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EAN : 9782070140749
152 pages
Verticales (05/04/2013)
3.39/5   14 notes
Résumé :
'De notre naissance à notre mort, ce n?est pas un bref compagnonnage que celui du vêtement. Tous les jours, à toutes occasions, solennelles ou ordinaires, sans qu?on en garde le plus souvent la moindre conscience, nous vivons dans cette coque ou ce pelage. Le vêtement couvre et aussi souligne genre, condition sociale, usages et, bien sûr, mortalité.
Au travers de l?exposition d?une penderie, il ne s?agit pas tant de théoriser, mais de joindre, de laisser... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Souvenirs de vêtements : compagnons, abris et traces de notre présence au monde.

Dès son titre, ce troisième livre de Jane Sautière, paru en 2013 aux éditions Verticales, évoque la mémoire des penderies et des vêtements qui les peuplent, avec ce mot dressing associé aux années soixante lorsqu'il fut adopté dans la langue française pour remplacer un garde-robe sans doute passé de mode.

«Ouvrir une armoire comme on ouvre un livre.»

Jane Sautière ne nous parle pas de mode ici, mais de souvenirs de vêtements fragmentaires et épars, futiles et essentiels, avec ces habits qui semblent être les cailloux blancs de la mémoire.

«Il m'arrive souvent de rêver à d'anciens vêtements, je vais et viens dans ces histoires peu cohérentes avec des habits que je croyais oubliés.
Ils me paraissent être tout autant moi-même que ma peau, mes cheveux, mes ongles. Finalement, ils tombent dans l'oubli et les poubelles, déchus ou usés, de la même façon qu'on jette les rognures d'ongles ou la pelote des cheveux que la brosse a arrachés.
J'ouvre ce dressing sur les temps confondus, hier et maintenant. Bizarrement, il n'y a pas de futur, je ne pense pas au prochain vêtement, c'est lui qui surgira, qui viendra me chercher. Ni besoin, ni envie.»

Souvenirs de cette tante en costume bigoudène, témoignage d'une époque où la vie paysanne, s'écoulant au rythme des saisons et du travail de ferme, semblait presque immobile, souvenirs de son père insensible à la mode, de l'étrange beauté des toilettes de sa mère en expatriation, ces fragments mémoriels des armoires de famille rendent hommage aux émotions dont on charge les étoffes, et qui ressurgissent en même temps que le souvenir de ceux qu'on a côtoyé et aimé.

«Les toilettes de ma mère me paraissaient parfaites, d'une très grande élégance. Les tailleurs à longues basques soulignant la ligne du corps, les chemisiers en crêpe boutonnés dans le dos, la robe en tulle appliquée de motifs en velours, celle en toile rayée à larges bretelles, les pantalons corsaires, les robes de cocktail qu'elle ne portait que lorsque nous étions à l'étranger, dans cette vie d'Occidentaux expatriés si éloignée de notre existence en France, j'avais l'impression que ma mère se transformait en citrouille lorsque nous rentrions.»

Vêtements lié à l'éclat d'un souvenir ou d'une humeur, comme cette robe en mousseline bleue dans la moiteur d'une adolescence à Phnom Penh, tee-shirts qu'on croit insignifiants mais qui s'avèrent parfois irremplaçables, habits qui jouent le rôle d'abris ou de logements, de cuirasses contre le vent, le froid ou la chaleur, lorsqu'il faut réapprendre à s'habiller sous un nouveau climat : les vêtements sont cette écorce avec laquelle, de la naissance à la mort, on se frotte au monde.

«Une robe en cuir marron glacé. Pourquoi cet achat, aux puces de Saint-Ouen ? Jamais portée ou presque pas. Il y avait quelque chose d'étrange dans cette façon d'être enveloppée de cuir, je manquais d'air. À moins que j'aie cherché à m'envelopper dans une peau de vache, pour avoir l'air d'une jolie fleur.»

Nouvelle fragmentation d'un lieu commun, Jane Sautière ouvre les portes et tiroirs de sa penderie mémorielle, dans ce livre d'une force discrète, qui se fait au fil des pages sensuel, intime ou distancié.

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/10/24/note-de-lecture-dressing-jane-sautiere/
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J'ai été invitée par Jane Sautière à visiter ses armoires. le mot anglais dressing désigne une garde-robe. Qui peut résister à cette tentation : fouiller les armoires et les tiroirs d'une femme? En tous cas pas moi ! Curieuse que je suis....

"De notre naissance à notre mort, ce n'est pas un bref compagnonnage que celui du vêtement. Tous les jours, à toutes occasions, solennelles ou ordinaires, sans qu'on en garde le plus souvent la moindre conscience, nous vivons dans cette coque ou ce pelage. le vêtement couvre et aussi souligne genre, condition sociale, usages et, bien sûr, mortalité.
Au travers de l'exposition d'une penderie, il ne s'agit pas tant de théoriser, mais de joindre, de laisser voir endroit et envers, le vêtement comme récit de son porteur. Je me souviens avoir particulièrement aimé le travail d'un artiste exposant l'envers de broderies, qui recouvraient un secret dissimulé dans la toile du canevas. J'aimerais qu'il en soit ainsi dans ce livre, un aller-retour du visible et du caché, de la matière au commentaire." ( Jane Sautière)

L'auteure ouvre, pour le lecteur, l'intime de ses armoires, de ses vêtements, de sa vêture.

Depuis l'armoire bretonne de sa grand-mère, qui portait toujours et tous les jours son costume traditionnel bigouden, ne mettant la célèbre coiffe haute que pour aller en ville, les broderies, le drap, Jane Sautière nous fait non seulement une description minutieuse de l'habit, mais aussi la description exacte des émotions que lui donnent des vêtement disparus. Les somptueux vêtements de sa mère, faits de matières luxueuses, ne résistent pas autant, même s'ils ont été gardés dans une malle. Sa mère, qui lui a laissé bien des bijoux, charge émotionnelle, chacun d'entre eux à son histoire, de la Bretagne à Téhéran, de Paris au Cambodge, lieux où elles ont vécu.

Le questionnement déclencheur, lorsqu' au décès de sa mère, l'auteure a dû l'habiller. Pourquoi, comment habiller un corps mort ? Pourquoi des sous-vêtements, des chaussettes ? Il semble que de là vient ce livre, recueils de fragments éparpillés, regroupés, remémorés : les vêtements qui tiennent,'ceux qui nous vont bien, ceux qui ne tiennent qu'à un fil... les robes, la période hippie. Les pantalons, les jeans omniprésents, les vêtements qui nous connaissent bien. Les manteaux et les capes, pour s'emballer et se protéger du froid de Paris, lorsqu'on revient de pays chauds.

La finesse d'une échancrure, le tuyauté délicat, le petit point de la dentelle, et les désillusions que donnent beaucoup de sous-vêtements. Les matiëres des pulls, la douceur du mohair, l'alpaga. Les vêtements achetés d'un coup de coeur, dans une corbeille au bord d'un boulevard, les trouvailles des Puces, les vêtements là dénichés, dont on ne retrouvera jamais le semblable..

Et aussi les chaussures, les talons claquant dans les couloirs de la prison où elle travaillait comme éducatrice pénitentiaire.. Un inventaire des penderies d'où l'on ressort toutes les catégories de vêtements, leur histoire, leur façon de tenir le corps, de l'accompagner, de le caresser.. les shetlands à la mode d'un temps, piquants et grattant la peau, les longues robes et les plissés, la redingote des puces qui rendait à la fois élégante et originale, qui allait avec tout... Les couleurs aimées, qui de plus en plus s'assombrissent vers ces noirs, tous différents...

"Une robe, tout en biais, un flot de tissu qui se fait ignorer, qui court avec le corps. Pour l'enlever, je glissais l'une puis l'autre des fines bretelles des épaules, elle tombait toute seule dès que je vidais la cage thoracique de son air. Il n'y a pas plus simple. Expiration, dénudation."

Et surtout le besoin de ne pas acheter des vêtements fabriqués par des ados, des enfants, rien d'Inde. Ecologie et développement durable, c'est aussi par le vêtement qu'on s'engage.

Une jolie promenade où l'on voyage d'un continent à l'autre, d'une époque à l'autre, d'une vie à l'autre. Une belle découverte, si poétique, si délicate, si profonde aussi. Et je sais par avance que j'y reviendrai, humer les penderies de Jane.

Dressing - Jane Sautière, éd. Verticales/Gallimard, 145 pages, 2013, réimprimé en 2018
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Un livre qui me faisait de l'oeil depuis un moment.
Il s'articule autour du vêtement, de notre rapport à lui, de ce qu'on y met de nous.
Enfin, pour être plus précise c'est de son rapport à elle, l''auteure avec l'inventaire de son vestiaire réel et parfois imaginaire. Mais cela fait écho et nous ramène à notre pull tricoter par notre grand-mère que l'on chérit ou bien de ces vêtements achetés pour oublier la grisaille du jour et que l'on ne portera jamais.
J'ai aimé ce livre car en soulignant notre rapport aux vêtements, il dit beaucoup de choses sur nous et que pour ma part, la nippe est une affaire quotidienne , sentimale, parfois ennuyeuse quand rien ne va et joyeuse quand elle accompagne les élans de tout genre.
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Jane Sautière propose dans son roman Dressing un regard nostalgique sur les vêtements de sa penderie. Ce n'est pas une étude sociologique du vêtement mais un autoportrait intime à travers ses tenues préférées ou les plus marquantes. le vêtement qui renvoie aux origines, à la famille, qui dit une personne.
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Un autoportrait à partir du dressing de l'auteur. Evocateur et sensuel. Riche en vocabulaire.
Une bonne idée à utiliser en ateliers d'écriture.
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critiques presse (1)
Liberation
29 avril 2013
Jane Sautière ne s’intéresse pas à la mode, en tout cas pas à celle qui n’est que «prescriptions dictées par le commerce». Son truc, c’est ce qui se glisse entre nous et le vêtement, la charge émotionnelle que recèlent nos armoires.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Une chorégraphe brésilienne présente un spectacle où les danseurs sont absolument nus, tandis que les spectateurs, bien sûr habillés, assistent debout à la représentation, placés sur le plateau. Dans les premiers moments l’œil est sans arrêt attiré par les parties sexuelles, chacun lutte comme il peut avec ses pulsions scopiques autant qu'il s'y livre. Se crée, au fur et à mesure de la représentation, un étrange rapport aux danseurs, fait de tendresse, de prévenance, de sollicitude. Nous les rhabillons sentimentalement pour, probablement, sortir de la déception de la place des voyeurs (il n'y a rien à voir) et maintenir les danseurs dans un rapport d'égalité, annulant ainsi la position dominante qui nous était assignée.
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Habits, habiter, habitus, être là, vivre ici. Et avoir un manteau. Je crois les avoir tous en mémoire, sans doute parce que leur achat était un geste lourd en mémoire, sans doute parce que leur achat était un geste lourd dans mon enfance. Un investissement "immobilier", non seulement du fait de son prix élevé, mais parce que le manteau est bien une sorte de maison, un enclos, une hutte contre les froids de nos hivers, mais qui permet de sortir, d'être dehors, de devenir une passante. Le manteau me rend passante dans les rues froides de la ville.
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Un jour, ma mère n'est plus allée au Monoprix, lieu de toutes les convoitises.
Elle n'a plus envie de rien.
"C'est trop loin", dit-elle, et j'entends que c'est elle qui s'éloigne.
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Videos de Jane Sautière (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jane Sautière
À l'occasion de la rentrée littéraire 2022, Jane Sautière vous présente son ouvrage "Corps flottants". Parution le 18 août aux éditions Verticales. Rentrée littéraire automne 2022.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2639845/jane-sautiere-corps-flottants
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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