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Éric-Emmanuel Schmitt (Narrateur)
EAN : 9782356410047
1 pages
Audiolib (13/02/2008)
Édition audio (Voir tous les livres audio)
3.9/5   2273 notes
Résumé :
Eric-Emmanuel

SCHMITT
L'enfant de Noé

1942. Les rafles commencent. Joseph, parce qu’il est juif, se trouve confié à des inconnus qui l’obligent à travestir la vérité. Virtuose du mensonge comme tous les enfants cachés, il apprend à taire son nom, son histoire, ses sentiments.
Dissimulé dans un pensionnat catholique, il va grandir auprès d’un prêtre, le père Pons, un homme simple qui est cependant habité par la folie des j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (231) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 2273 notes
Ce court roman nous raconte l'histoire de Joseph, jeune enfant juif âgé de sept ans, qui doit se cacher dans un orphelinat catholique dirigé par le Père Pons pour échapper à la déportation.

Il va rencontrer d'autres enfants dans la même situation que lui, notamment Rudy que le Père Pons lui désigne comme parrain car il est plus âgé, mais rebelle, refusant systématiquement d'étudier, car ses parents et ses frères aînés, brillants intellectuels ont été déportés alors à quoi cela servirait ?

Ces enfants suivent les cours de catéchisme, vont à la messe, mais n'ont pas le droit de communier, ce qui fait que Joseph proteste et sent exclus. Les échanges entre le Père Pons et lui sont savoureux, chacun tentant de connaître de plus près la religion de l'autre, le Père collectionnant dans la crypte des objets et des textes liés au judaïsme pour les préserver autant que pour les étudier.

Je reprends, avec cette lecture « le cycle de l'invisible » de l'auteure. J'ai lu « Milarépa » dédié au bouddhisme, « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » que j'ai adoré, consacré à l'islam ainsi que « Oscar et la dame en rose » dédié au christianisme. Dans « l'enfant de Noé », Éric-Emmanuel Schmitt s'intéresse au judaïsme et à ce qui le différencie du catholicisme, la notion de Messie que les catholiques ont reconnu dans Jésus alors que les juifs l'attendent encore, l'amour qui est au centre pour les chrétiens alors que dans le judaïsme, on met à l'accent sur le respect.

J'ai beaucoup aimé ce court (trop court) roman et j'ai beaucoup de tendresse pour la pharmacienne du village, résistante qui fournit des papiers aux enfants, qui fustige la religion car elle est profondément athée et nous offre une scène magnifique lorsqu'elle s'installe à l'orgue de l'église en jouant « La Brabançonne » pour saluer le débarquement américain (trop tôt hélas car emportée par sa fougue ce qui lui vaudra un destin terrible !)

J'ai profité du mois Belge pour lire ce quatrième opus qui m'a plu autant que les trois précédents, et j'ai retrouvé avec plaisir la plume de Éric-Emmanuel Schmitt que j'aime beaucoup.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Voici un roman que j'avais lu il y a quelques années et que je viens de retrouver sur une étagère. Comme le texte semblait clair et fluide, j'ai eu envie de le relire, et je ne le regrette pas.
On démarre en trombes avec un premier chapitre choc : des enfants défilent devant une foule anonyme dans l'espoir d'être reconnu par leurs parents, voire d'être adoptés. le côté animal de la chose ne manque pas d'interpeller. Et pourtant dans le contexte de l'époque, cela partait d'un bon sentiment.
Nous entrons donc dans l'histoire de Joseph, un enfant juif de 7ans, caché pendant la seconde guerre mondiale.
Plus généralement, c'est l'histoire de tous ces enfants cachés, mais aussi et surtout, de tous ces Justes qui ont risqué leur vie par conviction humanitaire.
Ce petit livre raconte une histoire simple mais riche. Bien sûr, sur le même thème, on aurait pu en faire 600 pages ou plus.
Le génie d'Éric-Emmanuel Schmitt consiste à nous raconter une histoire et à nous poser plein de jalons pour nourrir notre réflexion.
Le Père Pons, qui a organisé ces sauvetages, est un homme juste, plein de respects et de philosophie au sujet des religions et des peuples persécutés qui disparaissent.
Un roman déjà historique et cependant tellement actuel !
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Peut-on faire court sur la Shoah ? Peut-on se donner pour projet de retracer le parcours d'un enfant juif pendant la guerre, séparé de ses parents et protégé des Allemands avec d'autres enfants égarés par un prêtre catholique dévoué à leur préservation et à celle de la culture juive, tout cela en moins de 200 pages ? Apparemment, quand on est Eric Emmanuel Schmidt, oui.

Le problème, c'est qu'on s'oblige alors à une narration au pas de course, et qu'on ne peut que recourir aux stéréotypes. Les justes sont bien justes, les Allemands sont bien méchants mais surtout bien bêtes, on peut facilement les duper même quand ils dénichent enfin les enfants, il suffit de leur demander de repasser le lendemain ou de leur éternuer dessus (je vous promets, c'est même pas une blague) pour les faire fuir. Les Nazis ont anticipé le risque Covid, ils savent qu'une petite grippe peut tuer.

Comble du comble, puisque la tristesse et le désespoir prennent sans doute trop de pages pour s'exprimer, ça finit bien. Si, si je vous jure, la Shoah ça finit bien, on vous a raconté des craques depuis toutes ces années. Ah, oui au fait, il faudrait aussi parler d'Israel et de la Palestine, parce qu'un livre sur la Shoah ne peut pas se terminer juste à la fin de la guerre. Il nous reste que trois pages ? Ecoutez, j'ai résumé la Shoah en 160 pages alors je peux bien vous faire le conflit israelo-palestinien en 3, ne vous inquiétez pas, j'ai de l'expérience en résumé.

Je me rends compte que je suis en train de donner une image affreuse du roman et que j'ai quand même commencé par lui donner trois étoiles. Incohérent me direz-vous ? Non parce que Schmidt garde un certain art du dialogue, notamment au tout début (voire ma citation dans l'échange entre la comtesse et le héros Joseph) et dans certains des échanges entre l'enfant et le prêtre, notamment au sujet de la religion. On se plait à imaginer ce que l'auteur aurait pu faire, soit en se contentant d'une nouvelle qui se serait concentré juste sur ce rapport entre l'enfant et le prêtre (et n'aurait pas voulu à tout prix retracer toute la guerre) soit en se donnant un projet plus ambitieux, plus long, qui aurait permis la nuance et évité d'enchaîner poncifs et bons sentiments.

Mais le projet de départ n'était pas là, la littérature pour certains se doit d'être efficace... Elle démontre clairement ici son efficacité à nous désenchanter.
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Sous l'Occupation, Joseph, un jeune garçon juif de 7 ans, est séparé de ses parents à cause des rafles. Accueilli chez la comtesse Sully, il est ensuite hébergé par le père Pons avec d'autres enfants à la Villa Jaune. Il devient ami avec Rudy, un garçon intrépide. Joseph découvre le secret du père Pons. Celui-ci s'initie à la religion juive pour sauver les vestiges si les Nazis l'anéantissent. Ils échappent de peu plusieurs fois aux Allemands. A la fin de la guerre, Joseph et Rudy retrouveront-ils leurs parents ? En tout cas, Joseph n'oubliera jamais le père Pons.
"Celui qui sauve une vie sauve l'humanité tout entière" dit le proverbe. C'est bien l'essencede ce court roman qui peut être lu facilement par petits ou grands. L'histoire est belle et nous rappelle ces Justes qui n'ont pas hésité à mettre leur vie en danger pour sauver celles d'innocents. le jeune héros est émouvant et plein d'humour et le père Pons un modèle de respect et d'amour pour son prochain. C'est une belle lecture sur une des pages les plus sombres de notre histoire.
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Eric-Emmanuel Schmitt a écrit de très belles pièces de théâtre.
Puis la célébrité lui est venue hélas, en écrivant de mauvais romans.

Pourtant ses débuts étaient prometteurs : "L'Évangile selon Pilate" et "La Part de l'Autre" étaient de puissantes constructions romanesques basées sur des idées audacieuses : relater la Passion du Christ par les yeux de Pilate, imaginer un monde où Hitler n'aurait pas échoué à l'examen d'entrée à l'École des beaux-Arts de Vienne en 1908.

Las ! EES a voulu augmenter le nombre de ses ventes en réduisant la taille de ses livres. Désormais, comme Amélie Nothomb (et chez le même éditeur), ses livres sont publiés en gros caractères et dépassent péniblement les 100 pages.
Pour élargir son lectorat, il a choisi des sujets susceptibles de recueillir son assentiment larmoyant.
Puisque la mort d'un enfant vous révulse, vous avez adoré "Oscar et la dame en rose". Puisque l'intolérance religieuse vous révolte, vous avez plébiscité "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran". Puisque la Shoah constitue à vos yeux le pire crime du XXème siècle, vous n'avez pas pu ne pas aimer "L'enfant de Noé".

En 120 pages, tout y passe : la rafle, la fuite à vélo, la pharmacienne si laide mais au fond si bonne, le bon père Pons (il fallait oser), Juste parmi les Justes, le gentil Allemand qui ferme les yeux, le méchant Allemand qui se laisse berner, l'épuration et son lot de liquidations sommaires (car EES ne sombre pas dans le manichéisme !), les parents retrouvés, aujourd'hui enfin le conflit israélo-palestinien (car ce roman historique doit avoir une résonance contemporaine !)
On sort de cette (courte) lecture écrasé devant l'avalanche de bons sentiments qu'elle suscite - et vaguement honteux d'en écrire ici tout le mal qu'on en pense !
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Citations et extraits (135) Voir plus Ajouter une citation
"Le père Pons vint s'asseoir à mes côtés.

- Tu n'es pas trop malheureux, ici?

- Non, mon père.

J'avalai mes larmes et tentait de lui faire plaisir.

- J'ai bien aimé la messe. Et je suis bien content d'aller cette semaine au catéchisme.

- Tant mieux, dit-il sans conviction.

- Je crois que, plus tard, je serais catholique.

Il me regarda avec douceur.

- Tu es juif, Joseph, même si tu choisis ma religion, tu le demeureras.

- Qu'est-ce que ça veut dire être juif?

- Avoir été élu. Descendre du peuple choisi par Dieu il y a des milliers d'années.

- Il nous a choisi pourquoi? Parce que nous étions mieux que les autres? Ou moins bien?

- Ni l'un ni l'autre. Vous n'avez aucun mérite ni défaut particulier. C'est tombé sur vous, c'est tout.

- Qu'est-ce qui est tombé sur nous?

- Une mission. Un devoir. Témoigner devant les hommes qu'il n'y a qu'un seul Dieu et, à travers ce Dieu, forcer les hommes à respecter les hommes.

- J'ai l'impression que c'est raté, non?

Le père ne répondit pas. Je repris.

- Si nous avons été élus, c'est comme cible. Hitler veut notre peau.

- Peut-être à cause de cela? Parce que vous êtes un obstacle à sa barbarie. C'est la mission que vous a donné Dieu qui est singulière. Pas votre peuple. Sais-tu qu'Hitler voudrait se débarrasser aussi des chrétiens?

- Il ne peut pas, il y en a trop!"


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- Joseph, tu aimerais savoir laquelle des deux religions est la vraie. Mais aucune des deux! Une religion n'est ni vraie ni fausse, elle propose une façon de vivre.
- Comment voulez-vous que je respecte les religions si elles ne sont pas vraies ?
- Si tu ne respectes que la vérité, alors tu ne respecteras pas grand chose. 2 + 2 = 4, voilà ce qui sera l'unique objet de ton respect. À part ça, tu vas affronter des éléments incertains : les sentiments, les normes, les valeurs, les choix, autant de constructions fragiles et fluctuantes.
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- Maman revient toujours. Pourquoi elle ne reviendrait pas ?
- Elle pourrait être arrêtée par la police.
- Qu'est-ce qu'elle a fait ?
- Elle n'a rien fait. Elle est...
Là, la comtesse exhala une longue plainte de poitrine qui entrechoqua les perles de son collier. Ses yeux se mouillèrent.
- Elle est quoi ? demandai-je
- Elle est juive
- Ben oui. On est tous juifs dans la famille. Moi aussi, tu sais.
Parce que j'avais raison, elle m'embrassa sur les deux joues.
- Et toi, tu es juive, madame ?
- Non. Je suis belge.
- Comme moi.
- Oui, comme toi. Et chrétienne.
-Chrétienne, c'est le contraire de juif ?
- Le contraire de juif, c'est nazi.
- On n'arrête pas les chrétiennes ?
- Non.
- Alors c'est mieux d'être chrétienne ?
- Ca dépend en face de qui. Vient Joseph, je vais te faire visiter ma maison en attendant que ta maman revienne.
- Ah! tu vois qu'elle reviendra !
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p.83 : "Tu deviens chrétien lorsque tu estimes que Jésus est bien fils de Dieu, qu'en lui Dieu s'est incarné, est mort et est ressuscité.
- Donc pour les chrétiens, ça c'est déjà passé, pour les juifs, c'est à venir.
- Voilà, Joseph. Les chrétiens sont ceux qui se souviennent et les juifs ceux qui espèrent encore.
- Alors, un chrétien, c'est un juif qui a cessé d'attendre?
- Oui. Et un juif, c'est un chrétien d'avant Jésus."

p.84 : "La religion juive insiste sur le respect, la chrétienne sur l'amour. Or je m'interroge : le respect n'est il pas plus fondamental que l'amour? Et plus réalisable aussi ..."

p.85 : "Je peux respecter ceux que je n'aime pas ou ceux qui m'indiffèrent. Mais les aimer? D'ailleurs, ai-je autant besoin de les aimer si je les respecte? C'est difficile, l'amour, on ne peut ni le provoquer, ni le contrôler, ni le contraindre à durer. Alors que le respect ..."

p.85 : "Je me demande si nous, les chrétiens, ne sommes pas simplement des juifs sentimentaux."

p.111 : "La Libération, pour moi, c'était surtout la libération des gifles."
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"Ne me demandez pas à quoi ressemblait ma mère : peut-on décrire le soleil ? De maman venaient de la chaleur, de la force, de la joie. Je me souviens de ses effets plus que de ses traits. Auprès d’elle je riais, et jamais rien de grave ne pouvait m’arriver."
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