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Critique de bdelhausse


Sixième livre de Bernhard Schlink. Sans doute un des moins convaincants.

Disons-le de suite... la femme sur l'escalier, ce n'est pas la concierge (selon l'expression consacrée), mais un modèle, une muse...

L'histoire est racontée par un brillant avocat d'affaires. Alors qu'il se balade à Sydney et dans la soixantaine bien entrenue, il voit un tableau, une femme nue descendant un escalier, et cela le projette dans le passé (première partie du livre). Il se revoit jeune et ambitieux, tombant amoureux de cette femme, sans réciprocité, laquelle est déjà l'objet d'un duel entre un riche entrepreneur et le peintre promis à un bel avenir.

Cette femme, Irène, se sert de l'avocat pour échapper à ses deux prétendants, égoïstes et exclusifs.

La deuxième partie nous ramène en Australie, au présent. L'avocat retrouve Irène sur une île. Elle est en situation illégale, mais s'en moque. C'est le moment du bilan, avec l'avocat d'abord. L'amour est toujours unilatéral. Puis avec le peintre et l'homme d'affaires qui débarquent tous les deux. L'enjeu reste "la Femme"... que ce soit Irène ou le tableau. Mais Irène mène le bal. Faire réapparaître le tableau, c'est un calcul, une stratégie, afin de faire venir ses amants et de faire ses adieux. Ce sont des moments très forts, que ce dialogues, ces rancoeurs, ces jalousies...

Rideau sur les deux anciens amants. Et la troisième partie commence. C'est la fin. Cancer du pancréas. Irène cède, affaiblie, éreintée. L'avocat va enfin pouvoir lui montrer son amour. Parce qu'elle le laisse faire. C'est aussi le moment pour lui de se remettre en question. le feu purificateur de l'incendie final est riche de symboles.

Comme le dit le personnage principal, "j'envie la jeunesse d'avoir derrière elle un passé qui est bref". C'est un des thèmes habituels de Schlink. le passé. Et comment il conditionne le présent. Mais on retrouve la violence des rapports humains. L'Allemagne est aussi bien présente, ce qu'elle était, ce qu'elle est devenue... Même à travers le combat communiste, anarchiste d'Irène qui n'est qu'effleuré. Ce sont des thèmes récurrents chez Schlink.

Qu'en penser?

Schlink a 70 ans... son écriture est froide, dépassionnée. Je pense que c'est son style. Mais cela colle bien au propos. Les colères des protagonistes sont calculées. Froides. Tactiques. Même l'amour de l'avocat est simple, routinier, pépère... Et la remise en question est lente, mais n'en est pas moins brutale. le dernier § en témoigne.

Si on ne connaissait pas Schlink, on pourrait penser qu'il donnera une suite à ce roman. Il y a de la matière. le tableau est reparti à New York, malgré tout. Irène a eu un passé militant. Elle a une fille que l'avocat a promis de retrouver. Il a soixante ans, mais semble n'avoir pas réglé ses comtpes avec le passé ni avec les deux amants d'Irène...

Schlink réinvente, en quelque sorte, le ménage à trois... en y mettant un valet, un laquais (selon les mots du peintre et de l'entrepreneur) en la personne de l'avocat, servile, amoureux. C'est une comédie de moeurs. Pour peu, on verrait débarquer Beaumarchais, ou le Théâtre des Galeries...

A titre personnel, j'ai été bluffé par la description de la maladie. Ma mère est morte d'un cancer (après en avoir combattu plusieurs) et je l'ai vue au travers d'Irène. Cette volonté d'aller de l'avant, alternant avec des moments d'abndon, de relâchement... Une certaine méchanceté aussi. Avec des moments de lumière ensuite.

Que m'a-t-il donc manqué alors? Plus de tension, plus de tripes. Une perte de contrôle. Suivre des personnes qui contrôlent tout, qui calculent, qui avancent leurs pions, rationnellement, avec mesure. Incapables de débordement, même dans leurs colères... je ne me suis pas senti impliqué, immergé. Et c'est ce que j'aime en général.
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