Je me lance pour cette critique de Lacrimosa, que j'ai feuilleté par pur hasard, n'étant pas (DU TOUT) adepte du genre "bit-lit".
Cette inculture du genre me parant d'un regard totalement neuf et exempt de toute comparaison possible, je commence donc ma lecture en laissant sa chance à ce livre qualifié de moderne, incisif et drôle.
Quelle déception…
Le style de l'auteure, tout d'abord, me hérissa les poils. Si vous recherchez un travail de finesse, l'amour du verbe: PASSEZ VOTRE CHEMIN. Lacrimosa est rédigé dans un style résolument "parlé"; style poussé à l''extrême par l'emploi de certains termes comme "Ouais" ou par l'oubli assumé de la négation "ne" dans les phrases négatives. Ce genre de détails a le don de m'énerver réellement, car même si c'est là une volonté de l'auteure, un livre doit selon moi être un minimum travaillé, non pas juste narré avec des termes crus et sans intérêt.
Passée cette douche froide stylistique, je me force à poursuivre ma lecture, espérant que c'est là une manière de nous faire entrer de plein pied dans l'intrigue en forçant un peu le trait sur les premiers chapitres.
Là encore, quelle déception!
L'intrigue, quoique potentiellement intéressante pour les amateurs du genre, est terriblement desservie par ce style que je ne parviens pas à oublier. Entre les métaphores improbables, les réflexions de "Sascha" qui sont, il faut le dire, totalement dénuées d'intérêt et un florilège de scènes n'apportant rien à l'intrigue (je pense notamment à ces nombreuses pages décrivant une partie de Guitar Heroes…), je suis affligée.
Et je ne vous parle pas des scènes de sexe…
Dès les premiers chapitres, nous avons le droit à un récit par le menu des galipettes de Sascha, aussi cru que brutal. L'emploi de certains termes m'a profondément affligé; nul besoin de verser dans la vulgarité pour donner au personnage de Sascha une réputation de rebelle…
Et on enchaine les scènes de sexe - volonté de l'auteure de nous montrer à quel point son personnage est différente, à quel point elle est moderne - sans jamais ressentir la moindre émotion. Ce début, qui se veut encore une fois incisif, me laisse totalement froide et m'empêche presque de m'attacher à Sascha.
Car oui, Sascha, qui est tout de même le personnage principal, est un affligeant cliché de ce que l'auteure pense être une jeune femme moderne et rebelle. Chanteuse dans un groupe de métal, couchant à droite à gauche, fumant cigarette sur cigarette, Sascha est l'archétype de l'adolescente risible. Comment s'identifier à cette jeune femme qui a tout de même 25 ans et agit comme une jeune fille en crise d'adolescence ? Se plaignant constamment de son pouvoir, de sa vie, de l'amour que lui porte son colocataire Nicolas (qui, à l'instar de tous les personnages secondaires, n'est que grossièrement brossé et n'a pas réellement d'intérêt), elle m'apparait beaucoup plus comme une pleureuse de 15 ans que comme une jeune femme de 25 ans. Impossible donc pour moi de m'attacher à ce personnage qui se veut différent des autres, mais qui n'en devient que banal à pleurer. La dimension "outsider" d'un personnage ne tient pas au nombre de cigarette qu'il fume par minute, Mme Scarling…
Bref, la suite ne m'a pas réconciliée avec cette oeuvre plus que moyenne, enchainant les clichés et les imbroglios fantaisistes. le personnage de Raphaël ne parvient pas à déchainer mes passions, et je ne dépérirai certainement pas de laisser la lecture de cette série inachevée (car non, je ne lirai pas la suite, comme vous l'avez certainement compris!)
On ne peut nier que l'auteure parvient à placer quelques traits d'humour, qui relèvent légèrement le niveau de ce livre. Cependant, si cela parvient à charmer un certain public, alors je n'en fais pas partie (et pourtant, je ne suis pas si vieille que cela).
En conclusion,
Alice Scarling signe là un premier tome dénué d'intérêt, au style bâclé (j'y ai même relevé quelques imprécisions dans la conjugaison des verbes) et enchainant les clichés en tout genre. Si c'est là un florilège de ce que propose la "bit-lit" et que vous êtes adeptes du genre, alors vous pourrez certainement l'apprécier.
Sinon, ne prenez surtout pas la peine de l'acheter…