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Critique de nadejda


« La ville blême » se déroule à Oufa capitale de la Bachkirie, située à l'est de la Russie européenne entre Volga et monts Oural. Igor Saveliev, l'auteur, y est né en 1983.
La ville blême est son premier roman paru en 2004 et pour lequel il a obtenu à 21 ans, le prix « Début » réservé aux jeunes auteurs.

Trois auto-stoppeurs rallient Oufa en cette fin de journée Vadim, Nastia et Nikita Martchenko ami de Vadim toujours en retard. Ils vont tous les trois profiter de la halte qu'offre dans son logement Mikhaïl appelé communément Skvaer. Ces haltes tout au long de la route sont l'occasion de se retrouver avec d'autres jeunes partageant ce même désir d'ailleurs, ce désir aussi de découvrir l'étendue et la diversité de leur pays.

Vadim et Nikita, étudiants à Saint Pétersbourg, se rendent à Ekaterinenbourg. Nastia, elle, a quitté Tioumen et se rend à Moscou. A souligner quand même qu'ils vont parcourir ainsi plusieurs milliers de kilomètres. Cette rencontre d'une soirée et d'une nuit sera aussi celle d'un amour entrevu entre Vadim et Nastia, qui se révèle dans la nuit sans lumière de Oufa à la recherche de quelques bières pour poursuivre la nuit.
« Au-dessus de nous le ciel citadin était moyennement étoilé. Dans ma pauvre tête, c'était le chaos total : des passages de toutes les chansons me revenaient à la fois… J'étais heureux. J'avais trouvé mon bonheur ici, dans cette ville étrangère et éloignée. Ainsi donc, ce n'était pas pour rien que j'avais pris la route. J'avais roulé, roulé, et je l'avais trouvée. »

J'ai beaucoup aimé ces quatre jeunes qui sont tous attachants. Et puis il y a le ton de l'auteur qui je pense ressemble assez à Skvaer qui a quitté Sibaï pour Oufa où il a pu passer un concours d'entrée dans un institut d'aviation mais avant tout, comme bien d'autres, pour avoir une carte d'étudiant qui le dispense de service militaire.
C'est un livre plein d'humanité où se dévoile toute la détresse mais aussi tout le désir de vivre, de s'ouvrir et découvrir de la jeunesse. Un livre à l'humour tendre, affectueux, où la dérision n'est pas cynique. L'observation aigüe du monde qui l'entoure se traduit par une ironie douce.

Quand le jour se lèvera après un sommeil bref, chacun reprendra sa route avec peut-être quelques regrets au coeur mais le goût pour la vie sans entraves l'emporte même s'il faut en payer le prix.
« C'est n'importe où que je veux aller. Juste le plus loin possible de chez moi, pour fuir toutes ces trognes – excuse-moi l'expression. Je ne peux voir personne ! Il me faut des lieux nouveaux dans lesquels je ne m'attarderai pas. Et surtout, des gens qui ne seront que de hasard. Qu'ils apparaissent pour disparaître tout de suite. Mais qu'ils ne restent pas à côté ! Je me soigne par la solitude : essaie de le comprendre ; et ce n'est que sur la route que je peux être vraiment seule. Les chauffeurs n'entrent pas en ligne de compte : ils me prennent et me déposent quelque part, et nous sommes destinés à ne jamais nous revoir. Pour le reste… Personne n'a rien à faire de qui je suis ni d'où je viens. Liberté et solitude. Oui, c'est ce dont j'ai besoin aujourd'hui. de rien d'autre. »

Et l'auteur de conclure qu'  « en matière d'auto-stop, seuls les termes sont américains. Quant au fond, c'est de la grand-route russe et d'une mélancolie non moins russe qu'il s'agit. »
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