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sur 4184 notes
Et voilà… ce soir je viens de tourner la dernière page du livre le liseur. Je ne sais pas si vous avez un pincement, parfois, vous aussi, lorsque cette fichue dernière page est finalement tournée ? Et bien là, c'est le cas.
Le liseur, c'est l'histoire d'un homme, Michaël, qui, toute sa vie, sera obnubilé par la première femme dont il est tombé amoureux, alors qu'il n'avait que 15 ans : Hanna.
Rapidement, elle réclame qu'il lui lise des livres, après, voire avant leurs ébats. Elle est passionnée par ses lectures, qu'elle écoute avec avidité.
Et puis un jour, sans la moindre explication, Hanna disparaît.
Il la retrouvera des années plus tard, alors qu'il est étudiant en droit, lors d'un procès sur des gardiennes de camps de concentration.
Hanna est l'une des accusées.
Imaginez... vous découvrez que celle que vous avez adulée, a pris part à ce qui vous fait le plus horreur dans l'histoire de votre pays.
C'est un terrible choc. Et c'est d'autant plus culpabilisant pour Michaël qu'il n'arrive pas à tourner la page, à ne plus penser à Hanna. Elle est en lui.
L'auteur nous guide dans les méandres des pensés du narrateur et on suit ses questionnements sans violences, sans heurts… mais hélas sans réponse non plus…
Comme lui, on est sous le charme d'Hanna, on préfèrerait tellement la haïr, mais non, elle nous touche malgré nous…
Il est question d'analphabétisme également dans ce livre, et des engrenages qu'un tel manque peut générer (et ce point me touche également beaucoup).
Je conseille évidemment ce roman.
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Lu puis vu dans la foulée . Une fois n'est pas coutume , la version cinématographique tres fidele m'a beaucoup plus enthousiasmé que la version papier...Winslet y est juste éblouissante !

Une fois de plus , la 4e de couv' balance allègrement les ¾ du récit ! Pénible , limite énervant ! Ça commençait mal...Contrairement à Michael qui , du haut de ses 15 ans , rencontrait Hanna , de 20 ans son ainée – cougar avant l'heure - et par la même , l'amour . Leurs rendez-vous prendront tres rapidement la forme de rituels immuables . La lecture avant le plaisir . Hanna , étrangement , ne concevant pas l'acte avant que celui qu'elle ne cessera d'appeller «  garçon «  ne lui déclame quelques pages de grands classiques . Education sentimentale versus enseignement . Chacun semble y trouver son compte , laissant l'attachement et l'affection les lier un peu plus chaque jour jusqu'à ce qu'Hanna ne disparaisse , sans crier gare , vouant Michael au désespoir le plus total...

Un bouquin en trois actes équilibrés et intenses . de la rencontre à l'abandon , des retrouvailles au dénouement final , ce court roman se tient parfaitement en allant à l'essentiel . Ce qui m'a véritablement laissé sur le carreau , spectateur passif - voire parfois ennuyé - d'un récit initiateur de réflexions incontournables , c'est cette narration descriptive et distanciée de l'auteur . Hermétisme le plus complet au style Schlink . Un récit pourtant narré à la premiere personne mais qui ne m'a jamais permis d'adhérer , d'intégrer , de m'enthousiasmer plus que de raison ! Des faits cliniques manquant profondément de chaleur , de sentiments tout simplement . Alors , bien sur , difficile dans cette Allemagne d'apres-guerre , de demander aux protagonistes d'effectuer un numéro de claquettes tout en balançant des confettis en jouant le Petit Bonhomme en Mousse au gazou mais quand meme...
Bon , le style de l'auteur est affaire de bon goût et je suis tres , tres loin d'en avoir le monopole . Par contre , si la narration émeut peu , les multiples questionnements suscités font mouche ! Quid du degré de responsabilité de l'éxécutante tortionnaire zélée , aussi aveugle et inculte soit-elle . Peut-on se relever , se reconstruire suite à une histoire d'amour qui vous a marqué au fer rouge ? Est-on à meme de comprendre , de pardonner quelqu'un jugé et condamné pour avoir perpétré les pires horreurs qui soient et ce , sans éprouver ce sentiment de honte prédominant d'avoir indirectement participé à tout cela ? Par ricochet , difficile d'appréhender , d'assumer ce que firent nos parents , nos ainés durant cette sale guerre sans en devenir les témoins dépositaires taraudés par la légitimité des exactions commises au nom du sacro saint National Socialisme . Et que dire de l'opprobe concernant Hanna ? de ce terrible secret qui aura gouverné toute sa vie , orienté malheureusement tous ses choix , la poussant meme au sacrifice supreme en la forçant à endosser des faits qu'elle n'engendra jamais ...Plutot mourir que se dévoiler ! L'abnégation supreme plutot que la déshonorante confession ! Glaçant...
Au final , des themes forts portés par une écriture qui l'est beaucoup moins...

The Reader , digeste !
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"Le liseur" n'est pas exactement un livre sur la deuxième guerre mondiale du côté allemand, mais plus une réflexion sur la justice, la culpabilité et la difficulté d'une réparation. C'est aussi le récit d'une singulière initiation amoureuse, et des répercussions de ce premier amour sur la vie entière de Michaël, le narrateur de cette histoire.

Les atrocités de la guerre servent d'amplificateur à Bernhard Schlink pour montrer, à travers l'histoire d'Hanna, que privilégier un accommodement personnel au détriment de l'intérêt collectif peut avoir des conséquences désastreuses pour les autres, comme pour soi-même. Pour ne pas dévoiler un secret dont elle a honte, Hanna fera des choix qui l'amèneront non seulement à participer aux crimes nazis en tant que surveillante d'un camp de concentration, mais aussi, plus tard, lors de son procès, à être condamnée bien plus lourdement que ses coaccusées.

Au camp, Hanna entretenait des relations avec certaines détenues qui devenaient temporairement ses "protégées", selon un rituel précis qui comprenait notamment des séances de lecture. Ce schéma n'est pas sans rappeler l'éprouvant film "Portier de nuit", dans la fascination qu'exerce le surveillant du camp sur la jeune déportée. Une emprise qu'Hanna reproduira d'une certaine façon pendant l'après-guerre, par les rituels de sa relation avec le jeune Michaël, alors âgé de quinze ans, qui ignore tout de son passé.

Michaël sera à jamais marqué par Hanna. Pendant ses études, il assistera, passif, à son procès ; ce n'est que plus tard qu'il cherchera à la comprendre. le souvenir obsédant de son premier amour le poussera ainsi à reprendre contact avec Hanna en prison, pour entreprendre, à sa manière, un multiple et délicat travail de réparation.

Ce récit juste et distancié, sans effet ostentatoire, m'a considérablement émue. Une émotion retrouvée dans la fidèle adaptation cinématographique avec Ralph Fiennes dans le rôle de Michaël adulte, et Kate Winslet dans celui d'Hanna.
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Tout d'abord, débarrassons-nous du coup de gueule contre Gallimard qui dévoile tout le récit dans sa 4ème de couv. Pas de bol, moi qui ne la lis jamais, mes yeux s'y sont exceptionnellement attardés et mal m'en a pris. Il m'est toujours pénible de commencer une lecture déflorée par l'éditeur qui pense sans doute que l'oeuvre doit être considérée moins pour son contenu que pour sa valeur littéraire, dans le style "peu importe de quoi parle ce roman, c'est le style qui compte, voyons".

Parlons tout de même de ce roman qui mérite d'être découvert. Si je n'ai pas été aussi transcendée que les nombreux avis élogieux lus pouvaient me le faire penser, j'ai néanmoins apprécié ce récit bien construit et émouvant. Et si je n'étais pas à deux doigts de faire une overdose de "nazis et Shoah", je l'aurais sans doute encore davantage apprécié, seulement il semblerait que les écrivains ne se lasseront jamais d'écrire sur les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale. Passe encore quand il s'agit de témoignages tels que ceux d'Irène Némirovsky, d'Imre Kertész ou de Hans Fallada, sans même parler d'Anne Frank ou de Primo Levi, mais quand il s'agit de pures fictions, je suis quand même un peu plus méfiante et dubitative. Avec "Le liseur", roman partiellement autobiographique, on est en quelque sorte au milieu du gué.

Bien que je n'ai pas trouvé l'écriture de Bernhard Schlink particulièrement attachante, je reconnais que l'émotion passe bien et que le rythme, servi par des chapitres courts, est bon. J'ai également apprécié la pudeur qui régit la description des camps de concentration ; il n'en fait pas trop et nous épargne l'énumération trop connue des horribles conditions de vie et de mort dans ces lieux abjects, honte éternelle de l'espère dite "humaine". Cette retenue permet d'évoquer sans montrer et donne vraiment toute son intensité au récit.

Un roman personnel et sensible qui porte le lecteur à réfléchir et à s'interroger, à l'instar de Jean-Jacques Goldman dans sa chanson "Né en 17 à Leidenstadt" : "Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens si j'avais été allemand ?"


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J'ai beaucoup aimé l'histoire car cette époque me fascine toujours autant et j'avais lu peu de romans jusqu'ici sur la période située juste après la deuxième guerre mondiale, côté allemand.

Michaël, cet adolescent qui découvre ses premiers émois dans les bras d'une femme plus âgée, dont il ne sait rien en fait, est un héros plutôt sympathique, ainsi que les rituels instaurés dans cette relation : il lui fait la lecture à haute voix avant de passer aux ébats amoureux. Elle lui apprend tout en ce qui concerne la sensualité, mais il ne sait rien de son histoire.

En la retrouvant sur le banc des accusées, quelques années plus tard, alors qu'il est étudiant en droit, il comprend ce qu'elle a fait pendant la guerre. Néanmoins, il lui restera fidèle malgré tout, et essaiera toujours de comprendre en jugeant le moins possible et en suivant son parcours lors de l'incarcération. A propos du crime, il dit :

« Lorsque je tentais de le comprendre, j'avais le sentiment de ne plus le condamner comme il méritait effectivement de l'être. Lorsque je le condamnais comme il le méritait, il n'y avait plus de place pour la compréhension. » P 177

Il a compris aussi qu'elle préfère porter la responsabilité plutôt que d'avouer qu'elle ne sait pas lire. Nous avons chacun notre dignité…

Bernhard Schlink aborde aussi dans ce roman le thème de la génération suivante : peut-on juger ses propres parents en ce qui concerne leur attitude, leur passivité devant les crimes du 3e Reich et qu'en est-il de la honte ? Peut-on avoir honte et juger en même temps ?

« Ces distances prises par rapport aux parents, n'était-ce qu'une rhétorique, un bruit, un brouillage, cherchant à dissimuler que l'amour pour les parents avait irrémédiablement entraîné une complicité dans leurs crimes ? » P 191

J'ai aimé l'idée que la lecture à haute voix, avec tous ces romans qu'il enregistre sur cassettes, pour les partager avec elle, puisse l'amener à apprendre à lire et écrire. le lecteur vu sous l'angle du passeur en quelque sorte. Je retiens, surtout, la puissance de la lecture, de l'instruction aussi afin de pouvoir réfléchir, avoir un libre arbitre pour ne pas suivre aveuglément une idéologie barbare et prendre sa vie en mains au lieu de la subir…

J'ai pris mon temps pour entamer cette lecture, alors que j'ai ce roman dans ma bibliothèque depuis longtemps, mais je pense qu'il y a un moment où on est prêt pour rencontrer un livre ou un auteur et qu'il faut suivre cette intuition.

J'ai trouvé un seul bémol à ce roman : l'écriture est assez froide, parfois même chirurgicale, ce qui m'a un peu désarmée, mais l'auteur l'a voulu ainsi, peut-être par pudeur, ou par respect pour l'autre. En tout cas, ce qui lie ces deux êtres est fascinant et conditionne leur avenir à tous les deux.

Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup apprécié cet hommage que Bernhard Schlink rend à l'amour et à la littérature et c'est ce que je retiendrai de ce roman qui soulève de nombreuses réflexions chez le lecteur…

Je n'ai pas vu le film, est-il fidèle au roman?
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Un bon moment de lecteur passé en compagnie des protagonistes. le style de l'auteur est léger bien qu'il faille plutôt féliciter le traducteur de rendre ce texte si facile à lire. le liseur de Bernhard Schlink porte la nostalgie des amours contrariées, mêle le questionnement sur la culpabilité, le pardon, la responsabilité d'une génération qui a enfanté l'horreur ou qui a fermé les yeux sur l'innommable. Peut-il y avoir une rédemption après l'indicible ? Tandis que la repentance est toujours un sujet d'actualité et que des démons que l'on croyait endormis à jamais se réveillent un peu partout sur la planète, cette histoire a eu un résonnement particulier en moi...
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J'avais très envie de découvrir cette histoire parce que l'on m'a parlé de son adaptation cinématographique, mais j'avais un peu de mal avec le titre….

Je le trouvais si impersonnel, si froid : le liseur, une voix seule, un homme sans visage, sans âme, sans émotion….

J'ai opté pour le livre, très motivée, mais hantée par ce titre que je ne cessais de ruminer dans ma tête au fur et à mesure que j'avançais dans ma lecture ! « le liseur…. le liseur, » cela revenait en boucle dans mon esprit, j'avais une évidence sous les yeux que je ne voyais pas, encore trop tôt pour percuter !... il me fallait encore quelques pages ….

Mickaël rencontre et découvre l'amour charnel à 15 ans avec Hannah qui en a 35. Elle lui impose un rituel bien à elle : le bain, la lecture, et puis le plaisir….puis un jour elle disparaît sans préavis, le laissant dans le chagrin, la culpabilité, le doute….

Quelques années plus tard, étudiant en droit, Mickaël, stupéfait, retrouve Hannah. Elle est du mauvais côté du prétoire, sur le banc des accusées. Surveillante d'un camp de concentration, elle doit rendre des comptes à la justice.

Il assiste à son procès, impuissant, bouleversé par ses émotions qui remontent à la surface, ses souvenirs intacts de l'avoir aimée, ce qu'il comprend enfin d'elle….

En toile de fond, il est question aussi de la responsabilité des personnes qui ont collaboré et participé à la déportation et dans lequel le destin de Mickaël se mêle à postériori… il a aimé Hannah…

Le narrateur mène ici une réflexion intéressante sur l'héritage laissé par les criminels aux générations futures qui mérite d'être soulignée.

Une lecture fluide, facile, captivante, envoutante, mais qui m'a procurée des sensations étranges : une froideur se dégage de cette histoire, quelque chose que je n'arrive pas à nommer….probablement ce qui a mis si mal à l'aise Mickaël à travers la personnalité de cette femme énigmatique.

Une histoire d'amour qui va laisser une empreinte indélébile dans le coeur et l'âme de cet homme, impactant sa trajectoire de vie jusque dans ses choix professionnels, sa relation aux autres, ses amitiés, ses amours, sa façon de retourner vers Hannah, comme deux « aimants » contraires cette fois…

C'est bien derrière ce titre « le Liseur » que se cache le secret de ce si beau roman …


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Un roman en trois partie, ayant pour fil rouge : Hanna ! Michaël est sous le charme et le lecteur aussi, elle nous touche par sa force et à la fois sa fragilité face à son handicap qui l'empêchera de se défendre justement lors de son procès.
Une belle réflexion sur les fautes faites sous le joug d'une dictature comme dit si bien Hanna : et vous qu'auriez-vous fait ? et bien sûr sur cette honte d'être analphabète ce que cela peut engendrer sur toute une vie.
Une très belle plume, un récit nous porte vers une belle idylle, puis vers ce procès, la fin est surprenante et touchante à la fois.
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Ecrit par Bernhard Schlink, le Liseur, dont le titre original est Der Vorleser, a été traduit dans plus de 30 langues.

La première moitié du livre nous propose le récit d'une liaison atypique, compte tenu de la différence d'âge, entre un garçon de 15 ans et une femme très secrète de 35 ans. La jeune femme, Hanna, ne parle jamais d'elle, ni de sa famille ou de son passé. Michaël, le jeune homme, passe de longues heures à lui faire la lecture de grands classiques, avant que celle-ci, au bout de quelque mois, ne disparaisse mystérieusement sans laisser d'adresse ou la moindre explication.

Quelques années plus tard Michaël, étudiant en droit, retrouve Hanna lors d'un procès où elle est accusée de crimes de guerre ; Hanna était en effet gardienne au camp d'Auschwitz et a directement ou indirectement participé à la mort de centaines de femmes juives. Elle sera condamnée à 18 années d'emprisonnement…

Le roman est construit sur quatre périodes essentielles : la rencontre et l'idylle ; le procès ; le temps où Hanna est en prison ; puis l'épilogue. Le suspense est maintenu tout au long du roman qui est d'une lecture facile. La simplicité du style est étonnante, la construction est sobre, les phrases sont courtes et le vocabulaire reste dans le registre courant. Le style littéraire de Schlink est assez froid (peut-être est-ce en partie dû à la traduction ?) et invite le lecteur à la distance et à la réflexion. De fait, la sobriété du style est voulue, dégageant une certaine réserve qui correspond à la gravité du sujet et au choix de ne pas prendre parti.

Sentiment de culpabilité
Le sentiment de culpabilité est central dans ce roman, cette culpabilité qui est, directement liée à la question de la responsabilité. Depuis 1945, les « intellectuels » n'auront de cesse de réfléchir sur la charnière douloureuse entre culpabilité individuelle et collective. Hannah Arendt insistait sur la nécessité de réintroduire une culpabilité individuelle au moment où la généralisation des bourreaux donnait lieu à une dilution de la culpabilité dans un collectif. Après 1945, en Allemagne, il était tout aussi impossible d'être réellement coupable que d'être réellement innocent.

Ainsi, la nécessité du pardon a longtemps été ce besoin de résilience des enfants des Allemands de la génération hitlérienne ; thème développé dans ce livre car comment affronter cet héritage avec un terrible sentiment de culpabilité ? En fait, le jeune Michaël ressent un fort sentiment de culpabilité alors qu'il n'est coupable de rien, sauf d'avoir, sans le savoir, aimé une criminelle et de devoir porter sur ses épaules le poids de la faute collective de la génération de ses parents. Il ressent ce sentiment bien plus qu'Hanna, même si l'auteur ne dévoile rien de ses pensées.

Sentiment de honte
Le texte est constamment imprégné d'un sentiment de honte tant chez Michaël que chez Hanna.
Michaël, le jeune narrateur oscille entre la honte de son amour pour Hanna, de quinze ans son ainée, et la honte de l'avoir ensuite grandement abandonnée, de ne pas l'avoir assez aidée. Il est en pleine confusion de sentiments et ne sait pas s'il doit aider ou condamner Hanna.
La peur d'avoir honte est un état permanant chez Hanna qui évolue d'une honte provenant de son illettrisme à une honte résultant de son activité criminelle durant le nazisme. L'illettrisme est donc au coeur de ce roman. Il est la cause de tout et prend une place considérable dans la vie des deux personnages. Hanna tient à garder ce secret qui sera finalement l'une des causes de sa destruction. Admettre ce handicap lui permettrait de se dédouaner des plus lourdes charges qui pèsent sur elle et lui sauverait la vie mais la honte la dévaste.

Qu'auriez-vous fait ?
La question centrale de ce livre (écrit dans les années 90) est la même depuis plus de 70 ans, cette question qu'Hannah pose, naïvement, au président de la cour lors du procès : « Qu'auriez-vous fait ? ». Qu'aurait-on fait à la place d'Hanna ? La question est complexe, douloureuse.
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J'ai découvert Bernhard Schlinck avec le Liseur lorsque j'étais en fac. Depuis je l'ai relu plusieurs fois, avec toujours autant d'émotions.

Si le roman débute, une fois la scarlatine guérie, par l'initiation sexuelle de Michaël, quinze ans, par Hannah, plus âgée et entourée d'une aura de mystère et un partage à sens unique de la lecture, il se pose en seconde partie comme une réflexion sur la justice, sur la génération grandie dans l'immédiat après-guerre allemand, comme Michaël. L'épouvantable parenthèse nazie s'est refermée avec des millions de morts, de blessés, de villes dévastées. Mais les cicatrices de cette période, elles, ne sont pas refermées, engendrant une pression de culpabilité sur tout le pays.

Le livre de Bernhard Schlinck est tout simplement formidable dans ses différents thèmes abordés. La liaison passionnée de Michaël pour Hannah, avec toute l'ardeur et la ferveur de l'adolescence, pourrait prêter à sourire si l'on ne sentait venir des blessures intimes profondes. Cette première expérience où l'esprit confond désir et amour a laissé des traces invisibles mais qui marqueront et dirigeront l'existence du jeune homme.

Quant au procès et au dilemme auquel est confronté Michaël, c'est un passage qui s'abat comme une enclume sur la tête de l'étudiant comme sur celle du lecteur. le puzzle se met subitement en place et j'en suis restée soufflée.

Le Liseur est un roman d'une qualité extraordinaire qu'on peut lire et relire en y découvrant toujours de nouveaux angles. J'ai vu le film à sa sortie au cinéma, avec quelques appréhensions. le résultat s'avère pourtant réussi en terme d'adaptation cinématographique et de jeu des acteurs, très convaincants. Dommage qu'on ne puisse emporter que six livres sur l'île déserte Babelio car celui-ci mériterait complètement de faire partie du voyage avec les autres.
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