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Un essai de Daniel Schneidermann, célèbre journaliste créateur et animateur de l'excellent magazine «arrêt sur images» qui décrypte et critique les médias en toute liberté. Diffusé d'abord à la télévision puis sur le web.

Ce livre aborde les relations des médias avec la montée du nazisme et l'exercice du pouvoir d'Hitler en Allemagne à partir des années 1930.

Tout y passe, la presse bien «intentionnée» vis-à-vis du dictateur, l'état de sidération de la majorité de la presse et l'opposition claire et nette de la presse communiste.

Les forces et les faiblesses des journalistes de l'opinion publique: complaisants, résistants, collabos, hostiles voire indifférent.

Ce livre nous fait comprendre que la majorité des journalistes est passé à côté de l'antisémitisme ou du moins des conséquences que cet antisémitisme allait engendrer.
Deux questions me viennent à l'esprit:

-Comment un pays «moderne», cultivé, civilisé; le pays de Goethe, Schiller, Kant, Fichte etc.....a-t-il pu en arriver à produire un Hitler?

-Qu'aurions-nous dit et fait à la place de ces journalistes?
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Tour d'horizon implacable et sidérant du traitement par la presse occidentale des exactions commises par le régime nazi envers les Juifs d'Allemagne et d'Europe, depuis l'arrivée au pouvoir d'Hitler jusqu'à la "révélation" de la solution finale à la fin de la guerre.
Les parallèles avec le climat et le système médiatique actuels sont les bienvenus.

Il en ressort, article épluché après ligne éditoriale analysée, que, si la presse n'a pas rien dit (comme le suggère le bandeau en couverture du livre), elle a dit peu, et plutôt mal quand il s'est agi de rendre compte de la montée de la violence envers les Juifs, de la nuit de cristal, des lois de Nuremberg, de la Shoah par balles, des déportations massives, des camps: brèves laconiques, informations reléguées en pages intérieures, ton neutre, pas d'incarnation du sujet pour toucher l'opinion.
Plusieurs raisons à cela sont avancées : habitudes journalistiques (notamment cette éternelle connivence avec les dirigeants autour d'une bonne table de Berlin où l'on privilégie l'info obtenue en off auprès d'un Goering plutôt que le reportage de rue), pression du régime, souci de l'objectivité menant à l'auto-censure de la part de journaux comme le New York Times dont le patron est Juif...
Au final, une opinion très peu alertée sur le sujet - et d'ailleurs très peu portée à l'être.
Au final également, il est particulièrement troublant de transposer cette frugalité d'information à la surmédiatisation actuelle dans laquelle, sur-saturés d'informations à caractère émotionnel, on ne réagit plus à grand chose.

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Daniel Schneidermann a épluché consciencieusement la presse internationale pour tenter de comprendre l'aveuglement du monde face à Hitler. Cet aveuglement commence par celui des journalistes présents sur place, à Berlin. C'est une plongée dans les articles de l'époque, mais aussi une enquête pour connaître et comprendre chaque journaliste. En gros il y a trois types de presse, la presse communiste qui s'oppose nettement à la montée du nazisme (au risque de voir ses journalistes expulsés), la presse complaisante, par proximité d'idée ou par intérêt (par désintérêt aussi pour le reportage journalistique fait dans la rue), et une presse qui oscille entre sidération et indifférence. Ce qui paraît incroyable c'est que la grande majorité des journalistes est passé complètement à côté de l'antisémitisme, un peu comme s'ils avaient vécu dans une autre Allemagne. le traitement des juifs, qui a tout de même évolué par étapes très visibles, avec promulgation régulière de nouvelles lois, ne fait l'objet que de quelques brèves, reléguées le plus souvent dans les pages intérieures. Il y avait la censure de Berlin (les journaliste ne voulaient pas être chassés de Berlin), mais parfois aussi l'auto-censure des patrons de presse (par exemple pour le New York Times dont le patron était un juif). Un livre salutaire, qui montre l'ampleur du déni sans pour autant l'expliquer. Mais est-ce que cela peut s'expliquer ? Avec le recul on ne peut que s'affliger, et se montrer vigilant pour les temps présents...
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Daniel Schneiderman nous fait part de ses recherches dans les archives de la presse pendant les années 30, au moment de l'avènement d'Hitler au pouvoir. Il retrace avec précision le travail des journalistes des différents pays présents à Berlin à ce moment-là, et leurs publications respectives dans leurs journaux. Ce sont essentiellement les journalistes anglophones qui étaient présents.
Il y avait ceux qui s'accommodaient du régime en place, ceux qui tentaient de d'attirer à eux leurs bonnes grâces, et ceux qui dénonçaient les agissements des autorités en place et de ses sbires (SA) envers les opposants et les juifs, tant qu'ils n'étaient pas expulsés.
Pour l'auteur de cet essai d'une manière générale les journalistes ont fait leur travail, pas toujours avec véhémence mais « on pouvait savoir » mais pour l'ensemble des lecteurs il était impossible d'imaginer, donc difficile de croire. Frankfurter (ambassadeur de Pologne) dira après le récit de Jan Karski : « je n'ai pas dit qu'il mentait. J'ai dit que je ne le croyais pas. Ce sont deux choses différentes. »
Je craignais que la lecture soit ardue, pas du tout, l'auteur sait rendre ses découvertes vivantes, il raconte, nous écoutons. J'ai aimé le compte rendu du travail colossal, c'est une question qui me taraude régulièrement. Et de nos jours que se passerait-il ?

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Basé sur un travail de lecture et de recherche considérable, cet essai est passionnant . On suit la vie quotidienne des journalistes occidentaux , principalement Américains et Anglais en poste à Berlin de 1933 à 1941. Au fil des pages une question se pose : comment des journalistes indépendants et démocrates ont pu dans leur reportage fermer les yeux sur les exactions du régime nazi ?
Comment le monde dans sa grande majorité a pu fermer les yeux sur le martyr juif ?
Un ouvrage à mettre également en parallèle avec notre époque où la presse dans son souci d'être toujours la première à présenter les faits se content de titres et de slogans et n'analyse pas/plus la situation avec cette question lancinante : serions-nous capable de dénoncer l'arrivée d'un régime criminel comme le fut le régime fasciste ?
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Ce livre aborde principalement les journalistes présents sur place lors de l'accession de Hitler à la Chancellerie en janvier 1933. On sait que l'Allemagne était un lieu de vacances, de correspondants étrangers et un haut-lieu d'amusement. Mais quand les propos sont actés par des lois et des actions violentes, que faire ? notamment les médias (journaux principalement) étrangers présents sur place ?
Comment un pays moderne, cultivé et civilisé, héritier de Goethe, Schiller, Kant, et j'en passe des plus connus, a-t-il basculé sans que le monde tape du poing sur la table ?
Pourquoi certains ont été sidérés, d'autres compatissants, certains opposants ou indifférents ?
Il faut savoir que la presse était principalement anticommuniste dans les principales rédactions du monde, et la menace de Staline pesait plus lourd que ce « pantin » de Hitler. Que cette presse présente était principalement anglophone aussi.
Il faut comprendre que le monde de la fin du XIXe et début XXe considérait l'antisémitisme comme évident, « normal », dirait-on. Et que les conséquences étaient impensables à long terme… le tout bien rodé, orchestré, chorégraphié par le ministre de la propagande, charmant tous azimuts.
L'auteur décrit des faits, des situations, des décisions rédactionnelles qui montrent que lesdites rédactions et leurs journalistes, pour la plupart, se fourvoyaient sur les actions et la politique.
Il y avait une censure à Berlin, mais aussi dans les autres pays comme les USA, la France etc. ; les patrons de presse qui ne pouvaient croire leurs journalistes, ou ceux qui ont mal exprimé leurs ressentis… expliquant ne pas croire aux propos d'Hitler… sans dénoncer qu'il mentait. Et là, cela peut faire une énorme différente.
L'époque, post-crise financière majeure, les tensions, la Première Guerre mondiale et ses ravages, faisaient peser la suspicion et la peur.
Bien sûr, des journalistes se sont accommoder (sous peine d'expulsion, notamment les sympathisants communistes ou les juifs), se sont attirer les bonnes grâces de certains dirigeants, ont flirté avec le pouvoir (trop heureux de voir leurs idées antisémites ou anticommunistes, surtout, être mis en lumière), et ceux, peu nombreux, mais présents jusqu'à la fin qui ont dénoncé les agissements, les SA, les lois, les premiers camps, les internements arbitraires, la disparition d'un opposant communiste, la pression envers les journalistes ou les résistants allemands.
Quoi que l'on pense de ce livre, il est aussi là, avec ses défauts, pour nous rappeler que le déni est là, toujours, tapi dans un coin, car la peur du changement, de la guerre, de la souffrance, peut faire courber l'échine, regarder ailleurs, et oublier que la bête est là, à l'affût et qu'elle ne demande que de voir des pleutres détourner le regard pour frapper.
Quels que soient vos convictions, la liberté de presse, le soutien de la presse (la vraie, pas celles des réseaux sociaux incultes ou partisans !), doivent être la clé de voûte des démocraties… Alors, oui, nos démocraties ne sont pas parfaites, mais le pire est toujours caché, dans un recoin de la haine et de la connerie…
Je n'ai rien appris, je ne suis même pas sûr que ce livre ne fasse pas polémique entre les différentes factions de pensée actuelles… mais lire, s'informer, se forger une opinion en coupant ses sources d'informations, voici ce qu'il faut faire… et ne pas se contenter d'une seule voie.
Il manque pourtant une analyse un peu plus profonde pour moi… mais je suis « chia… » en général sur cette période que je connais fort, fort bien.
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Un sujet prometteur, intéressant mais au final un livre très superficiel. Où est l'analyse ? L'auteur se contente de décrire des faits , des situations , des postures dans lesquelles se fourvoyait la presse de l'époque...il aurait fallu aller plus loin...
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La presse internationale en compilation pour tenter de comprendre le mutisme du monde face à Hitler. Cet état des lieux commence par celui des journalistes présents sur place, à Berlin. C'est une immersion dans les articles de l'époque, mais qui tombe relativement à plat. Entre la presse anglaise, qui joue la désinvolture, et celle des Américains qui sont impressionnés. Surtout par l'ordre et la remontée du style de vie, ainsi que la baisse du chômage, s'oppose à cela, la presse communiste financée par le régime des soviets. On l'aura compris, la presse est complaisante.
Par proximité d'idée ou par intérêt, et une presse qui oscille entre admiration, sidération et indifférence n'est finalement utile à personne. Mis à part aux groupes d'intérêts industriels anglo-américains, qui, en coulisse, ont investi dans l'industrie allemande pour le profit ! Il est donc somme toute normal que leurs maisons de presse ne sifflent pas sur leurs profits à venir ! Un peu de realpolitik messieurs, ne soyons pas dupe. Or tout ceci n'est pas décortiqué ici, et c'est là où le livre échoue. dommage, c'est dans la conclusion qu'aurait résidé la question pertinente, le pourquoi des yeux fermés. Car il ne démonte pas les rouages derrière la presse. Je ne suis pas du tout convaincu par ce livre, parce que l'échec de l'analyse de la situation de l'époque est ici cinglante !
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Une étude de la liberté de la presse sous le 3ème Reich ok, c'est tentant. Mais on oublie aussi de dire que sous le président Américain, il y avait une censure de la presse aussi dans les années 30 ! Par exemple quand des acteurs avait commis des délits, ou couché avec des mineures, l'état et les studios faisait pression pour étouffer l'affaire ! Même chose pour des corruptions en politique ! Donc, la liberté de la presse en dictature est juste encore plus stricte qu'ailleurs ! Il ne faut pas se voiler la face ! Pour ce qui est de voir déjà le caractère du Reich à ses débuts?? Personne ne l'a vu, désolé on peut dire ça aujourd'hui, mais si on vivait en 1933 ça ne serait qu'un régime nationaliste de plus, il faut se remettre dans l'époque et non avec une pensée d'aujourd'hui. Pas convaincu par ce livre, qui m'a laissé de marbre.
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Le Prix du journalisme 2019 pour ce grand livre de Daniel Schneidermann sur le déni politique et éthique , l optimisme et le second degré de dérision mondains face au serieux et à l absolu manque d humour et de convenance des lanceurs d alerte. Lu le mois dernier et pas encore rangé. Cette enquête implacable au coeur du déni est inoubliable. Felix Franckfurter, juge à la Cour Suprême, juif, face à Jan Karski qui temoigne face à lui du ghetto de Varsovie en 1942 : « Jeune homme, je ne vous dis pas que vous êtes un menteur, mais je ne vous crois pas."
La presse sera à l'unisson ou même précèdera , préparera ce déni.
La même mécanique est à la manoeuvre aujourd'hui.
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