L’écrivain et psychanalyste nous entraîne dans un labyrinthe intime et signe un autoportrait singulier en interrogeant ce qu’il a cru être des remparts à l’angoisse et au manque.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Des livres et des femmes, quel ouvrage se cache derrière ce titre, qu’on peut juger cavalier? Réponse: l’une des plus singulières autobiographies qu’on ait lues.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Dans cet essai foisonnant, Michel Schneider poursuit une réflexion sur le sens de l’existence à travers une histoire de sa vie, des mutations de la société et des grands textes intemporels
Lire la critique sur le site : LaCroix
Les livres sont-ils des personnes ou des choses ? Des personnes, sans doute. À peine moins difficiles à ouvrir que des personnes de chair, et comme celles-ci ne s’ouvrant pas d’eux-mêmes. Des personnes avec voix, intonations, humeurs, sentiments, visages, idées. On les aime ou les hait comme des êtres de destin ou des personnages sur des scènes de théâtre. Des êtres vivants, sujets à bien des maux. Maladie des livres, l’expression est ambiguë. Qui est malade, celui qui souffre de leur prolifération comme autant de cellules malignes, ou bien sont-ce les livres qui souffrent de pathologies physiques, mais aussi mentales, qui les poussent à harceler leur possesseur ? L’homme aux livres aurait aimé ne pas aimer les livres. Pas à ce point. Bien qu’il se sentît exister plus et mieux en leur compagnie que parmi ses contemporains, il avait compris en vieillissant que les livres eux aussi étaient sujets au vertige et à la chute dans le temps. À l’infidélité. Ils le quitteraient un jour, comme ses muscles et ses articulations sur lesquels il ne pouvait plus compter, ou comme les femmes qui n’étaient plus présentes que dans de vieux répertoires d’adresses. Mais, en amour comme en lecture, le désir ne se commande pas, et la loyauté est plus rare que la trahison.
Admettre que certains livres n’auraient pas dû être écrits, ou que la plupart ne méritaient pas d’être lus est plus difficile que de se reprocher sa paresse ou son ignorance de lecteur. Avoir accueilli tant de livres en se disant : c’est pour plus tard – un tard qui souvent ne vient jamais – s’accompagne toujours de remords et de regrets. Le livre fermé n’est même pas mort. C’est comme s’il n’avait pas vécu.
D’amour, sans doute, ce qui ne va pas sans mots, mais aussi de désir. Des choses désirantes et désirables. Ce que ne peut reconnaître tout un discours qui les confine dans l’amour dont les femmes auraient par essence, si ce n’est le monopole, du moins la faculté innée et illimitée. Non que l’homme aux livres crût un seul instant qu’il pouvait posséder ces choses. Il croyait que les livres étaient des choses solides, définies, pleines de sens, dont on jouissait à sa convenance, et les femmes des objets fugaces, discontinus, contradictoires, insensés. Puis, il avait découvert que, dans les uns et les autres, comme dans la vie, comme dans les rêves, on pouvait chercher un dessin, un parcours, et qu’il devait bien exister un sens, une forme. Mais où, le sait-on jamais une fois les livres ou les femmes refermées ? Dans les deux cas, il y avait une chose, une chose faite d’écriture ou de chair, un objet solide qui est déjà là, qu’on ne peut pas changer, mais à travers cette chose, il affrontait une autre chose qui appartient au monde matériel, invisible, une chose qui n’est pas présente, pas pensable, imaginable parce qu’elle existait et qu’elle n’existe plus, parce qu’elle est passée, perdue, inatteignable.
Quoique quantiques, les livres sont des grandeurs solides, tangibles. L’espace n’y est que la mesure du temps et le temps y prend la forme d’un espace courbe. Dans l’espace comme dans le temps, toute bibliothèque est infinie. Elle contient des milliers de noms, des milliers de vies, des milliers de milliers de vérités toujours sur le point de se dire. Un labyrinthe de mots. Ce n’est pas qu’il n’y a pas d’issue. C’est qu’on passe sa vie à ne pas la trouver. De quoi vous déprimer ou vous rendre fou.
De plus en plus, dans des sociétés qui lisent de moins en moins, ce devoir s’impose au lecteur. Impérieux bienfaiteurs, ceux qui vous tancent de donner du temps aux livres avant d’avoir eu le temps de s’éprendre d’eux. Les critiques littéraires (« un essai capital… le roman qu’il faut lire absolument… ») ou les amis (« tu devrais lire ça de toute urgence… ») ne laissent d’autre choix au lecteur rétif que celui de se cabrer, indifférent au devoir lire.
"[…] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux.
[…] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes.
[…] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions.
[…]" (Roland Jaccard.)
0:14 - Bernard Shaw
0:28 - Julien Green
0:45 - Heinrich von Kleist
1:04 - Georges Henein
1:13 - Ladislav Klima
1:31 - Michel Schneider
1:44 - Hector Berlioz
1:55 - Henry de Montherlant
2:12 - Friedrich Nietzsche
2:23 - Roland Jaccard
2:37 - Alphonse Allais
2:48 - Samuel Johnson
3:02 - Henrik Ibsen
3:17 - Gilbert Keith Chesterton
3:35 - Gustave Flaubert
3:45 - Maurice Maeterlinck
3:57 - Fiodor Dostoïevski
4:08 - Aristippe de Cyrène
4:21 - Générique
Vous aimerez peut-être :
DICTIONNAIRE DU PARFAIT CYNIQUE #3 : https://youtu.be/A6¤££¤86S'IL N'Y AVAIT DE BONHEUR QU'ÉTERNEL83¤££¤
DICTIONNAIRE DU PARFAIT CYNIQUE #1 : https://youtu.be/PAkTz48qZrw
NI ANGE NI BÊTE : https://youtu.be/aBUASQxO9z4
S'IL N'Y AVAIT DE BONHEUR QU'ÉTERNEL... : https://youtu.be/bHCEHBhdLLA
LES CHIENS CÉLESTES : https://youtu.be/zZ-0H1qTlJg
PETITE FOLIE COLLECTIVE : https://youtu.be/Ge4q_tfPWjM
AD VITAM AETERNAM : https://youtu.be/YjvEBidvMXM
QUE SUIS-JE ? : https://youtu.be/sbWh58UeGvE
LA LUCIDITÉ POUR LES NULS : https://youtu.be/mMXwZq9N2kk
Philosophie : https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8pT0¤££¤55Attribution-NonCommercial95¤££¤9ptGAv
Référence bibliographique :
Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration :
Marquise de Lambert : https://de.wikipedia.org/wiki/Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles#/media/Datei:Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles.jpg
George Bernard Shaw : https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw#/media/Fichier:G.B._Shaw_LCCN2014683900.jpg
Julien Green : https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-siecle-d-enfer-de-l-ecrivain-catholique-et-homosexuel-julien-green-8675982
Heinrich von Kleist : https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_von_Kleist#/media/Fichier:Kleist,_Heinrich_von.jpg
Georges Henein : https://www.sharjahart.org/sharjah-art-foundation/events/the-egyptian-surrealists-in-global-perspective
Ladislav Klima : https://www.smsticket.cz/vstupenky/13720-ladislav-klima-dios
Michel Schneider : https://www.lejdd.fr/Culture/Michel-Schneider-raco
+ Lire la suite