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sur 5304 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
« L'écriture vire à l'hallucination.
Hier, en marchant sur les trottoirs avec mes neveux, j'ai entendu un sifflement et j'ai crié :
- Couchez-vous !
Ils m'ont regardé, interloqués. Un vélo passait.
J'avais cru reconnaître un shrapnell. »


Ah ! quel humour ! et quel don prodigieux de l'exagération ! Ainsi EES revient-il sur le parcours de l'écriture de la part de l'autre dans son Journal du livre –journal qu'il n'a bien sûr pas écrit pour lui-même mais à seule fin d'être inclus en conclusion de la part de l'autre, comme témoignage de la souffrance qu'un auteur s'est infligé pour satisfaire son lectorat trop souvent ingrat. En vérité, ce témoignage vient trop tard. Pour donner le ton exact du livre, il aurait dû être placé en introduction et aurait peut-être dissuadé bien des lecteurs qui n'ont que faire des romans à la gloire de leur auteur.


Exagération, nous disions donc, mais aussi égocentrisme : ESS semble avant tout avoir voulu parler d'Hitler pour faire parler de lui. Avec un temps de retard, il s'imaginait sans doute qu'il suffisait d'évoquer ce nom pour faire trembler la foule, provoquer son enthousiasme ou sa répulsion extrêmes, et s'emparer de la place convoitée de l'écrivain controversé. Mais n'est pas Céline (entre autres et par exemple) qui veut.


« Grande résistance de mon entourage à mon projet. Seul Bruno M. comprend et m'encourage. Les autres, Nathalie B. en tête, m'incitent à renoncer.
- Tu ne peux pas associer ton nom à Hitler !
- Mais parler d'Hitler ne consiste pas à devenir hitlérien.
- Moi je sais que tu n'es pas nazi, mais les autres, les lecteurs pressés, les journalistes… »


ESS, trop innocent pour parler de Hitler ? Véritablement convaincu de l'indigence du thème de la Part de l'autre ? Sans doute pas assez innocent en tout cas pour ne pas sentir qu'il y a là de quoi pavaner et se faire passer pour un écrivain à la fois provocateur, martyr et polémique. C'est sans aucune honte qu'il croit bon d'inclure dans son Journal cette remarque faite par un de ses amis (forcément) :


« - Comment parviens-tu à raconter l'existence d'un raté, toi qui as toujours tout réussi ? me demande Bruno M. »


Un raté, Hitler ? Plutôt un vainqueur, même si ses exploits sont amoraux. Un vainqueur, EES ? En tout cas pas en ce qui concerne la Part de l'autre. L'idée était pourtant prometteuse. Que serait devenu Hitler –et donc le monde- si celui-ci n'avait pas échoué son examen d'admission aux Beaux-Arts ? Cette question, beaucoup se la sont déjà posée. Pour rendre cet exercice plus évocateur, EES ne se contente pas seulement de développer cette hypothèse ; il la fait évoluer parallèlement au « véritable » destin que connut Hitler. Pourquoi ces guillemets ? Parce que même si EES respecte les principaux marqueurs historiques de l'existence du dictateur, il s'autorise beaucoup de spéculation en lui attribuant des angoisses, des névroses et des sentiments qui le transforment moins en homme qu'en stéréotype ambulant –complexe d'Oedipe et de castration en tête.


Si EES semble persuadé de son talent et de son intelligence, aucune de ses remarques ne nous le prouvent. Espère-t-il se montrer fulgurant lorsqu'il écrit par exemple que Hitler n'est pas le seul coupable dans le génocide juif, mais qu'il faut aussi prendre en compte tous ceux qui l'ont aidé et qui ont cru en lui ? ou prend-il seulement son lecteur pour un ignare capable de rivaliser avec son portrait d'Hitler ? Afin de nous montrer que le personnage n'est pas un monstre total et sans vergogne, mais plutôt un triste sire qui ne joue pas assez à touche-pipi, EES abuse de la caricature et utilise des procédés grossiers qui, en tentant de détruire tout manichéisme réducteur, finissent par devenir également simplistes. Et cela commence dès l'enfance. Avant son échec aux Beaux-Arts, Hitler nous est présenté comme un gentil garçon de bonne famille. Absolument pas raciste, pas même antisémite, il passe du bon temps avec ses collègues et voisins étrangers, et pour que l'ouverture d'esprit de Hitler soit suffisamment flagrante, EES nous brosse des portraits qui réduisent l'individu à des clichés nationaux :


« Sans bien discerner pourquoi, il appréciait Guido. L'éternelle joie de l'Italien, son sourire désarmant, ses paupières rieuses, sa poitrine velue qu'il montrant sans gêne aucune, la force virile qui éclatait en lui… »


L'uchronie se met véritablement en place lorsque, dans un des deux univers possibles, Hitler apprend son échec à l'entrée des Beaux-Arts. Commence alors le cheminement que l'on connaît. EES se fait plaisir et introduit dans l'existence du personnage tous les détails graveleux qu'il est possible d'imaginer : complexe de castration, terreur des femmes, vie sexuelle inexistante, arrivisme, égoïsme, inceste limite pédophile… A l'opposé de cette existence qui connaît toutes les déchéances possibles, EES imagine le parcours d'un Hitler qui aurait été admis aux Beaux-Arts. Son énergie aurait alors été dirigée dans la réalisation de son oeuvre. Hitler aurait rencontré des gens avec qui il aurait pu élaborer des relations satisfaisantes, et tout s'enchaîne : copains, petite amie, vie sexuelle, travaux réussis, emploi stable, reconnaissance du milieu, famille… Avec EES, la vie se joue à pile ou face : pile, on gagne le jackpot social, professionnel et sexuel ; face, on sombre dans le milieu de la vermine, déshérité et rejeté de tous.


La part de l'autre, outre ses simplifications grossières, commence véritablement à devenir agaçant lorsqu'on comprend que Hitler n'est qu'un prétexte habilement utilisé par EES pour parler de lui –ou de ce qu'il croit être. Son discours à l'égard des deux personnages n'est pas neutre. Hitler l'homme politique a beau avoir réussi à dominer le monde et à le façonner durablement pour des décennies au moins, EES ne peut s'empêcher de le ridiculiser et de le mépriser en exacerbant son inaptitude à la vie sociale. En revanche, Hitler l'artiste est précipité sous une avalanche d'éloges derrière lesquelles se dessine la figure plus générale du créateur –celui qui transcende ses pulsions et instincts néfastes pour les transformer en oeuvres. le contexte historique est à peine évoqué. Quant au monde tel qu'il l'aurait été si Hitler n'avait jamais été au pouvoir, il n'est même pas évoqué. L'histoire se termine sur un air d'inachevé. On croyait lire une uchronie mais La part de l'autre n'est qu'un condensé de la Psychanalyse pour les nuls –à moins qu'il ne soit un manuel de libération sexuelle post-soixante-huitarde dont le credo adressé à Hitler aurait été : « Vide-toi un coup et ça ira mieux ». le Journal de la Part de l'autre apparaît alors à point voulu. En retraçant sa vie lors de l'écriture de son roman, de nombreuses similitudes se dessinent entre la personnalité d'EES et de Hitler l'artiste. Serait-ce une manière d'insinuer que si l'écrivain n'avait pas réussi à se faire connaître en tant que tel et aurait échoué à vendre ses petits romans, il aurait fini par devenir aussi décrépi que Hitler le dictateur, et aurait risqué de faire connaître au monde entier la virtuosité d'une vengeance sanglante ? EES, futur criminel de guerre ? Voilà qui ferait l'objet d'une uchronie tout aussi sympathique et inutile que cette Part de l'autre !

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Je n'ai pas du tout accroché à ce premier livre que je lis de EES.
Et si Hitler avait réussi à entrer à l'académie des beaux arts de Vienne ? L'auteur imagine ce que serait devenu Hitler et l'Europe (puisque les deux sont liés ) si il avait réussi ce concours d'entrée. En parallèle il nous retrace le parcours d'Hitler qui a échoué (une sorte de biographie romancé du coup ) pour que l'on puisse comparer les deux destins.
Déjà dans la version réelle de la vie d'Hitler on ne sait plus bien ce qui est vrai de ce qui est faux dans sa vie ,sauf les événements historiques . Et dans la seconde version ,celle où il a réussi le concours ,ben j'y crois pas du tout ,ça ne m'a pas convaincu. le Hitler qui entre au Beaux arts est tout le contraire du Hitler qui échoue ,ils n'ont rien en commun. Alors que l'un est antisémite ,l'autre épouse une juive....un peu facile je trouve .
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J'ai lu ce livre il y'a quelques années et ce fut le premier et le dernier ouvrage que je lus de cet auteur.
Petit résumé : il s'agit de l'entrelacement entre la vraie histoire d'Adolf Hitler et une histoire inventée par l'auteur et qui se veut une perspective uchronique de ce qu'aurait pu être Hitler s'il avait été accepté aux beaux-arts.
Il y'a deux perceptions principales chez cet auteur qui m'ont passablement énervés.
La première est que nous devenons bons ou mauvais selon si les circonstances sont positives ou négatives pour nous. Il semble logiquement impossible qu'en temps dramatique une personne puisse suivre un chemin vertueux, plein d'exemples nous démontrent que cette hypothèse est risible.
La seconde est que le seul échec d'Hitler fut le déclencheur. or les deux faits qui ont marqué profondément Hitler et qui l'ont rendu si haineux sont : la perte de la guerre en premier, et le Traité de Versailles si injuste.
L'échec aux beaux arts n'est qu'un infime événement. Hitler confessa d'ailleurs à Goebbels qu'il souhaitais par-dessus tout être écrivain.
En plus des faussetés historiques sur pas mal d'événements Eric Emnanuel Schmitt nous dévoile ses talents de psychologue en voulant analyser la psyché d'Hitler. C'en est presque drôle.
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A la lecture du résumé de ce livre je me réjouissais de découvrir comment l'auteur allait concevoir la vie du Führer en tant qu'artiste peintre. de plus, même si je ne l'avais encore lu, je n'avais entendu que du bien de cet auteur que l'on porte souvent aux nues. Malheureusement je dois avouer que j'ai abandonné ce livre en cours de lecture, chose que je fais pourtant extrêmement rarement (chacun ses tocs). Pourtant le style est facile à lire, agréable, l'histoire aurait du m'accrocher, et pourtant non, pas moyen! A part m'ennuyer souverainement ce livre n'a pas provoqué d'autres sentiments chez moi. Grosse grosse déception donc, mais je ne vais pas cataloguer Eric-Emmanuel Schmitt trop vite et lui laisser une autre chance dans le futur. Wait and see comme on dit.
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Si le talent artistique d'Hitler avait été reconnu en temps et en heure par les maîtres viennois, la Seconde Guerre Mondiale n'aurait pas eu lieu.

C'est ainsi que je résumerais ce roman. Pas très excitant, me direz-vous ? Et bien c'est exactement l'impression que m'a laissé ce livre...

Pourtant, l'idée de départ était intéressante : quelle aurait été la trajectoire de vie d'Hitler, une
fois admis aux Beaux-Arts de Vienne ? Mais l'intérêt s'arrête là pour moi.

Tout est survolé dans ce roman, y compris l'essence même, à savoir le contexte et les faits historiques. Comment l'auteur ose-t-il se lancer dans une telle entreprise en ne maîtrisant pas ces deux éléments fondamentaux ?
Quant à l'analyse psychologique ou devrais-je dire psychanalytique d'Hitler, elle est assez risible car tellement grossière... Une fois encore, l'auteur survole !

En résumé, je dirais que l'auteur s'est "servi" d'Hitler pour appâter le chaland, qu'il n'était soit pas investi soit trop pris par le temps pour approfondir et réellement travailler son sujet, et que définitivement, je ne comprends ni le succès ni l'engouement que suscite Éric-Emmanuel Schmitt.



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Je n'ai pas réussi à aller au bout de ce livre et me suis arrêtée après 200 pages environ. C'est dommage, c'est un roman très bien construit, derrière lequel il y a un véritable travail de recherche et de réflexion (j'ai tout de même lu le "journal" de l'auteur qui est à la fin) mais le style ne m'a pas accrochée. Pourtant en général j'aime bien ce que fait Eric-Emmanuel Schmitt mais là, il n'a pas réussi à m'emporter avec lui. Pourtant, je dois admettre que la réflexion qui est derrière cet ouvrage est assez impressionnante et intéressante. le sujet a bien été creusé, moi je dis respect.
Mais bon, il en faut pour tous les goûts.
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Ce qui frappe d'abord, c'est une méconnaissance totale du sujet et une analyse trop contemporaine dans ce qu'elle a de plus médiocre, la psychanalyse à outrance. Il a échoué à voir la plus grande image, le contexte et part sur des délires rabaissant toute l'oeuvre de Hitler à de la frustration sexuelle ou sociale, à de la "haine". Au lieu de lire une dizaine de mauvaises biographies, il aurait mieux valu en lire une neutre de qualité et ensuite lire les livres qui l'ont influencé.

L'uchronie aurai put être intéressante si elle fut bien faite. L'art d'Hitler est un art romantique et non surréaliste. Son caractère, pris ou non à l'école d'art de Vienne, n'aurait pas changé dans ses convictions profondes.
Il serait plus à penser qu'il aurait fait traverser ses idéaux de beauté dans son art plutôt que de changer de bord totalement et passer à une forme d'art plus populaire aujourd'hui.

Schmitt échoue dans son uchronie dans le fait qu'il n'arrive pas à comprendre une époque et ne peut concevoir une pensée différente d'une pensée contemporaine, égalitariste et faussement sociale.

C'est bien simple, soit Hitler est un malade mentale sanguinaire comme tout nationaliste doit l'être dans la pensée de Schmitt, soit c'est un bobo soixante huitard débile, partisan de la nouvelle pensée contemporaine dans ce qu'elle à de plus médiocre.

Certains parlent de subversion vu que le sujet est Hitler, et Hitler c'est le "mal". Et bien pour moi aussi finir sur une note un peu osée, voici un témoignage bien différent que je vous invite à écouter en compagnie de Léon Degrelle :
http://www.youtube.com/watch?v=CVEMOb4yp2k
"Évidement en parlant d'Hitler je devrais dire, pour plaire à a peu près tout le monde, c'était un maboule, c'était un drogué, il était bourré de pilules, il était grottant, il était incapable de rien. Allons, pas de blagues ! Moi je dis ce que j'ai vu, Hitler c'était le génie foudroyant, c'était le plus grand homme de notre siècle ! C'était l'homme affectueux, sans complications.[...] C'était l'homme qui me tartinais des sandwichs avant que je m'en aille, c'était l'homme qui avant de partir m'amenait une bouteille de champagne, lui qui ne supporte pas la boisson ! J'ai passé une nuit extraordinaire avec Hitler."
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Je m'y suis reprise à deux fois pour lire ce livre, mais rien à faire, je n'aime pas et j'accroche pas, je l'ai abandonné.
J'aime les romans historiques mais je n'aime pas que l'on joue avec l'histoire; j'ai le même problème avec les uchronies.
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J'ai très vite abandonné ce livre. Je ne sais pas s'il fallait y voir un ouvrage humoristique ou historique ou psychologique, je n'ai rien trouvé de ça. Les phrases qui devaient faire sourire tombaient à plat, je n'ai pas insisté.
C'est le 4ème livre d'Eric-Emmanuel Schmitt que je lis, j'en ai trouvé 2 très bien et 2 abandonnés. Pas terrible comme bilan ...
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L'idée d'écrire une uchronie (il parait que ce genre littéraire porte ce nom) autour d'Hitler était plutôt originale. Là s'arrête malheureusement l'intérêt de ce roman. Première question : pourquoi avoir entremêlé à cette fiction une version soit disant réelle de la vie d'Hitler (qui n'est en fait qu'une seconde fiction) ? Deuxième question : le récit uchronique a-t-il un soupçon de vraisemblance ? Troisième question : pourquoi cette écriture vulgaire et racoleuse ? Bref, un roman puéril, voire malsain, que j'ai abandonné à mi-parcours.
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