La trahison d'Einstein

Dans cette pièce habilement menée, Eric-Emmanuel Schmitt nous emmène à la rencontre d'un homme et de ses contradictions, ou à tout le moins ses interrogations, à travers la figure d'Einstein.

Un dialogue à trois, entre le savant, un vagabond et un agent du FBI, au coeur d'un siècle et d'une histoire, celle de la Seconde Guerre mondiale, de la lutte des démocraties contre l'hydre nazie, mais aussi celle des progrès scientifiques qui semblent - pour le meilleur et pour le pire - consubstantiels aux guerres ...

On suit avec intérêt le questionnement d'Einstein ... sur sa responsabilité dans la course à l'arme atomique, sur les notions de bien et de mal. Jusqu'où aller dans la lutte ? Alors que l'on est profondément pacifiste ?

Comme souvent, Schmitt distille ça et là une forme de réflexion philosophique, l'air de rien, en prenant prétexte de ce morceau d'histoire. Et il parvient, comme toujours, à amener le lecteur à s'interroger lui-même. D'ailleurs, ce vagabond, cet agent du FBI, même dans leurs hésitations ou leurs cheminements respectifs, ne sont-ils pas notre propre humanité interpellé par Einstein ?

Dommage que ce soit si court.
Une pièce de théâtre intéressante, une comédie profonde qui donne à réfléchir. Ce que nous sommes, ce que nous faisons, la portée de nos actes...
Beaucoup d'humour, mais une leçon de vie et d'histoire.
Bon moment de lecture.

Récemment je crois que j'ai tout lu de Schmitt de son "Homme trop facile" aux "Perroquets de la place d'Arezzo" et pourtant je ne me considère pas comme une inconditionnelle du personnage. Disons que je trouve beaucoup de plaisir dans ses intrigues et qu'il me téléporte toujours dans des huis-clos cocasses qui me divertissent tout autant que ses marionnettes de personnages.

J'avais eu l'occasion de lire "La part de l'autre" qui m'avait beaucoup intéressée car elle explorait l'éventualité d'un Hitler poursuivant une carrière de peintre, évitant ainsi le destin de l'Allemagne que l'on connait. Ici Schmitt nous entraine à la suite d'Einstein à partir de 1934, alors qu'il se trouve près d'un lac du New Jersey et converse avec un vagabond. Des échanges facétieux vont faire place à de l'inquiétude voire au tourment quant à l'avenir de l'Europe qui connait déjà les premiers signes de la montée du fascisme et du communisme.

Réfugié en Amérique, Einstein peut faire figure de lâche car il sait ce qui se trame mais l'évalue de loin. C'est d'ailleurs le fort soupçon d'un des protagonistes, O'Neill, agent Américain qui voit d'un mauvais oeil l'installation du génie scientifique. Comment agir ? Y a-t-il seulement quelqu'un susceptible de stopper les dictateurs qui prennent du terrain ?

C'est en tout cas une pièce intimiste qui a le mérite de placer Einstein dans son époque et dans ses positions idéologiques. Je reste quand même persuadée que, pour le coup, même si j'aime à lire du théâtre, cette pièce aura davantage d'intérêt sur les planches avec un Francis Huster dans le rôle du physicien pacifiste. Elle est d'ailleurs actuellement jouée jusqu'au 15 mai au Théâtre Rive Gauche.

Toujours très habile dans la construction de rencontres inattendues, Eric-Emmanuel Schmitt, avec simplement trois personnages, Einstein, un vagabond et un agent du FBI, nous plonge à l'époque de la deuxième Guerre mondiale et de la découverte de la Bombe atomique. Non sans un brin d'humour, il nous faire part des états d'âme et des angoisses du découvreur de la formule E=mc2 et de tout ce que cela va impliquer pour l'humanité...un livre vite lu, et peut-être qui manque un peu de profondeur...
J'avais préféré le livre "le Visiteur" qui met en scène la rencontre entre Dieu et Freud pendant la deuxième guerre mondiale, contenant des interpellations existentielles remarquables !

Nous sommes en 1934, Einstein a 55 ans. Il a déjà reçu son Prix Nobel de physique pour la théorie de la relativité E = mc². Il est à Princeton et dialogue avec un vagabond.

Le vagabond lui reproche d'être pacifiste.

Echanges sur le pacifisme, le militarisme, l'antisémitisme.

Les positions d'Einstein évoluent, nous sommes en 1939, la liberté est en danger, il faut combattre car l'humanité est en péril dit Einstein. Hitler est dangereux, Roosevelt est inerte.

Un troisième personnage , l'agent du FBI Oneill voit en Einstein un communiste.

Einstein est lui rongé par la crainte qu'Hitler ne développe la bombe atomique.

La guerre arrive, Hiroshima.

Dans ces échanges qui se situent entre 1934 et 1955, on verra l'évolution de la pensée d'Einstein en fonction de la situation, passant du pacifisme au militarisme au nom de la défense de la liberté. On présentera ici le "rôle" joué par Einstein dans la politique américaine qui craignait le communisme, la guerre froide. le récit aurait pu prendre plus de profondeur.

Une belle histoire d'amitié où l'on peut apprécier le côté humain du savant, avec ses doutes, ses émotions.

Une agréable lecture.

Ma note 7/10

Une réflexion plaisante, même si l'oeuvre s'inscrit davantage dans la représentation théâtrale que dans une simple lecture.

La plume magnifique d'Eric Emmanuel SCHMITT traduit à la perfection les mots des dilemmes qui peuvent travailler un homme face à la perte de contrôle des conséquences du fruit de son travail. Où se situe la limite entre le bien et le mal ? le mal peut-il engendrer le bien ? Jusqu'où entraîne la responsabilité individuelle face à la violence d'Etat et, en particulier, à l'utilisation de l'arme nucléaire ? Des mots simples qui n'apportent pas de réponse mais attise le questionnement individuel.

Enfin, il met parfaitement en exergue l'absence de scrupule du pouvoir américain dans la course à "l'atome" à des fins militaires mais également politique où "antibolchévisme" se confond très rapidement avec "antisémistisme". Ce dernier ne prononçant pas son nom au nom de la bienpensance. Y compris lors de la période de maccarthysme qui soufflera sur les USA quelques années plus tard..

Plutôt sympa, mais se lit trop vite ! Parfois je trouve que le vagabond à un vocabulaire trop actuel, c'est dommage.