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Laurence Videloup (Traducteur)
EAN : 9782714475701
640 pages
Belfond (20/04/2017)
3.66/5   57 notes
Résumé :
Congo, 1964.
Australienne de vingt-cinq ans, Anna Emerson retourne sur sa terre natale du Congo, pour se rendre au chevet de son père mourant, Karl, qu’elle n’a pas vu depuis dix-huit ans. Les retrouvailles sont brèves et, au lendemain de sa mort, un nouveau choc attend la jeune femme : Karl n’est pas son père biologique.
Qui est son véritable père ? Pourquoi sa mère n’a-t-elle jamais rien dit ? Et que faire de Leopard Hall, la villa Emerson dont elle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Congo 1964. le pays vient d'accéder à l'indépendance (ex-Congo belge, devenu RDC, Congo-Kinshasa). Une jeune femme, Anna, quitte l'Australie pour se rendre au chevet de son père mourant. Sa mère est réticente à ce voyage car ledit père les aurait abandonnées sans ressources bien des années plus tôt. Sur place, Anna va découvrir que son père n'était pas son père biologique. Dès lors, un seul but pour cette jeune femme au caractère bien trempé: retrouver son père biologique. Comment va-t-elle s'y prendre? Que faire de Leopard Hall, la somptueuse demeure où vivait son père officiel? Que faire de la collection d'art africain que détenait son père, notamment les statuettes nkisi, objets vénérés car, selon les croyances locales, ayant des pouvoirs magiques et abritant une force impersonnelle ambivalente, susceptible d'attaquer ou de contrer une action agressive?
Sur sa route, plusieurs personnes pourront l'aider: Eliza Lindbaum , photographe talentueuse et héritière d'une grande famille, le couple Carling qui sont missionnaires et viennent en aide aux lépreux.
De l'autre côté du lac Tanganyika, un homme, Dan, se met en route pour une mission difficile: chargé de diriger un groupe de paramilitaires, il va devoir se battre contre les rebelles Simbas.
C'est le moment de faire un petit rappel historique:
Patrice Lumumba, le premier Premier ministre congolais élu, chef aux aspirations socialistes, fut torturé et tué par ses opposants politiques en 1961 : la CIA, l'armée belge et d'autres, opérant en sous-main. La révolte simba (le mot "simba" signifie "lion" en langue swahili) constitua une tentative de renversement du gouvernement pro-occidental installé après la mort de Lumumba. Les rebelles, menés par des sorciers aux pouvoirs magiques, constituèrent une force terrible qui balaya le pays.
Au début, les Simbas poursuivaient un idéal mais les troupes sur le terrain devinrent vite incontrôlables et des massacres furent déclenchés. Rébellion contre le pouvoir colonial, haine accumulée en raison des atrocités commises par les forces coloniales au début du 20ème siècle à la suite de la colonisation sauvage qui avait eu lieu au siècle précédent. En effet le roi belge Léopold, au 19ème siècle, avait exploité le Congo et avait utilisé le territoire comme son portefeuille personnel, une tirelire royale en quelque sorte. Beaucoup d'excès furent commis liés à l'exploitation du caoutchouc.
En 1964, on fit appel à des mercenaires étrangers pour venir à bout des rebelles Simbas. La CIA finança l'opération. La Russie et la Chine soutinrent les Simbas. Ce fut un épisode par procuration de la guerre froide. de nombreuses personnes pensaient que l'avenir du monde libre était en jeu.
Un épisode historique qui paraît lointain maintenant mais qui n'en est pas moins d'une importance capitale pour l'avenir du pays.
Ce livre est magnifique et Katherine Scholes fait montre encore une fois de son talent. C'est la première fois qu'elle aborde ce sujet difficile de la colonisation et de la post-colonisation. La documentation historique est impressionnante. Nous vibrons avec les personnages.
L'auteure s'est servie de son expérience personnelle puisqu'elle a longtemps vécu dans un pays voisin du Congo, la Tanzanie, où son père était médecin.
Elle a puisé dans les souvenirs du travail de son père pour traiter la lèpre et dans l'intérêt de sa mère pour l'art africain et son influence sur des artistes européens tel Picasso.
Un grand livre qui laisse une impression forte, certainement un des meilleurs livres de l'été.
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Dans Leopard Hall, Katherine Scholes nous parle de deux personnages, deux histoires dans le Congo des années 1960, secoué par les rebellions qui font suite à l'indépendance.

D'une part, il y a Anna, une jeune secrétaire australienne née au Congo qui revient en Afrique sur les traces de son père. Elle a quitté le pays encore enfant et est totalement ignorante des réalités de l'Afrique : tout la surprend, l'inquiète, la choque et elle se retrouve un peu ballottée au gré des décisions de ceux qui la prennent sous leur aile et qui sont eux-même à la merci des événements.

D'autre part, il y a Dan, chasseur de brousse et vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, qui est sollicité pour prendre la tête d'un commando destiné à affronter les simbas, des rebelles qui mettent en péril le gouvernement congolais déjà fragilisé. (Je ne connais rien aux commandos (mes goûts ne me conduisent pas du tout vers ce genre de thèmes) mais j'ai trouvé très intéressant d'en apprendre un peu plus sur le fonctionnement de ces unités constituées de combattants issus d'horizons divers et poussés par des motivations plus ou moins louables).

Dès le départ, on devine qu'Anna et Dan seront amenés à se rencontrer même si on ne sait pas trop pourquoi ou comment. L'intérêt du récit réside plutôt dans leur parcours à travers le pays sous tension et leurs rencontres avec des habitants du Congo : citadins, membres des tribus, soldats du gouvernement, rebelles, anciens colons blancs, missionnaires, etc. On sent que la situation pourrait dégénérer à tout moment entre troupes gouvernementales, rebelles simbas, congolais hostiles aux blancs qui, pour beaucoup, acceptent mal de ne plus être les maîtres du pays.

L'histoire avance assez lentement, l'auteur prend le temps de faire évoluer ses personnages et de raconter le Congo de cette période, le bon comme le mauvais et c'est poignant. En revanche le dénouement arrive un peu vite : les retrouvailles tant attendues d'Anna et Dan son traitées assez rapidement, tout comme la façon dont ils trouvent une issue pour échapper au conflit en emmenant avec eux tous ceux qui comptent pour eux.

Malgré des longueurs (et pourtant, je ne vois pas ce qu'on pourrait retirer...), c'est un très beau roman qui témoigne des terribles réalités du colonialisme et de ses conséquences même une fois l'indépendance acquise.
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Je remercie tout d'abord NetGalley et les éditions Belfond pour l'envoi de ce roman.

Je n'ai lu aucun des romans de Katherine Scholles. Donc je m'aventure en terre inconnue et, je ne vais vous mentir, en lisant la 4ème de couv', j'ai de suite pensé à Out of Africa et je me suis dit « pourquoi pas »?

Nous sommes en 1964, dans le Congo tout nouvellement indépendant. Anna y retrouve un père qu'elle n'a plus revu depuis son enfance.
Mais les choses ne se passent pas comme elle l'espérait.
Cruelle déception, espoirs envolés, Anna, au lieu de se réfugier chez elle en Australie, décide avec l'aide de son hôte, Eliza, de se lancer à la recherche de son père biologique, malgré les troubles mortels qui agitent le pays.

C'est un roman dépaysant que nous offre l'auteur avec cette incursion au Congo des années 60.
Ancienne colonie belge, l'indépendance a été acquise dans la chaos et a été le théâtre de guerres intestines et un jouet indirect du bloc de l'est contre celui de l'ouest dans la guerre froide mondiale qui sévissait à cette époque.
L'envoi de mercenaires, armés par les uns et par les autres a contribué à l'instabilité de ce pays pour son intérêt politique mais aussi parce que la richesse du Congo pour ses matières premières était un enjeu de premier choix.
L'auteur décrit très bien l'horreur d'un tel chaos quand les décisions prises de très loin, du fond d'un fauteuil confortable ne tiennent absolument pas compte des réalités sur le terrain.
Spectacle désolant que tout pays anciennement colonisé a vécu, quand les autochtones se vengent sur les étrangers qui ont bénéficié par le passé de tant d'autorité, de luxe et de confort à leur détriment.
Les missionnaires avec leur religion, les expatriés avec les terres et privilèges acquis parfois trop facilement, avec le choc des cultures, la décolonisation n'a jamais été réalisée dans le calme et la paix.
Tous les bienfaits apportés disparaissent au profit des souvenirs des horreurs commises sur les peuples soumis et traités en esclaves, trop souvent considérés comme des animaux sauvages.

L'histoire d'Anna et d'Eliza illustre parfaitement cette époque. On y retrouve également le style de vie des occidentaux, avec le luxe, la classe et l'élégance féminine, les riches domaines, les hôtels de luxe. L'indépendance dont peut se valoir une femme libre comme Eliza force le respect quand la naïveté d'Anna, et sa jeunesse, apporte un regard extérieur et candide sur des événements qui la dépasse. Mais les épreuves ouvrent les yeux. Si Anna est agitée par ses démons personnels, sa vie est en jeu et elle doit s'adapter. du luxe, elle se frottera à la nature sauvage, aux villageois, aux malades, pauvres et lépreux dont s'occupent les missionnaires mais aussi à l'insécurité et à la violence des rebelles.

J'ai bien aimé l'histoire d'Eliza, écoutant son coeur, partant à l'opposé de l'éducation qu'elle a reçu et des valeurs de sa « caste ». Mais trop de peu de détails sur son aventure et son implication dans la rébellion nous sont confiés pour créer l'empathie réelle, malheureusement.

Pareillement pour Anna, privée de père depuis toute petite, à la recherche d'une figure paternelle affectueuse. Là aussi, l'empathie n'est pas grande, de part peut-être sa naïveté mais surtout par une expression émotionnelle de ses démons trop peu présente.

Le personnage que j'ai préféré est celui de Dan. Lui possède une réelle consistance, un passé douloureux, une psyché torturée, des valeurs auxquelles le lecteur peut s'identifier et des sentiments crédibles et exprimés.
Avec Dan c'est aussi l'aventure auprès des mercenaires, de tous horizons, avec chacun leurs raisons personnelles de s'investir dans des combats qui, a priori, ne les concernent pas. Bien sûr, il y a l'appât du gain mais pas que. Quelques combats émaillent le récit et le contexte historique choisi mais ils restent, à mon sens, très anecdotiques, juste présents pour une touche de drame et de suspense dans la quête d'Anna et de Dan.

Entre 3 et 4 étoiles, j'ai hésité. Mais au final, même si le contexte politique et social est historiquement bien documenté, fidèle et décrit dans le récit, il m'a manqué un certain ciment émotionnel entre les événements et les personnages pour être totalement captivée par ce roman. Et c'est dommage.

Par contre, c'est une lecture qui reste très sympathique, malgré quelques petites longueurs, la plume de l'auteur est fluide et agréable, le cadre est dépaysant, le contexte est intéressant et le roman se conclut sur un Happy End!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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1964, Anna, 25 ans, secrétaire célibataire à Melbourne, Australie est accostée par un détective privé. Son père l'a demandé sur son lit de mort au Congo (actuellement République démocratique du Congo).
Karl Emerson, ce père dont elle n'a plus aucun souvenir la réclame maintenant, que doit-elle faire ? C'est un étranger pour elle, sa mère Marylin l'a toujours dénigré et n'a jamais donné d'explications à Anna, pas même une photo.

Cette jeune femme peu sûre d'elle, vivant jusque là pour faire plaisir à sa mère et prenant son rôle de secrétaire pour Mr Williams très à coeur, décide d'accepter et de retrouver les traces de son passé. Dans le même temps en Tanzanie, Dan, un guide pour les touristes-chasseurs est recruté pour écraser la rébellion des Simbas qui a lieu au Congo.
Cet homme de 60 ans décide d'accepter, il n'a plus combattu depuis la Seconde Guerre mondiale, mais connaît bien le Congo pour y avoir vécu 20 ans plus tôt.

En tant que Belge, j'ai été assez révoltée contre mon pays et le roi Léopold II quand j'ai lu les atrocités et les injustices commises envers les Congolais, j'ai énormément appris dans ce roman, un non sens qu'à l'école on nous fait qu'effleurer ce fait, ou juste en nous narrant l'indépendance du pays en 1960 ratifié par le roi Baudouin. Je comprends que cela soit une partie de l'histoire belge dont les dirigeants aient honte, mais ça fait partie de l'histoire du pays.

Katherine Scholes nous narre toute l'histoire du Congo, avant son indépendance et ensuite, l'élection de Patrice Lumumba, son assassinat et la révolte qui gronde dans le pays.
La mainmise qu'essaie d'avoir les pays communistes du côté des Simbas, les américains, belges, anglais là en tant que soldat et mercenaire venus aider le général Mobutu à arrêter cette rébellion.
Tout en développant son intrigue, l'auteure évoque quantité de lieux, villes, faits historiques qui m'ont passionnée.

Les personnages sont forts, bien construits, au cours des 600 et quelques pages ils ont fait partie de moi à l'image bien sûr d'Anna revenue sur ses terres à la recherche de l'amour paternel. Un personnage qui évolue beaucoup tout au long du roman.
Elle se défait de ses chaînes du passé, fait ce voyage seule pour la première fois.
Puis en plein milieu de cette mutinerie qui a lieu à travers le pays devra faire preuve de courage, elle côtoiera Eliza Lindenbaumu une riche héritière, passionnée de photographie, indépendante, profondément attachée à son pays et qui cache de nombreuses facettes.
Eliza sera d'un grand soutien pour Anna.
Ensuite, ce sera la famille de missionnaires les Carlings et leurs enfants, ils tiennent un hôpital où l'on soigne la lèpre et qu'il essaie aussi d'endiguer.
Cette partie m'a passionnée aussi, Anna va passer quelque temps auprès d'eux à aider à l'hôpital, l'auteure raconte la maladie, les ignorances tout comme la guérison.
Dan et ses soldats, Dan est un homme fort, charismatique, assez renfermé sur lui-même, il parle peu de lui, mais est profondément attaché à ses hommes. Il est commandant, il se doit de veiller à ce que tous rentrent en vie après la mission.
Mission qu'il prend à coeur, mais qui finira par le faire douter. Sont-ils vraiment à leurs places ?
Dan cache une blessure psychologique importante, un personnage qui se dévoile au fil des chapitres qui lui sont consacrés.
Katherine Sholes alterne les chapitres de Anna et de Dan.
D'un côté la recherche d'un père et de l'autre l'histoire du pays.

Certains passages comme la préparation avant la mission pourraient sembler long à certains lecteurs, moi pas du tout, j'ai été très secouée lors de la lecture d'un passage et des faits commis par les Simbas sur les Européens, notamment sur une jeune novice (future bonne soeur).
C'est vraiment un roman dense, parfois violent, mais où résonnent les tambours africains. L'auteure aborde quantité de thèmes comme l'importance de sauvegarder le patrimoine congolais, leurs croyances en « sorcellerie », la vie que le peuple mène tout simplement. Une histoire réelle, mais romancée qui m'a vraiment plu.

Vous rencontrerez des hommes qui ont fait l'histoire comme dit plus haut : Lumumba, Mobutu, mais aussi l'apartheid qui sévit dans les pays d'Afrique, la situation en Afrique du Sud et Nelson Mandela.
De l'Australie à la Tanzanie en passant par la Belgique jusqu'à la République démocratique du Congo le lecteur est transporté dans l'histoire et l'Histoire.
Vous verrez les paysages, le lac Tanganyika, la jungle, les Léopards, les chimpanzés.
Un roman aussi bien construit du côte narratif que dans les descriptions des lieux.

Je pourrais, je pense aborder encore quantité de thèmes qui sont dans le livre, mais je ne voudrais pas vous spoiler, l'essentiel de l'intrigue du roman étant la recherche de l'amour paternel, les liens forts qui unissent un père et sa fille. Elle aborde surtout le thème de la famille à travers Anna, mais aussi Eliza, Les Carlings, quelques-uns des soldats, Dan, Karl Emerson, Bela une petite Congolaise, etc.


Un roman pour tous les passionnés d'histoire avec des moments plus légers, mais aussi des moments durs ou d'autres attendrissants et émouvants.

Lien : http://luciebook.blogspot.be..
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Mon avis:

Je n'avais jamais lu de roman de Katherine Scholes bien qu'elle soit très connue dans le milieu littéraire et j'étais donc ravie de pouvoir enfin lire une de ses oeuvres. Je remercie donc beaucoup les Editions Belfond pour l'envoi de ce titre.


Leopard Hall est un roman très riche qui nous plonge en plein coeur de l'Afrique plus précisément au Congo en 1964, pays qui à cette période luttait avec acharnement pour son indépendance. Ce conflit est véritablement au centre de l'intrigue et est très bien maîtrisé de la part de l'autrice. On voit très clairement qu'elle a effectué énormément de recherches sur le sujet qui lui ont permis de nous apporter beaucoup d'informations concernant notamment l'élément déclencheur de cette guerre, les différents peuples qui s'opposaient et surtout la cause pour laquelle ils se battaient. le lecteur est vraiment immergé dans ce conflit historique, il est presque acteur car il y a énormément de descriptions que se soit des campements des soldats, des exécutions des combattants ou des civils, de l'avancée progressive des troupes... On apprend donc énormément de choses à son sujet mais cependant ces descriptions à n'en plus finir m'ont à la longue ennuyé. Elles étaient bien évidemment nécessaires pour comprendre le contexte dans lequel évoluaient les personnages, mais je me suis souvent désintéressée de ce que l'autrice nous racontait, parce que c'était tout simplement trop long, trop explicatif et pas assez dynamique. C'est le gros point négatif à mon sens du livre, j'avais bien-sûr envie d'en apprendre plus sur cette guerre mais j'avais aussi envie que l'histoire entre les personnages principaux avance, puisque on va également être au coeur d'une histoire de famille.

En effet Anna une jeune femme de 25 ans est à la recherche de son père biologique qu'elle n'a pratiquement jamais connu. D'un autre côté on va faire la connaissance également de Dan quinquagénaire qui lui revient dans son pays en tant que soldat pour participer au conflit. Sans grande surprise on comprend rapidement le lien qui les unit, mais pour autant tout au long du roman le lecteur va être dans l'expectative, le doute de savoir si oui ou non ils vont survire et surtout si enfin ils vont se retrouver. J'ai beaucoup aimé ces deux personnages. Anna est une jeune femme qui peut paraître chétive, naïve parce que c'est clairement une citadine et elle n'est donc pas habituée à se retrouver en plein coeur de la brousse africaine. Pour autant au contact des locaux, elle va apprendre petit à petit à dépasser ses peurs, elle va apprendre énormément de choses sur elle-même et j'ai aimé sa capacité à s'adapter, sa façon de réagir face au danger, sa détermination, son courage et le fait qu'elle s'adapte finalement assez facilement à la situation dans laquelle elle se trouve. Dan lui est un homme qui malgré son statut de haut gradé est profondément humain, il est sensible au sort des victimes de cette guerre qu'ils soient ennemis ou alliés, il est très attentionné, respectueux, calme, ouvert, et on comprend clairement qu'il ne semble pas être le père monstrueux qui a abandonné sa fille, mais qu'au contraire cette décision très difficile prise il y a une vingtaine d'années le hante encore aujourd'hui.

Katherine Scholes est née en Tanzanie et cela se ressent clairement à travers ce roman, l'aura de ce pays verdoyant, la jungle, le lac Taganyika qui l'entoure, les hôpitaux de fortune et les cases africaines sont si bien décrits que l'on a vraiment l'impression d'être nous-même là bas. C'est un récit ancré dans le réel, qui nous fait prendre conscience que certains peuples ont dû se battre et se battent encore aujourd'hui pour pouvoir vivre libre. On prend conscience de l'ampleur des pertes humaines puisque énormément de villages ont été disséminés notamment par les rebelles Simbas, mais aussi des conditions de vie sommaires et parfois très difficiles dans ce pays où la lèpre fait des ravages. Dans ce contexte violent, dangereux et face à la maladie qui se propage on côtoie également le coté mystique, religieux des africains, les convictions et les croyances ancrées dans les mentalités depuis des années et qui font en quelque sorte que les habitants du Congo sont unis autour d'une même culture, d'une même religion. Plus qu'une quête identitaire c'est une véritable immersion dans un pays en guerre, mais où la générosité et la bonté des habitants restent intactes.

Pour conclure:
Un roman très bien documenté, qui nous apprend énormément de choses sur le conflit congolais des années 1960 pour l'indépendance du pays, mais qui à mon sens malgré des personnages forts et charismatiques est beaucoup trop long et descriptif. J'ai eu beaucoup de mal à rester captivée par ma lecture malgré une intrigue très intéressante et une ambiance totalement dépaysante.

Ma note: 12/20.
Lien : http://autantenemportelesliv..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il s'était habitué à la façon dont vivaient les Africains, un pied dans le monde moderne, l'autre dans le passé et les traditions. Mais il n'avait jamais vu un contraste aussi marqué que dans ce conflit congolais. Lorsqu'ils traversaient un territoire tenu par les rebelles, les commandos croisaient régulièrement des preuves de la présence des sorciers: ponts, panneaux routiers et bornes étaient recouverts de feuilles de palmier. Leurs baïonnettes, canons de fusil, casques et pare-chocs étaient décorés de la même manière.
Au moment de l'affrontement, les rebelles hurlaient des cris de guerre invoquant le pouvoir du dawa, ce remède magique qui transformait les balles en eau.
Le sorcier du régiment menait la charge et dansait en première ligne, décoré de plumes, peau de léopard, queues de lion, fétiches, tout cela s'agitant au rythme de ses mouvements. Dan n'en avait jamais vu un tomber - une fois que les tirs commençaient, les soldats entouraient le sorcier et le protégeaient.
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Il avait d'abord planté le décor de l'histoire. Mboko était né à l'époque où le Congo appartenait au roi Léopold de Belgique. La colonie était presque aussi vaste que toute l'Europe occidentale. Le roi l'utilisait comme une tirelire et pillait ses ressources. Il avait contraint les Congolais à récolter le caoutchouc pour lui. Cela se passait avant l'établissement de plantations, de sorte que les gens devaient quitter leur village et s'enfoncer dans la jungle. Le caoutchouc sauvage provenait de lianes que l'on ne pouvait inciser comme des arbres; les Africains devaient étaler la sève collante sur leur dos tout en travaillant pour former une couche épaisse. Lorsque celle-ce avait séché, ils la décollaient de leur corps, enlevant peau et poils en même temps.
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Swain ne devait visiblement pas très bien connaître les soldats de l’armée nationale. La plupart étaient des combattants réticents qui s’étaient engagés pour une maigre solde et voulaient maintenant qu’une chose : rentrer chez eux, car dans l’ensemble, ils étaient avant tout membres de tribus et n’adhéraient pas à l’idée d’une nation congolaise, indépendante ou non.
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Il se rapprocha et remarqua des traces de pas rouges qui s’entrecroisaient, empreintes de rangers et de pieds nus entremêlées. Son regard s’arrêta sur une empreinte qui était seule, à part. Nette, parfaite. Laissée par le pied d’un enfant. La nausée l’envahit, il sentit un poids se déposer en lui, lourd et dur comme une pierre...
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Pour être opérationnel, un bon commandant doit connaître ses hommes, débusquer leurs peurs et leurs frustrations, leurs faiblesses et leurs forces. L’inverse n’est pas vrai.
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Videos de Katherine Scholes (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Katherine Scholes
Après l?inoubliable Reine des pluies, Katherine Scholes signe un roman envoûtant, magnifique portrait d?une jeune femme à la recherche de ses racines, doublé d?une fresque hallucinante sur l?histoire du Congo des années 1960.
En savoir plus sur "Leopard Hall" : http://bit.ly/2nfD44s
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