C'est beau, c'est poétique, c'est mystique. C'est un regard décalé sur l'existence, sur l'humain. Shillinger se fait poète et mystique pour nous conter ses réflexions sur la vie. Il fait rejoindre l'esprit et la matière à travers ces assertions et aphorismes poétiques. Ce livre nous élève et nous sort de notre quotidien. On appréciera les reproductions d'oeuvres picturales en regard des textes, qui ajoutent une profondeur à ses pensées.
Pas évident de trouver ses livres, pourtant. Ces écrits ont d'abord été publiés sur Facebook et il faut directement les commander sur ce site. Mais je vous le recommande vraiment. Vous qui avez l'intuition d'une autre vie, ce livre est pour vous.
Je remercie amoureusement ma femme de l'avoir commandé.
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Cher Ami,
Sur le chemin, à certains moments, tu seras inévitablement rejeté, méprisé, et surtout fui par tes congénères. L’impermanence est une des grandes lois de l’existence. Il en est de même pour les relations humaines que pour les saisons.
Sur ce chemin, quand tu auras donné à t'en dessécher le coeur, Quand on aura bu à ta source jusqu’à tarir ton âme,
Quand tout sera sec, aride et dépeuplé,
Quand ceux que tu appelais « amis » t'auront déserté,
Rappelle-toi seulement qu’il est bien ambitieux de demander d’être compris par qui ne se comprend pas lui-même,
D’être entendu par celui qui ne sait pas s’écouter et qui est en perpétuelle fuite du Soi,
D’être accepté par celui qui ne s’accepte pas.
On ne peut rencontrer l'autre qu’aussi profondément que l’on s’est déjà rencontré soi-même.
Il est dit qu’aucun arbre ne peut croître au ciel sans avoir de racines en enfer. Indéfectibilité et inconditionnalité d'une relation sont réservées à ceux qui sont familiers avec leur propre ombre.
Cela implique un chemin introspectif que peu sont prêts à entreprendre. Ce chemin commence par prendre conscience de son masque, la persona, pour mieux le déposer.
Ce qui permet l’exploration sincère de son espace intérieur, la rencontre avec ses blessures pour ne plus les fuir,
Et enfin placer le respect de l’autre comme une valeur supérieure à la fuite incontrôlée et névrosée de son intériorité.
— Maître, je crois que je ne manque de rien dans ma vie, mais pourtant je suis insatisfaite... J’en arrive à saboter mon bonheur, je me crée des problèmes là où il n’y en a pas... j’ai tendance à angoisser et avoir peur, alors que tout va bien.
— La peur est l’outil principal de notre mental pour nous protéger. Le cerveau est cette machine ultra-sophistiquée, dont un des logiciels est dédié à la détection et la résolution de problèmes, afin de protéger l’individu à l’aide de son outil principal : la peur. Nous devons notre survie en tant qu’espèce à ce programme extrêmement performant de détection de problèmes. Malgré son utilité, c’est une couche de plus qui nous sépare de ce dont le monde manque cruellement, l’amour, la reconnexion à la conscience, la présence, l’expérience directe par le corps. Ces considérations-là, ne se trouvent pas dans notre mental, que nous pourrions associer à l’ego, mais au niveau du coeur, que nous associons à l’existence de quelque chose d’infiniment plus grand, plus profond : l’âme. Certaines personnes ont un mental qui fonctionne extrêmement bien, d’une redoutable efficience, car leur programme protège des blessures extrêmement vives et profondes. Quand à un moment il leur a été nécessaire de pouvoir continuer à avancer debout pour survivre à certains traumas, il est devenu la tour de contrôle de notre individu. Ce formidable outil de protection et de détection de problèmes, le mental, est alors en surchauffe permanente. Quand tout va bien, comme dans ta vie, il ne peut accepter le chômage technique, qui serait cessation de sa raison d’être. Survient alors la création de problèmes fictifs. C’est là, que naît le sabotage du bonheur. Certaines personnes, victimes de cet état, deviennent incapables de ressentir, de vivre le moment présent, victimes de la dictature du mental, de l’ego, outil surperformant de protection des blessures.
Il s’agit alors, avec une douceur infinie, de déplacer la tour de contrôle de quelques centimètres vers le bas, au niveau du plexus. Là où se joue la Vie, au-delà des concepts ou des stratégies. Là, où se joue l’instant présent à travers le ressenti, à travers l’expérience directe de ce qui est, au-delà des mots. Là, où la tour de contrôle devient un puits duquel nous pouvons extraire dans l’intelligence du vivant.
Une feuille ne retient pas la sève que l’arbre lui donne. La feuille est l’arbre, l’arbre est la feuille, et la feuille est à la fois instrument de réception et instrument de propagation.
Si la feuille avait comme nous un ego, elle aurait peur de ne pas recevoir de sève, et garderait toute la lumière du soleil pour elle, couperait la connexion avec l’arbre, et mourrait.
La plupart d’entre nous sommes des feuilles mortes au pied de l’arbre, et nous nous plaignons et souffrons de cette position dont nous ne sommes conscients ni de la cause ni de la conséquence.
La réintégration à l’arbre de la vie, passe par la putréfaction de cet état de séparation du tout, afin de réintégrer l’arbre que serait ” la Vie ”, par le sol. S’ensuivra un long chemin de transmutation, souterrain puis ascensionnel. Pour redevenir une feuille au service de l’arbre. Qui ne manquera plus jamais de rien
- Et toi, qu'as-tu appris ?
- Que nous sommes l'univers qui s'exprime pendant un minuscule temps sous une forme humaine, et que nous tremblons tous d'un irrépressible désir de retour à l'unité.
Toute pensée est agissante, rien ne se perd, tout est entendu, ne serait-ce que par nous-même.
L’expérience directe comme chemin d’éveil | Stephan Schillinger | TEDxAlsace