Peu d'auteurs ont fait école autant que
Lovecraft. Son monde très particulier a donné lieu à des oeuvres graphiques, des jeux de rôle, des récits en tout genre.
Ici, je pense qu'il faut parler de "roman graphique" pour qualifier l'album signé par
Daria Schmitt, qui raconte une bien curieuse histoire dans laquelle une nouvelle de
Lovecraft est en quelque sorte enchâssée, comme un joyau dans un superbe écrin.
En quelques mots, si c'est possible, voici l'argument: Providence, le gardien du parc, est un rêveur impénitent. Rêve ou réalité parallèle, d'ailleurs, personne n'est vraiment certain de ce qu'il éprouve. Son chat, Maldoror, partage ses expériences, ainsi que trois vieilles dames aux allures de Parques qui travaillent avec
lui.
Mais sinon, Providence passe pour un doux dingue aux yeux des enfants qui jouent dans le parc, pour un flemmard aux yeux de sa nouvelle patronne qui cause management moderne , et pour une proie aux yeux de la mystérieuse brigade psycho-sanitaire qui le traque partout.
Providence,
lui, n'est préoccupé que par une chose: un livre aux pages blanches repêché dans l'étang, un livre que tout le monde semble convoiter, et qui affole ses capteurs d'ondes maléfiques ...
Je l'avoue, l'histoire ne m'a pas convaincue, et les effets humoristiques recherchés par la juxtaposition du rêveur et de sa manageuse (?) tombent à plat, en ce qui me concerne du moins.
Par contre, et là je suis VRAIMENT enthousiaste, le dessin de
Daria Schmitt est une pure splendeur. Précis, f
luide, souvent grandiose, il correspond pleinement à l'univers lovecraftien. La mise en couleur est savamment dosée, et apporte un souffle puissant aux moments-clés du récit. Je pense qu'on peut passer des heures entières à admirer les planches de cet album, et pour ma part j'y suis même revenue à plusieurs reprises.
Vraiment du beau travail.