UN CHEF-D'OEUVRE DU BOUDDHISME THERAVADA & DU BOUDDHISME UNIVERSEL
Cet ouvrage de référence est un classique pour les bouddhistes francophones et anglophones de la tradition Theravada. Il est un succès international.
En effet, rapidement, dès les premières pages, on comprend que l'on tient là un livre tout à fait exceptionnel, complet, et étonnamment transversal, en ce sens que nombre d'informations dispensées par le maître birman relève de toutes les traditions bouddhistes. Disons plutôt, que toutes les traditions possèdent la même base et qu'ici nous avons une superbe démonstration de ces enseignements bouddhiques fondamentaux. Je dirais toutefois que, au surplus, j'y ai lu bien des traits propres au Ch'an/Zen comme au bouddhisme tibétain, dans ces enseignements birmans. « Dans cette vie même » est très loin d'être un banal manuel de bouddhisme theravada; non il n'est pas sectaire ni autoritaire. Et il est riche !
Malheureusement, ce livre n'est pas prêt d'être réédité alors qu'il en aurait bien besoin ! Heureusement c'est un livre que l'on peut remplacer par deux autres guides de très haute qualité : celui de
Ajahn BRAHM –
Manuel de méditation selon le bouddhisme Theravâda, et celui de Vén.
Henepola GUNARATANA –
Méditer au quotidien : une pratique simple du bouddhisme.
« Dans cette vie même » est donc cet ‘opus major' généraliste pourrait-on peut-être dire, et traditionaliste pour sûr. Car le Pandita est assurément de la tradition Theravada, aussi je ne vais pas ranger ce livre dans un autre branche du bouddhisme.
Sayâdaw U Pandita (1921-2016) est lui-même le successeur du grand Mahâsi Sayâdaw (1904-1982) et Ledi Sayâdaw U Ñaṇadhaja (1846-1923). Tous furent des spécialiste de la méditation Vipassana, telle est pratiquée en Asie du Sud Est.
Pourquoi d'ailleurs « Dans cette vie même » ? Parce que contrairement aux voies « progressives » de certaines traditions bouddhistes, celle qui vous est dévoilée dans ces 350 pages vous propose de vous libérer du poids de l'existence « dans cette vie même ». Car c'est possible ! Mais si vous vous faites moine ou nonne bouddhiste, ce sera quand même un peu plus facile que si vous bossez à côté. Mais ça vaut absolument le coup de faire ces efforts de purification et de libération !
En bon maître bouddhiste, le sage
Sayadaw U Pandita qui dispense cet enseignement, l'a fait verbalement lors d'une retraite en 1984, et ce livre résulte donc de la traduction, de la transcription, de la révision et de la mise en forme des paroles du Pandita, comme cela est courant avec les premières vagues de maîtres orientaux, des années 1950 à 2000.
Aussi
Sayâdaw U Pandita dit-il ‘Au lecteur' : « Mon souhait humble et sincère est que ce livre vous aide à découvrir par vous-même l'état de paix intérieure. (…) La publication de ces enseignements va vous aider à réaliser cinq bénéfices. Premièrement, la découverte de certains aspects du Dhamma dont vous n'aviez pas entendu parler; deuxièmement, la consolidation de vos connaissances au cas où vous seriez déjà familiarisés avec le Dhamma; troisièmement, la clarification d'éventuels doutes. Il est également possible que ce livre vous aide à vous défaire de certains préjugés et idées fausses par un examen attentif et sérieux du Dhamma du Bouddha. le dernier bénéfice et sans doute le plus épanouissant, c'est que vous pourrez comparer vos propres expériences avec ce que vous lirez dans ce livre. Si vous pratiquez sérieusement, vous serez parfois très heureux voire même exalté lorsque vous verrez que vous expérience correspond à la théorie. »
La très bonne surprise de ce Manuel bouddhiste très détaillé, comme je l'ai dis plus haut, c'est qu'il ne parle pas que de la méditation spécialisée dite Vipassana.
Sayadaw U Pandita aborde et développe l'avant et l'après.
Tout d'abord, il insiste sur « l'éthique de base », la paix et le fait que l'on doit donner l'exemple : « Nous ne pratiquons pas la méditation pour nous attirer l'admiration de qui que ce soit. Si nous méditons, c'est plutôt pour apporter notre contribution à la paix dans le monde. Nous essayons de mettre en application l'enseignement du Bouddha et suivons les instructions que nous donnent d'honnêtes professeurs, dans l'espoir d'atteindre la purification, tout comme le Bouddha. Lorsque nous serons devenus purs, nous pourrons à notre tour inspirer les autres et partager avec eux ce Dhamma, cette vérité.
L'enseignement du Bouddha peut se résumer en trois mots : sîla, la moralité; sâmadhi, la concentration et pannâ, la sagesse intuitive. Sîla est placée en premier parce que c'est le fondement des deux autres sections. On n'insistera jamais assez sur son importance. Sans sîla il ne sera pas possible de progresser ».
Ces dernières lignes sont fondamentales et bien souvent oubliées par les foules se prétendant « bouddhistes »… C'est ce que l'on appelle le Chemin triple (éthique, méditation, sagesse).
Sayâdaw ajoute ces phrases décisives : « En réalité, il n'y a pas de plus belle parure en ce monde que la pureté du comportement; c'est le meilleur refuge; c'est l'unique fondement pour la vision pénétrante et la sagesse. (…) Il faut cependant savoir que sîla ne peut pas, à elle seule, dompter l'esprit, même si nous raffinons à l'extrême nos actes et nos paroles. Nous avons besoin d'une méthode pour nous faire mûrir spirituellement, pour nous aider à réaliser la vraie nature de la vie et pour permettre à l'esprit de franchir des niveaux supérieurs de compréhension. Cette méthode, c'est la méditation ».
Tout cela s'apparente à de l'alchimie intérieure, ou de la forge. « Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage ! » dit l'adage. C'est le travail d'une vie – ne croyez pas ceux qui vous disent que tout est là, tout est à vous, sans rien faire. Il se leurrent eux-même !
Plus loin,
Sayâdaw U Pandita décline Pannâ en Cinq Facultés de Contrôle associées à Neuf Causes de Renfort. Ce chapitre forme l'ossature centrale du livre et il me serait trop long de le détailler.
Idem pour les « Dix armées de Mâra », soit les dix plus importantes difficultés dans la progression spirituelle qui mène à la purification.
Puis, afin de devenir un « Être Noble », le sage nous dit ceci : « Ce n'est pas en regardant les étoiles qu'on atteint l'illumination. La seule lecture ou étude des textes ne permet pas de l'obtenir, pas plus que la réflexion ou le désir de la voir se produire dans son esprit. Certains conditions ou préalables sont nécessaires pour cela. On parle des facteurs d'illumination; il y en a sept ». Il faut donc les cultiver, comme tout le reste, afin de grandir et de produire une lumière intérieure si vive qu'autrui puisse la voir et la reconnaître. Ces facteurs sont : l'attention, l'investigation, l'effort, la joie, le calme, la concentration et l'équanimité.
Une fois cela discuté, Sayâdaw s'occupe de nous parler des niveaux de conscience obtenus par la pratique de la méditation. C'est ardu. Pour comprendre et mettre en action cela, il va vous falloir méditer des dizaines de milliers d'heures. C'est une grosse partie du boulot d'un bouddhiste ! Mais ne croyez pas cela impossible ! Tout cela est validé par des milliers de moines bouddhistes depuis 2500 ans !
Enfin, le Pandita met la cerise sur le gâteau en nous emmenant dans « la Calèche pour Nibbâna (Nirvâna) ». Somptueux !
Voilà globalement ce qu'est ce superbe manuel bouddhiste dicté par un maître birman. Il ne vous reste plus qu'à le lire en détail et à vous régaler de sa lecture. Puis… à le mettre en pratique !
Bonne et heureuse lecture (pour commencer) !
ZUIHÔ
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