AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de thedoc


Voici un ouvrage que je n'aurais certainement jamais lu si Babelio ne me l'avait envoyé lors d'une opération Masse Critique. Les ouvrages tournant autour de la psychanalyse ne m'attirent guère et j'aime autant me plonger directement dans un livre de Freud s'il faut en passer par là.

Jean-Marc Savoye débute à l'âge de 27 ans une psychanalyse. Cet homme, issu de la haute bourgeoisie, à la vie confortable, en couple avec une femme belle et brillante, à la vie professionnelle réussie même si elle n'est pas celle qu'il avait choisie – oui, tout de même, car il dirige le service export chez Gallimard, ce qui n'est pas rien – ressent un sentiment d'échec continuel, une insatisfaction professionnelle, une incapacité à croire en un amour durable… Quelque chose cloche chez lui. Il souffre de ce que l'on appelle l'aquoibonisme (ou aquabonisme), le fait de toujours se questionner face à des événements ou actions et qui consiste à douter de l'utilité d'agir. C'est en fait le fameux « A quoi bon faire ci, faire ça ? », qui chez certains, à des degrés divers, se manifeste souvent par un attentisme et dans ce cas précis, par une névrose obsessionnelle. La vie semble vide, sans but, et il vaut mieux fuir le bonheur avant qu'il ne s'échappe.

Jean-Marc Savoye, pour mettre fin à cet état, décide donc de s'allonger sur le divan et de se raconter. Car pour lui, en effet, tout vient de l'intime, de son histoire familiale. Cette première analyse va durer 7 ans, puis suivront deux autres analyses qui feront au total quinze années d'introspection, elles-mêmes suivies de six mois d'EMDR.

Jean-Marc Savoye, qui entretient un rapport conflictuel avec l ‘écriture, fait de désir et de contrariété, écrit donc sur cette expérience et il raconte très bien d'ailleurs. J'avoue avoir été dès le début entraînée par son récit, curieuse de savoir comme lui ce qui se cachait derrière ce mal-être. Au fil de ses mots, son enfance, ses études, sa carrière professionnelle, les femmes de sa vie, et surtout, l'histoire de sa famille, se dévoilent. Un père à l'image imposante décédé alors qu'il n'a que six ans et demi. Une mère aimante et distante à la fois, qui à 43 ans se retrouve à la tête de l'entreprise familiale et chef de famille. Quatre frères et soeurs, Luc notamment, de six ans son aîné mais qu'il considère comme un véritable frère. La famille vit à Neuilly, dans un immeuble cossu. C'est une vie bourgeoise et confortable. La famille Savoye possède également une maison de famille à Bordeaux et une autre dans les Pyrénées, lieu de villégiature, chère à l'auteur.

Au fil de l'analyse, les non-dits, déjà pressentis, se font jour plus clairement. Mais attention, rien d'extraordinaire.Pour ne rien dévoiler du récit, je dirais juste que ce sont des histoires de famille somme toute très banales mais qui ne cessent de turlupiner l'auteur. Et il lui faudra donc toutes ces nombreuses années d'analyse pour en venir à bout.

Sur la forme, j'ai aimé ce livre. La narration est limpide et claire, on se laisse porter par les paroles de l'auteur qui manie très bien l'art de faire de belles phrases, le tout de manière simple. C'est d'ailleurs une belle victoire pour cet homme qui se disait incapable d'écrire mais dont c'était un des plus grands désirs.

Sur le fond, je reste mitigée. J'ai toujours eu beaucoup de mal à apprécier les récits de vie où le « moi-je » est omniprésent. Il est clair que Jean-Marc Savoye défend les effets bénéfiques de l'analyse qui peuvent aider des gens dans leur mal être. Les interventions de Philippe Grimbert arrivent par ailleurs toujours à propos pour éclaircir quelques révélations. Ensuite, on adhère ou pas. J'avoue que les jeux de mots et autres calembours (« pire est né » ou surtout le détournement du fameux pic de Sesques) m'ont fait sourire lorsque l'auteur y voit un message subliminal. Je pense également, comme le dit lui-même l'auteur, que l'analyse apportait un peu de piment à sa vie. Et je termine juste en disant qu'à force de trop se regarder le nombril, forcément, on n'avance guère dans la vie. Mais ceci est un humble avis qui n'engage que moi.

« Et toujours elle m ‘écrivait » est bien écrit, certains trouveront le récit touchant et sincère. J'en retiens surtout de très belles réflexions sur l'écriture. Cependant, cette névrose partagée m'a quelque peu agacée. Au final, j'ai beaucoup appris de la vie de Jean-Marc Savoye mais très peu sur l'analyse en elle-même.
Commenter  J’apprécie          112



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}