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EAN : 9791032904022
448 pages
L'Observatoire (21/08/2019)
4.14/5   105 notes
Résumé :
Paris, 1929. Lee Miller, une jeune américaine, débarque à Paris.

Mannequin, belle comme le jour, elle rêve pourtant de passer derrière l’objectif, animée d’une seule passion, d’une unique obsession : la photographie.

Presque par hasard, Lee attire l’attention de Man Ray, illustre photographe gravitant dans le Montparnasse surréaliste de Dalí et sa bande d’extravagants artistes. Mais pour Man Ray, Lee demeure la muse par excellenc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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Une lecture captivante et "endiablée" sur l'icône que représenta l'artiste , Lee Miller... Withney Scharer a eu le talent de rendre avec finesse la complexité De Lee !


Fascinée et admirative depuis fort longtemps par le parcours extraordinaire de cette ex-mannequin, devenue photographe de grand talent, correspondante de guerre... J'avais retenu cette biographie romancée de Lee Miller, à sa parution...
Il y a de nombreuses années, j'avais été emportée par le livre de son fils,Anthony Penrose , "Les Vies de Lee Miller"

L'auteure, par cet ouvrage, remet à l'honneur cet artiste-photographe, trop longtemps dans l'ombre de la célébrité de son maître-et amoureux, Man Ray...

On fait connaissance avec Lee Miller, lorsqu'elle arrive seule à Paris, dans le quartier de Montparnasse des années folles; A son départ des Etats-Unis pour Le Havre, son père lui a offert un "vieux Graflex" dont il ne se servait plus...A l'origine, elle souhaitait devenir peintre, et un concours de circonstances: la rencontre avec le grand Man Ray, sans oublier son père, passionné de photographie, l'ayant fortement influencée dès sa plus tendre enfance...vont lui donner l'envie de se lancer dans l'art photographique !

"Essentiellement formé au dessin du corps humain, elle est arrivée à Paris avec l'idée de devenir peintre et se voyait en plein air, en train de se pencher sur une toile pour y ajouter une touche de couleur, pas de tripatouiller des produits chimiques dans une chambre noire irrespirable. Pourtant, Lee a un peu appris de lui [son père ], et chez Vogue, à prendre des photos, et cet appareil a quelque chose de rassurant : à la fois un lien avec son passé et un objet qu'un artiste emporterait partout." (p. 33)


"Quand Lee n'est pas avec Man, elle se consacre à son propre travail. Elle se découvre aussi impatiente que lui de créer. (...)
Elle aime photographier des scènes de rue, juxtaposant les gens et les objets dans des situations bizarres, jouant avec la perspective. Chaque fois qu'elle développe l'une de ses photos, et que Man la trouve bonne, sa confiance en elle s'affirme, elle a le sentiment d'être la personne qu'elle a toujours voulu être." (p. 151)

Le récit alerte, alternant entre deux périodes : celle, parisienne avec Man Ray, puis les années 1940, comme correspondante de guerre, où elle montre à la fois son besoin d'adrénaline mais aussi un courage des plus exceptionnels...!

"Dachau
30 avril 1945- L'un après l'autre, les correspondants de presse s'en vont. Lee reste. Elle doit porter témoignage.
Elle a les poches remplies de boîtes de pellicule, des grenades à envoyer pour publication". (p. 290)

Comme tant d'entre nous, j'imagine, j'avais été fascinée par cette trouvaille de "solarisation", qui est advenue, par une erreur de manipulation De Lee...que dans un premier temps Man Ray a eu la malhonnêteté de s'approprier... Une formidable histoire d'amour- passion, magnifique et douloureuse; tout aussi créatrice, constructive que vampirisante, destructrice pour Lee, qui a du mal à s'affirmer dans son art, Man Ray étant aussi possessif, que jaloux, et narcissique ...

Je ne me souvenais pas qu'elle avait travaillé et joué pour "le sang du poète" de Cocteau... pour lequel elle s'est prise d'amitié et d'admiration...!

Une artiste et une femme hors norme... qui à force de détermination a réussi à affirmer ses talents de photographe... Mais quel parcours du combattant pour y parvenir dans cet univers d'artistes "machos", considérant leurs femmes, compagnes comme des assistantes, ou muses, au mieux... ce qui fut le cas pour Man Ray...en dépit de cet amour fou, ne supportait que Lee soit son égale !!.....

Un hommage vivant, contrasté , très réussi de cette femme qui cherchait sa voie pour se réaliser en tant qu'individu, et artiste à part entière !

@Françoise Boucard- janvier 2020
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Lee Miller est un personnage mythique du XXe siècle. Renommée pour sa beauté comme pour la liberté de son existence, elle a aussi laissé une trace fulgurante dans l'art de son temps.

Elle qui fut tour à tour mannequin, modèle, compagne et assistante de Man Ray, égérie des surréalistes, correspondante de guerre est désormais le personnage central d'un premier roman américain qui aura marqué cette rentrée littéraire, l'âge de la lumière de Whitney Scharer

Pour sa première oeuvre de fiction , la romancière américaine Whitney Scharer fait de Lee Miller la folle héroïne d'un roman kaléidoscope, qui se dévoile par fragments temporels eclatés.

"L'âge de la lumière " s'ouvre en effet en 1966 en Angleterre, sur une Lee Miller vieillissante et un peu fanée, qui se se souvient de sa rencontre mythique avec Man Ray . En 1929, Lee Miller est un mannequin américaine qui quitte les Etats-Unis pour rejoindre Paris et y réaliser son rêve : passer derrière l'objectif pour devenir photographe. Lors d'une soirée, elle rencontre le grand Man Ray.

" J'ai besoin de toi. Nous sommes comme jumeaux ou le reflet l'un de l'autre". Devant cette déclaration à laquelle personne de sensée ne pourrait resister, Lee Miller ne pas résister, et va devenir tout pour Man Ray : tour à tour son assistante, son amante, sa muse, son modèle et surtout sa plus grande histoire d'amour et pourrait même vite rivaliser avec le maitre et même le dépasser tant son talent créatif- que Jean Cocteau par exemple avait deviné très vite- est indéniable, notamment lorsqu'elle sera projetée dans l'horreur de la guerre de 39/45.
Belle et étourdissante immersion dans les milieux artistiques et intellectuels fertiles et stiumants, cette oeuvre flamboyante et étourdissante exploite pleinement le potentiel romanesque de son héroïne.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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"La photographie peut saisir la réalité, mais comment peut-elle saisir l'émotion ? N'est-ce pas l'émotion qui rend la réalité réelle ?  (p188)"

1929 - Paris, Man Ray, 39 ans, vit à Montparnasse et sa réputation dépasse les frontières. Il a travaillé pour Vogue mais aussi pour de grands couturiers, artistes et célébrités ont posés pour lui, il côtoie André Breton, Dali, Jean Cocteau dont il fait souvent des portraits et je découvre qu'il était également peintre et sculpteur. Cet homme touche à tout prend part au mouvement du surréalisme.

Lee Miller, 22 ans, arrive en France après avoir posé comme mannequin dans Vogue aux Etats-Unis, elle s'éloigne de sa famille et d'un passé où un événement douloureux peine à cicatriser. Elle ne veut plus être un modèle de créateur mais être créatrice, elle ne veut plus être un objet mais celle qui le met en valeur. En France elle se sent libre, une nouvelle vie commence. Libre de ses choix, de son avenir, elle comprend très vite que son avenir est derrière l'objectif d'un appareil photo mais aussi dans la chambre noire où elle développe ses clichés.

Elle croise la route de Man Ray, devient son assistante puis sa maîtresse et "associée" mais, comme souvent, le grand homme a du mal à faire de la place à sa compagne, même si celle-ci et surtout si celle-ci a du talent. Lee va très vite tomber sous le charme de Man, l'homme mais aussi l'artiste : peintre, sculpteur, réalisateur de films car c'est un touche à tout. Elle va participer involontairement à a découverte du procédé de "solarisation" (inversion des noir et blanc grâce à une modification de développement avec l'apparition d'un trait noir sur les contours) que Man Ray va largement utilisée et dont il va revendiquer la paternité. Elle va particulièrement travailler sur la lumière mais c'est dans la chambre noire qu'elle va se révéler.

Whitney Scharer s'attache à imaginer leur relation, leur travail commun mais aussi à décrire le Paris artistique du début du XXème siècle. Grâce à ses recherches elle nous livre un récit très documenté mais aussi une plongée dans une époque où l'art était fulgurant, où Paris était la plaque tournante de la créativité.

Avec une écriture délicate, l'auteure donne à son récit une ambiance à la fois sensible et sensuelle quant à la relation unissant les deux amants mais aussi toute l'ambiguïté de celle-ci basée sur une passion commune mais qui peut aussi être destructrice quand l'élève se révèle douée, innovatrice et le maître jaloux et possessif.

"Elle est seule avec lui dans l'obscurité qu'elle s'est créée et, quand il prononce son nom, elle a la sensation de se dissoudre en étincelles, en grains photographiques, pour, à la fin, fusionner avec lui au point de ne plus savoir qui est qui. (p212)"

L'auteure nous entraîne dans leur studio de travail, mais aussi dans leur intimité et décortique parfaitement l'ambiance de l'époque et surtout, grâce à une écriture précise et riche en détails, mais jamais pesante, les prises de vue (j'ai pris la peine d'aller vérifier certaines photos ensuite comme celle d'Hemingway avec son bandage et chapeau).

Comme pour beaucoup de femmes ayant vécu dans l'ombre d'un artiste, Lee va comprendre très vite qu'elle devra faire un choix quand le pygmalion va la trahir dans ce qui les unissait et qui lui était le plus cher : son travail.

"Et elle pense, avec émerveillement, que sa vie est comme une énorme boule de cristal tournant au plafond dont la surface fragmentée capte la lumière à des moments différents.  (p355)"

La narration est régulièrement entrecoupée de courts chapitres sur l'après Man Ray : Lee deviendra correspondante de guerre pour Vogue pendant la seconde guerre mondiale et  sera présente lors de la libération des camps : Dachau et Buchenwald qui laisseront des traces indélébiles dans sa mémoire.

J'ai aimé suivre l'évolution de cette jeune femme, comment peu à peu elle va prendre de l'assurance, trouver un épanouissement grâce à la photographie mais gardera un esprit "nomade" et libre dans ses relations. Elle a été un modèle féminin par sa beauté devant les objectifs, elle deviendra, grâce à son travail, ses recherches et l'enseignement de Man Ray une photographe dont le nom restera dans l'ombre parce qu'associé à celui qui fut son maître.

J'ai trouvé particulièrement réussi la manière dont elle a retranscrit la vision de Lee Miller : son oeil toujours aux aguets, tel un objectif, qui capte un personnage, un lieu, une ambiance. Les phrases se font courtes, comme un doigt sur le déclencheur, comme autant de prises de vue, parfois seulement gardées en mémoire, parfois figées sur la pellicule.

"Lee a sans arrêt envie de porter son appareil à son visage et de prendre une photo, mais elle ne le fait pas. Elle laisse la vie s'écouler sans intervenir, sans l'interrompre, sans la saisir. Qui est-elle pour vouloir y jouer un rôle ? (p364)"

Je connais peu de choses sur la photographie même si de temps à autre je vais voir des expositions. Je ne connaissais de Man Ray que le nom et quelques photos aperçues ici ou là et encore moins Lee Miller.  Grâce à cette biographie romancée de Whitney Scharer, dont c'est le premier roman, j'ai appris énormément de choses sur ce domaine artistique. Elle dépeint parfaitement le Paris de l'époque, on y croise Jean Cocteau, Kiki de Montparnasse, on fréquente des endroits louches (fumerie d'opium) mais ce que j'ai le plus aimé c'est le parcours de cette femme, Lee Miller, déterminée, volontaire, n'acceptant pas de n'être que l'ombre du maître.

C'est une lecture à la fois dépaysante et enrichissante. J'ai eu très envie ensuite d'en savoir encore plus sur ce couple. J'aime lire de temps à autre ce genre de biographie romancée quand celle-ci est basée sur un vrai travail de documentation. Apprendre et découvrir en passant un agréable moment de lecture, se plonger dans l'histoire des courants artistiques, approcher un domaine peu connu mais aussi une réflexion sur la place de la femme, comme Lee l'a été, objet de tous les regards en tant que mannequin mais aussi une réflexion sur une époque. L'oeil de la photographe et le coeur d'une femme.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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Lee Miller est jeune. Elle est belle. Les objectifs l'adorent. Mais elle veut passer derrière. Loin de son Amérique natale, elle espère réaliser son rêve dans le Paris de 1929. « Lors de son premier été à Paris, elle ne connaissait pas encore le pouvoir des photos, la façon dont un cadre crée une réalité, dont une photographie devient un souvenir qui devient vérité. » (p. 28) Sa rencontre avec Man Ray est décisive. L'artiste devient son maître, son amant. Lee devient son assistante et sa muse. le couple côtoie Paul Eluard, Pablo Picasso, Jean Cocteau, Salvador Dali et tout ce que Paris compte d'artistes et d'intellectuels surréalistes. Les années passent et la jeune Américaine se forme. « Lee observe toutes ces vies autour d'elle et commence à redevenir elle-même – ou à devenir elle-même, pour la première fois. Ses paupières sont comme l'obturateur d'un appareil photo ; quand elle cligne des yeux, un mouvement, une image s'impriment dans son esprit. de temps à autre, une de ces images mérite d'être conservée, de sorte qu'elle la fixe sur la pellicule. Toutes les photos qu'elle prend ainsi semblent vivantes et inattendues. Et Lee elle-même se sent plus vivante que jamais du seul fait de les prendre. » (p. 366) Devenue reporter de guerre, à Buchenwald, elle perd une part d'elle-même. « Il y a matière à photos partout où se pose le regard, des compositions d'horreurs. » (p. 147) Plus de 30 ans après sa rencontre avec Man Ray, elle ne sait quoi faire quand on lui propose de relancer sa carrière de journaliste en écrivant un long portrait de son ancien amant. « le sujet, c'est Man Ray / Justement pas, pense Lee. Et ça a toujours été le problème. » (p. 28 & 29)

Dans ce roman historique, l'autrice présente la relation intense et dévorante entre l'artiste déjà renommé et celle que l'histoire aurait pu oublier, tant le premier s'est approprié le travail de la seconde. Whitney Scharer joue sur les deux faces de la photographie, entre et reportage, qui sont deux formes de vérité. « L'un après l'autre, les correspondants de presse. Lee reste. Elle doit porter témoignage. Elle a les poches remplies de boîtes de pellicule, de grenades à envoyer pour publication. » (p. 290) le récit est très bien rythmé et très agréable à lire. Peut-être un peu trop romancé à mon goût, mais je pinaille : le roman offre un beau portrait d'une artiste.
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Lee Miller. Il suffit de prononcer ce nom et les images fusent. Les siennes, devant ou derrière l'objectif, celles devenues célèbres, pour la beauté De Lee, pour son audace aussi. Lee Miller. On l'a souvent croisée dans des romans, des films mais je n'ai pas souvenir d'elle en tant qu'héroïne à part entière. Il y a là pourtant une matière romanesque incroyable pour un écrivain, encore faut-il parvenir à s'en saisir dans toute sa complexité. Je pense que c'est ce qu'a réussi à faire Whitney Scharer, totalement imprégnée du parcours de son héroïne et qui compose un roman kaléidoscope, jouant avec les temporalités pour fragmenter la vision d'une artiste, une femme volontaire et tourmentée, fragile et engagée.

Pour cela, l'auteure centre son histoire sur les mois d'apprentissage et d'éclosion dans le Paris de 1929, le Montparnasse des surréalistes, celui de Kiki et de Man Ray. Lee Miller ne sait pas vraiment ce qu'elle veut faire, à part être artiste. Elle a quitté les États-Unis après une belle carrière de mannequin chez Vogue pour s'installer à Paris et peindre. Elle est habituée à poser depuis sa plus tendre enfance, photographiée par son père, et si elle trimballe un appareil photo, elle n'a pas encore imaginé s'en servir. Cela vient petit à petit, et c'est sur Man Ray qu'elle jette son dévolu pour apprendre. Lui est alors un portraitiste très recherché, gravitant dans un milieu artistique et intellectuel inconnu De Lee. Elle devient son assistante, puis sa muse et sa maîtresse. Une relation passionnelle qui deviendra problématique lorsque l'élève se démarquera de la tutelle du maître et que la femme affirmera son indépendance et son désir de liberté. Une relation qui mêle désir amoureux et apprentissage artistique entre deux êtres aux cultures et aux références très différentes, sans compter la différence d'âge et de vécu. Chez Lee, il y a un terrible traumatisme d'enfance et chez Man, un comportement de génie égocentrique. Forcément explosif.

Mais ce qui emporte dans ce roman, c'est la richesse de la trame narrative. Il y a d'abord cette plongée dans les milieux artistiques et intellectuels avec des personnages plus vivants que nature et rendus d'autant plus accessibles qu'ils sont observés avec les yeux De Lee, d'abord impressionnée, parfois admirative et d'autres plus perplexe. Surtout lorsque les discussions sur l'art tournent au manifeste et ennuient la jeune femme, beaucoup plus instinctive. "... peut-être que ce ne sont pas tant les idées qui sont fausses, que le fait qu'elle ne croit pas que l'art ait toujours besoin d'un message pour être compris. Les créations de Man qu'elle préfère sont celles qui n'ont nul besoin d'explication ou de contexte, celles dont la contemplation provoque une émotion en elle". Nous suivons pas à pas l'évolution De Lee, à la fois vis à vis de cet art qu'elle finira par s'autoriser à exercer, et surtout par rapport à son désir de liberté, d'émancipation de la tutelle des hommes, celle de son père, puis celle de Man plus proche de l'âge de son père que du sien. Son parcours passe par l'expérimentation, la transgression, loin des images sur papier glacé même si elle ne perd jamais le contact avec Vogue. C'est pour le magazine qu'elle partira avec l'armée américaine et photographiera la libération des camps dont elle ne se remettra jamais.

La liberté semble avoir un prix. L'auteure dessine le portrait d'une femme sur le fil, dont l'alcool est le compagnon de toujours, sorte de carburant qui donne du courage et offre quelques heures d'oubli. Et Lee a pas mal de choses à oublier, depuis trop longtemps. En mettant régulièrement en correspondance les moments clé de cet apprentissage et des scènes plus tardives dans le parcours De Lee, l'auteure donne une force supplémentaire à sa démonstration et offre un roman aussi captivant que le destin de son héroïne. J'avoue que je ne l'ai pas lâché, fascinée autant par la femme que par l'immersion proposée par Whitney Scharer. Une jolie réussite.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
"Il y a matière a photos partout à se pose le regard, des compositions d'horreur. Lee mitraille, et avale la bile qui lui monte dans la gorge, qui aussi a le goût du métal. Elle a pour mission de photographier le travail des infirmières américaines après le débarquement, et Lee prend les poches de plasma, la pénicelline, les interventions chirurgicales. Elle prend des photos des Américaines qui travaillent côte à côte avec les infirmières allemandes, tente de refréner son dégout des boches, de plus en plus fort qui la mine vers l'intérieur."
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Dachau
30 avril 1945

L'un après l'autre, les correspondants de presse s'en vont. Lee reste. Elle doit porter témoignage. Elle a les poches remplies de boîtes de pellicule, des grenades à envoyer pour publication. (p. 290)
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Si Lee utilise un grand-angulaire et prend le paysage, intégrant les pelouses bien tondues du village tout proche dans la photo, elle pourra montrer que les trains passaient bien près des civils, et donc que ceux-ci savaient, qu'ils devaient savoir...
Si elle cadre sa photo par la porte ouverte du train, mettant au premier plan le crâne de l'homme mort, ses pommettes passant presque au travers de ce qui subsiste de sa peau...
Si elle prend une photo d'un des lapins élevés dans le camp, de sa fourrure blanche immaculée, de ses rondeurs dodues d'animal bien nourri. Elevé pour devenir un manchon dans lequel une Frau suralimentée pourra glisser ses poings. Un prisonnier nourrissant le lapin de ses mains souillées de boue...
Si elle photographie quelqu'un d'autre voyant ce qu'elle voit. Des prisonniers, les yeux hagards, affamés, face à ces corps qu'on jette dans une fosse. Un garde SS, la mâchoire brisée, qui regarde le sang gicler du nez écrasé d'un autre garde...
Si elle essaye différents angles, en gros plan. Le bol en fer-blanc vide, le numéro sur l'avant-bras d'un homme, la moitié du pied arraché quand il enlève sa botte...
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Les premières notes s'élèvent à peine que la scène est prise d'assaut par les danseurs. Cette fois encore, Lee est transportée. C'est la plus pure expression de l'émotion : des sentiments qui s'incarnent, comme inscrits dans les corps. Ah, ces corps ! Lee adorerait les photographier. Rien que les os, le tissu conjonctif visible sous la peau, comme si elle devait voir de quoi ils sont faits. Lee voudrait les prendre en photo devant les décors d'Antonio, les muscles apparaissant en relief sur les panneaux de soie. La fermeté de leurs corps la fascine et, quand ils se meuvent, Lee pense aux douleurs causées par la danse, aux pieds des ballerines, écrasés dans leurs chaussons et qui leur font si mal quand elles sont sur les pointes, aux mollets puissants des hommes entourés de bandages. Et à son propre corps, mou, en comparaison. A l'exception de ses mains, à la peau sèche, desquamée, qui se sont durcies dans la chambre noire. Elle souhaiterait épaissir, voir son corps devenir un cal à force de travailler. Lee voudrait être quelqu'un qui se dépense, qui essaie des choses. Elle ne veut pas être molle.
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Lee n'a jamais accordé beaucoup d'importance à l'endroit où elle vit, mais l'appartement devient pour elle comme une extension de ce qu'elle ressent pour Man. (p. 149)
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