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Critique de Brize


C'est par le biais du personnage de Chris Shane (dont j'étais persuadée qu'il ne pouvait s'agir que d'un jeune homme, jusqu'à ce que j'aperçoive sur un des rabats de couverture une mention précisant que l'auteur ne connaissait pas son sexe … et effectivement, il n'y a pas d'indication à ce sujet ) que le lecteur découvre ce qu'est un « enfermé ». L'approche est particulière, cependant, car Shane a été enfermé alors qu'il (j'en reste au pronom masculin, tant pis) n'avait que deux ans, il n'y a donc pas vraiment eu d' « avant » et « après » pour lui, car il ne se souvient pas de cet avant. Shane est aussi un cas spécifique, on le comprend dès les premières pages, puisque c'est une célébrité dans son genre : enfant d'un riche sénateur, il a en effet été érigé tout petit comme symbole positif de la condition haden. Ces précisions ne sont pas sans importance car elles définissent aussi le rapport que Shane entretient avec son nouveau métier, qui ne lui est pas vital mais lui permet de quitter le cocon familial et le regard que les autres portent de prime abord sur lui.

L'enquête démarre presque immédiatement (juste après deux pages de présentation du syndrome Haden en guise de préambule). le récit, tout en nous permettant d'appréhender ce que la société est devenue avec l'apparition des cispés dans la vie quotidienne, est mené de manière très efficace et je l'ai lu avec plaisir. Il déborde le cadre de la résolution d'un simple crime pour s'ouvrir sur des problématiques plus larges qui touchent justement à la manière dont est envisagée la place des hadens.
Shane en est le narrateur, à la première personne, ce qui lui confère une tonalité très spontanée, avec quelques pointes d'humour. L'ensemble revêt pourtant, et ce malgré les références régulières au corps de Shane, dans la nacelle où il est conservé, et son implication physique par le biais de son cispé (qui va en voir de dures) un côté désincarné assez troublant : on n'a pas l'habitude d'un héros dont les possibilités d'interactions avec les personnages qui l'entourent sont ainsi restreintes. Et ce n'est pas l'Agora, espace virtuel où se retrouvent les Hadens, qui peut compenser. Ceci étant, le personnage de Shane suscite la sympathie (je dirais même l'empathie) et on s'intéresse non seulement à l'enquête mais à lui personnellement.

« Les enfermés » est suivi d'un second texte (de 70 pages) intitulé « Libération – Une histoire orale du syndrome d'Haden », dont j'ignorais qu'il avait été écrit avant le roman proprement dit. Je l'ai abordé sans enthousiasme, craignant de m'y ennuyer mais cette chronique socio-historique, ponctuée de témoignages de divers spécialistes ou autorités, s'est avérée dynamique et passionnante.
Lien : https://surmesbrizees.wordpr..
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