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Marzi - BD : Intégrale 3 tomes tome 2 sur 3
EAN : 9782800144788
254 pages
Dupuis (02/10/2009)
4.35/5   48 notes
Résumé :

La Pologne, de 1988 à 1989, est le premier des pays du bloc soviétique à passer du communisme à la démocratie. Une révolution calme, qui inaugure le temps du changement à l'Est, et qui culmine avec la chute du Mur de Berlin. Le monde change, Marzi grandit... Marzena Sowa poursuit le récit de son enfance polonaise lors de ces années charnières, élégamment retranscrit par le graphisme tendre de Syl... >Voir plus
Que lire après Marzi - Intégrale, tome 2 : 1988-1989 Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
1989... - Marzi a un peu grandi dans ce deuxième volume. Elle comprend davantage et interroge de plus en plus. Elle prend conscience que la Pologne est contrainte par un régime extérieur."Mon pays est indirectement gouverné par l'URSS que certains appellent "le grand frère"... Et là je crois que tout le monde en a marre de cette dépendance, car parfois le grand frère s'avère être très méchant avec sa petite soeur, la Pologne..." (p. 9) 1989 est la dernière année du communisme. Mais avant que tombe le mur de Berlin, la Pologne s'est secouée. Solidarnosc, d'abord illégal, puis partiellement reconnu, rend confiance aux ouvriers qui osent manifester et faire la grève. le père de Marzi est de ceux-là et la petite fille est immensément fière de lui, même si elle craint sans cesse de le voir disparaître.

Marzi a le sentiment du monde en marche : "Une manifestation, onze jours ou une minute, ça vaut toujours le coup d'être vécu !" (p. 112) La révolte gronde et le raz-le-bol est partout. Assez des files d'attente interminables ! Assez des "nie ma" ou "plus rien" dans les magasins ! Assez de devoir chanter les louanges d'un régime qui a déçu tous les espoirs ! La Pologne ouvre la voie qui mène à Berlin."Une feuille meurt doucement sur un arbre, finit par s'en détacher et tombe simplement. Voilà la fin de notre communisme. Qui retient une feuille qui tombe ? [...] Cette chute était très naturelle. Nous étions la première feuille." (p. 131 & 132) L'après-communisme n'est pas vraiment différent, la vie de Marzi continue, sensiblement identique. C'est le regard rétrospectif qui seul révèle les différences.

Ce deuxième tome se conclut sur un carnet de voyage du retour en Pologne de l'auteure. Elle a quitté le pays en 2001 et elle y retourne à l'occasion de la parution du premier volume. Suivie par une équipe de télé, elle redécouvre les lieux de son enfance, retrouve sa famille et ses amis. Des photos agrémentent ce récit. On découvre également des oeuvres d'autres auteurs : des illustrateurs se sont prêtés au jeu de dessiner Marzi. Boulet, Marc Lizano, Tomasz Lesniak et d'autres ont croqué la gamine ou la jeune femme avec talent. La conversation finale avec sa mère, sous forme de B. D., entre confidence et agacement, m'a rappelée les dialogues d'Art Spiegelman avec son père, dans Maus. Mais la comparaison s'arrête ici. Marzena Sowa ne met pas en scène ses parents. Elle ne fait que dire son enfance.

Marzi est une jeune femme discrète comme son pays. "Les Polonais n'ont pas su médiatiser les changements. Nous sommes un peuple complexé." (p. 207) En gros, si tout le monde connaît la chute du mur de Berlin, Jaruzelski et Walesa se mélangent un peu plus. Mais Marzi ne fait pas oeuvre historique. "Je n'incarne pas la Pologne, ni l'histoire de la Pologne, je raconte juste ma version, mes souvenirs, tout est subjectif, tout est mien, je ne prétends rien, j'essaie de rester moi-même et raconter le monde à travers moi-même, le bleu-gris de mes yeux, mes lentilles." (p. 233) Marzi est humble et modeste. Mais son oeuvre dépoussière largement une histoire un peu méconnue.

Marzi propose une enfance polonaise en chapitres courts. Les planches comptent quatre cases centrées sur un fond blanc. La lecture n'en est que plus aisée. En ne saturant pas la page avec l'image, le dessinateur laisse la place aux à-côtés, à l'imagination et aux non-dit. Chaque chapitre est symbolisé par une image qui couronne les pages : ours en peluche, carpe, boîte d'allumettes, chaussons de danse, boulons, ticket de rationnement et autres sont souvent des illustrations pleines d'ironie douce. Les images se déclinent en tons bruns, gris et sépia. Il s'agit vraiment d'une remontée dans le temps et d'une relecture de vieux albums.

Marzena Sowa a retrouvé ses yeux et son esprit d'enfant et c'est vraiment la petite Marzi qui s'adresse à nous. "Nous sommes des enfants éponges, il ne suffit pas d'essorer, il faut faire attention dans quoi on nous plonge. Même lavés, rincés, séchés à maintes reprises, les traces restent en nous." (p. 125) Marzena n'a rien oublié de son enfance polonaise, ni les difficultés, ni les rires. Et on comprend que sa faculté de raconter et son imagination viennent de là, de ces années où elle posait sur le monde ses grands yeux interrogateurs et rêveurs.

L'histoire de Marzi continue dans quatre autres volumes que j'ai hâte de découvrir.
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Suite de l'autobiographie illustrée de la toujours pétillante et curieuse Marzi dans la Pologne des années Solidarnosc. Ce second tome alterne entre les luttes ouvrières menées par le syndicat de Lech Walesa pour plus de liberté face au pouvoir en place et les visites à la famille qui vit à la campagne. Ainsi, on passe des manifestations, de l'espoir d'une liberté à venir, de l'inquiétude face à une potentielle répression à la vie à la ferme rythmée par les baignades, la récolte des fraises, les vaches à mener aux champs ….
Comme dans le premier tome, l'approche du couple Savoia et Sowa reste résolument humaine en préférant laisser la parole à la petite fille et à ses proches plutôt que s'engager dans une analyse politique ou sociologique.
Marzena complète l'histoire de son enfance par le journal d'un voyage au pays natal entrepris en 2001. A l'aide de photographies, de portraits de ses confrères dessinateurs, elle exprime, avec sensibilité et retenue, l'émotion ressentie mais aussi le décalage entre le monde d'hier et sa vie d'auteur entre Paris et Bruxelles. La légèreté et la drôlerie du début se teinte peu à peu de tonalités plus sombres et pour certains d'une sorte de nostalgie.
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Ce deuxième intégrale regroupe les tomes 4 et 5 de la série Marzi. Marzena dit « Marzi » est toujours aussi attachante. Sa jeunesse se passe dans un climat assez tendu avec le Solidarnosc. Elle voit de moins en moins son père et elle a peur pour lui.
Dans ce livre, on perd en joie de vivre mais il y a toujours des bons moments. L'inquiétude monte avec les revendications des polonais et ça se ressent. J'ai toujours autant les dessins de Sylvain Savoia, très agréables à l'oeil.
Cette intégrale se finit par un reportage de l'auteur dans son pays pour la réalisation de sa bande dessinée avec son compagnon : elle a rencontré sa famille, ses anciens voisins, ses amis qu'elle avait quittés, après son départ pour la France.
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Les dessins sont beau et l'histoire est intéressante. Cette lecture est un témoignage de l'histoire d'un autre pays que je ne connaissais absolument pas avant d'avoir cette BD entre les mains ( l'histoire pas le pays ). J'ai encore plus aimé ce deuxième intégrale car il se finit avec un journal de voyage où Marzi raconte son retour au pays, ses retrouvailles avec d'anciens amis, voisins... Très belle lecture que je conseille.
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Très bon, à l'instar du premier tome. Quel meilleur moyen de découvrir la vie d'une enfant polonaise dans les années 1980 ?
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Je ne comprends rien aux histoires de ma mère. C'est pou ça que je ne réponds pas habituellement, surtout quand mon père n'est pas là. Mais quand je ne dis rien, pour ma mère c'est aussi grave. Elle pense que je refuse de lui parler car je me sens supérieure à elle. Je ne me sens ni supérieure, ni inférieure. Tout simplement, je ne sais pas pourquoi elle crie comme ça. Si je fronce les sourcils, ce n'est pas pour t'agacer encore plus, maman. Si je me mords les lèvres, ce n'est pas pour me moquer de toi. C'est juste que j'ai peur de ta colère. Parfois, quand tu me regardes, je me vois dans tes yeux, toute petite et déformée. Peut-être que tu me vois tout le temps comme ça. Si c'est le cas, je comprends pourquoi tu me méprises. Je ne suis pas belle dans tes yeux. Je ne suis même pas humaine. Je ressemble à une poupée de chiffon. J'ai plus de poupée de chiffon, mais je sais que comme avec tous les jouets, on aime bien s'amuser, mais aussi les tirer, vérifier leur résistance aux coups, on les maltraite... La différence, c'est que je suis en vie alors qu'eux ne sont que des objets. Je voudrais bien te l'expliquer, maman, mais je pense que ça va t'énerver encore plus... je préfère ne rien tenter du tout
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Les yeux de mon père sont fatigués, plissés. Est-ce qu'ils étaient comme les miens, avant? Grands ouverts? Ils voulaient tout voir, tout comprendre, tout contenir? Est-ce que l'âge change la taille des yeux? La taille de la curiosité? Peut-être que moins de choses nous surprennent quand on grandit. Ou tout simplement, il y a des choses qu'on ne voit plus ou qu'on veut plus voir. Chez papa, ça doit être la fatigue. Et ses grandes poches le confirment. Elles sont bien gonflées, aujourd'hui et pas seulement les siennes. C'est propre aux adultes. C'est l'endroit où ils rangent tout ce qui ne va pas. Tout ce qui les préoccupe, tous leurs soucis. J'aime les yeux de mon père. Rieurs et tristes en même temps. Tout le monde dit: tu as les yeux de ton père. N'importe quoi! Si j'avais les yeux de mon père, avec quoi il regarderait le monde?
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C'est quoi cette terre où il faut protester pour manger? Où il faut réclamer de la liberté? Où pour dire non, il faut sortir dans la rue?
En même temps, ça parait chouette un pays où le "non" n'existe pas. Tout le monde est d'accord. On s'aime, oui! On est heureux, oui! On a tout ce qu'on veut, oui... euh non.
Ce n'est pas possible en Pologne. Avant, le non, on le pensait. Puis, on l'a chuchoté. On ne l'a jamais crié mais on commence à le dire fermement, c'est tout. C'est déjà beaucoup pour les autorités. Même trop.
Dans ce pays, tout le monde devrait dire oui, sourire même s'il a mal, rire quand il souffre. Vivre mal mais le vivre bien. Être d'accord pour ça.
J'adore faire les files d'attente! Et surtout quand, au moment où je suis déjà au comptoir, il n'y a plus rien à acheter! Ce n'est qu'un nouveau défi pour moi! J'en raffole!! Quel bon moment à passer!
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Elle ne sait plus qui elle est. Mais elle est là. Malgré sa présence, sa respiration, son cœur qui bat, elle parait morte. Une morte-vivante.
Je pensais qu’on mourait rapidement. Quand on est vieux. Je croyais qu’on mourait très simplement.
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"Mon pays est indirectement gouverné par l'URSS que certains appellent "le grand frère"... Et là je crois que tout le monde en a marre de cette dépendance, car parfois le grand frère s'avère être très méchant avec sa petite soeur, la Pologne..." (p. 9)
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Vidéo de Sylvain Savoia
Exilés au Burundi, Gaby et Ana, enfants métis franco-rwandais, voient leur quotidien joyeux bousculé par la guerre civile. Alors que leur famille se déchire, le génocide des Tutsi au Rwanda voisin vient mettre un terme à leur innocence. D'ailleurs, déjà à l'école, Gaby assiste à une bagarre entre un Tutsi et un Hutu, que rien ne semble pourtant séparer si ce n'est - d'après son père - la forme de leur nez...
Mené par Marzena Sowa et Sylvain Savoia, l'adaptation du best-seller à résonance autobiographique de Gaël Faye - prix Goncourt des lycéens 2016 - qui a lui-même choisi les auteurs de Marzi parmi les nombreux projets présentés. Aussi magnifique que poignant.
« Petit pays » adapté du roman Petit Pays de Gaël Faye par Sylvain Savoia et Marzena Sowa Feuilleter la BD : tinyurl.com/Petit-pays
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