Ponce Pilate : Une énigme entre histoire et mémoire

L'historien qui se penche sur la vie de Ponce Pilate n'a que peu de sources à sa disposition : les Evangiles, quelques écrits de Flavius Josèphe et de Tacite et une inscription gravée sur un bloc de pierre retrouvé lors de fouilles à Césarée. C'est donc à partir de ce matériau que aldo Schiavone va travailler pour rédiger cette biographie. On ignore à peu près tout de la vie de Pilate, hormis sa rencontre avec Jésus. Ce sera donc le point d'orgue de cette étude. Et je dois dire que ce dialogue, bien qu'extrapolé des Evangiles reste un moment d'une extraoridinaire tension et d'un grand réalisme. On imagine aisément les deux personnages, l'un interrogeant l'autre dans le prétoire de Jérusalem.
Pour autant, l'auteur n'a que si peu de sources à sa disposition qu'il doit sans cesse supposer, imaginer, recouper tel écrit avec tel autre, que la réalité historique me semble toute relative.
De plus, ce qui me gène le plus, c'est le présupposé chrétien que l'on trouve dans les Evangiles sur lequel l'auteur s'appuie : à savoir que Jésus se définit comme le Fils de Dieu ! On peut douter de la véracité de cette parole lorsque l'on sait que quelques siècles plus tard, l'Eglise a bidouillé et choisi les textes qui l'arrangeait. Donc, et si Jésus, face à Pilate, ne s'était pas affirmé comme le Fils de Dieu et si malgré l'insistance du Sanhédrin, Pilate, convaincu de son innocence, ne l'avait pas fait crucifier... ?
Ce livre reste pourtant très agréable à lire et on apprend beaucoup de choses sur le rôle des gouverneurs de province et sur la Palestine de cette époque. Un livre que je recommande à tous ceux que le sujet intéresse.

Ponce Pilate, procurateur romain de Judée est à la fois un personnage historique et un personnage biblique.
C'est aussi le seul personnage biblique auquel il a été attribué un dialogue avec Jésus. Un homme, devenu personnage historique que grâce à cette conversation.

Fut-il complice de la mise à mort de Jésus ? Etait-t-il un chef romain autoritaire et stricte ? Incompétent ? Faible ? Médiocre ?

Aldo Schiavone, historien et juriste italien, s'est penché sur l'histoire de l'homme Ponce Pilate. Voici donc une biographie de ce personnage, qui ouvre de nouvelles perspectives sur la condamnation de Jésus

Ce qui est certain : Ponce Pilate ne s'est pas lavé les mains.
Car ce geste n'appartenait pas à la culture romaine (tant religieuse que juridique). En revanche, c'était un rite juif.

Selon Aldo Schiavone, Pilate aurait voulu sauver Jésus sans humilier les prêtres et le Sanhédrin. Ainsi, a-t-il décidé de lui imposer la flagellation, ce qui aurait pu lui sauver la vie. Or jésus ne chercha pas à échapper à sa condamnation, ni à la mort.

« On ne sait d'où venait Pilate. Aucune information ne nous est parvenue sur sa vie avant sa nomination en Judée. » C'est donc une biographie de Ponce Pilate, qui n'en est pas vraiment une, que nous propose Aldo Schiavone, historien italien parmi les plus renommés spécialistes du droit romain, publiée chez Fayard. Une biographie menée comme une enquête, étroitement liée à une autre, celle de Jésus de Nazareth. Mais d'analyses en déductions la carrière du préfet se profile.

Arrivé en Judée en 26, Pilate devait appartenir à l'ordre équestre, comme il était de coutume pour tous les préfets de Judée. Par conséquent, il était haut placé sur l'échelle sociale. Pour faire partie de cet ordre, il fallait nécessairement être passé par l'armée. Si nous ignorons tout de cette carrière, nous pouvons en déduire qu'il devait tout de même avoir « une certaine expérience de la chose militaire. »

Resté en poste pendant dix ans, ce qui est plus long que la moyenne, il devait avoir un appui important. S'il ne s'agit pas forcément de l'empereur Tibère en personne, l'auteur suppose qu'il devait être très proche du cercle impérial et très puissant, c'est donc assez naturellement qu'il pense à Séjan, chef de la garde prétorienne et citoyen le plus influent de l'époque après l'empereur.

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