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Citations sur Mourir (13)

Félix dut s’avouer qu’il avait dernièrement joué à Marie une comédie ridicule. S’il avait vraiment eu le désir de lui épargner sa fin proche, le mieux aurait été de disparaître simplement de sa vie. Il se serait déjà trouvé une petite place isolée pour y mourir en paix. (…) Mais quand il commença à réfléchir sérieusement à l’exécution de ce plan, quand, au cours d’une interminable, effroyable nuit blanche, il en envisagea les détails : partir le lendemain au petit jour sans dire adieu, partir pour la solitude et la mort prochaine en laissant Marie à une vie ensoleillée, riante, une vie perdue pour lui, il ressentit alors toute son impuissance, comprit qu’il ne le pouvait pas, qu’il ne le pourrait jamais.

(p. 57)
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Le jardin s’étendait là, sous l’éclat bleuâtre de la nuit étouffante. Nuit chatoyante, nuit bruissante ! Comme les plantes et les arbres dansaient ! Oh, c’était le printemps qui devait lui rendre la santé. Quel air pur ! Quel air pur ! Pouvoir le respirer toujours, et sa guérison était assurée. Mais là-bas, qu’y avait-il là-bas ? Il voyait venir de la grille qui lui paraissait plongée dans un abîme une silhouette féminine auréolée par l’éclat bleuâtre de la lune. Comme elle planait, et ne se rapprochait pas ! « Marie, Marie ! » Et un homme derrière elle, un homme avec Marie, fantastiquement grand. Alors les grilles commencèrent à danser, à les suivre en dansant, et le ciel derrière eux, et tout, tout dansait à leur suite. Du lointain montaient des sons, des accords, des chants, si beaux, si beaux. Et tout devint noir…

(p. 153-154)
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Le malade se tourna vers Alfred. « Penses-tu qu’il n’y a pas pour moi d’espoir de guérison ? As-tu voulu me laisser mourir chez moi ? Voilà de la charité mal comprise. Qu’importe le lieu où l’on se meurt ? On est chez soi là où est la vie. Et je ne veux pas, je ne veux pas mourir sans lutter. »

(p. 119)
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Dans la journée, en particulier, quand elle marchait près de lui ou lui faisait la lecture, Félix avait souvent le sentiment qu’il ne lui serait pas pénible de se séparer de cette femme. Elle ne représentait pour lui rien de plus qu’un élément de l’existence. Elle faisait partie de la vie qui l’entourait et qu’il lui fallait bien un jour quitter, elle ne lui appartenait pas en propre. Mais à d’autres moments, particulièrement la nuit, quand elle reposait près de lui, les paupières closes, lourdes d’un profond sommeil, dans la beauté de sa jeunesse, il l’aimait éperdument, et, plus son repos à elle était paisible, plus il l’isolait du monde, plus son âme perdue dans des rêves s’éloignait de lui, de ses souffrances qui le tenaient éveillé, plus il l’aimait follement.

(p. 59)
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« Félix ! » Des deux bras elle l’arrêta dans sa marche. Il se dégagea.
« La période la plus pitoyable commence. Jusqu’à présent j’étais le malade intéressant, un peu pâle, un peu poitrinaire, un peu mélancolique. Dans une certaine mesure cela peut encore plaire à une femme. Mais ce qui doit venir maintenant, mon enfant, je préfère te l’épargner. Cela empoisonnerait le souvenir que tu garderas de moi. »

(p. 53-54)
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Ce jour-là, Félix s’enhardit à fumer un cigare tout en observant, par-delà la nappe ondoyante de l’eau, les rochers aux sommets baignés par la lueur jaune d’un soleil déclinant.
« Dis, Marion, commença-t-il, as-tu le courage de regarder là-haut ?
– Où cela ? »
Il désigna du doigt le ciel. « Là, tout droit dans la profondeur bleue. Moi, je ne peux pas. Cela m’impressionne. »
Elle leva les yeux, demeura quelques secondes à fixer le ciel.
« Pour moi, c’est plutôt agréable.
– Vraiment ? Quand la lumière est comme aujourd’hui si intense, je n’y arrive pas. Cette distance, cette distance effroyable ! Quand il y a des nuages, je suis plus à mon aise, les nuages font partie de notre monde, ils sont de la famille. »

(p. 31-32)
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En fait, sur cette terre, il ne circule que des condamnés à mort.
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« Devant lui passait ce qu’il haïssait mortellement. Une partie de ce qui serait encore là quand lui n’y serait plus, des êtres qui seraient encore jeunes et vivants, qui riraient quand lui ne pourrait plus ni rire, ni pleurer. »
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Mépriser l'existence quand on jouit d'une santé du tonnerre, regarder calmement la mort en face quand on voyage pour son plaisir en Italie et qu'autour de vous la vie resplendit de toutes ses couleurs, j'appelle cela tout simplement de la pose. Qu'on enferme ce monsieur dans une chambre, qu'on le condamne à la fièvre, à la suffocation, et qu'on lui dise : «Vous serez enterré entre le 1er janvier et le 1er février de l'année prochaine», on verra alors quels discours philosophiques il vous tiendra...
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Voilà le grand psychologue, dit Félix en souriant. Quand un médecin vous parle brutalement, on se sent sur-le-champ en parfaite santé.
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