L'auteur, André Schiffrin a été pendant 20 ans à la tête de Pantheon Books, maison d'édition littéraire aux États-Unis. Il dirige depuis 1991 The New Press, maison indépendante à but non lucratif.
Ce livre paru en 2005 aux éditions La fabrique est la suite de L'édition sans éditeurs, publié par le même éditeur en 1999.
Avant la 2e guerre mondiale, tous les grands journaux étaient sous le contrôle de groupes industriels, mais la presse a ensuite gagné son indépendance, et a pu être gérée par les personnes qui y travaillaient. Aujourd'hui, la presse nationale est détenue majoritairement par des grands groupes, et elle reçoit des subventions importantes de l'État (voir à ce sujet le livre Éditocrates sous perfusion : Les aides publiques à la presse, trente ans de gabegie, aux éditions Libertalia.)
L'auteur met en évidence la connexion entre les différentes industries de la culture et de l'information (telles que l'édition, la presse, la télévision, la radio), les multinationales et l'État. Il évoque également la situation de l'édition aux Etats-Unis, et l'émergence de gestions alternatives de certaines maisons au Danemark ou en Suède.
En France, les grands groupes industriels s'emparent de l'édition et de la presse alors qu'ils ont à l'origine des activités complètement éloignées de ce domaine, que ce soit la distribution de l'eau pour Vivendi, le bâtiment pour Bouygues, ou encore, l'armement pour Dassault ou Lagardère : « La France devenait ainsi le seul pays au monde où l'essentiel des organes de presse est la propriété de marchands d'armes et d'avions militaires, Lagardère Dassault, qui détiennent à eux deux 70% de la presse française. »
Après que les grandes chaînes ont investi les parts de marché de la librairie indépendante, celle-ci se fait maintenant grignoter par les hypermarchés. le même phénomène a eu lieu aux USA, où les grandes chaînes sont à leur tour menacées par les discounters, qui peuvent vendre des livres à des tarifs encore plus bas car il n'y a pas de prix unique du livre : « Ces derniers se sont rendu compte que s'ils avaient obligé bien des indépendants à fermer en offrant des remises importantes sur les bestsellers, il s'en trouve d'autres pour leur infliger maintenant le même traitement. » En France, les hypermarchés représentent la même menace que les discounters aux USA.
André Schiffrin nous présente des modèles alternatifs qu'il a pu observer en Europe : la gestion de maisons d'édition par des fondations à but non lucratif au Danemark, ou une organisation en coopérative en Suède.
Commenter  J’apprécie         00