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Critique de alexandrabaryton


Résumé :
Projet n°145-547B : Une technologie à la pointe, un projet d'envergure, un ingénieur de talent mais un ennemi : le passé. Partagé entre son métier et les dérives possibles des drones, Benjamin, ingénieur, va tenter le tout pour le tout. Parviendra-t-il à recouvrer l'envie de se battre ? En aura-t-il les moyens ? Sera-t-il de taille face à l'ambition démesurée des Français, et à la détermination de Khan à la rancoeur tenace ?

Ma chronique :
Le silence est d'or quand il s'agit d'argent et offre une tension au roman. C'est la première chose qui me saute aux yeux à la lecture et me plonge dans l'univers très sélect et impitoyable de Buleo. Agence qui prône les avancées technologiques à la pointe du réel. Elle reste cependant dépendante de l'intérêt financier d'hommes de pouvoir. Oubliant la notion de sécurité, chaque employé oeuvre à la mise en route trop rapide, de nouveaux drones, permettant des prises de mesure sur le terrain et, la surveillance des citoyens.
Nous découvrons ainsi Tanya, chargée de communication du groupe. Une femme exigeante à l'allure sévère et aux décisions tranchées. Elle fait face à Benjamin, un ingénieur globe-trotteur, missionné pour mener à terme un projet de drones autonomes. Seulement, telle une conscience zappée, il est apparemment le seul à avoir peur des dérives possibles de ces engins et tentera de le signifier aux puissants dirigeants, pantins exécutants des ordres. Marque du passé ? Pour appuyer ses propos de manière subtile, l'autrice place le mot « mouton ». Je pense qu'il ne s'agit pas d'un hasard si elle utilise ce mot lourd de sens et parfaitement choisi. le symbole des suiveurs est ainsi introduit , et permet une réflexion pour le lecteur quant à la conscience et aux sens de nos actions.

J'ai vraiment aimé l'audace de Benjamin, son côté stratège et sensible. Il lui reste des valeurs malgré un passé dévastateur qui le ronge de l'intérieur. Il tente de s'appuyer sur des alliés même si cela lui coûte beaucoup. Quelques-uns lui sont encore fidèles. le fait que Benjamin ait un secret que seuls les lecteurs connaissent est une bonne idée. J'ai ainsi l'impression de faire partie de son camp, m'en faisant un allié de taille.
En parallèle, nous apprenons au fur et à mesure, des brides de son passé, dont le suicide de sa tante. Est-ce uniquement parce qu'elle était homosexuelle ? Nous pouvons nous poser la question étant donné le contexte de l'action qui se situe sur les terres musulmanes. Nous connaissons tous les controverses qu'il peut exister dans certaines parties de l'Afghanistan. Alors, lorsqu'il doit faire face à des mésententes et des tensions concernant le nouveau projet dont il est à la tête, son passé resurgit nous montrant ainsi la puissance de la mémoire. Tant que nous n'avons pas fait la paix avec ce dernier, il nous est presque impossible d'avancer. Tel un château de Mikado, tout peut s'écrouler du jour au lendemain : nos espoirs, notre confiance.

L'autrice évoque également la difficulté de quitter sa terre natale, d'où le puzzle que représente la vie de Benjamin. Ayant moi-même migré, je ne peux que confirmer la peur de l'inconnu qui se mêle à la tristesse de quitter un bout de soi. La désillusion pour certains n'est que le reflet d'un profond désarroi quotidien se traduisant parfois par des formes de discrimination, une fois installé ailleurs. C'est le cas pour deux personnages que nous suivons en arrière-plan : Mahdi et Asima. Des morceaux de destins croisés qu'il nous faudra comprendre et assembler pour déterminer les réelles intentions de Benjamin à être contre ce projet de drones autonomes.

Le sujet central de ce roman est donc la surveillance, par les drones, d'une population exclue de la compréhension totale de ce projet. Les décisions se prennent-elles toujours de façon tyranniques ? Où se situe la démocratie en politique ? Être surveillés constamment, ne reviendrait-il pas à se forcer à montrer une image de soi qui soit toujours propre, sans bavure ?
Cette forme d'esclavagisme est contrastée avec le personnage de Stella, une enfant douce et pleine de vie. Je pense que son rôle est d'apporter à l'histoire un peu de légèreté. Elle pourrait alors représenter l'innocence face à un projet terroriste qui consiste à piétiner la liberté des citoyens. Benjamin et Stella se battent tous les deux contre la vie finalement. Une lutte pour se tenir droite et l'autre pour ne pas (re)tomber. Je trouve ce symbole très poétique et beau. de plus, j'aime l'idée que Benjamin ne sache pas où se trouve sa place, ni quel rôle il peut jouer finalement. Il tente d'apporter son aide en protégeant un secret qui le ronge de l'intérieur, comme s'il tentait en vain de rassembler des parts de lui-même, éparpillées au gré de ses voyages à travers le monde. J'assiste à la mise à nue du doute.

Ce roman parle enfin de justice. Il peut être vu comme un enseignement à la patience et au triomphe de l'espoir sur le noir. Même si l'histoire ne me transporte pas plus que cela, nous sentons à la lecture que l'autrice a su mener à bien des recherches pour nous expliquer avec facilité, une technologies aussi complexes, sans transformer son roman en documentaire scientifique. de plus, elle nous permet de réfléchir quant aux avancées technologiques qui règlent nos vies et parfois la détériorent. J'ai éprouvé un peu de mal à suivre tous les personnages mis en scène. Néanmoins, le sujet est interpellant et peut en intéresser plus d'un.
Le mot de Mélinda
Mon aventure d'écrivaine est portée par une envie de découvrir ; dans ce livre, j'ai exploré le monde des drones, objets controversés, agissant pour le meilleur et pour le pire. Ils m'ont emmenée en Afghanistan, dont on peut parcourir des images et des témoignages magnifiques ; on y trouve aussi une violence extrême, qui se mêle à d'autres dans mon roman : au départ, il devait s'intituler ‘Dans trois ans, ma mère s'est tuée'.
Heureusement, un collègue m'a poussé à lever les yeux au ciel, mon roman s'est lancé vers d'autres horizons, à la limite de l'anticipation.Benjamin, notre ingénieur globe-trotter aux prises à des interrogations contemporaines, se bat certes contre un marasme personnel… mais aussi contre le danger d'un projet pharaonique mal maîtrisé qui pourraient conduire à des conséquences désastreuses.
Lien : https://despapiersmaches.wor..
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