En 2001, le Conseil constitutionnel accueillait pour 9 ans un membre tout à fait nouveau :
Dominique Schnapper, une femme, ni juriste ni politique, mais sociologue, auteur de nombreux ouvrages scientifiques consacrés souvent au phénomène de l'intégration ou de ses difficultés : les immigrés, ceux qui subissent «
l'épreuve du chômage », les juifs et les israélites, les diasporas.
Mieux : elle venait de participer à la Commission de la nationalité, grand conseil mis en place en 1988 pour tenter de clarifier et de pacifier l'une des grandes querelles françaises, celle de l'acquisition de la nationalité.
Tant de compétences accumulées ne pouvait que profiter au Conseil constitutionnel. Las, nous dit l'auteur dans ce livre de
mémoires, il en a peu usé, ne lui demandant guère d'éclairages tirés de ses recherches.
Ce n'est, dit-elle, que le reflet d'une situation française bien connue: les décideurs publics –contrairement aux grandes entreprises- ne considèrent pas la recherche comme une source d'informations et de préparation de la décision.
C'est certainement une des déceptions de
Dominique Schnapper, comme l'est aussi le manque d'ouverture entre les segments de la société française
Heureusement, il y a le bonheur de travailler, et celui d'aimer dans un cadre familial chaleureux (elle est la fille de
Raymond Aron et l'épouse d'
Antoine Schnapper, historien de l'Art, dont elle fait un portrait émouvant).
En sociologie, il ne faisait pas bon, à l'époque de la guerre froide, être la fille d'un des rares grands intellectuels français classés à droite. Les tensions du moment se retrouvent dans les
Mémoires de
Raymond Aron, dont il a été rendu compte sur ce blog (21 novembre 2011) . Mais, en marge de la « forteresse Bourdieu », établie à la Sorbonne, il y avait des espaces où un chercheur pouvait développer librement son activité, comme l'Ecole des Hautes études présidée alors par
François Furet, héritier de l'Ecole des Annales et de Braudel.
Un livre passionnant et émouvant.
Lien :
http://www.bigmammy.fr/archi..