AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Pierre-Emmanuel Dauzat (Traducteur)
EAN : 9782266130349
162 pages
Pocket (10/02/2004)
3.72/5   18 notes
Résumé :
Au crépuscule de sa vie, une vieille femme reçoit sa fille à son chevet.

Elles ne se sont pas vues depuis trente ans. Car cette vieillarde tantôt sénile, tantôt lucide qui s'éteint dans une maison de retraite en Autriche n'est pas une mère comme les autres. C'est un monstre. Un monstre qui, par conviction fanatique, a abandonné ses enfants en pleine guerre pour devenir, dans la SS, gardienne de camp de concentration.

A-t-elle changé, ... >Voir plus
Que lire après Laisse moi partir, mèreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Une fille, abandonnée par sa mère alors qu'elle n'est encore qu'une petite enfant et une vieille dame, qui a fuit son rôle de mère afin de s'investir corps et âme dans la Waffen-SS. Alors que la première a dû apprendre à vivre en se passant de l'amour d'une mère et a dû faire face à la guerre et sa dure réalité, la seconde participait à son atrocité sans ciller et sans scrupules, sans souffrir d'aucune sorte ni des privations ni des meurtrissures de l'âme…

Ce court témoignage qui se dévore littéralement, retranscrit l'ultime réunion d'Helga Schneider et de sa mère, atteinte d'Alzheimer, mais dont les souvenirs pour « l'ancien temps », sont encore vifs et… troublants.
On ressent toute la dualité de la situation qu'Helga a dû traverser, d'un côté l'espoir de retrouver une mère, un amour inconditionnel dont elle a cruellement manqué, de découvrir une vieille femme pathétique et fragile ; de l'autre la conviction de se trouver face à un monstre avec lequel on ne veut avoir aucun lien, une vielle femme antipathique et acariâtre, manipulatrice et cruelle.
Ce témoignage ne nous apprend concrètement rien de nouveau sur les pratiques des camps de concentration et d'extermination bien qu'il valide et certifie certains actes et nous conte certaines atroces anecdotes. le plus important étant ce « voyage » psychologique, que faire de cette mère, que ressentir pour elle ? Ecouter sa morale ou se laisser aller aux élans de son coeur ? Peut-on haïr sa mère envers et contre sa nature ? Et bien qu'Helga ne fût qu'une enfant à cette époque, peut-elle entièrement juger et condamner sa mère quand elle-même a eu des gestes mauvais et répréhensibles envers ce peuple Juif ?
Depuis fort longtemps, je suis attirée par les récits, qu'ils soient (auto)biographiques ou romancés ayant pour thème la Seconde guerre mondiale et les répercussions sur le peuple juif, mais depuis quelque temps, j'oriente mes lectures vers les ouvrages contant les ressentis de l'autre « côté ». Que pensaient les allemands de tout cela ? Comment ? Pourquoi ? Comment devient-on nazis et pourquoi accepte-t-on toutes ces cruautés, y participe-t-on ou fermons-nous les yeux ? le cerveau humain est si complexe, insaisissable et cette période de l'Histoire a réussi à faire ressortir le côté obscur de tout un peuple que l'on donnait pour civilisé, se déculpabilisant par soucis d'obéissance, de fidélité, de confiance envers son Führer… Tout comme la mère d'Helga qui, après tout, n'arrive pas à voir où est le problème ? Elle croyait en cette politique et oeuvrait pour son accomplissement, quoi qu'il en eu coûté...

Bref, une lecture poignante, bouleversante et ô combien instructive.

Challenge ABC 2019-2020
Commenter  J’apprécie          20
Comment pardonner à sa mère lorsqu'elle a été gardienne SS à Ravensbrück et Birkenau et qu'elle ne renie aucun de ses actes ?
Comment tenter de comprendre ce qui ne PEUT PAS se comprendre ? Que sa propre mère a fréquenté la haute hiérarchie SS ? Que sa propre mère a "assisté" les hommes dans leurs expériences médicales inhumaines ? Que sa propre mère n'a même pas cillé en regardant des enfants entrer dans la chambre à gaz ?
Comment ne pas hurler lorsque le sang qui suinte dans nos veines vient de cette même femme qui marmonne encore des "sales juives" et "ça m'était égal" ?
Je ne ressors pas indemne de cette lecture, d'autant plus qu'on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'à la place d'Helga Schneider on aurait dit, fait, hurlé.
Je ne sais pas. Personne ne sait. Et puis ce n'est pas à nous de juger.
Je pense à Simon Weisenthal et son magnifique "Les fleurs de soleil" puisque c'est un récit sur le pardon, sur le jugement, sur la culpabilité qu'on porte lorsqu'on est "enfant de SS", sur la peine aussi.
150 pages brutes, à vif, pleines de rancoeur mais aussi d'amour - et c'est sans doute ce qui rend le livre d'Helga Schneider aussi puissant et aussi bouleversant : cette sagesse extraordinaire qu'elle a et qui surpasse la haine.
Lumineux dans sa noirceur... Une belle leçon d'intelligence et d'humanisme face à l'un des plus atroces poids à porter au monde.
Commenter  J’apprécie          50
A mes yeux ce court témoignage est inestimable et d'une cruauté terrible. Ce qui me semble passionnant dans cette rencontre entre Helga et sa mère, ancienne gardienne d'un camp de la mort c'est ce qui apparaît d'humain dans leurs échanges. C'est un récit brute, les sensations et émotions de madame Schneider sont sans artifice, pris comme sur le vif. On sent que la fille garde l'esprit infime de trouver enfin quelque chose de maternel ou encore des regrets chez cette vieille femme au passé monstrueux. Rapidement on se rend à l'évidence : un pardon ne saurait être envisageable. Alors Helga questionne, interroge, cherche une humanité dans l'horreur absolue. Elle harcèle presque sa mère. Et paie chaque vérité au prix fort. Cette mère qui abandonna ses enfants pour devenir un rouage efficace de la machinerie nazie est devenue une petite vieille qui perds un peu la tête. Elle est seulement humaine.

Un épisode du récit m'a particulièrement intéressée, lorsque Helga explique qu'elle a participé, enfant, entraînée par l'effet de groupe, à un acte de violence contre deux Juifs. Et on comprends comme l'horreur doit parfois être facile et c'est assez terrifiant. Les questions viennent : à quel moment est-ce que moi je basculerai du côté des monstres ? Serais-je capable d'être bourreau ? L'impossibilité de répondre en toute conscience, de se rassurer, peut être effrayant mais je pense que regarder la réalité des choses, qu'enlever tout fantasme et ne pas croire que le Mal nous est forcément étranger, c'est faire ce devoir de mémoire indispensable.
Lien : http://altervorace.canalblog..
Commenter  J’apprécie          91
Un livre de 2004 : je loupe souvent de belles choses.
Les retrouvailles d'une fille et de sa mère souffrant d'un ALZHEIMER. Mais une mère allemande et une fille devenue italienne, une mère allemande qui plaqua mari et enfants pour devenir gardienne d'un camp de la mort sous le régime nazi, une fanatique de la première heure et de la dernière, un excellent élément.
Peut-on considérer que c'est une "mère", cette femme manipulatrice, fière de son passé, sans conscience, ni remord, même si elle a fait le vide autour d'elle, âgée et malade.
Sa fille se pose la question en lui rendant visite dans la maison de retraite qui l'héberge et se posera encore la question en la quittant. Parfois, quand l'oeil et l'esprit deviennent impartiaux, la réponse s'impose d'elle même, malgré tout. Un très beau texte, court et terrible.
Commenter  J’apprécie          30
un récit poignant de la confrontation de cette fille d'ancienne nazie avec sa mère atteinte par la maladie d'Alzheimer.
Quand l'horreur le dispute à la pitié...
Commenter  J’apprécie          30


>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Biographie générale et généalogique (557)
autres livres classés : relations mère-filleVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (48) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1420 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..