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Vincent Raynaud (Traducteur)
EAN : 9782221113196
108 pages
Robert Laffont (09/04/2009)
3.86/5   76 notes
Résumé :
Ce livre réunit deux récits situés dans le sud de l’Italie, deux textes qui se dressent contre la violence des hommes en général et celle de la Mafia en particulier. « Le contraire de la mort » raconte le deuil de Maria, une jeune fille de dix-sept ans qui a vu son amoureux Gaetano partir pour l’Afghanistan, d’où il n’est pas revenu. « La bague » fait le portrait de deux jeunes hommes, Giuseppe et Vincenzo, qui, parce qu’ils ont choisi d’exercer un vrai métier et re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Impossible d'oublier un livre comme Gomorra et le film qui en a été tiré. Depuis, Roberto Saviano, son auteur, vit sous protection policière mais les menaces dont il fait l'objet n'altèrent en rien son courage.

Dans ce petit livre, avec deux nouvelles, il met remarquablement en scène deux histoires qui pourraient être qualifiées d'ordinaires pour la région napolitaine, si elles n'étaient pas déchirantes.
Retour de Kaboul nous fait vivre avec Maria. Juste avant de l'épouser, Gaetano est tué en Afghanistan : « Maria est obsédée par l'Afghanistan. Une obsession qu'elle n'a pas choisie. Une névrose qui était en elle, tel un destin funeste. » Avec des mots simples, toujours au plus près de l'émotion et du quotidien, Roberto Saviano donne à comprendre et à partager la douleur, le terrible manque de cette fille d'à peine dix-huit ans…

Une fille du nord de l'Italie débarque pour assister à un mariage et l'auteur l'emmène sur sa Vespa jusqu'au village. Ainsi débute La bague. Très vite, viennent des remarques qui font mouche : « Je n'ai jamais eu honte de l'endroit où j'ai grandi, mais parfois, à l'adolescence, on veut pouvoir choisir les lieux, les espaces, les moments à savourer et ceux qu'on refuse de vivre. »
Dans ce village, des gerbes de fleurs, des lumignons posés sur le sol, des plaques commémoratives rappellent des événements dramatiques : « Des partisans ? Elle ignorait qu'ici la Résistance n'avait quasiment pas existé, que la guerre avait été une interminable tuerie de civils… » Mais cette « résistance difficile à raconter, car elle ne se lève contre aucune milice, elle n'a aucune dictature à renverser. Une résistance qui ne consiste du reste pas à être contre, il suffit d'être en dehors pour tomber… »
Suit l'épisode de la bague, cette bague indispensable pour qu'une fille soit tranquille… Des années plus tard, cette femme devenue journaliste, revient et sort une photo. Elle montre deux jeunes, Giuseppe et Vincenzo qui ont été tués. Parce qu'ils étaient camorristes ? C'est bien plus terrible que cela et Roberto Saviano (photo ci-dessus), simplement et avec une efficacité poignante raconte ce qui s'est passé.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Le succès international inattendu de son premier livre-enquête contre la Camorra napolitaine « Gomorra » l'a condamné à mort en 2006. Depuis, Roberto Saviano vit sous protection policière permanente. Et il ne désarme pas. Dès l'année suivante, en 2007, il écrit pour le Corriere della Sera deux brefs récits percutants et tragiques situés dans le sud de l'Italie, réunis la même année dans un recueil.

Le Contraire de la mort :
Le texte ressemble à un article de presse. Il raconte l'impossible deuil de Maria une jeune fille de 18 ans. Son fiancé Gaetano voulait lui offrir un foyer digne mais il refusait de servir la Camorra. Alors, il s'est engagé en Afghanistan. A priori et vu l'état de désinformation des jeunes cela présentait moins de risques. Difficile de ne pas être émue par l'amour de la jeune Maria déjà veuve à 17 ans, errant dans la ville tout de noir vêtue, obsédée par l'Afghanistan et criant son besoin de vérité. le contraire de la mort ce n'est pas la vie, bien trop dangereuse, mais l'amour. Difficile de ne pas être atterrée par le fatalisme muet de son entourage qui ne veut rien savoir et par celui hyperbolique du narrateur-journaliste qui fait froid dans le dos : « Pour freiner le désir de s'engager dans l'armée, il n'y a guère qu'un rein en moins, un pied bot ou la rétinite pigmentaire qui provoque la cécité ».
La bague : ce récit est plus littéraire.
Le narrateur raconte que la première fois où il a amené une fille du Nord dans son village, il avait mal aux mains. Il l'a emmené sur sa Vespa jusqu'au village où on célébrait le mariage d'un cousin. Il avait honte des gerbes commémoratives et des lumignons posés sur le sol. Elle pensait qu'il s'agissait d'hommages aux Résistants. Comment aurait-elle pu comprendre ? Dans le village on la regarde en biais. A l'église, il lui passe au doigt l'anneau de sa tante. Pour qu'on sache qu'elle est son territoire. Des années plus tard, cette fille du Nord est devenue journaliste. Elle ne se souvient pas de l'anneau mais lui met une photo sous le nez. Deux jeunes, Giuseppe et Vincenzo ont été tués. Elle croit qu'il s'agissait de Camorristes. Alors cette fois, il raconte. Une histoire tragique. Comme dans le premier texte, des jeunes gens se retrouvent mêlés malgré eux à une guerre qui les dépasse.
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Après Gomorra et extra pure, je reviens vers R.Saviano, ce napolitain qui n'a pas hésité à exposer ouvertement les rouages de la Camorra et des cartels mexicains, remettant sa vie de fait entre les mains de ses gardes du corps.

On est ici sur un tout autre type d'ouvrage, court, constitué de deux nouvelles qui ont pour trait commun la fatalité qui s'abat sur les jeunes de la Campanie.
Sans travail, ou peu payés, ils se tournent vers l'armée ou la pègre pour tenter de faire vivre une famille dignement.
Dans la première nouvelle , Maria, 17 ans , vient d'apprendre la mort de son homme en Afghanistan.
Dans la seconde, Saviano nous plonge dans l'horreur quotidienne qu'exerce la mafia dans les villages de Campanie.
Il le fait ici sans aucun voyeurisme, de façon posée. Son écriture est fluide, sans ajouter du superflue à l'horreur sous-jacente.
Il dénonce la fatalité , "il est des lieux où naitre est une faute ", et le fait avec beaucoup de tact, de finesse et de talent d'écriture. Saviano n'est pas qu'un "dénonceur" , c'est avant tout un écrivain talentueux, amoureux de sa Campanie natale et criant l'injustice qui touche ses habitants les plus fragiles.
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Deux petites nouvelles de l'auteur de la Gomorra. Deux nouvelles qui nous parlent du Sud de l'Italie, dans le pays napolitain où l'espoir d'un avenir pour les jeunes n'existe pratiquement pas. La première, sur la guerre, pas de "celles qui relèvent de la mémoire historique" (p.22), les dernières: Bosnie, Kosovo, Afghanistan, sur le deuil, sur l'amour, la fidélité, sur l'armée qui représente une issue telle un travail et un salaire pour nombre de jeunes gens. La seconde, sur l'éternelle mafia, la Camorra et sa violence, ses secrets, ses abus, son contrôle, ses crimes, ses erreurs meurtrières. En fermant ce tout petit livre ( 88 pages) magistralement écrit, j'ai ressenti une tristesse infinie, un profond accablement devant ce fatalisme. P. 19 " Tout arrive parce que ça doit arriver. On subit et on tire ce qu'on peut de ce qu'on a subi. On tire ce qu'on peut de ce qui nous est échu, mais on ne pourra jamais choisir quelle obole quémander à la malchance, et à ce qui s'abat sur nous, ni comprendre pourquoi." Roberto Saviano, celui qui vit dorénavant sous protection policière permanente donne le ton en nous disant qu' "il est des lieux où le simple fait de naître est une faute..."
Une heure de lecture qui nous fout le cafard et nous navre mais qui nous crie également que le contraire de la mort c'est l'amour.
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Une jolie découverte pleine d'humanité. Ce livre est une ode de Roberto Saviano à son pays et plus particulièrement à la contrée de Naples. Malgré la dureté de la vie de cette ville qu'il aborde avec énormément de pudeur, il donne envie de découvrir la ville et ses habitants. Leur style de vie, leur mentalité et mode de fonctionnement.

Il y a le bien et le mal qui se côtoient, et même si Roberto Saviano a adopté le Bien, il ne dénigre pas et ne juge pas ses concitoyens pour lesquels le lecteur ressent une grande émotion et affection.

Le titre est bien choisi. L'amour est partout dans ce livre malgré la dureté des histoires des protagonistes.

C'est le deuxième livre que je lis de cet auteur engagé et je commence a être fan car séduite par son intelligence et la simplicité de son écriture.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il est des lieux où le simple fait de naître est une faute, où le premier souffle et la dernière quinte de toux ont la même valeur, la valeur de la faute. Peu importe la volonté qui nous a guidés, peu importe la vie qu'on a menée. Ce qui compte c'est le lieu de notre naissance, celui qui figure sur notre carte d'identité. Ce lieu, seules les personnes qui y vivent le connaissent et, entre coupables, on s'identifie au premier coup d’œil. Tous coupables, tous absous. Pour ceux qui n'en viennent pas, en revanche, ce lieu n'est rien.
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Je sais d'après les photos qu'il envoyait de Kaboul qu'il aimait les marchés, que pour lui les gens là-bas étaient tout sauf agressifs, il m'écrivait qu'il aimerait m'y emmener un jour, en Afghanistan et qu'à Kaboul personne n'en pouvait plus, de la guerre, que tout le monde voulait la paix, comme eux. Il écrivait qu'il n'aurait jamais imaginé découvrir un pays si beau qu'on avait presque envie d'aller y vivre et de maudire ceux qui l'avaient mis dans cet état.
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Tout arrive parce que ça doit arriver. On subit et on tire ce qu'on peut de ce qu'on a subi. On tire ce qu'on peut de ce qui nous est échu, mais on ne pourra jamais choisir quelle obole quémander àl a malchance, et ce qui s'abat sur nous, ni comprendre pourquoi .
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Je n’ai jamais eu honte de l’endroit où j’ai grandi, mais parfois, à l’adolescence, on veut pouvoir choisir les lieux, les espaces, les moments à savourer et ceux qu’on refuse de vivre.
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(Cette) résistance difficile à raconter, car elle ne se lève contre aucune milice, elle n’a aucune dictature à renverser. Une résistance qui ne consiste du reste pas à être contre, il suffit d’être en dehors pour tomber…
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Videos de Roberto Saviano (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roberto Saviano
"Mon ambition est de me venger envers ceux qui m'obligent à vivre ainsi." Roberto Saviano est un homme qui refuse de se taire. Il en paie le prix : depuis 2006, le journaliste italien est menacé de mort par la mafia et vit sous protection policière 24h sur 24.
Dans son nouveau livre “Crie le !”, il dresse le portrait de journalistes qui ont mis leur corps au service de la recherche de la vérité. Rencontre.
#mafia #justice #italie ________
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