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Critique de jg69


L'actrice Maria Schneider est décédée à l'âge de 58 ans en 2011. Dans ce livre c'est Vanessa, sa cousine, sa cadette de dix sept ans, qui s'adresse à elle. C'est un livre qu'elles avaient prévu d'écrire ensemble car Maria tenait à donner sa version des faits qui ont marqués sa vie mais devant les doutes de Maria, elles ont renoncé toutes deux à ce projet. Vanessa entreprend de raconter leur histoire à elles deux "ce livre parle beaucoup de toi et un peu de moi... Ce livre est pour toi, Maria. Je ne sais pas si c'est le récit que tu aurais souhaité mais c'est le roman que j'ai voulu écrire".

Maria a été mal aimée par sa mère et n'a pas été reconnue par son père Daniel Gelin. Mise à la porte de chez elle par sa mère alors qu'elle n'a que 15 ans, elle vit alors chez son oncle et sa tante, les parents de Vanessa, des parents militants gauchistes baba cool qu'elle décrit comme magnifiques et libres "c'était avant que je comprenne quelle famille nous étions, c'était avant l'âge où la honte est venue" car alcoolisme, folie, bâtardise, drogue, suicides, internements psychiatriques, incestes sont légion dans cette drôle de famille.

Daniel Gélin, entraîne Maria adolescente sur les plateaux de cinéma, lui fait découvrir la vie parisienne, les boîtes et la fête. Maria fait ses premières figurations grâce à Alain Delon, est hébergée un temps chez Brigitte Bardot qui jouera un rôle de mère auprès d'elle jusqu'à la fin de sa vie.
Mais le rôle qui lui est proposé à l'âge de dix-neuf ans dans le film de Bertolucci "Un dernier tango à Paris" va faire basculer sa vie. En effet, ce film symbole de l'aliénation de la femme, de sa soumission totale au désir de l'homme a été le film le plus scandaleux des années 70. Impressionnée de jouer, elle la jeune inconnue, avec le grand Marlon Brando, Maria tombe dans un piège car il lui sera imposé une scène qui deviendra son fardeau toute sa vie. Rendue célèbre et maudite par ce film, elle sera victime de blagues douteuses, recevra des insultes dans la rue, des attaques très violentes auxquelles elle n'était pas préparée.
Dès la sortie du film, Maria commence à sombrer, à se perdre elle-même et à se défoncer aux drogues dures. Elle joue dans sa vie un rôle conforme à l'image sulfureuse qui lui est accolée, une image de sex-symbol, de femme-objet trop lourde à porter pour cette jeune femme très fragile. Elle sera l'incarnation des excès et de la liberté à outrance... Bien entendu au cinéma il ne lui sera plus proposé que des rôles où elle sera dévêtue.

J'ai beaucoup aimé ce récit qui nous entraîne dans les années 70 au sein d'une famille très compliquée que l'auteure n'hésite pas à qualifier de famille de fous. C'est aussi une plongée dans le monde du cinéma, décrit comme un milieu d'hommes misogynes avec un metteur en scène qui manipule odieusement une jeune actrice.
Ce roman retrace le destin tragique "d'une femme trop belle, punie pour ses audaces et ses mauvais choix" d'une jeune femme pour qui le cinéma était un moyen de se rapprocher de son père, une enfant perdue en quête de l'amour de son père. J'ai été touchée par le destin de Maria que Vanessa résume parfaitement avec cette phrase : "tu as manqué de tous les regards, de tous les égards, ceux de ton père absent, ceux de ta mère si mal aimante. Tu ne pouvais que devenir comédienne". Vanessa Schneider est une journaliste de valeur qui a une jolie plume et son livre est tout sauf people.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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