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Critique de Ambages


« - Envoyez un "aperçu", c'est tout. »

Que dire de plus ? Rien, la messe est dite. « Nous vivons et nous rêvons seuls. » Pas besoin d'en dire plus, mon capitaine et mon ami l'ont compris bien avant moi. J'en étais encore à me lamenter sur ma vie quand eux avait déjà décidé de la poursuivre toutes voiles dehors, leur vie dédiée à la mer, seule entité à ne pas être corrompue.

Ce toubib entre deux eaux, deux continents, désabusé, abusé mais surtout usé donne à réfléchir sur la vie, ce chemin tortueux qui nous conduit, non sans difficulté vers la fin. La nuit, première partie du roman.

Un roman qui raconte la mer et ses tourments, ses hommes qui en vivent, qui en viennent et qui y restent. Ce vieux capitaine, dont il n'est plus besoin d'attendre l'explication d'un récit, qui sait la fin des choses, son "aperçu" qui dit tout sans jérémiades, sans regret, sans discours inutile. Et cet autre marin, qui ressemble par certains côtés à ce fou d'irlandais aux yeux gris, le comprend sans jugement.

Le soleil passe comme un éclair, le prologue. Une époque révolue, une volute de fumée grise et c'est la faillite d'un système qui entraîne les dignes héros dans le gouffre de l'enfermement, eux qui ne vivaient que pour l'honneur de la mer. Ils ne se sont pas reniés, certains.

Pierre Schoendoerffer raconte les hommes de la mer, de la marine, avec fierté et humanité, le bonheur manque mais les petits joies existent encore. Une bouteille à la mer, un bateau dans la bouteille, le souvenir fugace d'une grande époque.

« Le matin est très dur pour le buveur… » le vin, la deuxième partie. Lors d'une tempête le bateau tangue, les hommes tremblent, tout vacille dans ce monde chaotique, Saïgon tombe.

Au coucher du soleil, c'est la fin. « Oui, j'ai revu Willsdorff ! » et je peux retrouver ma solitude. « Nous rentrons… Et voici que la peur me dit : "ha ! ha ! A nous deux maintenant." » Fin du dernier prétexte, il n'y a plus d'échappatoire, je me retrouve seul, avec moi-même. On arrête de se mentir.

Merci beaucoup Aléatoire pour cette proposition de lecture, j'ai beaucoup apprécié une fois encore l'écriture de Schoendoerffer. J'ai trouvé ce roman passionnant, un peu de Typhon de Conrad, et un rappel de L'adieu au roi, ce dernier peut-être plus flamboyant que le Crabe Tambour. Et cerise sur la gâteau, je sais enfin ce que veux dire Crabe Tambour.
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