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Critique de frconstant


Originaire de la Caroline du Sud , Sam Savage, né en 1940, vit maintenant à Madison, Wisconsin.
Son doctorat en philosophie obtenu à l'Université de Yale lui a permis d'enseigner quelques temps mais il a aussi été mécanicien, pêcheur, charpentier… Cet homme qui travaille de ses mains et de la tête, prend ici la plume pour écrire, apparemment à propos de l'Art, de la peinture et du monde artistique où les carrières se font et se défont selon l'humeur du public moyen endoctriné par le critique d'art et les marchands-requins des toiles dont la valeur n'est jamais exacte.
Le regard qu'il porte sur ce monde est impitoyable ! Celui qu'il porte sr la vie n'est pas plus clément.
Avec son roman Moi, Harold NIVENSON, si Sam SAVAGE tourne autour de l'art, il se centre surtout sur la décrépitude d'un vieil ours solidaire, mal léché et chargé de tous les défauts du monde. Harold NIVENSON est, en effet, nihiliste, nombriliste, égoïste, acariâtre, de totale mauvaise foi et de compagnie insupportable ! Ce n'est pas moi qui le dis, c'est lui. Car la seule voix, le seul point de vue qui est exprimé dans ce récit de fin de vie est celui du mourant fou qui est sans doute fou depuis longtemps et probablement mort-né, ou à peu près, tant ses parents n'ont rien pu lui donner comme affection et envie de vivre, pas plus que ses frères et soeurs qui le torturaient !
Harold NIVENSON veut écrire un Manifeste. Il ne sait pas trop de quoi, peu importe. Un manifeste sur le théorème du bonheur, peut-être, dit-il. Mais sa vie a-t-elle seulement croisé le bonheur? A-t-il quelque chose à en dire? de quoi peut-il manifester si ce n'est de son aptitude à l'échec !
Il a toujours voulu écrire. Il a rédigé des milliers de fiches, telles les pièces d'un puzzle à assembler un jour. Son récit d'ailleurs prend la forme d'une juxtaposition de multiples paragraphes, sans lien apparent, réduits parfois à une phrase, au vide d'une idée qu'un observateur de sa vie aurait pu dire. Il a aussi essayé de peindre. Mais, il le sait et le dit, il n'a jamais été un artiste majeur.
Rongé par la solitude, assoiffé de reconnaissance, emmuré dans un besoin de paraître, il se fera ami du peintre Peter Meiniger qui en profitera pour vivre à ses crochets et lui prendre sa femme. Disposant d'une petite fortune, H. NIVENSON se lancera dans l'acquisition inconsidérée de croutes peintes par les amis de son ami qui, tous nuisibles et pique-assiettes, ne manqueront pas de lui faire une cour l'élevant au rang de mécène et critique d'art incontesté. Mais, Artiste, il ne le sera jamais !
La vieillesse étant là, il ne lui reste plus que sa maison en aussi grand délabrement que son corps, Moll, la femme que peignait son ami, s'occupe de lui, ramasse sa merde et change ses draps. le seul être qui accompagnait sa vie, Roy son chien est mort. Il ne sort plus, vit entouré des croutes accrochées partout dans la maison et subit les assauts de son fils et sa soeur qui guettent, rapaces, le moment de le spolier de ses biens.

N'ayant donc plus rien à vivre d'exaltant, Harold se complaît dans la noirceur de son regard sur le monde, sur lui, sur les habitants de son quartier et sur sa vie qu'il se repasse en boucle de manière neurasthénique.
Ce livre est triste, lourd, pesant sur l'âme d'un lecteur lui-même vieillissant mais gardant pourtant un regard ensoleillé sur tout ce qui peut encore être beau dans le crépuscule d'une vie. Bref, une lecture choc ! Il faut cependant reconnaître à Sam SAVAGE une plume qui sait dire le noir et le faire vivre tout en permettant au lecteur de ne pas s'y enfermer. Il y a, dans son écriture, une proposition de vision du monde qui ne s'impose pas. Un regard à propos duquel l'auteur lui-même ouvre une réflexion.

Merci à Masse Critique et aux Editions Noir sur Blanc de m'avoir permis de découvrir cet auteur.
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