AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Didier Raymond (Préfacier, etc.)Salomon Reinach (Traducteur)
EAN : 9782869305410
176 pages
Payot et Rivages (02/03/1992)
4.26/5   37 notes
Résumé :
La philosophie, telle que la comprend et la pratique Schopenhauer, est une chasse aux illusions. Dans l'Essai sur le libre arbitre, traduit en 1877 et jamais réédité depuis, il démontre que l'homme est incapable d'agir par lui-même et il relègue au rang de mirage cette mystérieuse faculté appelée libre arbitre. L'homme est prisonnier de lui-même. La seule liberté dont il puisse disposer est une connaissance approfondie de soi. Leçon que Freud, qui avait bien lu Scho... >Voir plus
Que lire après Essai sur le libre arbitreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Quelle affreuse expérience que celle de se voir ainsi confisquer sa liberté, aussi illusoire soit-elle !
Ce court livre (environ 160 pages) est le résultat d'une question mise en concours -que Schopenhauer remportera- par l'Académie Royale de Norvège en 1837 et que je vous restitue telle quelle : "Le libre arbitre peut-il être démontré par le témoignage de la conscience de soi ?"
Dans cet essai, Schopenhauer nous expose sa théorie des motifs, selon laquelle, chacune de nos idées, pensées, actions, aurait au préalable était influencée par un nombre considérable de "motifs", nous retirant par la même occasion notre "liberté d'indifférence" qui veut que chacun de nos choix ait été accompli de manière totalement libre et arbitraire. Cette opinion est bien évidemment appuyée de nombreux exemples, et ne sort pas de nulle part, Schopenhauer nous explique sa démarche pas à pas, permettant ainsi même au novice en philosophie d'appréhender celle-ci, bien qu'il faille s'accrocher, c'est un ouvrage qui reste tout de même relativement accessible.
Je ne vais pas vous en faire un résumé complet, simplement vous dire que j'ai été totalement convaincu -jusqu'aux dernières pages où l'infidélité faite au monde dans lequel nous évoluons m'a quelque peu déçu-, et qu'il est je pense difficile d'affirmer, achevant sa lecture, que le libre arbitre est autre chose qu'une illusion.

Lisez-le si vous tenez à la vérité, ne serait-ce que pour apprécier la rhétorique, si ce n'est infaillible, en tout cas extrêmement développée de Schopenhauer, écoutez ses arguments, et faites votre choix -vous estimerez d'ailleurs sûrement que ce n'est pas vous qui l'aurez fait en tournant la dernière page- ; mais si vous lui préférez ce que vous estimez être votre liberté actuelle, fuyez-le comme la peste ! car il ne saurait que vous y faire renoncer.
Commenter  J’apprécie          80
L'illusion du libre arbitre : pour moi une évidence si on y réfléchit 5 minutes, mais je n'ai jamais réussi à convaincre quelqu'un... Et ce n'est pourtant pas faute de réessayer régulièrement ! En dehors du fait que je sois un piètre escrimeur intellectuel, je pense que c'est surtout un blocage chez la grande majorité des gens qui ne peuvent pas s'imaginer non-libre. J'ai déjà entendu en dernier argument que ce serait trop « horrible »... Il est vrai que si on prend vraiment conscience du déterminisme pur, c'est un sacré changement de paradigme... Toute notre culture occidentale, depuis le Christianisme, proclame que nous possédons le libre-arbitre et nous avons tous et sans cesse l'impression de faire des choix, de décider et d'agir en toute liberté, et cela même si nous sommes conscient des déterminismes environnementaux et biologiques. Il n'empêche, si on y réfléchit bien...
Commenter  J’apprécie          1112
C'est ça. Exactement ça. La philosophie, c'est ce que fait Schopenauer : c'est une science.

Une démonstration logique, il y a une partie bibliographie, il cite d'autres auteurs (beaucoup Kant).

Mais c'est une science avec du coeur et avec des tripes. le philosophe doit prendre parti et défendre son point de vue ensuite (quitte à se faire des ennemis). Alors que nous autres dev(ri)ons rester froids et objectifs dans les sciences "dures".

Par ailleurs, outre la forme qui est vraiment celle d'un article scientifique (voire une thèse vu la longueur), sur le fond il met des mots sur ce que je pressens sans avoir la culture philosophique ni l'habileté pour l'exprimer clairement à propos du libre arbitre. Spoiler : C'est une illusion, chacun-e n'est libre que dans le cadre de sa nature, qui est forgée par les évènements de sa vie, les forces auxquelles il-elle est soumis-e, à partir du matériau brut qui est le patrimoine génétique, culturel, familial du petit enfant.

Il s'agit d'une réponse à une question posée par l'Académie Royale (de Norvège).

D'où il découle que chacun réagit selon son caractère, dont il n'est pas responsable, mais que l'expérience lui permet de découvrir, et qu'il peut donc mieux réagir à certaines situations en ajoutant de nouvelles motivations (par exemple : ne pas blesser moralement quelqu'un, ce qui le poussera à adoucir sa réaction naturelle).

Les exemples scientifiques sont un peu datés (on est au milieu du XIXème s.), mais dans l'ensemble ça me plaît beaucoup beaucoup.
Commenter  J’apprécie          10
Le libre arbitre est une fiction.
Chaque chose agit conformément à sa nature et c'est par ses manifestations actives, sous la sollicitation des motifs, que sa nature nous est révélée.
De même, tout homme agit conformément à ce qu'il est, et l'action conforme à sa nature est déterminée dans chaque cas particulier par l'influence nécessaire des motifs.
Commenter  J’apprécie          40
Un essai fort bien argumenté et pénétrant qui entend nier la thèse du libre-arbitre dans un pessimisme métaphysique tout schopenhauerien. On pourrait résumer le propos ainsi : certes, je fais ce que je veux, du moins quand je le peux, mais cette volonté est nécessaire ou nécessitée, et la nécessité est en contradiction avec le libre-arbitre en tant que concept négatif (absence de contraintes). Schopenhauer ne nie cependant pas toute liberté puisqu'il pose une liberté transcendantale, limitée pour ainsi dire à la connaissance. En tout cas, voilà un travail sur la nécessité performant.
Commenter  J’apprécie          12

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
[...] nous allons nous figurer un homme, qui, se trouvant par exemple dans la rue se dirait : "Il est à présent six heures du soir, ma journée de travail est finie. Je peux maintenant faire une promenade ; ou bien je peux aller au club ; je peux aussi monter sur la tour, pour voir le coucher du soleil ; je peux aussi aller au théâtre, je peux faire une visite à tel ami ou tel autre ; je peux même m'échapper par la porte de la ville, m'élancer au milieu du vaste univers, et ne jamais revenir... Tout cela ne dépend que de moi, j'ai la pleine liberté d'agir à ma guise ; et cependant je n'en ferai rien mais je vais rentrer non moins volontairement au logis, auprès de ma femme." C'est exactement comme si l'eau disait : "Je peux m'élever bruyamment en hautes vagues (oui certes, lorsque la mer est agitée par une tempête !)- je peux descendre d'un cours précipité en emportant tout sur mon passage (oui, dans le lit d'un torrent)- je peux tomber en écumant et en bouillonnant (oui, dans une cascade),- je peux m'élever dans l'air, libre comme un rayon (oui, dans une fontaine)- je peux enfin m'évaporer et disparaître (oui, à 100 degrés de chaleur) ; - et cependant je ne fais rien de tout cela, mais je reste de mon plein gré, tranquille et limpide, dans le miroir du lac." Comme l'eau ne peut se transformer ainsi que lorsque des causes déterminantes l'amènent à l'un ou à l'autre de ces états, de même l'homme ne peut faire ce qu'il se persuade être en son pouvoir, que lorsque des motifs particuliers l'y déterminent.
Commenter  J’apprécie          110
Le concept empirique de la liberté nous autorise à dire : "je suis libre, si je peux faire ce que je veux" ; mais ces mots "ce que je veux" présupposent déjà l'existence de la liberté morale. Or c'est précisément la liberté du vouloir qui est maintenant en question, et il faudrait en conséquence que la question se posât comme suit : "Peux-tu aussi vouloir ce que tu veux ?", ce qui provient de la question de savoir si la volonté dépend de la volonté d'un autre qui le précède. Admettons que l'on répondrait par l'affirmative à cette question : aussitôt il s'en présenterait une autre : "Peux-tu aussi vouloir ce que tu veux ?" et l'on régresserait ainsi à l'infini en remontant toujours la série des volontés, et en considérant chacune d'elles comme dépendante d'une volonté antérieure ou plus profonde, sans jamais parvenir sur cette voie à une volonté primitive, susceptible d'être considérée comme exempte de toute relation et de toute dépendance. Si par ailleurs la volonté de trouver un point fixe nous faisait admettre une pareille volonté, nous pourrions, avec autant de raison, choisir pour volonté libre et inconditionnée la première de la série, que celle-là même dont il s'agit, ce qui ramènerait la question à cette autre fort simple : "peux-tu vouloir ?". Suffit-il de répondre affirmativement pour trancher le problème du libre arbitre ? Mais c'est là précisément ce qui est en question, et qui n'est pas réglé.
Commenter  J’apprécie          30
La volonté finale qui lui fait rejeter un des termes entre lesquels s'exerçait son choix (étant donné son caractère, ainsi que les objets en présence), était-elle contingente, et aurait-il été possible que le résultat final de la délibération fût différent de ce qu'il a été ? Ou bien faut-il croire que cette volonté était déterminée aussi nécessairement (par les motifs), que dans un triangle, au plus grand angle doit être opposé le plus grand côté ?
Commenter  J’apprécie          40
Aussi toute théorie qui ne peut pas s'appuyer sur une démonstration solide et scientifique doit s'effacer devant une vérité aussi bien fondée, partout où elle se trouve en opposition avec elle, bien loin que le contraire ait lieu : et sous aucun prétexte la vérité ne doit se laisser entraîner à des accommodements et à des concessions, pour se mettre en harmonie avec des prétentions énoncées au hasard, et peut-être erronées.
Commenter  J’apprécie          30
Les hommes sont responsables de ce qu'ils font mais innocents de ce qu'ils sont. A l'homme d'assumer le hasard de ce qu'il est. Le caractère est un destin.
Commenter  J’apprécie          90

Videos de Arthur Schopenhauer (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arthur Schopenhauer
« […] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […] » (Roland Jaccard.)
0:00 - Vauvenargues 0:10 - Georges Perros 0:19 - Anatole France 0:29 - Prince de Ligne 0:40 - Jules Renard 0:49 - Blaise Pascal 1:13 - André Ruellan 1:23 - Jean Rostand 1:35 - Georg Christoph Lichtenberg 1:45 - Michel de Montaigne 2:08 - Marc Sautet 2:29 - Cardinal de Retz 2:40 - Montesquieu 2:54 - William Blake 3:05 - Emil Cioran 3:23 - Arthur Schopenhauer 3:57 - Alphonse Esquiros 4:11 - La Rochefoucauld 4:23 - Alexander Mitscherlich 4:34 - Générique
Contenu suggéré : DICTIONNAIRE DU PARFAIT CYNIQUE #2 : https://youtu.be/ER32fi_Jcn0 DICTIONNAIRE DU PARFAIT CYNIQUE #1 : https://youtu.be/PAkTz48qZrw NI ANGE NI BÊTE : https://youtu.be/aBUASQxO9z4 S'IL N'Y AVAIT DE BONHEUR QU'ÉTERNEL... : https://youtu.be/bHCEHBhdLLA LES CHIENS CÉLESTES : https://youtu.be/zZ-0H1qTlJg PETITE FOLIE COLLECTIVE : https://youtu.be/Ge4q_tfPWjM AD VITAM AETERNAM : https://youtu.be/YjvEBidvMXM QUE SUIS-JE ? : https://youtu.be/sbWh58UeGvE LA LUCIDITÉ POUR LES NULS : https://youtu.be/mMXwZq9N2kk Philosophie : https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8pT0¤££¤55Georg-Christoph-Lichtenberg80¤££¤9ptGAv
Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Vauvenargues : https://www.buchfreund.de/de/d/p/101785299/luc-de-clapiers-marquis-vauvenargues-1715-1747#&gid=1&pid=1 Georges Perros : https://editionsfario.fr/auteur/georges-perros/ Anatole France : https://rickrozoff.files.wordpress.com/2013/01/anatolefrance.jpg Prince de Ligne : https://tresorsdelacademie.be/fr/patrimoine-artistique/buste-de-charles-joseph-prince-de-ligne#object-images Jules Renard : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a5/Jules_Renard_-_photo_Henri_Manuel.jpg Blaise Pascal : https://www.posterazzi.com/blaise-pascal-french-polymath-poster-print-by-science-source-item-varscibp3374/ André Ruellan : https://www.babelio.com/auteur/
+ Lire la suite
>Philosophie et disciplines connexes>Epistémologie, causalité, genre humain>Déterminisme et indéterminisme (18)
autres livres classés : philosophieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (141) Voir plus



Quiz Voir plus

Woody Allen ou Schopenhauer ?

"Les uns croient au communisme, les autres en Dieu, les autres à la psychanalyse, mais à la fin, on termine tous dans une tombe."

Woody Allen
Schopenhauer

11 questions
131 lecteurs ont répondu
Thème : Arthur SchopenhauerCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..