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Sayd Bahodine Majrouh (Éditeur scientifique)André Velter (Traducteur)
EAN : 9782070736003
140 pages
Gallimard (03/06/1994)
4.59/5   11 notes
Résumé :
Dans les vallées afghanes, dans les camps de réfugiés du Pakistan, les femmes pashtounes improvisent des chants d'une extrême intensité, d'une foudroyante violence.
D'où le nom de landay qui les désigne et qui signifie : " le bref ". Cette forme poétique limitée à deux vers compose en fait un instantané d'émotion, à peine plus qu'un cri, une fureur, un coup de dague entre les épaules. Car ce poème très scandé dit l'amour, l'honneur ou la mort et toujours à tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La révolte des femmes afghanes et plus précisément pashtounes contre la domination masculine s'exprime à travers les landays, rassemblés dans cet ouvrage. Les landays sont de courts poèmes improvisés souvent chantés, qui évoquent avec force, rage, sensualité, l'amour, l'honneur et la mort.
Jusque dans les années 1978, soit avant l'invasion Russe,dans la communauté pashtoune les femmes sont asservies, opprimées physiquement et moralement,réduites à un travail d'esclave entre les corvées domestiques et « l'élevage des enfants » toujours nombreux. La mortalité infantile est importante et il est préférable de ne pas trop s'attacher aux enfants. Les filles sont promises dès leur plus jeune âge à un homme« le petit affreux » soit plus âgé soit encore enfant.
Face à ce carcan ancestral deux alternatives possibles: le suicide ou le chant comme un défi,comme un cri de liberté et de dignité. Bravant les interdits, au péril de sa vie, la femme pashtoune clame son désir , ne craint pas de choquer, de scandaliser les hommes et va même jusqu'à les provoquer dans leur virilité.

« Hier soir j'étais près de mon amant, ô veillée d'amour qui ne reviendra plus!
Comme un grelot, avec tous mes bijoux, je tintais
dans ses bras jusqu'au fond de la nuit. »

Patiemment le poète et philosophe Sayd Bahodine Majrouh a collecté et transcrit ses nombreux poèmes. Il a été assassiné en 1988.
Un bel hommage aux femmes victimes de dogmes d'un autre temps.

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Extérieurement, elles sont soumises, reléguées au fond de l'arrière-plan. Intérieurement, elles sont libres, sauvages, passionnées. Pour s'exprimer, les landays, 2 vers de 13 et 9 syllabes. Toujours oraux puisqu'elles ne savent ni lire ni écrire.
L'auteur, résistant à l'occupant soviétique et assassiné à Peshawar en 1988 par les futurs maîtres de l'Afghanistan, a parcouru le pays puis les camps d'exil pour les enregistrer et les transcrire. Si les thèmes changent après le début de la guerre, la fougue, la rage et la tristesse sont toujours là. Indomptables.
La force de ce recueil vient bien sûr des landays qui y sont retranscrits mais aussi par l'analyse qui en sont faites. Surtout lorsque l'on sait que la place des femmes dans la campagne afghane est plus que minime malgré leur travail d'esclave. Que les hommes sont plus qu'accroché à leur honneur. Et qu'un homme, cultivé, universitaire, juge ces poèmes importants, dignes d'être compilés. C'est grand, c'est beau.
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Recueil de landays écrits par des femmes pashtounes dans la vallée afghane ou dans des camps de réfugiés au Pakistan, mis par écrit et traduits par le poète résistant afghan Sayd Bahodine Majrouh et postfacé par le poète français André Velter.

Les landays sont des poèmes courts de deux vers de neuf et treize syllabes, un peu dans le style des haikus japonais, mais avec des thèmes différents, et faits pour l'oralité : l'exil, l'honneur et l'amour.
Ils permettent à ces femmes méprisées des hommes de s'exprimer, dans le contexte d'oppression et des libertés bafouées qu'elles subissent au quotidien.
La poésie pour que chacune puisse dire sa condition de femme réduite à objet, mariée de force à un homme qu'elle appelle "petit affreux" qu'elle n'aime pas et qui profite d'elle, l'exil de celles réfugiées dans des camps loin de leur terre natale, mais aussi leur désir d'amour avec un amant qui n'a rien à voir avec leur petit affreux et qui leur rend leur féminité.

En postface, André Velter évoque sa rencontre imprévue avec Sayd Bahodine Majrouh lors d'un voyage en Afghanistan, puis son admiration de cet homme engagé peu importe le risque de répression, et de la façon dont a été fait ce recueil, les difficultés rencontrées, les incertitudes quant à sa publication, et l'effroyable meurtre du poète afghan resté coûte que coûte dans son pays natal pour continuer le combat pour la liberté.

Un ouvrage émouvant et criant de vérité, au titre mélancolique : ces femmes pashtounes qui n'ont le choix qu'entre le suicide ou le chant, ont comme plus grand regret de ne pas avoir pu connaître le bonheur.
Chant qui représente un appel à l'aide, un cri du coeur pour avoir le droit d'être libre de vivre sa vie et de ne pas être réduite à un statut de femme au foyer/femme-objet domestique qui doit laisser ses désirs enfouis en elle.
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Mis en avant par le fascinant Atiq Rahimi (prix Goncourt en 2008 pour son superbe "petit" roman Singué Sabour- Pierre de patience), le très puissant recueil de poésie des femmes pashtounes le Suicide et le Chant lève le voile sur leur force créatrice pour se libérer, le temps de ces courts poèmes - ils ne pèsent que deux vers - , de l'oppression des hommes et de l'inhumaine condition de la femme en Islam.

La 4e de couverture nous précise que ces poèmes, très scandés, disent l'amour bien sûr (même en plein camp de réfugiés au Pakistan), tout autant que l'honneur et la mort.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Aussi nourrit-elle [la femme pashtoune] son image de ce qui ne peut lui être interdit : la nature qui l'entoure. Elle est simple et sans complexité, comme le dessin des plaines nues. Elle est pure, limpide, et impétueuse, comme les torrents des vallées rocheuses. Elle est belle, imposante, et dure, comme la montagne aux reflets bleus de l'Hindoukouch.
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Mon cœur m'a dit: " Je n'y suis pour rien,
Ce sont les yeux qui regardant m'ont rendu amoureux."
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Je me suis faite belle dans mes habits usés,
Comme un jardin fleuri dans un village en ruine.
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Viens et sois une fleur sur ma poitrine
Pour que je puisse chaque matin te rafraîchir
d'un éclat de rire.
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Sur la terre natale, les gouttes du sang des martyrs
Sont les tulipes rouges du printemps de la liberté.
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