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EAN : 9782070387380
800 pages
Gallimard (03/06/1993)
4.27/5   63 notes
Résumé :
Préfaces à des rééditions ou à de nouvelles éditions, consécration d'un volume de la Pléiade du vivant de l'auteur, trilogie autobiographique du Labyrinthe du Monde, tout laissait accroire aux lecteurs de Marguerite Yourcenar qu'ils pourraient reconstituer, grâce à elle, les grandes lignes de son existence. D'autant que Marguerite Yourcenar a, par des dispositions testamentaires, organisé ses archives pour la postérité.

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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Je suis toujours un peu mi-figue mi-raisin quand je m'apprête à lire une bio, car j'ai des exigences qui peuvent sembler contradictoires.
Bien sûr, je ne lis des bio que d'auteurs ou de célébrités qui m'intéressent beaucoup et pour lesquelles j'ai une certaine admiration, ce qui est le cas pour Marguerite Yourcenar .
Et je m'attends donc d'une part à découvrir le creuset du talent, les mutiples causes aboutissant à cette magnificience de l'écriture et de l'esprit, les détails de l'enfance de l'écrivain, et de sa vie en général, tout sur son histoire personnelle, quoi ! Et dans cet aspect, je ne tolère aucun oubli qui serait à l'avantage de la ''biographée'', je veux connaître aussi les erreurs, les défauts, les zones d'ombre du sujet choisi, en un mot je m'attends du biographe qu'il soit le plus objectif possible pour éviter la louange systématique, piège oh combien facile des biographies, et qui laisse un gout si abondamment sucré sur les lèvres qu'on ne peut plus que se retrouver oscillant entre la nausée et la fuite
Par ailleurs, je m'attends aussi de la part du biographe qu'il aime son sujet et que ses rapports avec soient clairs et bienveillants, qu'il remette en perspective tous les aspects positifs et négatifs du portrait qu'il dresse afin qu'il s'en dégage une harmonie générale ...
Je suis donc consciente que objectivité, (si tant est qu'il soit possible d'être objectif), et harmonisation générale puissent ne pas toujours faire bon ménage, mais il me semble que là doivent justement résider le défi et le talent du biographe, en plus de nommer sans juger, citer sans interprêter, citer en expliquant le contexte, ... défi que selon moi, malgré l'immense effort de 459 pages, et de toutes les recherches documentaires qui y sont reliées, Mme Savigneau n'a pas su relever
J'ai tout le long senti un manque de recul, des prises de position parfois naivement gentilles, souvent restrictives et caricaturales, dont on devine qu'elles dérangent la biographe elle-même à son insu, par la récurrence de certains thèmes sur lesquels elle ne peut s'empêcher de revenir encore et encore, lourdement, comme pour trouver enfin une réponse mais en vain. Ainsi, la polarité dans la relation de Marguerite avec sa conjointe Grace : après avoir lu pendant plusieurs chapitres ce questionnement sur laquelle des 2 dominait l'autre, on espère à tort que cette question sera, à défaut de pouvoir y répondre, laissée de côté. Les relations conjugales et humaines sont autrement plus complexes qu'un simple rapport de force tel que le conçoit Mme Savigneau dans cette biographie.
Le livre est jalonné de jugements hâtifs, d'où il apparait que Mme Savigneau connait peu le sujet sur lequel elle s'aventure: par exemple l'importance de la spiritualité dans la vie de Mme Yourcenar est un sujet qu'elle n'aborde pas assez, ce qui biaise ensuite sa compréhension de certaines idées de cette auteure.
Il manque aussi dans la narration des moments de pause, où elle pourrait
prendre le temps de la profondeur, au lieu de nous harceler d'une succession d'évenements et de dates, certes visiblement précis et véridiques, mais d'aucune utilité fondamentale, ce qui donne une superficialité très journalistique et décevante à l'ensemble.
Vers la fin de l'ouvrage, Mme Savigneau explique dans quels contextes elle a lu Marguerite Yourcenar : dans ses années mornes de lycée. Je me risque à son exemple à faire de l'interprétation hâtive : telle toute bonne ado qui s'ennuie, elle a probablement idéaliser un tant soit peu l'auteure, idéalisation dont elle n'est jamais tout à fait revenue, des années plus tard, ce qui l'amène à ne pas pouvoir pardonner les défauts qu'elle découvre en celle dont elle a choisi de faire la biographie ...
Malgré tout cela, j'ai lu jusqu'à la dernière page cet ouvrage, grâce à la curiosité qui m'anime face au mystère qu'immanquablement je ressens aux lectures de MMe Yourcenar et j'y ai trouvé de nombreuses et intéressantes informations factuelles sur la vie de celle-ci qui m'ont éclairée un peu plus sur le creuset des Mémoires d'Hadrien !!
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Il eut été possible de se passer d'une lecture de la biographie de M. Yourcenar car à l'instar de Cyrano, l'autrice se servait elle-même "ses vers"...C'est ce qu'elle a fait à travers ses fameuses "notes" , jointes à ses romans. Elles sont des clefs inestimables pour comprendre le dédale dans lequel ce prodige littéraire nous emmène.
Toutefois, j'ai opté pour cette biographie rédigée par Savigneau, journaliste au Monde entre autre, pour avoir une connaissance plus complète de la vie de Yourcenar, plus juste, puisque la romancière a quelque peu rogné ou écorné certains passages de son existence, jusque dans les éléments de biographie des éditions La Pléiade.

Savigneau essaie donc, comme l'exige son métier, de remettre un peu d'objectivité dans ce parcours original.
Nous découvrons une M. Yourcenar (Crayencour) au caractère bien trempé, plein de panache, ce qui n'ôte rien à son talent de romancière.
J'ai entre autre découvert qu'en 2037, les "petits papiers" de Marguerite sortiront de leur coffre fort puisqu'elle a fait mettre sous scellés certaines de ses archives.
Savigneau relève le défi de la narration d'une vie d'artiste tenue loin des regards même si Yourcenar avait grand plaisir à parler de ses oeuvres et de sa vie mais toujours avec retenue.
Son enfance est ici retracée avec précision ainsi que sa relation avec Michel de Crayencour, son père, puis sa vie de bohème, la relation avec sa compagne et traductrice Grace, ses succès littéraires et ses infortunes. On ne peut pas dire de Marguerite Yourcenar, après cette lecture, qu'elle ait été une personne attachante ou amène. Elle a du caractère, est opiniâtre, joue des rôles, mais c'est cela qui me plait chez elle, après son immense talent dans l'écriture. Savigneau accorde une large part à Grace, au temps de sa vie partagée avec "Madame" (M. Y), une femme sur laquelle certains journalistes ont tenu des propos outranciers alors qu'elle a courageusement géré les contingences du couple pendant des décennies et fait bouillir la marmite, au sens propre comme au figuré. J'ai l'impression que Savigneau, à travers de nombreux extraits de correspondances, remet les événements d'une vie dans le bon ordre et présente le moins subjectivement possible Yourcenar et ses proches. L'écriture est très soignée, certains passages sont un peu redondants mais globalement l'ouvrage est instructif.

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J'ai lu ce livre juste après avoir lu "Les Mémoires d'Hadrien" et "L'oeuvre au noir". Bien écrit, équilibré, plein de renvois à des personnages importants pour Marguerite Yourcenar: ses modèles, ses héros,..
Il m'a donné envie de mieux connaître l'auteure. Ce récit, plus qu'une biographie, par ses citations des oeuvres plus intimes de Yourcenar, m'a amené naturellement à d'autres lectures comme Anna Soror, Qui suis-je?, Alexis...Merci
,
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Josyane Savigneau a réussi le tour de force de restituer la vie quotidienne, les voyages, la gloire et les amours de Marguerite Yourcenar grâce à une documentation énorme. La distance adoptée met en scène les différentes prises de position et explique patiemment comment et pourquoi la première académicienne réagit.
Une vie de 40 ans avec Grâce, fidèle compagne qu'elle verra mourir après une longue agonie avant de repartir parcourir le monde.
Beaucoup d'émotions dans cette biographie où l'on suit la création des livres pas à pas.
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véritable biographie, pas une louange aveugle...........
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Vous ne saurez jamais que votre âme voyage
Comme au fond de mon cœur un doux cœur adopté ;
Et que rien, ni le temps, d’autres amours, ni l’âge,
N’empêcheront jamais que vous ayez été.
Que la beauté du monde a pris votre visage,
Vit de votre douceur, luit de votre clarté,
Et que ce lac pensif au fond du paysage
Me redit seulement votre sérénité.
Vous ne saurez jamais que j’emporte votre âme
Comme une lampe d’or qui m’éclaire en marchant ;
Qu’un peu de votre voix a passé dans mon chant.
Doux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme,
M’instruisent des sentiers que vous avez suivis,
Et vous vivez un peu puisque je vous survis.
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Elle aimait la parole, et la sienne a été jusqu'au bout à la hauteur de son écriture. Même dans la conversation, elle ne trébuchait jamais, n'hésitait pas, ne s'autorisait aucune de ces phrases brusquement rompues et reprises ailleurs, sans souci de cohérence. [...]. Elle avait le goût de convaincre, d' être entendue, et possédait, tout en s'en défendant, une sorte de dessein pédagogique universel. Et puis il lui plaisait de s'écouter parler. Non dans le sens sottement vaniteux qu'on attribue communément à cette expression, mais pour le plaisir de manier, avec l'infinie dextérité qu'elle savait posséder, sa langue. Lorsqu'il lui arrivait, comme à chacun, de dire des banalités, son phrasé, à lui seul, empêchait son auditeur de les juger telles.
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Et si la mort la surprenait pendant ce périple ? Elle qui avait tant pensé, tant dit, tant écrit qu'il ne fallait pas mourir par inadvertance, mais au contraire ne rien manquer de cette expérience ultime, du dernier passage; elle qui voulait mourir les yeux ouverts, sentir la mort s'insinuer en elle, vivre cette mort en quelque sorte, éprouvait désormais une espèce d'indifférence. Comme elle l'avait dit, elle était prête. Qu'importaient la date, le lieu et les conditions. Pourvu qu'elle ne restât pas des mois entiers dépendante de tel ou tel qui devrait la soigner. La mort serait peut-être même, sinon plus douce, du moins plus sûre en voyage : on n'avait pas forcément à portée de main un de ces hôpitaux où l'on s'acharne à vous faire survivre.
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M. Yourcenar se plaint de ces lugubres supermarchés aux murs ripolinés avec leur absence presque totale d'employés, qui élimine les contacts humains et la musique mécanique coulant comme du sirop de mauvaise qualité.
Et ces produits partout pareils, les trusts, les monopoles et l'étranglement de la concurrence finissant par donner aux épiceries capitalistes la même
lugubre uniformité qu'aux magasins des états socialistes.
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'' En ce qui concerne l'amour, je ne suis pas sure que la glorification du ''couple'' en tant que tel soit la meilleure manière de nous débarrasser de nos erreurs et de nos fautes; tant d'agressivité, tant d'égoïsme à deux, tant d'exclusion du reste du monde, tant d'insistance sur le droit de propriété exclusif d'un autre être sont entrés dans cette notion : peut-être avons-nous à la purifier avant de la resacraliser... C'est toute la chair, d'ailleurs que nous devrions tenir pour sacrée, ne serait-ce que pour la rapprocher d'avantage de l'esprit dont elle est soeur, et une telle attitude finirait peut-être par diminuer le mauvais usage et l'abus. Il y a des moments où, sociologiquement parlant, et sans paradoxe, je trouve regrettable que la prostitution ait cessé d'être sacrée depuis plus de deux milles ans. La servante des temples avait ses privilèges et ses vertus, que nous avons enlevés à la fille à la carte. ''
M.Y. Lettre à Suzanne Lilar, du 19 mai 1963, correspondance inédite
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