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Comme précédemment avec "Le pouvoir du chien", énorme coup de coeur, je me suis délectée de la prose de Thomas Savage avec "La Reine de l'Idaho". Même talent narratif, même soin apporté à la psychologie des personnages, même envoûtement au spectacle d'un décor western très nature writing et immersif.

Un roman sur l'adoption et l'identité, la famille et le sentiment d'appartenance. Un roman construit à la manière d'un puzzle, opposant époques et moeurs.

Bien que "La Reine de l'Idaho" ait été écrit bien après "Le pouvoir du chien", il y a tout un passage "hommage" où le fil narratif du "Pouvoir du chien" se juxtapose au récit d'Emma, la Reine du Mouton, une forte femme au caractère bien trempé qui aura su se faire une place au soleil de l'Ouest américain.

Le récit début de façon un peu déroutante en s'attachant à Amy, un personnage central et pourtant rapidement passé au second plan, ce qui peut déstabiliser le lecteur mais moi qui suis amatrice de puzzles à plusieurs milliers de pièces, j'ai nagé en eaux vives.

Davantage que l'histoire en elle-même, je retiendrai de cette lecture la force d'évocation et le style impeccable de Thomas Savage. Difficile de définir où l'auteur place le curseur de l'autobiographie mais le résultat donne un récit qui sonne comme étant très personnel, voire intime.

Une fois encore, j'ai adoré une virée aux côtés des cow-boys !


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Qu'est-ce qui construit notre identité? En quoi la famille nous définit? Comment autoriser l'orphelin qui retrouve les traces de la sienne à y développer ses racines?
Des questionnements lourds que ce roman plein d'ampleur aborde avec finesse et beaucoup de brio dans la construction, donnant la parole d'abord à un écrivain d'une soixantaine d'année installé dans le Maine loin du poids envahissant sa puissante famille dans l'Idaho, puis sans transition à une jeune femme dont on suite le parcours d'enfant abandonnée et adoptée par une famille bourgeoise aimante, qui au décès de ses parents adoptifs cherche à retrouver ses origines.
La lettre de son avocat qui arrive dans la famille, l'informant que la jeune femme pourrait être des leurs, est une déflagration. Et l'occasion pour notre écrivain de se plonger dans sa propre histoire, celles de ses parents et grands parents et de retracer tous les mythes, représentations sociales, succès et échecs qui ont construit ce clan, son identité en même temps que celle d'une certaine nation américaine.
Au centre de ce clan, l'iconique et puissante grand-mère, reine de l'Idaho régnant en maîtresse absolue sur des milliers d'hectares et de têtes de bétail, mais aussi le mythique aïeul qui a découvert l'or à l'origine de la fortune de la famille. Et enfin la mère, celle de l'écrivain, qui aurait enfreint les règles et tenu tête à la reine en choisissant contre sa volonté l'amour d'un homme. de cet amour un enfant, branche inconnue de la famille, serait donc né...
J'ai été totalement embarquée dans ce roman, pourtant relativement statique, par la puissance de l'écriture de Thomas Savage qui, si on la retrouve tout aussi incisive que dans "Le pouvoir du chien" à sonder les méandres des âmes, présente ici en plus une véritable ampleur à peindre le grand Ouest domestiqué et les caractères rugueux qui s'y sont formés.
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LA REINE DE L' IDAHO de THOMAS SAVAGE
Thomas Burton est romancier tout comme son épouse. Un jour une femme lui écrit disant être sa soeur, abandonnée à sa naissance et adoptée. Incrédule, pensant à une intrigante en quête d'héritage il va l'oublier mais le temps passant il va remonter l'histoire de sa famille pour tenter de comprendre comment une maîtresse femme comme sa grand mère « la reine de l'idaho » aurait pu tolérer une telle action de sa fille Elisabeth.
Tout commence avec Amy McKinney, née en 1912, adoptée par Les McKinney qui venaient de perdre leur fils dans un accident. Une famille stricte et aimante au sein de laquelle Amy va grandir sereinement, être diplômée et s'occuper de ses parents jusqu'à leur mort. En épluchant les documents contenus dans un coffre elle découvre une enveloppe à son attention ainsi libellée »si tu veux savoir qui sont tes vrais parents, ouvre cette lettre ». Après bien des hésitations elle l'ouvrira et partira à leur recherche aidée d'un avocat. C'est une histoire extraordinaire qu'elle va découvrir, qui la fera remonter jusqu'au temps des chercheurs d'or, ces temps où les états ne s'appelaient encore que des territoires.
L'auteur qui m'avait déjà enchanté avec « le pouvoir du chien » compose un livre sur l'identité, bien sûr, sur ce qui la compose et toutes ces petites choses qui font que l'on peut se sentir exister. Au delà du thème, le style de SAVAGE, surtout dans le premier tiers du livre est incroyablement addictif lorsqu'il dévoile cette vie »minuscule »mais aimante des McKinney qui se poursuivra à leur mort par le mariage d'Amy avec Philip, dans ce même registre »étriqué »qui se terminera à l'amiable sans heurt et sans cri, leur histoire n'ayant selon eux »aucun sens ». Changement de style complet quand Savage abordera l'origine de la famille Burton avec le chercheur d'or et sa flamboyante fille « la reine de l'idaho ». On quittera cette vie tranquille,gentiment ennuyeuse, pour la vie aventureuse au bord de l'effondrement permanent de la famille de George Sweringen, qui manquera régulièrement de disparaître faute de moyens et dans des conditions plus que précaires.
Un bouquin totalement addictif et passionnant.
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Thomas Burton reçoit une lettre d'une femme prétendant être sa soeur aînée, abandonnée par leur mère à sa naissance, en 1912. Pour l'écrivain du Maine, c'est impensable : jamais Beth, sa mère si belle et si douce, n'aurait fait une telle chose. Et pourtant, il y a des documents qui semblent prouver cette terrible décision. « J'étais debout près de mon bureau, douloureusement conscient de ce passé pas très lointain où je n'avais rien à faire. » (p. 251) de son côté, Amy, adoptée bébé par les McKinney, essaie de savoir qui est cette femme qui a pu ainsi se séparer d'elle, quelques instants après son premier cri. Des décennies plus tôt, on rencontre Emma Sweringen, matriarche à la tête de la fortune familiale, femme d'affaires intelligente et redoutable. « Emma était comme un feu de broussailles. Quand on l'arrêtait d'un côté, elle repartait de l'autre. » (p. 155) Elle veille férocement sur sa famille et ses enfants, bien décidée à leur offrir le meilleur futur possible, notamment à sa fille Beth.

La construction de ce roman est très réussie. Plutôt que de présenter une recension fastidieuse de tous les membres de cette famille et de leurs existences, l'auteur présente une histoire lacunaire, où les chronologies se mélangent et s'embrouillent, comme tout récit fait à plusieurs voix. Cela donne une somme tout à fait réaliste où se mêlent les secrets, les souvenirs flous et partiels, les lettres et les mensonges. L'histoire devient presque légende, les chagrins prennent la place des vivants et ces derniers doivent réapprendre ce qu'est une famille, même s'il y a des sacrifices auxquels il faut consentir, quitte à s'arracher le coeur.

De cet auteur, j'ai déjà énormément apprécié le pouvoir du chien, superbement adapté au cinéma par Jane Campion. Je ne peux que vous recommander cet autre roman, et je me réjouis que les éditions Gallmeister republient l'oeuvre de Thomas Savage.
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Ma deuxième lecture de Thomas Savage après le pouvoir du chien (je suis contente d'avoir fait dans cet ordre, il y a des pages qui font écho) est moins enthousiasmée mais cela tient à la forme de la narration qui passe d'une histoire à une autre de manière un peu brutale. Car ce roman raconte en fait trois histoires, liées certes : celle de l'écrivain qui raconte sa vie, sa famille, son enfance ; celle du titre, au temps des pionniers, la reine du mouton, matriarche ; celle d'un bébé adopté dans une famille aimante mais qui est celle qui l'a abandonnée ? Trois histoires qui font la peinture d'un monde américain du début des États, dans les terres à l'ouest des Rocheuses, où l'appartenance familiale compte énormément. Une peinture agréable à lire qui fait voyager dans le temps et l'espace.
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Après mon enthousiasme pour "le pouvoir du chien" de Thomas Savage, je me suis engouffrée dans son deuxième roman où il continue de creuser son sillon sur l'histoire d'une grande famille américaine de l'Ouest. Il raconte cette fois encore plus intimement car Tom Burton, c'est lui, le véritable héros du livre dont il fait un écrivain.
La grand -mère, riche éleveuse de moutons qui paye plus d'impôts que la société de Chemins de Fer règne sur son monde. On découvrira au fil du roman les secrets de famille qui vont se dévoiler par l'arrivée d'une curieuse lettre qui parle d'une naissance cachée.
J'ai retrouvé bien des éléments communs au roman précédent, en particulier les deux frères dont l'un jaloux pervers qui n'accepte pas le mariage du cadet et s'emploie à détruire la nouvelle épouse obligée de subir son emprise et se perdant dans la boisson.
Très belle saga familiale sur ces pionniers de l'Ouest américain.

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Tom Burton, un écrivain d'âge mûr, reçoit une lettre d'une inconnue qui prétend être sa soeur (même mère, même père). C'est alors pour Tom l'occasion de se pencher sur l'histoire de sa famille. Cela fait longtemps qu'il n'habite plus l'Idaho mais au bord de l'océan, on comprend à demi-mot qu'il a « fui » l'Idaho. Il va nous relater l'histoire de sa grand mère, la reine de l'Idaho (le titre anglais est « Sheep Queen », et pourrait donc être (mieux?) traduit par « Reine des moutons ». Dans l'Idaho des années 1910 et 1920, nous assistons à l'avènement de cette reine, à la fois aimante mais despotique.

Tout d'abord, Tom nous explique pourquoi le fait qu'Amy soit sa soeur est strictement impossible. Une deuxième partie vue du côté d'Amy nous raconte son histoire d'enfant abandonnée, elle a été adoptée par un couple aimant mais en « remplacement » d'un petit garçon mort dans un accident.

Au fil du temps, Tom se remémore son enfance auprès de sa mère, (alcoolique et minée par un secret), son père (un homme très beau mais qui rate tout ce qu'il entreprend), son beau père, ses tantes. Une saga familiale qui exprime une nostalgie des grands espaces et de chaleureuses tablées familiales. Peu à peu, Il devine et explique dans une lettre magnifique à Amy le drame qui s'est écoulé cinquante années plus tôt…

J'ai énormément aimé le rythme de ce livre et le style de l'auteur qui rend les personnages principaux très proches et intimes. La grand mère (la reine du titre) est parfois un petit peu caricaturale, mais le portrait de Beth, la mère de Tom est émouvant, tout en finesse. (la quatrième précise que ce roman est fortement autobiographique ce qui explique peut être pourquoi j'ai trouvé qu'il sonne si juste)
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Humour "dévastateur" et ironie piquante : dès le début, Thomas Savage surprend par une écriture assez tranchante, au plus près de l'humain.
L'histoire est celle d'une famille, vivant dans l'Idaho, et dont le dernier représentant adulte, est devenu écrivain et s'est installé dans le Maine ; "La Reine de l'Idaho" est sa grand-mère, une femme forte, puissante, qui ne reculait jamais.

Le narrateur, Thomas Burton, écrivain d'une cinquantaine d'années, nous entraîne sur les traces de ses ancêtres, les fondateurs de cette famille dont les membres sont depuis toujours très unis, "tu sais Tom, nous nous sommes toujours aimés entre nous davantage que nous n'avons aimé les autres". (p 194)

Un matin, Thomas reçoit une lettre - mais cela on ne le saura vraiment qu'aux deux tiers du récit, l'auteur est le roi des disgressions... - qui l'informe qu'une personne prétend être la fille d'Elisabeth Sweringen et de Ben Burton, donc sa soeur...
Certaines archives indiquent qu'Elisabeth Owen, en 1912, à l'age de vingt-deux ans, a donné naissance à une petite fille, qu'elle a abandonnée ; celle-ci fut adoptée par une famille qui venait de perdre un enfant, les McKinney, qui vont l'aimer et la dorloter, la nommer Amy, mais elle découvrira quelques années plus tard qu'elle a été adoptée.

Amy entre en possession de papiers concernant l'adoption de "bébé Owen" et y trouve les noms de ses parents : Benjamin H. Burton et Elisabeth Birdseye Sweringen. Mais il y a encore un autre nom, celui de Thomas H. sweringen, avec le mot père.
Elle hésite beaucoup et longtemps, Amy ; vaut-il mieux "laisser les choses en l'état" ou continuer les recherches ?

Deuxième partie du texte : Georges Sweringen est un chasseur d'or qui est parti vers l'ouest pour au moins essayer de faire vivre sa femme et ses deux enfants ; longtemps bredouile, il trouve un filon et fait fortune... Son fils, Thomas épouse Emma qui devient "la Reine des moutons de l'Idaho", c'est elle qui consolidera la fortune de la famille.

Deux autres parties apporteront des informations complémentaires, permettant de cerner, et les caractères des personnages, et les faits à l'origine de l'abandon.

Sur ce thème de l'adoption et du bonheur familial, de la ruée vers l'or et de la conquête de l'Ouest ainsi que de la création de nouveaux états américains et du développement des voies ferrées, T. Savage dont l'écriture a une grande puissance évocatrice, écrit un texte original et passionnant, avec un sens de la formule plutôt inhabituel...
Une très belle lecture !

extrait p 11 : " Je vis avec ma femme, romancière elle aussi ; à nous deux, nous gagnons décemment notre vie. S'il n'y avait pas les enfants, nous gagnerions davantage. Mais nous mangeons, nous payons nos factures et nous faisons en sorte de réparer les fuites du toit - ou, au moins de les faire localiser. Nous nous estimons heureux de pouvoir faire ce que nous voulons faire là où nous avons envie de le faire. Nous n'avons jamais sérieusement envisagé de divorcer, mais parfois, après quelques martinis, nous nous crions dessus et remuons le couteau dans des plaies anciennes. Ma femme m'a un jour lancé une assiette de maquereau au sel et de pommes de terre bouillies..."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Toujours cette ambiance fascinante de l'Ouest américain de fin du XIX et début XXème; des chevaux et des trains, des chercheurs d'or et des Thomas Edison, le souvenir brûlant des guerres indiennes et les prémisses de la Grande Guerre.
Les personnages sont à la mesure de cet environnement: authentiques et humains
A lire absolument
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Thomas Savage est de ces écrivains dont on admire la finesse psychologique des personnages autant que la poésie de la plume. En témoigne l'habile jonglerie qu'il nous propose à travers "La Reine de l'Idaho" qui met en scène l'auteur, ses proches, ses ancêtres, et une inconnue qui remet tout en question en se présentant comme sa soeur. Comme dans "Le Pouvoir du chien", on y retrouve des portraits de femmes fortes mais aussi de femmes qui souffrent, la plus marquante étant Emma Sweringen qui, à la fin du XVIIIe siècle, assure la position de sa famille.

Dès la première phrase, j'évoquais la remarquable plume de Thomas Savage. Si la profondeur des personnages émeut, c'est bien dans ses portraits et descriptions, qu'elle est la plus incroyable. Elle a alors quelque chose du Naturalisme tout en soulignant, avec vivacité, la beauté des petits riens du quotidien comme aller à la banque, regarder des oiseaux, laisser un pourboire au café, craquer une allumette.

Enfin, ce roman brosse le portrait d'une Amérique qui change en trois générations. La chronique que nous livre l'écrivain nous permet d'observer les évolutions qui se produisent aux Etats-Unis – la ruée vers l'or, les femmes longtemps cantonnées à leur rôle de mères de famille, les conséquences de la Grande Dépression, l'éducation religieuse – entre examen historique et saga familiale.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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