« La mort est une arme en elle-même.»
Avant tout, mes remerciements vont naturellement à toute l'équipe de Babelio et aux éditons Harper Collins NOIR pour l'envoi du livre dans le cadre d'une opération Masse Critique privilégiée ; une opportunité supplémentaire de découvrir de nouveaux auteurs, et c'est toujours avec énormément de plaisir que je me livre à l'exercice.
Je vous retranscris ici la 4ème, telle que je l'ai découverte et donc telle qu'elle m'a interpellée :
"Norrköpping, Suède.
La procureure Jana Berzelius arrive sur la scène du meurtre d'un haut responsable de l'Immigration en Suède, assassiné dans sa maison, au bord de la mer Baltique. Le tueur n'a laissé aucune trace. Etrangement, les seules empreintes que l'on retrouve sont celles d'un enfant…
Quelques jours plus tard, sur un rivage désolé, on découvre le corps du meurtrier. Un très jeune garçon. Avec sur la nuque le nom d'un dieu grec, grossièrement gravé dans la chair.
Cet horrible stigmate provoque chez Jana, pourtant réputée pour sa froideur, un séisme sans précédent. Car elle porte la même scarification, dissimulée sous ses cheveux. La marque d'un passé qui ne lui revient que par flashs incontrôlables…"
***
J'apprends qu'Emelie Shepp fait partie de ce qu'on nomme la nouvelle génération d'écrivains venus du froid, cette vague scandinave, qui suit, avec plus ou moins de succés, nombres de maîtres du genre qu'il est inutile de citer, tant leur renommée est mondiale aujourd'hui - ces fameux auteurs de thrillers glacials, de polars pôlaires qui nous font autant trembler de froid que d'effroi...
E. Schepp a notamment été consacrée par le festival de thrillers de Gotland, en Suède, "Auteur de l'année 2016", ou comme sur le bandeau du livre que j'ai reçu "La nouvelle Reine du polar suédois"... Excusez du peu.
- Alors, est-ce mérité pour autant ?
S'il ne m'appartient pas d'en juger ici (et après seulement un livre lu), j'aurais plutôt tendance à approuver que l'inverse... mais pour être honnête, il m'aura fallu terminer entièrement le bouquin et tourner la dernière page, avant de pouvoir ne serait-ce que l'envisager.
Car, comme j'ai déjà pu le lire sur d'autres critiques, l'histoire proposée ici met un certain temps à se mettre en place - et c'est peu de le dire ^^ -, ce malgré un style épuré hyper direct et sans fioriture, preque froid, rigide, à l'image de l'héroïne. Schepp ne s'encombre guère de points de détails, préfèrant les phrases courtes et percutantes, se polarisant sur des descriptions nébuleuses, minimalistes, quasiment elliptiques.
J'ai également eu cette impression contingente de lire un scénario de film, excessivement linéaire au début ; ne manquaient que les "fondus enchaînés" entre les scènes...
Si on est loin d'un style vivant, verbeux, ou de tournures alambiquées chères à certains, l'auteure nous conte quand même par le menu chaque acte et chaque geste, avec une légereté presque néfaste à l'ensemble, du moins dans ma vision des choses.
Un mode d'écriture aussi particulier, qui privilégie autant la sobriété dans ses mots ne sera sans doute pas pour plaire à tout le monde.
J'ignore si il s'agit là d'un parti pris par l'écrivaine suédoise, mais en ce qui me concerne, la sauce a tout de même fini par prendre malgré tout et je me suis surprise finalement à savourer sa plume au fil des pages.
« Elle venait de tuer un homme. Elle aurait dû être en état de choc.
Mais elle ne ressentait rien.
Et cela lui fit peur. »
Ce que j'ai regretté en revanche, c'est effectivement cette lenteur à accommoder une intrigue, pourtant très intéressante et bien cousue.
Ceci étant, je suis assez d'accord avec ce qui a déjà dit, quant au fait que s'agissant d'une trilogie ; il faut prendre le temps "d'installer" les personnages, d'autant qu'ils se révèlent relativement nombreux pour le coup - pas trop non plus ; on ne se perd pas vraiment dans les noms, mais en quantité suffisante pour occasionner un intêret de plus en plus vif chez un lecteur un tant soit peu curieux de la vie des protagonistes 'hors enquête'.
« Qui suis-je ? se demanda-t-elle. »
Heureusement, le dernier quart du livre captive enfin, charme avec autre chose et l'action, plus vive, plus haletante, nous ammène à tourner les pages de plus en plus rapidement, tant le suspense devient insoutenable et la tension palpable.
Personnellement, si j'ai eu besoin de plusieurs jours pour compulser un peu plus de la moitié du récit, j'ai littéralement avalé cette dernière portion avec un appétit d'ogresse qui s'est vu rassasié en à peine moins d'une heure...
« - Interdit de pleurer. Tu as compris ? Interdit. »
« - (...) un enfant ruiné mentalement, tu peux en faire une arme de guerre. En un soldat sans émotions, qui n'a plus rien à perdre. Il n'y a pas plus dangereux. »
Et bien évidemment, qui dit trilogie dit une fin de premier tome qui vous laisse sur votre faim, dans l'expectative... : " Quoi, c'est déjà fini ? Certes l'enquête de base est classée, le dossier bouclé, mais alors qu'en est-il de... Rhoo zut! "
Me voilà donc, peut-être pas la salive au bord des lèvres - il ne faut rien exagérer ^^ mais quand même - dans l'attente du second titre...
« Elle était parfaitement consciente de l'énormité de l'enjeu.
Elle risquait sa vie et sa carrière pour assouvir sa vengeance.
Mais le jeu en valait la chandelle. »
Enfin, pour terminer :
J'ai vu que ce premier opus de la trilogie 'Jana Berzelius', "Marquée à vie", s'était déjà vendu dans plus d'une vingtaine de pays à ce jour et qu'il a conquis pas moins de 200000 lecteurs, rien qu'en Suède - une entrée plus que remarquée sur la scène des thrillers nordiques.
Il y a forcément une bonne raison à cela, non ?
Néanmoins, avant de classer Emelie Schepp comme digne héritière des grands noms du "cercle polar" comme on dit, à l'image de [je savais que je finirai bien par en citer quelques-uns ^^] Stieg Larsson, Jo Nesbø, Arnaldur Indridason et j'en passe, j'attends de voir...
Parce que, au final, je ne peux pas non plus affirmer à 100% que ce livre m'a marquée à vie...
Même si j'ai réellement apprécié l'histoire dans son entièreté et même si j'ai pris plaisir à la terminer, c'est sûrement là que le bas blesse d'ailleurs ; j'aurai probablement aimé ressentir cet engouement dès le tout début, être prise directement dans un page-turner effrené comme il en existe tant.
Je dois dire aussi qu'il m'a vraiment fallu prendre sur moi pour ne pas le lâcher en cours, je ne regrette pourtant pas de m'être accrochée.
Malgré quelques longueurs dont on aurait facilement pu se passer, ça tient la route et le contrat est rempli.
C'est un bon bouquin, mais sans plus.
Si c'est vrai que la dernière partie m'a beaucoup plu comme je l'ai déjà dit et que je reste curieuse de connaître la suite, c'est simplement que contrairement à d'autres séries, je ne ferai absolument pas une priorité de celle-ci.
D'où mes 3 étoiles - plus proche d'un 2,5/5 en réalité - , et uniquement grâce à l'attrait, quoique mitigé quand j'y repense, de la fin ; grâce à cette promesse de suite, qui j'espère vraiment, saura rapidement nous appâter pour mieux nous épater, nous laisser sans voix, sans avoir à attendre de dépasser les trois quarts d'un récit qui se traîne...
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