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4,06

sur 564 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ça se passe dans les grands espaces américains dans les années vingt, au milieu des beuglements du bétail, mais l'histoire que nous conte Thomas Savage se noue entre les murs d'un ranch cossu tenu par deux frères.
Leur tempéraments fort dissemblables pourraient suggérer un conflit larvé entre l'ainé brillant, implacable, animé d'une profonde exigence de vie qui a laissé une empreinte silencieuse au sein de la famille et George, plutôt effacé et débonnaire. Mais c'est par une femme que le trouble survient : le mariage du plus jeune agit comme une mèche que l'on allume et qui provoque des explosions dans les soubassements du texte.
Pas de colère outrageuse ni de déflagration tonitruante ici, tout le talent de l'auteur est de donner aux brusques variations de tension un visage lisse. Il diffuse lentement le venin d'un frère qui refuse l'arrivée d'une veuve trop orgueilleuse à ses yeux et de son fils «la chochotte».

Les silences qui figent les visages, les remarques cinglantes, Thomas Savage sonde tout : la haine méthodique qui avance masquée, la menace insidieuse qui dévore à petit feu...il saisit l'intensité d'un mot ou l'angoisse qui mûrit avec le temps.
La mécanique de l'auteur est d'autant plus convaincante qu'il rend compte avec justesse des comportements et des sentiments des protagonistes en tournant le dos à toute analyse psychologique : attentif aux mouvements infimes, à des détails tels le cliquetis des loquets de porte ou les bruits de pas sur le palier, il préfère recourir à des symptômes et des biais qu'il laisse résonner au fil des pages. Je suis véritablement admirative de la patience avec laquelle Savage construit ses personnages.

Progressivement, je me suis passionnée pour cette fiction parfaitement orchestrée qui se déploie dans les ombres. Une histoire servie par des traits narratifs, psychologiques, des distracteurs capables de donner au sentiment amoureux des contours délétères et de rendre l'hostilité et la peur palpables. Même si l'auteur accumule par endroit des détails trop manifestes, la valeur du texte est exhaussée par la qualité de son regard, mélange d'acuité mordante et de clairvoyance.
Très belle lecture.
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George et Phil sont deux frères et s'ils vivent comme des cowboy c'est uniquement par choix. Ils pourraient se la couler douce puisqu'ils sont à la tête d'une petite fortune, leur cheptel étant un des plus important de la région et leurs terres s'étendant sur plusieurs hectares. Pourtant les frères vivent seuls et simplement ; surtout Phil qui ne semblent apprécier que son frère. En fait s'il le supporte c'est surtout parce qu'il est persuadé de le dominer. Pourtant Phil aime George mais de manière complexe. Tout est compliqué chez Phil, c'est un homme éduqué et intelligent qui ne se sert de son savoir que pour humilier les autres, le reste du temps c'est pour ses qualités d'homme, de cowboy, de dur à cuire, qu'il veut être reconnu. Il est tout en contradiction, son apparence physique étant à la fois complètement à son image et en totale opposition avec ce qu'il est. C'est un homme dominateur, égoïste, autocentré, qui vit dans le passé et fait preuve d'un immobilisme à tout épreuve. Il semble immuable. Campé sur ses positions, il est persuadé de détenir la vérité absolue et de savoir comment chaque chose doit être faite. Pourtant, je n'ai pu m'empêcher d'éprouver de la sympathie pour ce personnage, l'auteur laissant deviner derrière le roc un drame inaccessible qui nécessite une carapace pour continuer à vivre.

Au fil des pages Phil va vite devenir de plus en plus détestable. Son frère ayant épousé Rose, une veuve dont le fils, Peter, est tout ce que Phil déteste : un faible aux allures de « tantine » propre sur lui, tellement loin de l'image du mâle que Phil vénère.
Si depuis les premières lignes une tension semble planer sur cette histoire, à compter de cet instant elle va aller crescendo. Une ambiance lourde et menaçante comme un ciel d'orage va infuser progressivement dans ce huis clos étouffant. le récit offre des respirations sous forme de digressions, qui permettent au lecteur de mieux cerner les différents personnages. Un bras de fer psychologique s'engage alors, et on se demande si le plus faible n'y perdra pas la raison.

J'ai apprécié que les notions de force et de faiblesse soient exploitées au-delà des clichés. Si les personnages de Phil, Rose et Peter sont finement travaillés psychologiquement celui de George m'a laissé sur ma faim. Il demeure un mystère à bien des égards. Celui de Rose est lui aussi pertinent, mais j'ai regretté le choix de l'auteur de l'avoir rendu si passif et fade. Les rares fois où elle ne fait pas preuve de passivité cela semble être presque malgré elle.

Il se passe finalement bien peu de choses dans le pouvoir du chien. Comme souvent le Diable se cache dans les détails, il faudra donc une certaine patience et de la concentration pour saisir l'essence de cette histoire. Pour autant je n'ai pas ressenti de longueurs ou d'ennui, la tension psychologique ayant habilement remplacé action et rebondissements en tous genres.

Un western psychologique qui se lit d'une traite à condition de ne pas s'attendre à un western classique. Cela pourrait entraîner une grosse déception.
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J'ai commencé ce livre sans vraiment savoir où il allait m'emmener.
Le rythme est lent, le temps passe et s'étire lentement dans la routine du ranch des 2 frères, Georges et Phil, depuis plus de 20 ans, un univers masculin et macho, des vrais cow boys. Ils partagent leur chambre, leur quotidien et leur journée.
Un ranch qui fait d'eux des propriétaires très riches et donc convoités par les commerçants et les politiques, mais aux caractères très différents. Georges plus doux, brave avec un côté taiseux et Phil intelligent et directif très apprécié par ses employés.
Mais un jour, Georges se marie avec une veuve qui a un fils adolescent et le couple s'installe au ranch.
Et là, vous voyez la petite souris dans les pattes du chat qui s'amuse colle un fou à la torturer. Et bien c'est Phil le chat et sa belle soeur la souris. Phil se révèle cruel, mesquin, son plaisir quotidien est de l'humilier par petites touches bien senties et la pauvre femme s'enfonce petit à petit.
Mais c'est oublier le beau fils de Georges, Peter, un enfant qui semble distant ou détaché voire froid, on a du mal à savoir ce qu'il ressent, il est l'outsider de ce livre.
Une roman d'ambiance magnifique, une ecriture qui met en place un huit clos dans un univers de cow boys dont le final est superbe et au delà de mes attentes.
Une belle surprise, un livre à découvrir.
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Dans les années 20, au fin fond du Montana, les Burbank possède le plus gros ranch de la région. Sur fond de rocheuses, au milieu des vastes prairies où s'épanouissent leurs troupeaux, Georges et Phil sont deux frères que tout oppose.
Phil, c'est l'archétype du cow-boy. le dur, la peau tanné, du style à avoir toujours une place au comptoir même par grande affluence. Son frère lui semble soumis, presque insignifiant. Pourtant, c'est lui qui se mariera et ramènera Rose au ranch.

Je qualifierai ce livre de western psychologique, quand bien même cette expression aurait une légitimité.
il n'y a rien à dire, l'auteur nous ballade lentement et fait tomber les clichés les uns après les autres, pénétrant au plus profond des personnages, au milieu de quelques non dits sur fond de nature à couper le souffle.
Phil est il vraiment ce cowboy de légende, Georges ne vaut il pas mieux qu'un faire valoir ?
L'auteur patiemment va jouer avec le lecteur. Au delà de l'étude des deux frangins, la vision des femmes ou des juifs peut paraitre choquante tout comme l'accès à l'érudition dans un milieu où on ne le soupçonnerait pas.
Je regrette seulement d'avoir attendu une montée en puissance dans le récit qui ne viendra pas , et qui n'a sans doute pas lieu d 'être. le quasi huis clos entre les deux frangins , Rose et son fils Peter ne pouvait se dénouer qu'avec délicatesse alors que les scènes étiquetées western , comme l'arrivée du bétail en ville auraient pu laisser penser à redondance de clichés. Il n'en est rien, bien au contraire.
Un "western" tout en finesse, ou comme ailleurs, les apparences sont trompeuses.
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J'ai un faible pour ces western américains particuliers comme "Le tireur" de Glendon Swarthouse ou "The blue sky" d'AB Guthrie qui s'attachent à traduire la fin d'un monde, celui du far west, de la conquête, de la liberté virile et des valeurs fortes, il s'en dégage toujours une mélancolie qui raconte l'Amérique avec beaucoup plus de subtilité que la machine à mythe hollywoodienne.

De subtilité, "Le pouvoir du chien" n'en manque pas, de même que de lenteur, de profondeur cachée sous les non dits. de pression non plus, à mesure que le drame se joue dans ce riche ranch du Montana devant lequel les derniers Indiens sont passés il y a déjà longtemps, envoyés de force dans la réserve, et dans lequel les deux frères célibataires Phil et Georges vivent et dirigent l'exploitation.
Phil, dominant, brillant, brut de toute scorie de la civilisation moderne, l'oeil bleu vif capable de percer la vérité du monde, considère que c'est ainsi que les choses doivent être et demeurer. Mais c'est pourtant Georges, trapu, taiseux, dans l'ombre, qui s'en vient faire vaciller cet équilibre en épousant une jolie veuve et en l'amenant au ranch avec son fils étrange et délicat. En 1925 au fond du Montana, l'histoire américaine est à un point de basculement comme le sont ces personnages autour desquels se joue le drame.
Tension et puissance d'évocation sont au rendez-vous de ce roman des grands espaces à l'écriture puissante et entêtante.
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Montana 1920, les frères Burbank, Phil et George, sont les propriétaires du plus grand ranch de la région. Aussi différents que possible, Phil est mince, athlétique, Georges, petit et lourdaud, Phil est intelligent et très cultivé, il lit beaucoup, George un peu benêt sur les bords, ne lit que les journaux, c'est un homme paisible et bon, tandis que que Phil est dominateur, pervers, méchant, raciste et homophobe.
La vie est rude sur le ranch, chez les eleveurs qui s'occupent de milliers de têtes de bétail, et les cowboys sont des hommes rustres un peu macho, taiseux, habitués à la vie au grand air, dans l'immensité de l'ouest, qui a été épuré de ses indiens, remisés dans des réserves. La rudesse du climat, l'immensité des terres, la brutalité des hommes sont le lot quotidien. La vie se déroulait sans problème, au ranch, quand George ramène une veuve épousée en douce et son fils, un rejeton efféminé, Phil les prend immédiatement en grippe et va leur faire une guerre sans pitié pour les faire déguerpir. Il essaie de ruiner le mariage de George. Mais à malin, malin et demi.... La fin est inattendue et surprenante et il faut attendre les dernières lignes du roman pour comprendre le titre.
C'est un roman d'ambiance, un western psychologique où la tension monte lentement jusqu'au déroulement final.
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Roman obsédant qui restera gravé dans ma mémoire. le cheminement se fait peu à peu, la pression monte. Montana, deux frères cow-boys de 38 et 40 ans. Phil, l'aîné affiche un caractère d'ours mal léché, misogyne, à la propreté douteuse, dont le comportement a fait se suicider un médecin et en plus sa veuve épouse son frère ! Quant son fils ado, d'allure efféminée et passionné par les plantes, viendra au ranch, les moqueries fuseront de sa part et des employés qui donnent des scènes fortes. Jusqu'au jour où il décide de s'en faire un ami pour mieux détruire sa mère, cette femme qu'il ne supporte pas d'avoir dans les pattes. le gagnant de ce combat ne sera pas celui qu'on pense. le postface d'Annie Proulx est intéressant puisqu'il permet d'éclaircir nos doutes. Une belle analyse noire de l'être humain sur fond de paysages beaux et purs du Wyoming ! Magnifique ! Lu grâce à la critique de le_Bison
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Roman majeur de la littérature américaine et pourtant trop peu connu, qu'un film récent est venu enfin sublimé. L'écriture est très agréable avec cette tension palpable qui grimpe, ce malaise que l'auteur arrive à nous faire sentir, cette situation qui peut (qui va) déraper à un moment. Une histoire captivante et un final percutant. L'histoire justement : deux frères qui vivent ensemble, travaillent ensemble, dorment dans la même chambre, riches propriétaires d'un ranch. L'un plutôt réservé, distingué. L'autre tout l'inverse, sauvage, sale, méprisant, homosexuel refoulé qui préfère la méchanceté pour mieux cacher ses frustrations. Celui-là va décider de se marier, et ce n'est pas au goût de celui-ci. La vie de ranch va devenir tendue, d'autant que cette jeune mariée a déjà un fils d'un premier mariage. Fils qui va manigancer un plan glaçant pour protéger sa mère, et se venger aussi. Mais je n'en dis pas plus. A découvrir vraiment. le film aussi, captivant et excellemment bien joué.
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Le Montana dans les années 20, deux riches frères y tiennent un ranch et mènent une vie routinière jusqu'à ce que George rencontre Rose, une veuve et son fils. J'avoue mettre fait un peu surprendre avec ce roman. Je ne savais pas trop quoi en penser, l'utilité de certains passages, quelques longueurs ...mais c'est en fait assez subtilement que l'auteur nous entraîne jusqu'à cette fin , que l'on a vu arriver mais sans vraiment y croire . C'est fin et bien mené ! Et que dire de la description de la vie des cow-boys , d'une petite ville du Montana et du sort des indiens. On s'y croirait, c'est bien décrit et plutôt intrigant et de nombreux thèmes actuels y sont abordés.
Challenge USA
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Une famille très riche dans l'ouest américain, au début du XXème siècle.
Leur ranch est tenu par les deux frères très opposés.
Phil, grand, beau, brillant, anti conventionnel, autoritaire, laissant peu de place aux sentiments.
Georges, bien enrobé, pas très vif d'esprit, sentimental, foncièrement bon.
Et malgré leurs différences ils se complètent à merveille dans la tenue du ranch.
Quand Georges, en toute discrétion, épouse Rose, une jeune veuve, ça ne semble guère convenir à Phil.

On est directement plongé dans une sorte de western au milieu des troupeaux et des cow-boys.
Dépaysement garanti.
Et après le décor, c'est l'analyse fine et précise de personnages opposés.
C'est carrément du grand art littéraire.
Du début à la fin on est pris dans une ambiance qui devient de plus en plus oppressante.
Les images restent en tête, on a du mal à revenir à notre quotidien.
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