La rêveuse d'Ostende.
Ostende. Mois de mars.
Pour fuir un chagrin d'amour, j'ai été me réfugier à Ostende, ville de Belgique en bord de mer où je n'avais jamais mis les pieds.
J'y ai été hébergé par une dame, Emma van A., fragile, discrète, que je crus d'abord sans relief ni conversation.
Parce qu'un jour j'ai touché sa réalité, jamais elle ne cessera de me hanter, intrigante, impérieuse, brillante, paradoxale…
Son histoire, qu'elle m'a confiée, l'a-t-elle réellement vécue ou l'a-t-elle seulement rêvée ? En tout cas, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle est hors du commun…
Crime parfait
Gabrielle n'en peut plus de ce mari, de « son » Gabriel, ce faux-jeton qui se moque d'elle, qui se joue d'elle, qui l'appelle « ma vieille » … Gab & Gabby, le couple parfait ! Tu parles ! Dans quelques minutes, elle en sera débarrassée pour de bon. Une chute de plusieurs centaines de mètres dans un ravin, ça ne pardonne pas ! Elle doit juste s'assurer qu'il n'y aura pas de témoins quand elle passera à l'action…
La guérison
Elle est infirmière. Lui, il git sur un lit des soins intensifs après un terrible accident. Dans le couloir de l'hôpital, des filles, toutes plus belles les unes que les autres, attendent de le voir. Elle, l'infirmière aux vêtements informes, elle vit seule car à qui pourrait-elle bien plaire ? Si encore elle avait ressemblé physiquement à sa mère… Mais celle-ci n'a jamais pu cacher sa déception, pour ne pas dire son mépris, à l'égard de cette fille épaisse qui n'a guère de points communs avec elle. Lui, il ne la voit pas, son accident l'a rendu aveugle, mais il la sent et l'entend. Ce qu'il « voit » d'elle va entièrement à l'encontre de l'image qu'elle a d'elle-même. Va-t-il réussir à lui faire changer de perception ?
Les mauvaises lectures
Maurice Plisson vit cerné par des milliers de bouquins. du sol au plafond, dans son sombre appartement, il y a des livres. Des livres, oui, des fictions, non ! Jamais ! Monsieur Plisson, éminent professeur, ne saurait ouvrir sa porte au mensonge ! Car, une fiction, qu'est-ce d'autre sinon un mensonge ?
Cette année, Maurice, contrairement aux autres années, ne va pas effectuer une excursion, à but culturel, évidemment, mais il va se rendre en Ardèche. Avec sa cousine Sylvie. Sa cousine qui est tout l'opposé de ce qu'il est ! Lui, maigre et sec. Elle ? Ronde, plantureuse, opulente. Lui, petit et sérieux, elle grande et joviale. Malgré leurs différences, elle est la personne, peut-être la seule, qu'il apprécie. Les vacances d'été, ils les passent toujours ensemble.
Maurice n'oublie pas de glisser des livres dans sa valise puisque là où ils se rendent, une maison isolée, loin de toute vie humaine, il n'y aura pas grand-chose à faire. Elle, elle ne lit que des romans. Des trucs absurdes, évidemment !
S'étant installés dans la demeure louée pour la durée des vacances, ils s'en vont faire quelques courses dans une grande surface. Sylvie décide d'acheter un livre pour avoir un peu de lecture durant le séjour. Un livre ? Peut-on qualifier de « livre » le dernier Chris Black ? Un livre vendu par des commerçants qui osent glisser un bouquin au milieu des saucisses… Mais quelle horreur ! Et ce titre… « La Chambre des Noirs secrets » … Tout un programme qui fleure la débilité à coup sûr !
La femme au bouquet
Me rendant chez mon éditeur, à Zurich, j'ai eu l'attention attirée par une femme qui attend tous les jours sur le quai numéro trois, un bouquet à la main… Quinze ans que cela dure ! Pas un jour qu'elle ne soit présente au même endroit. Qui est-elle ? Qui attend-t-elle ? Pourquoi ? Est-ce une pauvre folle ?
Critique :
« La femme au bouquet » est ma seule déception pour une raison que je ne puis dévoiler sans en dire trop sur l'intrigue.
Ces nouvelles m'accompagnent le matin dans le bus pour des trajets d'une vingtaine de minutes. Elles sont le format idéal pour me rendre agréables mes déplacements très matinaux. Leur format court n'est en rien une lecture du pauvre ! Chaque nouvelle est parfaitement construite et raconte une histoire originale et pleine de surprises.
A quoi reconnaît-on un grand auteur ? A la quantité de mots rares qui pullulent dans ses ouvrages ? Non ! A l'emploi du plus-que-parfait du subjonctif ? Non ! A un sujet brûlant d'actualité ? Non plus ! Je crois qu'un grand auteur c'est celui qui arrive à vous remuer les tripes, même avec une histoire d'aspect banal, grâce à une imagination qui crée des rebondissements pour le moins inattendus sans pour autant recourir à la magie, en restant dans le domaine du « possible ».
Avec ces cinq nouvelles,
Eric-Emmanuel Schmitt démontre ses talents de conteur et une jolie maîtrise de la langue française qu'il déroule comme un tapis rouge pour honorer ses personnages et les mettre en valeur.
Avec «
La rêveuse d'Ostende »,
Eric-Emmanuel Schmitt nous emberlificote au point que nous ne savons plus que croire. Histoire authentique ou délire amoureux d'une pauvre vieille handicapée ? Jusqu'à la fin, le suspense est nourri par une jolie prose presque chantante.
« Crime parfait » nous annonce le/la meurtier.ère dès le début. Les mobiles du crime ne tardent pas à être connus. On comprend les raisons qui poussent au meurtre. On n'a aucune peine à imaginer qu'on pourrait être à sa place. Tout paraît relativement simple… Et puis, magistral coup de théâtre…
« La guérison » aurait pu s'appeler « La méta… » mais c'eût été trop en dire.
Dans « Les mauvaises lectures »,
Eric-Emmanuel Schmitt nous fait découvrir un personnage, caricatural certes, mais qui ressemble peut-être à l'un ou l'autre grand lecteur aux goûts très affirmés comme nous en connaissons ou pourrions rencontrer. le suspense est au rendez-vous puisque la nouvelle devient une histoire policière…