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EAN : 9782081461536
224 pages
Flammarion (02/10/2019)
3.75/5   4 notes
Résumé :
C’est un ouvrage quasiment mythique que la collection Poésie/Flammarion accueille aujourd’hui : parues chez Bourgois en 1980, Les couleurs de boucherie étaient en effet épuisées depuis plusieurs décennies. Il s’agit pourtant d’un des livres majeurs d’Eugène Savitzkaya, composé à la fin des années 1970, parallèlement à ses premiers romans. Avec L’Empire (également repris dans ce volume) on peut même considérer qu’il s’agit de la matrice de toute son œuvre à venir : u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les couleurs de la boucherie paraît pour la première fois en 1980 aux éditions Christian Bourgois avant d'être réédité chez Flammarion précédé du recueil poétique L'Empire.

L'auteur nous introduit dans son univers légendaire où les mots renvoient à un imaginaire organique et animal, un univers violent et fantasmagorique. La langue bouillonnante, touffue, dont la richesse du vocabulaire renvoie un flux d'images venant d'un autre monde. Les mêmes images charnelles et obsédantes issues de mythes convoquent tout un bestiaire sauvage pour sonder la cruauté du monde et de ses origines. Ces poèmes, libérés de la syntaxe donnent aux mots toute leur sonorité, leur épaisseur, leur texture et déploient une infinité de sensations au-delà du sens. Autant de vers que le lecteur a envie de dire à haute voix :

« Aux fleurs, aux entrailles l'archer Pénétra, ivre maître, blessée sentinelle, et crièrent les frères, les salis, les puants mouillés, moururent debora, transpercés et gris, de la fleur sans goût à la bouche,
à travers tout le chalumeau jusqu'à la langue appliquée, morceau écarlate de firmin roi, aux fleurs de la journée, aux courtes plantes, et parlait la laide, ses entrailles sans couleur, ensevelie. » p. 180
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Séquence Boucherie, fabrique


Extrait 4

Cria, porta ses draps hors de sa
chambre, les mêla, les colora, l
es mouilla avec l'herbe, les
donna à la fontaine, blanc édi-
fice, les jeta au décor, aux
statues, aux animaux, les dis-
persa aux boues, jaunes bouche-
ries, les perdit et périt,
foudroyé, maitre livide du jeu,
se dévorant l'index ou le cou-
teau, mentant, portant ses draps
au-delà de l'enceinte, aux cata-
pultes, aux sentinelles, les mê-
lant, morceaux et touffes, se
colorant aux buissons, pourpre
sous le feuillage, obscur garçon
devenu, pourpre mort, se mouil-
lant sur le pré avec les trèfles
et les cœurs, se donnant à la
fontaine, voué et pur, se jetant
au feu où il se déchira, voué
et pur, pourpre mort, et dévora le
linge qui puait, les feuilles
autour, au tronc, à la tête,
les figures, les morceaux perdus,
mêlés aux buissons et colorés
de la fontaine, des catapultes
blanches, et dévorant périt,
montrant sa fleur le palétuvir,
son bâton l’épée, l’incarnation,
le linge mouillé, les draps souil-
lés, ses couleurs, ses armes, et
dévorant péri, châtié périt, le
pourpoint aux orties.
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Même oppression…


Même oppression des chambres fermées avec l'habitant unique, gisant, gorge percée et sternum retiré du corps, du fuseau ceint et rayé. Corps vaste entièrement marqué, totem usé à ses rameaux et flèches, tout maculé. Bison embaumé avec les loups, cousu à l'intérieur du tombeau (et on éparpille ses organes, tout son contenu refroidi ; on ensevelit sa corne fléchie, voilée). Simple objet d'incinération. Et on use les pylônes, les piles d'excréments, les pals ternes dont on a manipulé la base, le rasoir de la pointe. Simple outil, un peu pesant, d'usure (usage quotidien d'une même lame), de lustrage et d'oppression des métaux contre un champ pur ou salé. Usage d'une même flèche (fine et lisse porteuse, infime projectile) pour différents matériaux à dépecer, à ternir à mort d'un heurt. Matériau enseveli ou usé par plusieurs mains dans une petite loge inhabitée, chambre d'incinéré (cuirs et ivoires brûlés par un stylet porté à deux mains à la plus pure pointe). Ensevelissement le plus souple.
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Séquence Boucherie, fabrique


Extrait 2

D'un mangeur décapité, d'un four-
be, saint garçon parmi les lions,
la robe, la couleur de tombe, de
feuillage, d'entrailles blanches
et noires, d'un archer, la lin-
gerie, le pourpre à la bouche, à
la main, le badigeon déposé par
le délicat enfant, coloriste ou
coureur sanglé, drapé, d'un ti-
reur, d'un musclé rose, le brin,
la couleur, le bras sans taches
et la proie en bordure de l'her-
bage, dans les fleurs, d'une sen-
tinelle le jardin avec les épis,
les semis, les orants, d'un por-
teur, la ceinture au torse, les
entrailles, la couleur après dé-
collation, la fontaine arrosant,
la jaune fontaine, de l'archer
la fontaine, la couleur, la bou-
cherie, la boue.
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Après l'averse…


Après l'averse, incinération des couvertures, des coupons usés, des draps souillés, des cuirs dans les casemates (robe portant encore les traces des deux épaules et d'une hémorragie soudaine). Et l'incinération touche les bêtes gisantes, très étendues, et le plomb de leur carcasses, de leurs armures composites, objets durs et objets tendres mêlés, coagulés dans une même tombe. Et on flagelle les bisons soudés, mouillés, morses, qui ont gémi et se sont tus. Et énormes fragments froids abandonnés sous la pluie et les chutes. L'averse mêle leurs sachets, les céréales et contamine les grains. Lapide un laboureur. Opprime plusieurs bisons déjà étouffés, étranglés de ceintures étroites et de bandeaux.
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Séquence Boucherie, fabrique


Extrait 1

Pue raphaël, boucherie au prin-
temps, ouvrant sa main blanche
et le trou de sa bouche, jamais
tapissé, ni fleuri, cerné de
feuillage ou de manganèse, pua
au cœur, aux entrailles, ouvrit
et montra l'ombre autour de sa
main, les fleurs dans sa bouche,
les visiteurs, les lys, les é-
pées, puait le martyr, parlait,
boucherie et pré, massacres
et feuilles, ouvrait la bouche, sa
main vierge, et au pré les en-
trailles, morceaux inodores et
boues.
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Vidéo de Eugène Savitzkaya
Avec douze écrivains de l'Anthologie Avec Anne le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle) Avec Anna Ayanoglou, Jean d'Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D'amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps La fenêtre qui donne sur les quais n'arrête pas le cours de l'eau pas plus que la lumière n'arrête la main qui ferme les rideaux Tout juste si parfois du mur un peu de plâtre se détache un pétale touche le guéridon Il arrive aussi qu'un homme laisse tomber son corps sans réveiller personne Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d'aujourd'hui
Lumière par Iris Feix, son par Lenny Szpira
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