Divertissant.
Une race d'extraterrestre vient nous rendre visite. Problème, elle ressemble aux blobs avec odeur pestilentielle (leur mode de communication est l'odeur). Pour se faire accepter par l'humanité quoi de mieux que d'engager un impresario ?
Il s'agit du premier roman de Scalzi. Il a fait bien mieux depuis.
C'est drôle, mais pas au point de rire. le ton est léger, on égratigne au passage le show-biz, le monde des agents et les journalistes people.
J'ai bien aimé l'atmosphère du roman, une lecture idéale pour passer le temps, de bonne humeur. On n'est clairement pas là pour s'instruire, se cultiver ou même réfléchir.
Entre deux hard science, c'est parfait pour prendre l'air.
Dans Martiens Go Home ! de Fredric Brown, Luc Devereaux écrivain de science-fiction en panne d'inspiration donnerait cher, très cher, pour se débarrasser de ces petits martiens verts qui ont pris le parti de s'attaquer à l'humanité en lui rendant la vie impossible : farces, blagues, immiscions impromptues dans la vie de tous les jours, divulgation de vérités pas toujours bonnes à entendre... et j'en passe. Un chef-d'oeuvre de science-fiction humoristique dont l'impact ne se dément pas avec le temps, le rire étant toujours au rendez-vous.
John Scalzi, l'auteur très remarqué du Vieil homme et la guerre, a quant à lui opté pour une approche inverse. Dans sa propre version d'une rencontre humains / extra-terrestres ou la veine humoristique est ici aussi hautement revendiquée, c'est par la discrétion que les Yherajks – c'est leur nom – entendent bien entrer en contact avec les Terriens. Car après avoir capté capté les ondes radio et télévisuelles provenant de notre planète - autant d'informations parcellaires, contradictoires et, il faut bien le dire, déroutantes sur notre façon de vivre et de nous comporter - leur intérêt à notre égard a est allé en grandissant. Pour autant, la chose est loin d'être aisée, même si leurs intentions n'ont rien de belliqueuses. Car les Yherajks ne sont – comment dire ? - pas d'un abord très... enfin... bon, pour faire simple, disons qu'ils sont moches, très moches et qu'ils puent à un point inimaginable. Pour être approximatif, ils ressemblent à ces blobs gélatineux apparus dans les films d'horreur dans le but de distribuer leur dose de frisson aux spectateurs en quête de sensations fortes. C'est là en tout cas une raison suffisante, vous en conviendrez, pour qu'ils décident de passer par l'un des plus gros cabinets d'imprésarios d'Hollywood afin que le premier contact se fasse en douceur. Et c'est à Tom Stein, agent plein de ressources, de finesse et de bagoût qu'échoue cette mission des plus périlleuse et délicate.
John Scalzi n'a rien, mais alors vraiment rien à envier à un Fredric Brown ou un Douglas Adams pour ce qui est de faire rire. L'exercice est assez difficile en lui-même et John Scalzi a donc d'autant plus de mérite qu'il tient sur la longueur. Il y a en tout cas des indices qui ne trompent pas. Et j'avoue que ça faisait bien longtemps que de tels éclats d'hilarité n'avaient pas jailli ainsi au cours de mes lectures depuis bien longtemps... depuis les enquêtes de Mma Ramotswe si je me souviens bien.
- Tu dis ça, tu dis ça, y'a pas si longtemps je t'ai entendu dire que t'en lirais un par an, ça fait presque trois ans...
- Tiens, la petite voix, tu tombes bien toi.
- Ah bon ?
- Oui, figure-toi que Tom Stein, tu sais le héros de Imprésario du troisième type, eh bien il en a une lui aussi, de petite voix, mais il appelle ça un lutin. J'ai pensé à toi en le lisant.
- C'est bien, et alors ? Quel est le rapport ?
- Oh, il est tout vu. Si je ne me trompe pas, à un moment donné Tom Stein manifeste le désir de l'étouffer une bonne fois pour toutes. A moins que ce ne soit moi qui ait transposé mon envie dans le livre, je ne sais pas...
- Hé ho, moi je disais juste...
- Tu ne sais pas où est le coton par hasard ?
- ...
Désolé pour cette petite interruption, vraiment. Cela nous arrive de plus en plus souvent, vous l'aurez peut-être remarqué.
Où en étais-je ? Ah oui, l'aspect comique. Qu'il s'agisse des répliques entre Tom et le Yherajk, Joshua, dont il a la charge, des péripéties qui jalonnent forcément leur aventure, des comédiens ( il faut voir les comédiens !) et de leur entourage avec qui l'agent doit composer (et il faut voir de quelle manière !), ou même des journalistes en quête de scoop, le cocktail est détonnant. Qui plus est, John Sclazi n'hésite pas non plus à mettre du poil à gratter dans le dos du show-biz, de la presse, voire même de notre chère humanité.
« Mais ici, à Hollywood, on n'a pas l'habitude des hétéros cultivés. »
« Il semble que l'homme à la caméra démolie ait l'intention de rembourser la casse en s'appropriant tout ce qui lui paraît monnayable chez le preneur de son, ses lunettes, ses dents, sa chemise et même sa peau. Une paire de bonnes âmes essaient de les séparer tandis que le reste de la clique, prenant parti pour l'un ou pour l'autre, se lance dans une rixe géante. Je trouve assez jubilatoire de voir ces journalistes, probablement les plus incompétents et les mieux payés de Californie, s'empoigner par les cheveux, s'exploser les lèvres et s'aplatir les génitoires à coups de genou. »
« - le temps c'est de l'argent. Voilà le leitmotiv des temps modernes. On essaie d'en perdre le moins possible.
-J'ai du mal à suivre cette forme de pensée, me confie Gwedif. Quand je retournerai sur Terree – pas pour un aller-retour express comme celui qui m'a permis de rencontrer Carl mais pour visiter réellement votre planète -, j'aimerais m'offrir un séjour dans un monastère. Là les hommes prennent le temps de vivre, de méditer, de se livrer à la contemplation.
- Ne vous faites pas trop d'illusions, Gwedif. Dans de nombreux monastères, la visite se termine par un passage à la boutique souvenirs où l'on peut acheter des cantiques gravés sur CD, du fromage, des vins et des objets religieux fabriqués en série. »
Et là où Sclazi est vraiment très fort, en plus de sa faculté à se renouveler, c'est qu'il ne bascule jamais dans un absurde débordant. Il donne à son univers une cohérence folle, lui permettant ainsi de faire preuve d'une authentique sensibilité aux moments clés de l'histoire.
Allez, ne traînez plus ! Les Yherajks vous attendent... Je vous souhaite en tout cas un aussi bon contact que le mien, et surtout ne vous étonnez pas si dans le train, à la sécu, à la préfecture où bien ailleurs, on vous regarde bizarrement après un gros éclat de rire. Au mieux on vous demandera ce que vous lisez...
Pardon ? Pour trouver les Yherajks ? Oh, rien de plus simple, laissez votre flair agir.
John Scalzi Imprésario du 3ème type. 1/5
Sur l'auteur : https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Scalzi
Un petit bijou écrit en 2005. Pour comprendre pourquoi cette mauvaise cote, lire ma critique de la série le Viel Homme et la Guerre.
Ce n'est pas tant cet art de la flatterie qui me déplaît chez l'auteur que sa manie de la faire passer par le roman (la suite de cet aspect dans les critiques des romans de la série du vieil homme et l' «amer», pardon…du Vieil-homme-et-la-guerre...:-)
Entre nous, s'il n'y avait pas les 2 derniers chapitres (une louange au monde de la presse, à celui des Oscars, etc. qui n'apportent rien au récit), bien ancrés dans ce que la culture américaine peut produire de plus « fake », c'aurait pu être l'un des meilleurs romans humoristique de la SF !
Revenons au texte et aux idées.
Les 100 1ères pages : 4,5/5 : cocasse : les réparties, les situations, le rythme effréné, l'originalité du thème (la presse people, les agents de stars) et la façon de le traiter…
Désopilant : l'ensemble ex. : les scènes de tournage sitcom et le syndicat des techniciens de régie dans un monde futuriste.
Des pages 100 à 200 : 4,5 / 5 : même veine ! quel plaisir…
Pages 200 à 300 encore meilleures !...avec une pointe tragicomique. L'auteur pose la trame du drame qui se profile…
Mais à partir de la page 382 (jusqu'à la fin, page 407) : le soufflé retombe lentement et misérablement… : le lecteur est complètement sorti de l'ambiance…
Perso, je suis resté choqué…Il faut dire…(profond soupir)
que je m'étais tapé sa série du vieil homme et la guerre et là la trame de ce que j'avance apparaît de plus en plus clairement dans les derniers épisodes : des exercices de "ramping" (chapitre par chapitre !) au pied des éditeurs et des « amis (américains) du livre de SF » , associés à une escroquerie dans la façon de vendre ses derniers romans dont le lecteur fait les frais…Et là la pilule ne passe pas plus ! En enquêtant j'ai fini par me douter d'où venait le problème et j'en parlerais dans la critique de la série du VHELG…(je cherche le courage de m'y mettre)
En fait, après avoir lu cette série et celle de l' «Interdépendance » (9 romans au total) je me demande si Scalzi ne se fiche pas un peu de ses lecteurs.
Je développerais plus tard… Un conseil d'achat : acheter le n° 1 de chacune de ces séries, vous ne serez pas déçu. Achetez ce roman et arrêtez-vous à la page 382 : vous prendrez beaucoup de plaisir…
…
Je préfère encore un écrivain qui a peut-être moins de bonnes idées mais qui soit régulier en apportant un degré de satisfaction minimal en produisant une oeuvre honnête.
J'invite les lecteurs qui, après avoir lu l'ensemble de l'oeuvre de Scalzi, seraient du même avis (ou s'en rapprochant) à réagir (en rectifiant leur critique ou/et en en parlant autour d'eux, …) car c'est absolument inadmissible !
Scalzi a tout ce qu'il faut pour devenir un très grand auteur de SF. Ce n'est pas un service à lui rendre que de se taire…
Bref… Tout cela explique la cote : j'avais déjà lu 6 romans de J.S. avant celui-ci, dans lesquels les faiblesses de l'auteur ne font que se renforcer de roman en roman...Très dommage pour lui et pour le lecteur averti.
La cote reflète le désagrément (et la colère) de m'être fait sortir (une nouvelle fois de façon incongrue et juste à la fin) de l'ambiance de ce qui aurait pu être une oeuvre majeure de SF.
Les extraterrestres sont là, à notre porte mais ils n'osent pas sonner. Sont-ils timides ? Ont-ils des intentions hostiles ? Ont-ils peur qu'on les prennent pour des témoins de Jéhovah ?
Rien de tout cela. Ils sont juste affreux et puent terriblement. Et comme ils sont bien élevés, ils veulent se présenter sous leurs plus beaux atours. Après avoir sournoisement écouter derrière la porte, ils ont trouvé la solution : prendre un impresario pour établir un plan de communication !
Un pitch qui donne le ton de suite, le contact se fera à la mode humoristique et satirique, Scalzi est aux manettes. Critique de films à ses débuts, l'écriture est très visuelle, cette carrière dans le monde hoolwoodien est le plus gros défaut du livre. Il s'attarde dans une première moitié à nous faire la satire des agents d'acteurs et d'Hollywood. C'est drôle sans verser dans le lourd, mais la satire reste assez convenue : les coups bas entre agents, les relations avec les acteurs sans cervelles, les séries débiles, les égo démesurés. On se croirait devant la série française Dix pour cent, le pathos en moins. Pas désagréable, mais moi j'ai choisi ce livre pour le troisième type du titre, pas pour l'impresario. Et Tom Stein, l'agent choisi pour concevoir le plan de communication ne semble pas très curieux de notre cher alien...
En outre, Scalzi m'a habitué avec ses romans sous forme de divertissements de glisser quelques problématiques sociétales et là le compte n'y est pas.
Puis vient enfin la rencontre tant attendu, du moins son récit par la première personne qui les a réellement rencontré. Et là c'est assez iconoclaste. Comme les Yherajks ont un langage très fleuri, du moins olfactivement, nous aurons le droit à quelques scènes cocasses. Les événements s'enchainent enfin avec notre blob métamorphe digne héritier de la Chose en beaucoup moins flippant mais beaucoup plus puant.. La satire hollywoodienne devient plus grinçante et certains passages relèvent de la farce dramatique. Et derrière se glisse une critique des apparences, des plans marketing et d'une société du spectacle.
Un roman mi-figue, mi-raisin, à réserver aux inconditionnels de Monsieur le vieil homme et la guerre.
On a passé un bon moment à lire ce roman de science-fiction pour le moins original!
Les aliens sont une espèce très pacifique, morale, avancée technologiquement et aimeraient bien se présenter à nous mais il y a un soucis, et de taille: ce sont des blobs gélatineux puants. En terme de première impression, il y a un gros risque. Alors, appréhendant nos cultures à travers les émissions télévisées, il leur semble tout naturel, pour "travailler leur image" de faire appel à un impresario et c'est ainsi que notre héros se retrouve embarqué dans des aventures loufoques.
J'ai adoré le vent de fraîcheur nouvelle qui a soufflé dans ce roman: on est loin des questions morales et philosophiques d'Asimov, de Dick, des combats épiques et violents, des guerres interstellaires et, franchement des fois ça du bien, du juste rire avec des aliens (et souvent de nous même, humains).
Qui a écrit 1984