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EAN : 9782930880099
162 pages
Séma éditions (10/09/2016)
4.2/5   22 notes
Résumé :
Élixir vous ouvre les portes d'un passé futuriste qui n'a jamais existé. À moins que... Dans ce monde de vapeur et de rouages où science et magie se côtoient, vous rencontrerez des inventeurs plus loufoques les uns que les autres, parfois charmants, d'autres fois terrifiants. Vous découvrirez un appareil photographique qui n'en fait qu'à sa tête, un sous-marin en quête de créatures fabuleuses, un musée de cire où les statues prennent vie, le premier ordinateur d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Avec ce premier titre et un recueil de nouvelles steampunk je découvre les éditions Sema mais surtout leur choix éditorial.
Plusieurs autres de leurs titres m'ont fait de l'oeil mais vous me connaissez, le steampunk me fait craquer. de plus le quatrième de couverture est particulièrement intrigant et titille d'avance la gourmande que je suis. Rajoutons à cela une couverture magnifique de Fleurine Rétoré (le monde de Fleurine : https://www.facebook.com/lemondedefleurine/?fref=ts) et l'oeil impatient n'attend plus que de se plonger dans le récit.

J'ai découvert aussi assez rapidement la plume de Delphine Schmitz, ses descriptions sont limpides et clairvoyantes. le lecteur s'y croirait presque, sans aucun effort, et ses personnages n'en deviennent alors que plus attachants ou détestables. Tout semble couler de source sur la longueur du recueil et même si au départ le lecteur cherche un peu le lien, il va lui apparaître rapidement.

J'ai ainsi pu à la lecture de ce recueil faire ressortir un ou deux thèmes communs mais surtout un lien qui a donné une continuité à ces différentes nouvelles.

On peut sans chercher trop loin, puisqu'il s'agit du genre même du recueil, observer dans chacune des nouvelles les avancées et inventions technologiques anachroniques pour l'époque, typique d'un bon steampunk : automates à engrenages (L'automate du Maître horloger), sous-marins à vapeur (La rocambolesque odyssée de l'Ulysse), grande roue mécanique (Caméra tenebra), taser électrique (Seuls le diable et moi), ordinateur (Teletempus) ...

Mais même si c'est le genre premier de ce recueil, l'auteure en a rajouté un autre pas si surprenant que cela et complémentaire, le fantastique, au travers de magie, de retour aux mythes anciens ou encore de situations mystérieuses.

Ainsi, chaque nouvelle porte en elle à la fois la marque steampunk du fait des inventions utilisées mais aussi un petit air de magie et de fantastique qui fait chaud au coeur. Comme par exemple dans la nouvelle "L'automate de Maître Sigismond", ce maître Horloger attristé de la perte de son épouse se voit confier un peu d'un minerai particulier. Il créera ainsi un automate pour l'aider dans son quotidien, en lui rappelant sa tendre épouse. On retrouvera d'ailleurs à ce sujet trace d'un des personnages croisés plus tôt dans "Les inventeurs de val-sur-rouille". le mélange ici encore des inventions minutieuses et du fantastique, et ce sous la plume de l'auteure, nous berce dans une nouvelle digne d'un joli conte de fée. Ce qu'elle nous amène à imaginer fait rêver et apporte une dose d'espoir dans la solitude de ce pauvre horloger. Les mots choisis, les situations et les sous-entendus sont posés avec minutie et nous laissent rêveur.

Le minerai mystérieux de Val-sur-Rouille est un des points de ralliement de toutes ces histoires.
Le lecteur découvrira certaines de ses propriétés au travers des expériences et de la querelle mortelle qui va mettre en conflit deux inventeurs de génie dans « Les inventeurs de Val-Sur-Rouille ». Delphine Schmitz a su dans cette toute première nouvelle du recueil poser délicatement sa plume dans ce joli village et nous y transporter avec douceur. La douceur de vivre y est présente jusqu'à ce que deux inventeurs ne viennent y mettre leur grain de sel. Tout d'abord les habitants vont suivre avec joie cette querelle qui leur permet un spectacle régulier et de nouvelles inventions parfois utiles ou farfelues, mais toujours intéressantes. La plume de l'auteure nous plonge dans le récit avec dextérité et c'est le choc qui attend le lecteur à l'épilogue.
Le steampunk trouve ici une bonne base au travers des inventions mi-mécanique, mi-fantastique de nos deux protagonistes. La découverte des propriétés particulières de l'oxalte (le fameux minerai mystérieux) par l'un des inventeurs va cependant petit à petit mener la nouvelle vers son drame final.

L'auteure réussit ainsi à conférer à ce minerai un rôle différent dans chacune des nouvelles écrites, tantôt dans le ravissement et la douceur avec "L'automate de Maître Sigismond" ou parfois dans le glauque et l'horreur avec "Taxidermie".
Car là encore la plume de Delphine Schmitz qui nous plonge dans l'ambiance avec des mots sentis et des sous-entendus qui font frissonner. Ce qu'elle nous relate nous sidère et nous fait frémir. Sa plume prend alors une forme plus sombre dans cette nouvelle axée sur la fascination des humains pour les horreurs perpétrées par leurs semblables. L'épilogue en est presque choquant. Un bon titre pour les amateurs de frisson et de lecture noire.
Elle nous plonge aussi dans le mythologique avec " La rocambolesque odyssée de l'Ulysse ". La quête toute sauf ordinaire du capitaine de Hauban et la mission qu'il confie alors, pour la réaliser à une chimiste ingénieuse du nom de Louise Bunsen, vont nous propulser dans un récit digne du grand Jules Verne. Monstres sous-marins, merveilleux monde du silence, l'auteure nous amène à suivre l'équipage de l'Ulysse dans cette recherche éperdue d'un mythe. Cette fois encore elle saura intégrer les beautés vaporisées d'une invention magistrale à la mythologie et aux récits extraordinaires d'Homère.

Nous y trouverons aussi une touche d'humour dans l'univers des super héros avec "Seuls le diable et moi". Nous retrouvons ici avec plaisir un personnage croisé auparavant dans la nouvelle " La rocambolesque odyssée de l'Ulysse ", il s'agit du capitaine de Hauban. Mais aussi un autre personnage moins joyeux puisqu'il s'agit de l'étrangleur du marais dont nous avons eu écho avec « Taxidermie ».
Lors d'une vente aux enchères, notre bon capitaine va acquérir une longue vue considérée comme la propriété du célèbre pirate Barbe-Noire. Une médium, en concurrence avec lui, va même tenter de lui faire renoncer à son acquisition sous couvert de malédiction et d'esprit lié à un certain objet. Cette nouvelle va nous plonger avec plaisir dans des histoires ésotériques mais aussi de super héros, mélange peu commun s'il en est. Fan de Batman, attendez-vous à être surpris de découvrir ici son ancêtre. La touche d'humour ainsi présente donne un contexte plus léger à une nouvelle qui aurait pu rester sur un contexte de possession démoniaque et d'exorcisme. On y découvre là encore de superbes inventions plus connues de nos jours qu'à cette époque victorienne, tel le taser. C'est lui entre autres qui fera ressortir le côté steampunk de ce récit. Et le côté fantastique reste bien entendu lui aussi présent grâce au talent de médium de Mme Aether mais aussi au pouvoir de la lentille qu'elle confiera au Ptéranodon, justicier masqué et bienveillant.
En conclusion, chaque histoire s'entrecroise d'une manière ou d'une autre avec une autre nouvelle et particulièrement avec la toute première qui met en évidence les pouvoirs du minerai appelé : oxalte.
« Seuls le diable et moi » pourrait être considéré comme un prémice à « Taxidermie » pour le côté macabre des tueurs en série. Mais aussi comme une suite à " La rocambolesque odyssée de l'Ulysse " par la présence de certains personnages et l'énoncé d'autres.
Avec « L'automate de Maître Sigismond » nous retournons dans le passé de l'un de nos deux inventeurs en compétition lors de la toute première nouvelle. Tout comme « Teletempus » fait, elle aussi, suite avec bonheur à cette nouvelle tendre et magique de l'automate.
Seule « Camera obscura » m'a posé un souci de cohérence dans mes observations jusqu'à ce que je lise « Teletempus » et y reconnaisse l'un des éléments importants des effets magiques de l'appareil photo utilisé : le sel de roche noire de Pondichery.

C'est donc avec joie que je referme cet ouvrage magnifique qui a su me complaire tant dans le style utilisé que dans la méthode d'organisation.
Delphine Schmitz a su entrelacer ses nouvelles afin de les rendre plus attractives et surtout inoubliables. Puisque chacune d'elle est en lien avec une autre, le lecteur ne peut qu'y revenir en pensée et parfois même en lecture pour re-vérifier un détail qui aurait pu lui avoir échappé à la première lecture.
Élixir de nouvelles steampunk est un peu comme une devinette à tiroirs. A chaque nouvelle lue, le lecteur se remémore les liens avec les précédents, en cherche d'autres et torture maintes fois son cerveau à chercher où l'auteure nous mène.
C'est donc une lecture magique par son fond et particulièrement organisée par sa forme. Chaque détail a été pensé, soupesé et orchestré pour amener à cette nouvelle finale. L'enchevêtrement ouvragé des actions de chacun dans la vie des autres nous pousse à apprécier à sa juste valeur le travail du perpétuel, son idéalisme cossu d'idées qui lui vaudront d'ailleurs cette situation inconfortable et finale.
Là où je croyais au départ qu'une chronologie mélangée allait déranger ma lecture, je me suis rendue compte qu'elle était ainsi voulue par l'auteure pour mettre en exergue certains points et évolutions importantes et ainsi nous mener vers un « épilogue » surprenant.
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Dans le cadre du Bingo à vapeur, je continue mes lectures steampunk avec ce recueil de nouvelles d'une autrice que je découvre avec plaisir. J'ai passé un joli moment de lecture, portée par une écriture fluide et titillée par le puzzle qu'elle assemble au fil de ses histoires.

Mon avis général sur le recueil :

Ce recueil rassemble 8 nouvelles steampunk écrites par la même autrice. le style de Delphine Schmitz est fluide et facile à lire. J'ai dévoré assez rapidement ces nouvelles sans grande difficultés et avec un enthousiasme constant.

Je vous recommande de lire les histoires dans l'ordre car on y retrouve la mention de personnages des histoires précédentes ou d'éléments tels que le sel de roche noire de Pondichery ou l'oxalte. Lus dans le désordre, vous risquez de ne pas comprendre les références aux nouvelles précédentes. L'autrice a créé un puzzle en disséminant des indices dans chaque histoire qui trouvent leur résolution dans la dernière.

Concernant l'ambiance et les univers, les nouvelles varient assez avec comme socle commun une esthétique steampunk et une action située fin XIXème siècle. On voyagera dans un sous-marin façon Jules Verne, on rencontrera plusieurs inventeurs, on visitera un musée de l'horreur et on parlera aussi d'objets maléfiques.

Les thèmes qui reviennent le plus souvent dans cette nouvelle sont les automates, les inventeurs (souvent fous), l'occultisme, l'aventure, et même le voyage dans le temps. Côté personnages féminins, on y trouve plusieurs figures de femmes fortes, ce qui équilibre d'autant les histoires.

Certaines nouvelles envoient un message fort autour de l'utilisation des technologies : une technologie avancée peut être mal employée si elle finit dans de mauvaises mains. Et à l'inverse, peut servir le bien de l'humanité quand l'inventeur a cet objectif. de manière générale, l'autrice nous interroge sur la nature humaine sous toutes ses formes, face au progrès. L'humain doit mieux comprendre son passé s'il veut aborder son futur sous un meilleur angle.

Au niveau des genres, plusieurs nouvelles relèvent du policier avec des enquêtes, une s'apparente plutôt du fantastique et une autre à l'horreur.

La dernière nouvelle relève plus de la Science-Fiction que du steampunk mais elle ne dénote pas pour autant : elle apporte la clé de certains indices disséminés judicieusement par l'autrice dans les nouvelles précédentes.

Mes nouvelles préférées sont : La rocambolesque Odyssée de l'Ulysse qui présentent une aventure vernienne, et Taxidermie où la mort est vue sous un oeil presque tendre, quoique sordide.

Bref, un recueil de nouvelles qui englobe les différents thèmes du steampunk. Idéal pour les débutants du genre.

Mon avis sur chaque nouvelle :

Les inventeurs de Val sur Rouille

Résumé : Au village de Val sur Rouille, deux inventeurs s'affrontent pour avoir la vedette auprès des villageois. Angus Pendule apprécie construire des automates-chimères alimenté par l'oxalte, un matériau possédé de lui seul. Ernst Pohligraph apporte de son côté des inventions pour faciliter la vie des habitants et améliorer la production du village. Les deux inventeurs vont se livrer une guerre sans merci jusqu'à l'arrivée d'une curieuse créature : la femme-loup.

Mon avis : Un affrontement machiavélique entre deux inventeurs que tout oppose : l'un plutôt de nature généreuse et artistique, l'autre obsédé par le profit et ses propres intérêts. On ne comprend les desseins des deux que lorsqu'il est déjà trop tard... Une nouvelle à suspense avec un rebondissement final assez saisissant, où l'ambiance de petit village est quelque peu oppressante. L'autrice sait amener par petites touches des portraits de personnages auxquels on s'attache mais qui dévoilent aussi leurs mauvais penchants. J'ai particulièrement apprécié l'inventivité poétique de Pendule et la manière dont les paysans sont retournés en faveur du plus machiavélique des inventeurs.

Camera Obscura

Résumé : 1883, sur une fête foraine, le jeune Albert, photographe amateur et fils de commerçant dans les colonies décide de lancer son premier stand photographique pour les plus démunis. Il souhaite apporter le progrès de la photographie pour tous, avec un nouvel ingrédient secret : sur sel de roche noire de Pondichery fournit par un mystérieux marchand. Mais l'expérience tourne au fantastique : les photos dévoilent l'avenir de ceux dont il a tiré le portrait...

Mon avis : Une histoire de voyage dans le temps à travers la photographie, voilà ce que nous propose l'autrice avec cette nouvelle. La nouvelle est une vaste enquête à rebondissements où Albert va tenter de contrer le destin et où le lecteur s'interroge avec lui sur la marche à suivre. J'ai adoré l'ambiance de fête foraine et les doutes d'Albert face à ses photos futuristes. Bien sûr, l'enquête ne sera pas de tout repos et même dangereuse. On s'interroge en fin de récit : et si Albert était prédestiné à vivre cette journée pour intervenir dans le futur de tous ces gens ? Une nouvelle sur le destin et ses effets qui ne laisse pas indifférente.

L'automate de Maître Sigismond

Résumé : Maître Sigismond est un vieil inventeur spécialisé dans les horloges qui vient de perdre sa femme. Se sentant seul, il décide de construire un automate capable de tricoter, alimenté par l'oxalte, un matériau rare et mystérieux envoyé par un ami inventeur. Au fil des jours, l'automate tricote inlassablement. Mais la nuit, des plats et des tâches que faisaient la femme de Maître Sigismond sont réalisés mystérieusement sans que ce dernier ne réussisse à prendre sur le fait son bienfaiteur.

Mon avis : Une nouvelle sur le deuil et qui s'inspire du conte du cordonnier (aidé par les lutins). J'ai beaucoup apprécié le personnage de Maître Sigismond, très apprécié dans le village et qui pourtant vit seul depuis son veuvage. Son automate apparaît comme un compagnon muet qui l'aide au quotidien sans rien demander en retour. Mais est-ce bien l'automate qui lui apporte son aide ? Jusqu'au bout, le lecteur n'en saura rien, tout comme Maître Sigismond. Mais le secret mérite-t-il d'être percé ? Une figure d'inventeur plutôt positive même s'il agit pour son propre intérêt, avec des airs de Pygmalion. L'oxalte apparaît pour la première fois ici comme une énergie mystérieuse et nous ne sommes pas au bout de nos surprises...

La rocambolesque Odyssée de l'Ulysse

Résumé : Louise Bunsen est embauchée comme conceptrice de sous-marin et scientifique pour une expédition marine menée par le capitaine Albéric de Hauban. Leur objectif : trouver les dernières sirènes vivantes dans un lieu mystérieux au milieu de l'océan. L'équipage est petit, composé essentiellement d'hommes et dès le départ la présence de la jeune femme semble poser problème à certains par pure superstition. D'autant que la demoiselle cache un lourd secret...

Mon avis : Une nouvelle qui fait référence à l'Odyssée d'Ulysse et à Moby Dick, avec une héroïne au fort caractère. C'est une des nouvelles les plus féministes du recueil où l'autrice met en avant une jeune scientifique qui fait fi des conventions sociales et souhaite faire valoir son travail au même titre que les hommes. Son secret lui mettra des bâtons dans les roues, tout en faisant référence à un certain Docteur. L'aventure maritime est palpitante, mêlant découverte scientifique, animaux fabuleux avec un zeste de science-fiction. Elle donne des indices sur la dernière nouvelle et laisse le lecteur imaginer un autre univers. Elle montre surtout l'obsession et l'ambition des hommes face à un objet qu'ils désirent convoiter et les efforts qu'ils sont capables de déployer pour l'acquérir. A l'inverse, Louise apparaît comme une vraie scientifique : désireuse de connaître les choses sans les détruire ou les mettre en danger. Une vraie leçon de science et l'une des nouvelles que j'ai préférées dans le recueil.

Taxidermie

Résumé : 1896, la Chambre des horreurs est un musée parisien à sensation où sont reconstitués les crimes en vogue les plus sordides grâce à des poupées de cire. Gustave et Anathase, sont deux frères fils de taxidermistes qui possèdent le musée. L'un médecin légiste, l'autre sculpteur sur cire, ils réalisent les mises en scène en apportant une touche personnelle secrète : les visages des criminels de cire ont été prélevé sur les visages des vrais criminels décapités pour plus de réalisme. Quand l'Etrangleur de Barbès arrive au musée avec des yeux particuliers dénichés par Gustave dans un vieux coffre-fort de son père, la blague prend des proportions fantastiques. L'Etrangleur est mort, et pourtant, de nouvelles jeunes filles sont retrouvées étranglées Rue Barbès...

Mon avis : Une de mes nouvelles préférées du recueil, autant pour le côté sordide que pour l'enquête fantastique menée par Gustave et sa fiancée Sybille sur les nouveaux meurtres. L'autrice réussit à rendre visible la rivalité entre les deux frères concernant Sybille en quelques mots, l'ambiance glauque du musée en quelques phrases. Ici, la nature humaine est explorée face au sordide et aux lieux à sensations : le public est subjugué, amusé, effrayé. Les yeux de la statue, étrange au départ, trouvent sens par la suite. La fin de la nouvelle est tout aussi glauque que le début, mais correspond tout à fait aux personnages principaux. Une belle plongée dans un musée des horreurs.

Seuls le diable et moi
Résumé : 1895, le capitaine Albéric de Hauban remporte aux enchères une longue-vue ayant appartenu à Barbe-Noire, au grand dam de la médium Madame Aether qui souhaitait acquérir l'objet. Quelques temps après l'acquisition, le capitaine commence à se comporter de manière étrange et se réveille dans des endroits incongrus totalement débraillé avec des objets de valeur sur lui, et il passe son temps à demander du rhum à son domestique. En parallèle, l'homme Ptéranodon veille sur la ville, tel Batman du XIXème siècle…

Mon avis : Une nouvelle teintée d'occultisme et de spiritisme dans un Paris Belle-Epoque, où cela était fort en vogue. Un capitaine avec un dédoublement de la personnalité et une jeune médium qui semble s'y connaître en possession : réussiront ils à conjurer le mauvais sort ? Les transformations du capitaine sont impressionnantes, dignes d'un homme des cavernes. On y retrouve le personnage du capitaine de la nouvelle La rocambolesque Odyssée de l'Ulysse et ce qui semble être la magicienne de la nouvelle Camera Obscura ce qui permet de cerner un peu mieux les deux personnages. La longue-vue cache d'autres secrets plus vastes qui m'ont fort étonnée. L'homme Ptéranodon, présenté comme un justicier masqué (mais surtout comme une version de Batman dinosaure) m'a fait beaucoup sourire au début du récit. J'ai par la suite apprécié son histoire tragique et les raisons qui l'ont poussées à devenir justicier. Il m'a fait beaucoup penser au roman feuilleton le Baron Noir, dans une moindre mesure. Chose rare : contrairement aux autres nouvelles, l'essentiel de la nouvelle a lieu la nuit et dans des quartiers de Paris différents, les bas-fond comme les plus riches. Une nouvelle entre Docteur Jeckyll et Mister Hyde sauce pirate qui auraient rencontré Batman.

Télétempus
Résumé : 1900, Carthemer, Manoir des Cent Cèdres, Théodore Binère, jeune homme de bonne famille passionné de sciences acquiert un automate tricoteur auprès d'un antiquaire. Il décide de réaliser la première machine à compter afin d'apporter un progrès scientifique pour le bien de tous. Il est contre l'avis de ses parents qui ne souhaitent qu'une chose : le marier à un bon parti pour perpétuer leur nom et leur fortune. le jeune homme s'enferme des jours entiers avec sa machine jusqu'à ce qu'un miracle survienne : La machine lui parle et la voix vient du futur…

Mon avis : Cette nouvelle met en scène une invention que nous connaissons tous avec des moyens du XIXème siècle additionnés d'une touche de technologie inconnue. La conversation entre les deux protagoniste est ubuesque car l'un n'a pas les codes de langage de l'autres et le lecteur ne peut que sourire ( car lui sait de quoi il est question). La chute ne manque pas de sel pour notre héros qui va continuer ses expériences suite à cette rencontre du troisième type, quitte à vouloir changer l'avenir de l'humanité. Cette nouvelle nous interroge sur notre réaction face à cette découverte : faut-il utiliser le savoir du futur pour faire le bien ou le mal ? Une nouvelle qui mélange voyage dans le temps et qui interroge les moeurs du passé.

Le conseil des perpétuels
Résumé : Quelque part dans l'espace infini, le conseil des Perpétuels se réunit : leur frère le Perpétuel Temps a dépassé les limites et il doit en payer les conséquences.

Mon avis : Une jolie nouvelle qui clôt magnifiquement ce recueil. On y croise des être supérieurs, un destin contrarié et surtout un artiste renommé. L'ambiance est poétique et nous incite à déployer notre imagination. L'autrice a su proposer un énième rebondissement et apporter une solution au puzzle complexe disséminé dans les autres nouvelles. La nouvelle est surprenante et je ne m'attendais pas du tout à cette conclusion. Elle a dépassé mes espérances. Une nouvelle qui défie l'espace et le temps pour le bien de l'humanité.

En conclusion : Un recueil steampunk à l'écriture fluide et au style poétique et agréable. Des nouvelles qui sont liées entre elles et trouvent leur résolution de manière surprenante dans la dernière histoire. Une réflexion sur la nature humaine et sur sa capacité à inventer des machines pour détruire ou améliorer le monde. Un joli recueil idéal pour débuter dans la littérature steampunk car il reprend les principaux thèmes de ce genre en plus de son esthétique.
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La petite histoire
Huit nouvelles et autant de chroniques qui se rejoignent dans le dernier récit. Nous découvrons tout d'abord : les inventeurs de Val-sur-Rouille deux savants fous qui vont se livrer à des expériences hors normes et hors de l'éthique pour briller. Ensuite nous suivons un jeune photographe dans une fête foraine avec son appareil photo aux vertus extralucides, la camera obscura. Puis nous découvrons l'automate de Maître Sigismond, vieil horloger de son état, pour tromper sa solitude. Nous embarquons ensuite dans un sous-marin à la suite de Louise et du capitaine de Hauban pour la rocambolesque odyssée de l'Ulysse. Nous faisons une brève halte au Musée de cire dans la section Horreur avec deux spécialistes de taxidermie. Nous partons enfin à l'abordage dans Seuls le diable et moi au côté du maléfique Barbe-Noire et terminons avec Télétempus, l'invention d'un jeune mathématicien qui relie passé et futur. A la toute fin, nos découvrons les engrenages de ces récits, l'envers du décor qui nous laisse émerveillé avec le conseil des Perpétuels.
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Mon ressenti
L'univers steampunk est très réussi avec un soupçon de fantastique, de magie, des savants fous ou forcenés, des possessions, des automates plus vrais que nature, des matières aux pouvoirs extraordinaires. Les différentes aventures sont vives et prenantes, l'autrice nous balade allègrement au fil des mots, des révélations.

Un recueil de nouvelles avec des interactions de nouvelle à nouvelle et avec la révélation de l'origine des éléments extraordinaires dans le dernier récit. Belle plume avec une qualité à chaque histoire avec un puzzle qui se constitue petit à petit. Une touche de Jules Verne avec mon récit préféré : l'odyssée de l'Ulysse.
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Le Steampunk est un genre qui, de base, me plait beaucoup. Et ce recueil de nouvelles a été une superbe découverte.

Toutes les nouvelles sont très prenantes et pertinentes dans leurs messages. Si je les ai toutes aimées, c'est l'avant-dernière qui a tout de même ma préférence. Elle est celle qui m'a le plus subjugué, et est immersive au possible.

La force principale de cet excellent recueil réside dans son fil conducteur, où sciences et magie s'entremêlent parfaitement et avec crédibilité. Delphine a construit chaque nouvelle avec minutie, restant cohérente dans la construction globale de son oeuvre. Presque chacune des nouvelles a une fin plus ou moins ouverte. Même si je m'attendais à un autre dénouement pour certaines d'entre elles, elles ont au moins le mérite de laisser place au raisonnement et à l'imagination du lecteur.
Personnellement, j'étais parvenu pour la plupart à deviner les tenants et aboutissants quant à celui ou celle qui tirer les ficelles. Néanmoins, le suspense demeure assez bon, car certains rebondissements sont plutôt inattendus.

Delphine a construit son recueil tel un puzzle, dont il faut pouvoir assembler chaque morceau pour savoir de quoi il en découle. Dans chaque nouvelle, la tension demeure palpable et l'intrigue mystérieuse. Je me demandais sans cesse ce qui allait vraiment se passer, réfléchissant au lien qu'il pouvait y avoir entre elles. À la fin du recueil, je peux dire que je ne m'attendais pas à une telle révélation, me faisant dire que Delphine a été plus loin que je ne l'aurais pensé. Et le plus drôle, c'est que ça tient parfaitement la route.

Je parlais plus haut de l'avant-dernière nouvelle m'ayant particulièrement submergé. Celle-ci demeure pour moi une prouesse de créativité. Les messages quant à notre monde et les conséquences des actions humaines apparaissent très clairement dans cette nouvelle. J'ai d'ailleurs été très agréablement surpris en croisant certains personnages très célèbres, ayant eu un impact non négligeable sur l'humanité.

Au travers des différentes nouvelles, Delphine a mis en scène des personnages crédibles et attachants (comment ne pas être touché par cet homme au passé douloureux se faisant justice lui-même), ainsi que des technologies apparaissant déjà révolutionnaires dans ces époques antérieures. J'ai trouvé fascinant de découvrir ces anciennes technologies, le parallèle avec notre époque se faisant aisément. Il était effarant de constater à quel point celles-ci ont évoluées.

Ce recueil de nouvelles démontre toute la soif de pouvoir et de savoir pouvant ronger l'humain. Dans sa nature, celui-ci est sans cesse en quête de nouvelles connaissances, voulant tester ses limites, le plus souvent pour d'obscures raisons (l'argent, la domination, le contrôle sur autrui...). Mais comme Delphine le fait bien comprendre, c'est quand il est trop tard que l'humain prend soudain conscience de ses erreurs. Ce recueil envoie pour moi un message clair : le passé, autant au niveau humain que technologique, ne doit pas être oublié, et doit permettre à l'humain d'agir dans le bon sens pour le futur.

Cet excellent livre ne serait pas non plus ce qu'il est sans la très belle écriture de Delphine. Les mots défilent tout seuls, grâce à un vocabulaire clair et recherché en même temps, collant parfaitement au thème et à l'époque dans laquelle les nouvelles se déroulent. Elle est parvenue à m'immerger facilement dans son univers, tissant les fils de son intrigue telle une marionnettiste.

Original, pertinent, intelligent et mystérieux, sont pour moi les qualificatifs qui conviennent à Élixir de nouvelles steampunk, qui mérite vraiment d'être découvert. Grâce à ce recueil, Delphine a accentué mon envie de connaitre davantage d'oeuvres dans ce genre, qui est très intéressant à plus d'un titre.
Lien : http://for-ever-dreamer.blog..
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Un recueil de nouvelles dont le dénominateur commun est Val-sur-Rouille, petit village qui recèle une ressource extraordinaire : l'oxalte, substance étrange qui possède des pouvoirs stupéfiants!
Ce sont ces propriétés qui seront à l'oeuvre dans différentes machines à travers les nouvelles.
Du steampunk bien évidemment mais l'autrice a réussi à combiner l'atmosphère fin XIXe, les inventions plus incroyables les unes que les autres, avec une touche de poésie, notamment dans L'automate de Maitre Sigismond, une nouvelle très touchante.
Une belle découverte donc que je ne peux que vous recommander.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Après des semaines de travail, sa création vit enfin le jour. Il s’agissait d’un petit personnage de métal cuivré, haut d’un mètre cinquante environ, qui se tenait en position assise. L’horloger le porta jusqu’au salon, l’installa dans le fauteuil de Marta et le contempla un instant.
Le visage figé avait des traits fins auxquels on ne pouvait attribuer de sexe. En le regardant trop longtemps, on s’attendait à le voir sourire ou pleurer, c’était selon. Son torse était équipé d’une trappe qui permettait d’accéder au mécanisme principal. Les jambes étaient relativement simples. Les genoux et les chevilles, décrivant de parfaits angles droits, n’étaient pas voués à se déplier. À l’inverse, les mains étaient particulièrement travaillées. Chaque doigt comptait trois articulations et était relié de l’intérieur au mécanisme central, dissimulé dans la poitrine.
Maître Sigismond n’avait jamais conçu un dispositif aussi élaboré. Il hésitait pourtant à le mettre en marche. Il craignait de ne pas avoir été à la hauteur. Tant qu’il le contemplait, tout était possible. Il ne risquait pas de se trouver confronté à un échec brutal qui le ferait probablement replonger dans les ténèbres du désespoir.
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