Depuis le temps qu'il traînait sur ma PAL, (trois ou quatre ans ?) enfin je m'y suis mis.
Bon, je dois avouer qu'on me l'a survendu (oui, une certaine chronique par un certain LinkstheSun , comme beaucoup, je pense) Néanmoins, je pense que l'autrice a le potentiel de devenir quelqu'un de notable dans le monde de l'écriture, car on devine pas mal de qualités en gestation.
Comme d'hab (ou pas ?) je rappelle que je suis dyslexique, et même si je fais mon max, très possible qu'il reste des fautes et des coquilles dans ma critique.
Je vais commencer par les points négatifs, pour conclure ensuite sur une note positive. Sara, si tu lis ceci, ça ne va pas être agréable, mais je pense aussi que c'est important de de dire les choses qui ne vont pas. Si je n'étais pas intimement convaincu que tu était une autrice très prometteuse, je ne me serais pas embêté à rédiger tout ceci.
- L'histoire en elle-même : vraiment très clichée, lue et archi relue. L'éternel élu de condition modeste qui doit battre le grand grand méchant avec un super pouvoir sorti du chapeau. Ici, ils sont une poignée d'élus, dont l'héroïne qui, pour originalité s'il en faut, s'accompagne d'une tête à claques de petit frère. Sur ce point, j'ai complètement rejoint un autre perso du livre qui lui dit de la fermer à un moment, j'avoue et j'aime bien les enfants, hein, en vrai ! (mais le perso du gosse est très bien en soi, juste un problème d'affinité avec moi, je n'ai rien à lui reprocher d'un point de vue narratif)
- L'héroïne : super trop belle mais qui ne le sait pas hihi, avec un super trop grand pouvoir trop fort, pis ses parents qui sont morts. Oui, oui, une Mary-Sue, mais ça va avec le modèle d'histoire : le packaging fantasy cliché + Mary-Sue, c'est même la base de la première histoire qui vient à pas mal d'auteurs et autrices (ça peut être un Gary Stu bien sûr)
Lilas est incroyablement lisse et ennuyante, n'importe lequel des autres persos du livre est plus intéressant (et j'y reviendrai, sur ces autres persos, mais pas dans la partie points négatifs)
- Un paquet incroyable d'invraisemblances. Parfois petites, parfois grosses, et c'est LE point qui fait que ce roman est pour moi très moyen en l'état. Une histoire bien clichée, ça n'est pas si grave, ce qui compte, c'est comment elle est racontée : quand c'est truffé d'incohérences et d'improbable, ça ne me convient pas. Un exemple qui arrive tôt dans l'histoire, mais que je vais mettre sous spoiler. Elle concerne le petit frère c'est donc un petit garçon de 8/10 ans et en toute logique, sa soeur le confie à des amis pour mener sa quête dangereuse sans le mettre en danger. Elle part à cheval, vers le village voisin, passe une nuit dehors. Son pouvoir lui permet de trouver un coin sympa pour dormir, chose pas forcément simple. Eh bien, le lendemain, elle retrouve le petit frère au village. A pied, donc, en forêt, avec une nuit dans la nature, et il arrive 1. avant elle 2. frais comme un gardon. Non, désolé, ça ne fonctionne pas. Il aurait pu être ramassé tout péteux, transi, les fringues déchirées, par un garde-champêtre par exemple. On l'aurait tout aussi bien retrouvé, il aurait tout aussi bien faire partie de l'aventure après, mais ça aurait été plus crédible
Autre paquet d'invraisemblances douloureuses, mais très spécifiques : tout ce qui touche aux chevaux. Je pense que l'autrice aime bien les chevaux, mais alors vraiment rien ne va et quand on connaît le domaine, c'est difficile à lire, au sens où ça sort vraiment de l'immersion. le tome suivant promet de rencontrer un peuple de gens de chevaux, franchement, j'ai peur, et ça a failli m'empêcher d'aller lire la suite, mais j'insiste sur le fait que ça m'est bien spécifique, et je ne suis quasi jamais content du traitement des chevaux dans les livres. Avis aux auteurs et autrices : si vous voulez parler chevaux, allez voir des pros pour leur poser des questions. On adore en parler, notre entourage n'en peut plus, alors on est toujours contents de noyer de nouvelles oreilles (orientez vous vers des pros axés équitation dite éthologique ou comportementale, pour un avis bienveillant, et vous y serez de toute façon mieux reçus)
J'imagine que ce point peut sembler anodin pour beaucoup, mais essayer de vous projeter dans votre passion. Je ne sais pas, la pâtisserie ? si on vous dit qu'il faut mettre 30 grammes de sel dans une tarte aux pommes, ça va vous la foutre mal, hein ? Un exemple pour illustrer : quasi tout le monde monte à cru... pendant des heures... sous le cagnard... Essayez, et c'est l'épilation définitive garantie à vie. Sans parler que la selle est avant tout là pour ne pas niquer le dos du cheval en fait, surtout pour des heures de monte. On ne peut pas non plus mettre des fontes (les sacoches) sur la croupe d'un cheval sans selle : ça ne tiendra jamais. En plus la sueur des chevaux démolit e cuir, pas pour rien qu'il y a des tapis, ce n'est pas pour faire joli. (Bref, je ne vais pas faire le listing total, ce serait bien trop pénible à lire : rien de pire que les soi-disant experts qui viennent nous rebattre les oreilles avec leur grande science sur des points de détail dont on se fout un peu)
- le chapitrage (oui je continue ma liste) les chapitres sont trop longs, et surtout leur découpage n'a pas vraiment de sens. Bon, ça s'apprend, j'ose espérer que ça ira mieux dans les suites. de ce que j'en sais, l'autrice a surtout reçu des conseils après le tome 2, donc je ne relèverai plus tout ce que j'ai relevé ici pour ce tome suivant.
- le manichéisme, à ce point, vraiment. Avec une autre grosse invraisemblance que je place sous spoiler concernant certains persos "méchants" et ces méchants ne le sont pas : ils sont infectés par la malignité d'Orga, la grande méchante qui est méchante parce que c'est bien d'être méchante (j'espère que ça va être plus compliqué que ça, et pas qu'une histoire de fesses qui a mal tourné comme le laisse entendre les derniers paragraphes que j'ai lus à son sujet). Mais s'ils sont infectés, ces gens lambda, ne peut-on pas les soigner ? Là, ça justifie de couper un bout de langue de l'un ou brûler la tête d'un autre. Assez douteux, non ? ça me rappelle cet épisode de Black Mirror où un soldat pense affronter des montres mais bute en vrai des civils (ouais, spoil dans le spoil) Passablement douteux en terme de morale, surtout quand Irika se fait influencer par Orga, mais elle, on arrive à la sortir de là parce que bon, on a besoin d'elle pour l'histoire. Et ce qui m'amène au point suivant
- le scénarium massif. Il y a vraiment beaucoup de "comme c'est pratique". Déjà le mentor/guide Flynn dirige les gens, soit, ok, mais beaucoup de chose tombent "vraiment bien dis donc oh làlà, comme c'est pratique !" Exemple concret : comme le môme inconscient dont le bras se lève pour indiquer le chemin. hum hum... ça m rappelle une scène dans un film, mais lequel, je ne sais plus, ou un personnage fait bouger les bras d'un autre inconscient ou mort
- La sexualisation d'une jeune ado : oui, ça ça craint. Sous un dehors très téléfilm de M6 dans le genre : "elle est moche mais devient belle quand on la peigne, hihi", un peu comme dans ces films on enlève les lunettes de l'héroïne pour en faire une bombe. Au secours. Que ce perso se pose des questions sur son état de femme en devenir, oui, c'est très bien même, mais autour, ça a des relents assez glauques. Elle a 14 ans quoi, mais osef tant qu'on peut lui faire un costume sexy (ouais, j'ai commencé le tome 2)
- Et enfin, mais pardon, mais...ce n'est pas un roman. (quoi... comment ça ?) disons qu'un roman classique d'aventures a un début, un milieu, une fin. Là, il y a le début, le milieu mais... pas de fin. Je pense voir ce qui marque le point final pour l'autrice à savoir, en lien avec le titre la réunification de l'équipe des enfants d'Aliel sauf que ça ne fonctionne pas en l'état. Déjà parce que cet état n'est pas vraiment fini dans le sens où il en manque un dans l'équipe et que ça conclut en introduisant à la va-vite un nouveau perso qui poppe un peu à la Deux ex Machina pour résoudre le bordel ambiant. Bordel qui ressemble lui-même a une péripétie pour dire qu'il se passe quelque chose.
Bon, maintenant les points positifs, car il y en a plein, sinon je ne l'aurais pas lu. Ça va être plus court, mais pour autant, ça contre-balance bien les défauts :
- le style est perfectible, oui, mais justement, on sent un très gros potentiel. En l'état, là, dans le bouquin, il sert bien le propos sans en faire trop. Il est clair et on comprend bien ce qui se passe. Ça semble évident à remarquer, mais pour avoir lu des dizaines de premiers romans, non, ce n'est pas si fréquent.
- Il y a une certaine attention portée aux descriptions de la nature. Bon, alors moi, les descriptions, ça m'emmerde, mais c'est une question de goût. Là comme c'est fait, on sent au-delà des mots un vrai amour de l'autrice pour cette nature qu'elle décrit, et ça c'est beau. Il n'y a pas de joliesse ou autre petit ton emprunté faussement poétique. Non, ça sonne juste : autre grosse qualité.
- Les personnages. Oui, j'ai dit plus haut que c'était cliché MAIS justement, le cliché, c'est pas grave en soi, ce qui compte, c'est de bien raconter. Et en vérité, à part Lilas qui est très plate, les autres persos sont très sympas (s'entend, sympa au sens intéressant) le petit frère m'énerve, mais c'est une question de ressenti. Il est vraiment bien écrit, bien comme un enfant ordinaire avec ses émotions intenses et ses réflexions d'enfant. L'ado de 14 ans est un peu too much en terme de "moi chui vener" mais au moins, elle a du caractère. Et tout le reste du casting, qui est masculin bien sûr, a une bonne assise, même si la caractérisation de chacun est assez cliché, ils sont vraiment très sympas. J'ai d'ailleurs nettement préféré les chapitres du point de vue de Carson, très introspectif, là où Lilas ne semble pas être en mesure de faire de l'introspection ou ce serait comme regarder une flaque d'eau entre trois cailloux. Mention particulière à Carson, donc, mais aussi Flynn et Vionel qui ont tous trois été mes préférés du livre.
- On a quand même envie de savoir ce qui va arriver à tout ce monde, comment ils vont interagir les uns avec les autres, comment les personnalités marquées et bien différentes vont se télescoper. On en a un aperçu avec Carson et Vionel, et c'est vraiment très chouette
- Il y a de bonnes idées de créatures répugnantes vraiment bien dépeintes. Je ne détaille pas pour laisser la surprise à toi qui hésite encore à lire le roman. Nan, vraiment lis-le, ne te base pas sur le ouin ouin d'un vieil aigri.
- L'idée d'un pouvoir bien spécifique pour chacun, même si elle est usée jusque la corde, marche vraiment bien. Notamment parce qu'on a affaire à de jeunes gens déjà en découverte d'eux-mêmes et devant faire face à cette nouveauté en plus. et ce genre de quête de son identité, c'ets vraiment uen thématique que j'aime bien.
- Les histoires dans l'histoire. Ça donne de l'ampleur, et ça ancre bien le roman, poru le coup, dans le vraisemblable. le monde ne s'arrête pas de tourner parce que l'histoire se déroule. Alors j'imagine que tout va être lié, mais c'est ok. Quand je dis ça, je pense notamment à deux sous-intrigues, que je vais bien évidemment masquer : la première, c'est Jaz, le petit frère (je me rappelle enfin son nom. D'ailleurs le choix des noms masculins est vraiment chouette, même si bon, Carson qu dit bien que ça se prononce Carsonne... juste pour faire plus classe à l'améwicaine hein, on le sait, haha !) Et bref Jaz et son caillou : c'est intrigant, intéressant, je me demande où ça nous mène avec un vrai intérêt. Et la seconde : la guerre qui se prépare au sud, et Vionel qui se heurte à l'insouciance du prince et "complote" avec sa femme (au prince, pas à Vionel) pour se préparer. D'ailleurs, heureusement qu'elle est là, parce c'est très poilu comme histoire quand même, au sens où il y a bien peu de femmes dans l'affaire
En bilan, même si j'imagine que ça ne sonne pas comme tel, je recommande tout de même cette lecture, mais avec un avertissement : C'est un premier roman, et c'est auto-édité si je ne m'abuse. Je pense que le regard d'un éditeur ou d'une éditrice aurait pu gommer les problèmes préalablement mentionnés. Ce n'est pas à regretter non plus, l'autrice garde sa liberté de ton. Il faut prendre en compte ces paramètres avant de s'attaquer à ce livre, je pense que le regard n'est pas le même si on sait qu'à ce moment-là l'autrice débutait.
J'ai tout de même envie de lire la suite, que j'ai déjà attaquée d'ailleurs, en serrant les fesses vu le lieu où se trouvent les persos au début (ouais, encore mes histoires de chevaux, bien sûr). Je me baserai sur celui-là pour savoir si je lis la suite, pour moi, le tome 1 n'est pas suffisant pour juger de l'oeuvre.
En l'état, cependant, je le redis et j'insiste sur ce point : oui c'est c'est à lire. Il faut aider nos jeunes auteurs et autrices (peu importe leur âge) le roman est charmant est plein de qualités. Je le redis, mais j'ai souligné les défauts aussi bien pour l'autrice si elle me lit un jour que pour la personne qui hésite à lire parce que c'est un premier roman et que la couverture ne fait pas très professionnel. (alors que pour le coup, elle est vachement cohérente par rapport à ce qu'elle montre)
En vérité, j'allais noter 3 sans affect, puis 4 pour encourager et j'ai baissé cette note d'un demi-point à cause de la sexualisation de l'ado qui est, au final, le point le plus négatif pour moi.
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