George et Phil sont deux frères et s'ils vivent comme des cowboy c'est uniquement par choix. Ils pourraient se la couler douce puisqu'ils sont à la tête d'une petite fortune, leur cheptel étant un des plus important de la région et leurs terres s'étendant sur plusieurs hectares. Pourtant les frères vivent seuls et simplement ; surtout Phil qui ne semblent apprécier que son frère. En fait s'il le supporte c'est surtout parce qu'il est persuadé de le dominer. Pourtant Phil aime George mais de manière complexe. Tout est compliqué chez Phil, c'est un homme éduqué et intelligent qui ne se sert de son savoir que pour humilier les autres, le reste du temps c'est pour ses qualités d'homme, de cowboy, de dur à cuire, qu'il veut être reconnu. Il est tout en contradiction, son apparence physique étant à la fois complètement à son image et en totale opposition avec ce qu'il est. C'est un homme dominateur, égoïste, autocentré, qui vit dans le passé et fait preuve d'un immobilisme à tout épreuve. Il semble immuable. Campé sur ses positions, il est persuadé de détenir la vérité absolue et de savoir comment chaque chose doit être faite. Pourtant, je n'ai pu m'empêcher d'éprouver de la sympathie pour ce personnage, l'auteur laissant deviner derrière le roc un drame inaccessible qui nécessite une carapace pour continuer à vivre.
Au fil des pages Phil va vite devenir de plus en plus détestable. Son frère ayant épousé Rose, une veuve dont le fils, Peter, est tout ce que Phil déteste : un faible aux allures de « tantine » propre sur lui, tellement loin de l'image du mâle que Phil vénère.
Si depuis les premières lignes une tension semble planer sur cette histoire, à compter de cet instant elle va aller crescendo. Une ambiance lourde et menaçante comme un ciel d'orage va infuser progressivement dans ce huis clos étouffant. le récit offre des respirations sous forme de digressions, qui permettent au lecteur de mieux cerner les différents personnages. Un bras de fer psychologique s'engage alors, et on se demande si le plus faible n'y perdra pas la raison.
J'ai apprécié que les notions de force et de faiblesse soient exploitées au-delà des clichés. Si les personnages de Phil, Rose et Peter sont finement travaillés psychologiquement celui de George m'a laissé sur ma faim. Il demeure un mystère à bien des égards. Celui de Rose est lui aussi pertinent, mais j'ai regretté le choix de l'auteur de l'avoir rendu si passif et fade. Les rares fois où elle ne fait pas preuve de passivité cela semble être presque malgré elle.
Il se passe finalement bien peu de choses dans
le pouvoir du chien. Comme souvent le Diable se cache dans les détails, il faudra donc une certaine patience et de la concentration pour saisir l'essence de cette histoire. Pour autant je n'ai pas ressenti de longueurs ou d'ennui, la tension psychologique ayant habilement remplacé action et rebondissements en tous genres.
Un western psychologique qui se lit d'une traite à condition de ne pas s'attendre à un western classique. Cela pourrait entraîner une grosse déception.