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EAN : 9782226195913
240 pages
Albin Michel (03/03/2010)
  Existe en édition audio
3.74/5   1215 notes
Résumé :
Quel rapport entre une femme qui empoisonne ses maris successifs et un président de la République amoureux ? Quel lien entre un simple marin honnête et un escroc international vendant des bondieuseries usinées en Chine ? Par quel miracle, une image de sainte Rita, patronne des causes désespérées, devient-elle le guide mystérieux de leurs existences ? Tous ces héros ont eu la possibilité de se racheter, de préférer la lumière à l'ombre. À chacun, un jour, la rédempti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (157) Voir plus Ajouter une critique
3,74

sur 1215 notes
Ces quatre nouvelles ont quelques aspects d'énigmes policières. Bien que racontant des histoires bien différentes Eric Emmanuel Schmitt les a entouré d'un fil conducteur solide afin de les relier entre elles, dans un même livre.

Dans la première histoire nous côtoyons Marie, amidonnée dans son tailleur noir. Elle a empoisonné ses maris. Un jeune prêtre arrive dans le village. Ils se rencontrent une fois, deux fois puis tous les jours. Il est beau. Elle est pécheresse. Ils ne sont pas indifférents l'un à l'autre et pour des raisons bien différentes. Un tremblement de terre va bouleverser notre tueuse.

Dans la seconde histoire nous sommes sur un cargo. Un capitaine convoque Greg, un matelot, et lui annonce qu'il a reçu un message télégraphique. L'une de ses quatre filles est morte ! Il ne sait pas laquelle. Instinctivement Greg souhaite que ce soit l'une d'elles plutôt que les autres……Lui aussi vit un tourment sans nom, pris au piège de cette pensée cruelle, injuste et inadaptée. Arrivé à quai une surprise monumentale l'attend.

La troisième histoire est celle qui donne au livre son titre : Concerto à la mémoire d'un ange. Axel joue du violon et Chris du piano. Ces deux jeunes virtuoses sont amis. L'un rayonne. Il est intègre, généreux « en connivence avec le génie », tandis que l'autre est besogneux et n'y arrive que par l'étude. Un événement effroyable se produit. Les cartes sont redistribuées violemment. Engloutis sous une tempête de ressentis nos deux jeunes musiciens pourront-ils continuer leur route ?

La quatrième histoire se passe à l'Elysée. La première dame fait le point sur sa vie. Elle le fait devant son Président de mari, coureur de jupons, de mandats et d'honneurs. Elle le fait bruyamment, ne lui épargnant rien. le couple sombre jusqu'au coup de tonnerre inattendu. Et là encore un dénouement s'opère sous nos yeux et nous laisse sans voix.

Eric-Emmanuel Schmitt a, je trouve, le don de nous présenter des univers bien différents, tous décrits de manière séduisante. Les personnages sont vivants et nous aurions vite fait de comparer leur profil à des visages qui nous sont familiers. Sauf qu'ici ce sont quatre histoires de destins ébranlés, des histoires inédites, originales, comprenant une intrigue, un dénouement complètement inattendu, égrenant çà et là un cortège de sentiments qui vont de l'amour à la haine, de la jalousie à l'admiration, de la prise de conscience au repenti, de la manipulation à la sincérité, de l'altruisme à la cupidité, du bien au mal.

Et bien sûr, comme à chaque fois qu'un livre est terminé, l'auteur part sur la pointe des pieds, laissant le lecteur-témoin réagir seul face aux questions qu'il ne manque pas de se poser. Seul avec son libre arbitre, sa réflexion, ses manières de voir et là, ça peut aller très loin……
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Eric-Emmanuel Schmitt est une valeur sûre pour moi.
Pourtant, j'appréhendais d'entamer ce livre car je réalise de plus en plus que les nouvelles en général ne me transportent pas. En effet, à peine entrée dans une histoire, elle se termine me laissant sur ma faim.
Eh bien, une fois n'est pas coutume.
Concerto à la mémoire d'un ange est l'exception qui confirme la règle.
Les quatre nouvelles qui composent ce recueil sont très variées, se passent dans des contextes très différents, pour un dépaysement parfait. Toutes parlent de l'humain dans toute sa beauté ou dans sa cruauté la plus sauvage. Toutes racontent l'Homme dans son côté terrestre et dans sa quête vers le ciel. Toutes parlent de rencontres décapantes qui chamboulent le quotidien et la vie toute entière.
L'empoisonneuse raconte l'histoire de Marie qui s'attache au jeune prêtre qui débarque dans son village et qui, petit à petit, aspire toute son énergie, sa sève, sa substance spirituelle.
Le retour est une réflexion sur la paternité, sur le sens de la famille, de la descendance, les préférences dans une fratrie. C'est une réflexion sur la vie et la mort et sur les priorités d'une existence.
Concerto à la mémoire d'un ange est une partition de musique sur laquelle se rencontrent et s'affrontent Axel et Chris que la musique à unis, qu'un drame a désunis.
Enfin, Un amour à l'Elysée, révèle le lien du couple présidentiel que la politique a lentement séparés, que Cupidon a passionnément rassemblés.

Une belle lecture pour clore ces vacances estivales avant de reprendre la route du travail, les lectures professionnelles et le pas de course quotidien.
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Une vie est-elle toute tracée ou peut-on en choisir la direction ? Peut on changer de voie en cours de route ou la ligne est-elle droite ? Les 4 nouvelles de ce recueil nous montre les choix de plusieurs personnages. Après des actes parfois peu avouable, chacun décide ou non de se racheter. Mais même dans ce cas là, le fait-on pour soi ou pour l'autre ? 4 univers différents, 4 histoires dont seule l'ombre de Sainte Rita noue les liens...
Je connais l'écriture d'Eric Emmanuel Schmitt, et j'ai beaucoup apprécié ces courts récits. La nouvelle du marin m'a particulièrement émue... Une lecture très agréable...
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L'empoisonneuse
Ingrédients -un petit village
-une empoisonneuse
-un non-lieu
-des rumeurs
-des villageois intéressés
-Dieu et un prêtre

Mélangez le tout, vous obtiendrez des relents d'arsenic à la Besnard, des épices sensuelles fleurant l'encens, le lys et le goupillon, des effluves divines et sataniques.
Dans ce shaker, il y a de belles phrases qui font mouche, un rythme qui entraîne le lecteur en un seul souffle du début jusqu'à la fin, quelques trémolos qui ornent la morale et un don certain pour accrocher le lecteur avide de savoir.
En somme, la dégustation n'est ni agréable, ni désagréable, elle laisse simplement un goût un peu... fade.

Le retour

Un camaïeu de sentiments et de réflexions conduit le héros de cette courte nouvelle à se découvrir et à se construire.
De machine exécutante, il devient un homme qui pense.
D'association maritale, il trouve enfin un sens à ce que peut être un couple.
De géniteur indifférent, il comprend ce qu'est être père.
Court mais fougueux, ce récit frappe par ce que tout être peut porter en lui d'inconnu, de laideur, d'anéantissement et que seule l'ouverture à une pensée critique peut faire éclore même sans... Sainte Rita !

Concerto à la mémoire d'un ange

Un ruisseau entraîne dans son cours les scories qui se trouvent sur son passage.
Je souhaite qu'une prise de conscience puisse se révéler à la lecture de ces pages simples où les clichés se disputent la vedette.
Quant à moi, je n'aime pas cette morale dégoulinante de bons sentiments que l'on devine avant de les avoir lus.
Le début de cette nouvelle me plaisait dans certaines descriptions de l'élan créateur mais après... les descriptions et les échanges des différents protagonistes me sont apparus grotesques.
La visite de l'usine d'objets de piété est un superbe moment d'humour...
J'ai presqu'envie de m'excuser de ne pas avoir aimer ce sentimentalisme de bon aloi.
Sainte Rita ! Je suis une cause désespérée !
Non, j'écouterai Alban Berg.

Un amour à l'Élysée

Comme pour les autres nouvelles, Éric-Emmanuel Schmitt captive le lecteur.
Ne dit-il pas en page 210 du Livre de Poche : « La brièveté rend la lecture captive ».
J'ai donc spontanément utilisé le même terme que lui.
Je le concède, la forme l'emporte.
Les idées sont belles. Ce ballottement des êtres entre tous ces instants, ces influences et ces choix qui le construiront est un questionnement continuel.
Chacune peut se retrouver dans certaines pensées de Mme Morel, chacun peut ressentir la course effrénée de Mr Morel.
Je n'aime pas la fin où il me semble entendre « la » voix qui me dit le comment et le pourquoi.
Je préfère me contenter du fait, y réfléchir et ensuite échanger.

Journal d'écriture

Seuls les inconditionnels se rassasieront des pensées de l'auteur, de ses explications, de ses élans, de ses émois et trouveront des réponses qui ne seront pas les leurs.
« Forcer le lecteur à réfléchir ».
Certes mais trop d'explications l'empêcheront de le faire par lui-même. Ce journal, en ce sens, me semble superflu.
Les dernières phrases (page 216 – Livre de Poche) sont « éblouissantes ».
« Je souscris à son idée (Voltaire) mais, au fond de moi, j'ai toujours envie d'ajouter ; pourvu que le lecteur ait du talent... »
A mon tour de souhaiter un talent critique, corrosif, brûlant, dépassant les « simples » histoires qu'on lit, affamés de bons sentiments dans un siècle qui en a peu.
Aller plus loin que la simplicité trop simple, ne pas s'en contenter.

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Quatre nouvelles très différentes par leur thème, mais reliées entre elles par la présence de Sainte Rita. Des histoires sombres, des personnages pas toujours très reluisants, voire même antipathiques. Un bon travail psychologique. J'ai apprécié ce livre, quand même déprimant, même si je n'ai pas été vraiment emballée par la dernière nouvelle : "Un amour à l'Elysée".
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Citations et extraits (149) Voir plus Ajouter une citation
-Le Retour- [L'histoire d'un père absent qui a raté sa relation à ses filles...mais qui, en faisant un retour sur sa vie, rattrapera à sa manière, le gâchis]

En observant son reflet, il s'analysait. depuis toujours il vivait en mer pour échapper à la terre. En mer pour échapper à sa première famille, celle de son père ivrogne et de sa mère effacée. En mer pour échapper à sa seconde famille, celle qu'il avait fondée- "fondée", le mot lui semblait précieux car Greg s'était contenté de posséder sa femme légale, le mariage ça sert bien à ça, non ? Greg avait sillonné le monde sur les flots: autant dire qu'il n'en avait rien vu. Si son cargo avait accosté en de nombreuses villes, Greg n'avait pas été plus avant que le navire, il n'avait jamais quitté les quais, prenant racine au port, par méfiance, par crainte de l'inconnu, par peur de rater le départ. Au fond, les cité, les nations, les campagnes étrangères, malgré les millions de kilomètres parcourus, il les avait rêvées depuis le bateau ou la taverne des docks, elles étaient demeurées des destinations lointaines. (...)
pourquoi n'avait-t-il pas dégotté le temps de fréquenter ses filles ? Il menait une vie fruste, il n'était qu'une sorte de bête de somme, un bœuf qui labourait la mer. (p.74-75)
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Axel n'exécutait pas le morceau, il le vivait ; la mélodie, il l'inventait ; les changements d'humeur, les accélérations, les ralentis venaient de lui, entraînant l'orchestre, créant de seconde en seconde un chant pétri par ses doigts pour exprimer sa pensée. Son violon devenait une voix, une voix qui s'alanguit, hésite, se reprend, se tend.

 A présent, regarde, c'est toi Caïn et moi Abel. Stupide, non ? En vingt ans, nous avons échangé nos rôles. Tu n'es plus qu'un tombe se souffrance, d'exaspération et de haine. De toi qui étais une merveille, j'ai fait un monstre. Comment n'aurais-je pas honte ? 

«  Quel sentiment ne porte pas sur sa peau son contraire, tel le tissu sa doublure ? Quel amour est libre de haine ? La main qui caresse saisira tout à l'heure le poignard. Quelle passion exclusive ignore la fureur ? N'est-on pas capable de tuer avec l'impulsion qui unit, celle par laquelle on transmet la vie ? Nos sentiments ne sont pas changeants mais ambigus, noirs ou blancs selon l'impact, tendus entre leurs contradictions, ondulants, serpentins, capables du pire comme du meilleur.
L'amour s'était égaré dans les couloirs du temps... or la mort avait aboli la réalité et ses déficiences. »
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Il en est des destins comme des livres sacrés:c'est la lecture qui leur donne un sens. Le livre clos reste muet; il ne parlera que lorsqu'il sera ouvert; et la langue qu'il emploiera sera celle de celui qui s'y penche, teintée par ses attentes, ses désirs, ses aspirations, ses obsessions, ses violences, ses troubles.
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Non, il ne faut pas raviver les vieilles poupées, il faut les laisser, s'empoussiérer, se ternir, se couvrir d'oubli et quitter discrètement le souvenir des vivants. C'est ainsi que Catherine Morel entendait vivre depuis des années. Donc ce n'était pas une bonne nouvelle qu'elle désirât l'homme de cinquante ans qu'était devenu M. Morel, et pas seulement Henri, le jeune homme aux cheveux fous d'autrefois qui avait été embaumé vivant dans le costume d'un président. Pas une bonne nouvelle du tout.
Pourtant... Si cela pouvait être vrai... S'ils enlevaient le glacis de l'habitude... S'ils brûlaient de nouveau... S'ils habitaient mieux leur personnage...
D'instinct, elle se dirigea vers la pièce d'Henri, cet endroit où, telle la femme de Barbe Bleue, elle n'avait pas le droit de pénétrer. En vérité, elle s'y rendait souvent car cette salle de bains demeurait, pendant les heures de la journée, un lieu mystérieux, sans lui quoique plein de lui, sentant la serviette à la lavande, la pâte dentifrice, l'eau froide sur le marbre, la mousse à l'aloès; mystérieux car il y flottait le fantôme de son homme; mystérieux car il n'acceptait jamais qu'elle y entrât avec lui; mystérieux car ce corridor amenait aux plaisirs, précédait la nuit qui réunit les corps dans les draps. Le vestibule de l'amour...
Elle soupira. Malheureusement cet antre n'annonçait plus aucun plaisir depuis longtemps... Quoi-qu'ils couchassent dans le même lit, Henri et elle ne se touchaient plus. L'usure encore...
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Je n’avais jamais noté combien l’âge nous rend libres. A vingt ans, nous sommes le produit de notre éducation, mais à quarante ans, enfin, le résultat de nos choix –si nous en avons fait.
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