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Critique de Bellonzo


La ligne des marks: action

La séparation c'est bien sûr dans ce Berlin de 1983 un certain mur presque anecdotique tant les sentiments des héros de ce roman sont bien éloignés de toute considération géopolitique. Vague toile de fond mais Berlin reste Berlin, même coupé en deux, qui devra attendre encore sept ans. Non, les séparations dont il est question sont d'ordre privé avec trois couples, dont les éléments masculins intéressent visiblement davantage Peter Schneider, né en 1940 en Allemagne du Nord.

Edouard est chercheur en biologie moléculaire et professeur à l'université. Ça aurait déjà tendance à me faire fuir vu ma culture scientifique proche de celle de l'huître. J'aurais tort. "La ville des séparations" fonctionne pourtant un peu comme un procédé chimique qui tiendrait pour acquis qu'un couple dure en moyenne 3 ans, 167 jours et 2 heures. Tout dépend bien sûr de la liberté qu'on accorde à ce couple. La relation d'Edouard avec Klara arrive à deux ans.Attention danger. André, son ami français compositeur planche sur un Don Juan avec son autre ami Theo qui lui habite plutôt à l'Est et tente de collaborer avec André comme librettiste de son opéra. Ces intellos se retrouvent fréquemment au "tent" sorte de Coupole pour happy few à cheval sur le Mur. Car à dire vrai dans ce Berlin on ne croise guère de vopos et on n'évoque pas plus Checkpoint Charlie.

Ce qui intéresse Peter Schneider et le lecteur, un peu moins parfois, ce sont les difficiles et souvent dérisoires dérapages de chacun dans sa vaine tentative d'être à peu près bien dans sa peau. Tout ne va pas trop mal pour Edouard et les autres. André se voit nanti, puis envahi d'une extravagante belle-famille juive russe. Lui qui préfère la musique concrète au violon slave est bien obligé de faire avec. Ses disputes avec Theo sont homériques car chacun méprise consciencieusement l'art de l'autre. Ceci peut s'avérer gênant quand on a en commun rien moins qu'un opéra. Et si ces bobos branchés étaient restés des enfants... C'est la leçon que je crois tirer de "La ville des séparations", attachante chronique d'une réunification pas encore annoncée. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'Edouard, André et Theo m'ont bouleversé. Ce qui n'interdit pas de trouver sympathique leur(s) légèreté(s).
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