AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de enitram34


Les Syyrs est le premier roman de Myriam Savary. Plébiscité par les lecteurs sur le site il a obtenu le Prix de l'Imaginaire 2019 Nouvelles Plumes.
D'un côté un Royaume vieillissant, de l'autre un Empire, une prophétie annonçant la venue de l'Enfant capable de modifier le destin des deux puissances, et l'espoir que cette guerre qui dure depuis 700 ans se termine.
Pour le peuple de Pira, petite planète isolée des confins, la guerre et la prophétie ne sont encore que de lointains échos. Aux yeux des Piriens, les Errants, qui déciment la population sont un problème bien plus réel. Si un surnom n'avait pas tardé à leur être donné : les "Bestioles", ce n'est pas tant par dérision, mais bien plutôt pour conjurer la peur que ces bêtes inspirent. Deux mètres de haut, très difficile à tuer, munis de griffes et de crocs dès leur naissance ! Quand les gardes Royaux leur viennent en aide et demandent en contrepartie de leur envoyer les possesseurs du "Don" les Piriens sont trop heureux d'accepter.
Ce premier tome se déroule principalement (mais pas uniquement) sur Pira. L'intrigue est centrée sur l'apprentissage des possesseurs du Don à l'académie des Syyrs. Et je n'en dirais pas plus, inutile de vous gâcher le plaisir de la découverte …
Ce n'est pas tout à fait de la Fantasy, ni du fantastique, et pas totalement de la science-fiction, c'est un subtil mélange qui fait du premier ouvrage de Myriam Savary un roman unique et plein de fraîcheur.
Alors il y a une académie, un apprentissage ... mais ce n'est pas Harry Potter. Il y a des lasers, des maîtres et des apprentis, le Don ... mais ce n'est pas Stars War. Il y a des peuplades qui vivent en lien avec la nature ... mais ce n'est pas Avatar. Forcément ce sera peut-être du "déjà-vu" pour certains lecteurs, mais, si parfois on se sent en terrain connu, la surprise vient toujours modifier cette impression.
C'est presque un roman à contre-courant, ou comme les bons petits plats de l'enfance revisités : on retrouve des goûts qu'on a aimés, tout en découvrant des sensations nouvelles !
À quoi bon être un personnage de fantasy si c'est pour s'appeler Jean ou Marie ? Bien sûr ! Oui, mais ... quand un roman décrit un monde assez riche, qu'il faut assimiler des noms de planètes et de villes, celui des peuples, de la faune et de la flore, etc…, trop d'exotisme devient un handicap. Et j'en ai parfois marre d'essayer de me rappeler qui est Kyaz'wyd'dealh ou Sgàylyfrëal. Voilà un écueil que l'auteure a su éviter : des noms qui vous feront bien comprendre que vous êtes dans un autre univers mais pas d'apostrophes ni de ë ni de Y en série au milieu des mots (le titre me direz vous … et bien c'est l'exception qui confirme la règle !).
À l'opposé des romans où le héros découvre son pouvoir à l'issue d'une (très) longue quête, le maîtrise en trois coups de cuillère à pot (alors que jusqu'à l'avant-dernier chapitre c'était un niais manchot, hop ! hop ! Il devient le plus puissant …), ici, les porteurs du Don passent par un apprentissage crédible. Ils doivent faire preuve de courage et de ténacité pour maîtriser et développer leur aspect du Don.
Ne cherchez pas non plus le sage vieillard lanceur de sort et de boules de feu qui est partout depuis qu'il a rencontré Bilbo, il n'est pas là ! Et pas de super-arme qui dézingue tout en trois secondes : les ressources sont comptées, les armes ou les vaisseaux s'usent ….
… Et les armées ne ressuscitent pas !!! (mais si, moi aussi j'aime G.O.T. :d )
Ceux qui sont incapables de profiter du four à micro-ondes pour réchauffer un plat sans qu'on leur ait d'abord expliqué quelle est la fréquence du magnétron utilisé comme générateur, ou encore en quoi est fabriquée la cuve, ceux-là évidemment seraient extrêmement déçus. Mais si vous préférez profiter d'un roman sans vous encombrer de quinze pages d'informations techniques ou de milliers de renseignements sur chaque arme ou chaque vaisseau, vous pourrez plonger tout de suite dans la vie de l'académie. L'auteure a brossé son univers dans les grandes lignes, sans insister, sans nous saturer d'informations. Elle ne cherche pas à poser trop rapidement les jalons de l'intrigue, les descriptions et détails sont distillés au long de l'histoire, éclairant sur les personnages, les aspects du Don, le contexte politique, etc.
Et le scénario n'est pas oublié au profit de la création d'un Univers. Les différences avec notre univers ou notre technologie apparaissent au fil de la lecture, avec juste assez de révélations pour comprendre et progresser dans l'histoire, avec assez d'indices pour en pressentir plus, et assez de mystères pour se poser des questions.
Les personnages sont un grand "plus" dans cette histoire, ils sont dépeints avec beaucoup de réalisme, le caractère de chacun est bien perceptible. Ils évoluent au fil du temps, de même que leurs relations. L'auteure donne assez de descriptions pour qu'on les voit bien mais laisse une part à notre imagination. Une jeune héroïne pleine d'enthousiasme, l'incertitude sur l'évolution de ses sentiments, le mystère qui entoure un Assassin qui "s'apprivoise" un peu à la fois mais reste une énigme : tout contribue à les rendre intéressants et attachants (ou même carrément craquant ! Que celle qui n'a pas envie de voir Arutha me jette la première pierre). Quand le mot fin est arrivé j'étais vraiment frustrée, j'ai quitté Arutha, Lianne, Elio et les autres de la même façon qu'on quitte des amis très chers : à regret et en espérant les retrouver bientôt.
Même si certains thèmes sont sous-jacent (utilisation à bon ou mauvais escient d'un pouvoir, attitude face à des cultures différentes ou à des monstres intelligents, guerre, subjectivité des notions de bien et de mal, endoctrinement), ils sont abordés avec légèreté, pas sans profondeur mais sans débat moralisateur. le but premier de ce roman est le divertissement du lecteur. C'est clairement visible ! C'est réussi ! Et c'est bien ce qui compte !
Je lis un livre pour son histoire, et surtout j'attends de l'auteur qu'il sache me la faire vivre. Là j'ai été totalement imprégnée de l'univers des Syyrs et de l'ambiance de l'académie. Je l'ai lu à toute vitesse sans pouvoir le lâcher, et je l'ai lu une deuxième fois juste après pour mieux le savourer ! J'attends la suite avec énormément d'impatience.

Une dernière chose : la couverture n'est pas super-jolie (non … j'ai pas dit moche !), ne vous laissez pas arrêter
Commenter  J’apprécie          341



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}