, de ceux qui lui ont fait du mal... Mais non !
Elle est trop pure pour être motivée par la vengeance.
Le besoin de vengeance existe, mais il anime une tierce personne (un énième personnage non creusé) et Virginie n'est que son instrument.
En gros, quand Virginie n'est pas l'agneau qu'on immole, elle est un genre d'ange vengeur qui punit ceux qui font du mal à d'autres qu'elle.
Plus blanche que blanche, plus pure que pure.
Vraiment, j'ai trouvé le personnage mal écrit, pas crédible.
C'est dommage que toute l'histoire repose uniquement sur ses épaules.
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