J'avais un a priori positif en ouvrant ce roman mais je dois dire que j'ai été déçue.
Sam Savage m'avait plutôt séduite avec «
Firmin », le rat des villes, mais «
Moi, Harold Nivenson » ne joue pas dans la même cour.
J'admets que l'auteur américain à des sujets intéressants et que les pages souples de la collection Notabilia sont très agréables à lire. Mais quelle tristesse. Amis neurasthéniques s'abstenir !
Car ce roman est bien triste et je suis vraiment convaincue que la vieillesse n'est pas qu'un grand désespoir.
Harold Nivenson est un vieil homme qui vit aux États-Unis, dans une maison quasiment en ruine, comme lui. Son chien est mort et il ne va pas bien. Il lui reste une collection de tableaux accrochés sur un mur mais cela lui rappelle un passé plutôt déprimant. Car Harold Nivenson a eu une vie de bobo. Peintre et écrivain à son heure, il se considère comme un artiste mineur et garde les marques d'une grande déception, celle d'avoir été abusé par Meininger, un peintre admiré qui deviendra célèbre. En fait c'était un parasite comme le groupe qui l'accompagnait, communauté spirituelle apparente mais véritable nid de vipères qui a vécu à ses crochets.
Harold Nivenson est devenu vieux, passif et sans amis.
Aujourd'hui, sa vie se limite à observer ses voisins et encore, si cela lui donnait satisfaction, mais même pas. Entre folie et déprime il est plus affecté par la perte de son chien que par sa famille. Car il a une femme, un fils, une belle-fille et deux petits-fils. On se demande ce qui a bien pu se passer pour qu'il les méprise. Il en a besoin au quotidien mais ne semble jamais leur parler. D'ailleurs, il n'y a pas de dialogues.
C'est comme s'ils avaient une vie en parallèle. Il finit donc sa vie misérablement avec de la haine plein le coeur. C'est moche d'autant plus qu'il ponctue son récit par la description de ses cauchemars. Et puis, son cynisme lui fait dire que « Breton était un brasseur de vent notoire » et cela ne m'a pas fait rire.
Je trouve que
Sam Savage a manqué d'humour. Je n'ai eu aucune empathie pour Harold Nivenson qui, à l'heure des bilans, donne une image de la vieillesse trop négative. Ah si, j'ai bien aimé ses fiches bristol ou calepins sur lesquels il griffonne et qu'il retrouve éparpillés dans la maison. Cela fait sans doute échos à sa période de création littéraire lointaine.
Et puis la fin ne m'a pas convaincue. le mot « amour » dit à l'oreille sonne faux et faire un roman sur la décrépitude d'un être pour dire à la fin qu'il est vivant me semble tiré par les cheveux. Car c'est vrai, la vieillesse est une chance, il y en a qui ne la connaitront jamais.
Ce roman m'a été offert par les éditions Noir sur blanc dans le cadre d'une opération masse critique et je les remercie de tout coeur car l'objet-livre de cet éditeur est vraiment un des plus appréciable que je connaisse.