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EAN : 9782130820710
608 pages
Presses Universitaires de France (09/09/2020)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Cet ouvrage, composé de quatre-vingt textes courts consacrés à des dates-clés, propose un voyage à travers le monde et plus de trois millénaires d’une histoire extraordinairement riche, complexe et mouvementée. Un voyage qui permet de découvrir des individus et des familles unis (ou non) par une foi, une appartenance, des traits culturels, des pratiques, mais aussi par une histoire commune. La chronologie plurimillénaire du peuple juif ne se réduit pas à une quête q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce très bon livre d'histoire est ingénieusement conçu et sa lecture peut intéresser le lecteur ignorant et curieux du sujet, comme celui qui a déjà des connaissances et souhaite les étendre. Quatre-vingts dates servent d'entrée à quatre-vingts essais brefs, de quatre pages au plus, dus à des auteurs très différents entre eux. Ces essais historiques courts sont accompagnés d'une bibliographie limitée aux ouvrages essentiels, qui aidera le lecteur intéressé à poursuivre sa lecture dans le domaine qu'il voudra. Enfin, le choix des dates peut contenter aussi bien le débutant que le connaisseur. On trouvera les grandes scansions de l'histoire du peuple juif, de la nation juive (ce qui explique la majuscule, "les Juifs" ) : par exemple, 587 avant notre ère, et 70 de notre ère, destruction des deux temples et de l'état ; 1215, concile antijuif du Latran ; 1492, expulsion d'Espagne ; 1948, création de l'état d'Israël ; ou enfin 2015, prise d'otages et meurtres de l'Hyper Cacher de Vincennes. C'est sur l'antisémitisme musulman de France que se clôt le livre. Donc les articles sont assez clairs et élémentaires pour être bonnes initiations, assez approfondis pour être de bonnes synthèses, et assez variés, à travers les temps et les thématiques, pour maintenir la curiosité et l'intérêt en éveil.

Les Juifs écrivent, et leurs livres sont souvent des dates fondamentales de leur histoire (et de la nôtre) : les auteurs ont donc retenu des dates d'histoire littéraire et culturelle. Par exemple, la traduction de la Bible en grec à Alexandrie (la Septante), l'édition de la Mishnah et du Talmud, l'autodafé de ce même Talmud ordonné par Saint Louis (1242), la première poétesse juive publiée (Deborah Corcos Ascarelli, Italie, 1602), la première autobiographe juive connue écrivant en yiddish (Glückel von Hameln, 1690, Hambourg), la conférence de Czernowitz sur la langue yiddish (1908) ou "Difficile liberté" d'Emmanuel Levinas (1963) etc..
C'est dans ce domaine que l'on peut déplorer peut-être une influence néfaste de l'idéologie actuelle : je ne suis pas certain que le roman scandaleux "Portnoy et son complexe" de Philip Roth (1969) contrebalance l'absence d'une entrée sur l'édition du Zohar en Espagne à la fin du XIII°s, en termes d'influence. Aussi, il serait intéressant d'en savoir plus sur les tout premiers livres d'histoire juive (on aurait le choix entre "Les antiquités juives" ou "La guerre des Juifs" de Flavius Josèphe, au premier siècle, ou en 1554, "Le sceptre de Judah" de Salomon ibn Verga), ouvrages plus importants que cette honorable femme rabbin, première du genre, en Allemagne : l'essai qu'on lui consacre est anecdotique et dicté par la mode éditoriale et idéologique. Cette soumission à la mode n'enlève rien à la valeur et à l'utilité du livre.
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critiques presse (1)
LeMonde
05 octobre 2020
De 1207 av. J.-C. à 2015, le volume porté par Pierre Savy offre le survol précieux et ouvert d'un long destin.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
1656. La mise au ban de Spinoza.
C'est parmi eux [les Juifs ibériques réfugiés en Hollande] et, au-delà, au sein du marranisme ibérique que l'historiographie discerne les germes d'une forme de judéité identitaire ou la préfiguration du judaïsme laïque contemporain, qui n'existe alors à l'époque ni comme réalité sociale ni comme éventualité théorique. Ainsi certains de ces "hommes du doute", comme de ceux qui restent à l'écart de la synagogue, seraient malgré tout foncièrement attachés à la communauté et au judaïsme sans en partager l'intégralité du dogme et des rituels. Si l'on retrouve ce genre de figures dans la plupart des groupements religieux de la période, les historiens s'accordent néanmoins pour pointer l'incidence de l'expérience marrane sur le développement de ces tendances dans la Naçao (nation juive portugaise).

Car le crypto-judaïsme, qui imprègne les congrégations créées ex nihilo par les migrants de la péninsule ibérique, porte en lui cette dichotomie, cet élan du coeur qui dépasse le rite, entravé par la simulation et l'éloignement des sources de l'orthodoxie juive. Le marrane apparaît, selon la célèbre formule du spinoziste Carl Gebhardt, comme "un catholique sans foi et juif sans savoir, et pourtant juif de vouloir". Cette "scission marrane" entre les identités publique et privée, la primauté donnée au sentiment d'appartenance, à une mémoire et à une histoire collectives - alors fortement empreintes d'eschatologie - semblent dès lors annoncer le judaïsme laïque des siècles suivants, plus ethnique et culturel que cultuel.
p. 293
[Echo du roman médiocre de Rachel Kadish, "De sang et d'encre"]
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Il y a ... des valeurs communes, dont les Juifs n'ont pas l'exclusive il est vrai, mais que d'autres traditions religieuses monothéistes leur ont reprises. L'institution de principes moraux universels, - telle la protection des droits du pauvre, de la veuve, de l'orphelin et de l'étranger - et, en même temps, le maintien de la distinction juive au sein de l'universel. L'institution d'un droit et d'une justice, référés à une Loi, et l'irréfragable nécessité de respecter celle-ci, dans une tension vers un temps meilleur qui doit advenir. La centralité de l'éducation, enfin, à l'origine de laquelle se trouve peut-être l'injonction de l'étude, bagage qui a d'autant plus de prix qu'il est immatériel et qui pèse, lui aussi, dans la perpétuation du peuple.

Voilà donc pour l'unité. Il n'est que trop facile, au contraire, de souligner la diversité : c'est même un topos de bon nombre d'Histoires des Juifs déjà publiées. Il paraît plus important de rappeler que cette diversité même est thématisée et assumée dans la tradition juive : "Il est soixante-dix visages à la Torah", dit un Midrash souvent cité. Sur le plan religieux, presque toute communauté juive a ses coutumes propres et ses spécificités liturgiques. Loin de faire obstacle à l'unité du peuple, elles sont la réalisation même de la vie juive. Laquelle repose sur des textes étonnants, qui prescrivent une pratique droite, plutôt qu'une foi droite (une "orthopraxie" plutôt que l'orthodoxie), et consistent en des compilations de disputes et de désaccords, souvent restés ouverts, entre des hommes mais aussi entre Dieu et les hommes.

Extrait de la préface, p. 7.
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1963, "Difficile liberté", d'Emmanuel Levinas.
L'avant-propos de "Difficile liberté" le dit sans ambages : après la Shoah et deux mille ans de captation chrétienne de l'être-juif, il s'agit à présent de revenir au judaïsme, de rendre la parole à ceux qui l'ont perdue - mieux, de les encourager à la reprendre eux-mêmes, en se réappropriant leur identité, leurs textes et leur histoire, et en refusant à tout tiers le droit de dire mieux qu'un Juif ce qu'est le Juif. D'où la vigueur et la fermeté de ces pages qui sonnent comme un appel au soulèvement de l'âme juive.

Mais ce qu'il appelle de ses voeux, Levinas lui-même l'exécute. D'abord négativement, par de sèches polémiques - pars destruens. (....) Il cible directement de grands chrétiens et des Juifs déjudaïsés. Les premiers, parce qu'ils n'ont irien compris ou rien voulu comprendre au judaïsme, se trouvent d'une façon ou d'une autre solidaires de toutes les persécutions qui ont frappé les Juifs : l'opiniâtreté dans la mécompréhension des Juifs ne fut-elle pas leur première persécution ? Cette opiniâtreté constitue un désastre continué. Ainsi de Claudel, qui, en dépit de ses retournements sur le sort des Juifs, continue à voir le judaïsme comme préfiguration du christianisme, comme si le judaïsme devait in fine, s'abolir dans son accomplissement chrétien ! Secondes cibles : les Juifs hostiles aux Juifs eux-mêmes, par ignorance du judaïsme ou par mauvaise foi. Spinoza par exemple, responsable de la "décomposition de l'âme juive", avant que Levinas lui donne acte dans un autre article ("Difficile liberté" fourmille de ces repentirs) d'avoir reconnu la valeur profondément éthique de la Bible. Plus radicale et plus profondément antijuive est la philosophe Simone Weil, dont l'antijudaïsme s'alimente à une ignorance entretenue qui ne grandit ni la femme ni l'oeuvre.
pp. 471-472
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587 avant notre ère. La fin du royaume de Juda.
Le trait le plus marquant de ces réflexions réside dans un retournement théologique. Au Proche-Orient, la défaite d'un peuple était souvent comprise comme l'échec de son dieu national face à celui de l'armée victorieuse. Ainsi, YHWH aurait pu être considéré comme perdant face à Mardouk, grand dieu de Babylone. Au contraire, les textes bibliques considèrent que l'Exil a été orchestré par YHWH pour sanctionner son propre peuple. Bien plus, ce dieu sortira "grandi" de cette période dans la pensée religieuse judéenne. Les affirmations monothéistes les plus fortes se rencontrent chez le Deutéro-Isaïe (Isaïe 40-55), rédigé au VI°s ; il polémique contre les dieux babyloniens, considérés comme du "néant", tout en proclamant l'unicité de YHWH. Ici comme dans d'autres textes prophétiques, l'étiologie fait place à l'espérance et la conviction que ce dieu, loin d'avoir abandonné son peuple, veut aller de l'avant avec lui. C'est ainsi que la pensée religieuse d'Israël sortira par le haut d'un traumatisme historique considérable, dans un double mouvement d'intégration et de dépassement qui façonnera sa mémoire culturelle et traversera ses textes fondateurs.
p. 35
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Vers 220 : l'édition de la Mishnah par Rabbi Yehudah ha-Nassi.
C'est donc un grand collaborateur de l'Empire romain qui est responsable de l'une des plus grandes exceptions dans l'histoire de ce dernier : de toutes les cultures juridiques locales qui fleurissaient dans le monde dominé par Rome en ce début du III°s, seule celle des Juifs, codifiée par les rabbins dans la Mishnah, a survécu à l'universalisation du droit romain et continue d'exister, jusqu'à nos jours, comme une force vitale, source des décisions et des discussions affectant la vie de millions d'êtres humains.
p. 127
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Vidéo de Pierre Savy
Pierre Savy vous présente son ouvrage "Histoire des Juifs : un voyage en 80 dates de l'Antiquité à nos jours" publié par les PUF.
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