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EAN : 9782213614083
626 pages
Fayard (17/07/2002)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Longtemps rejeté aux marges du romantisme dont il est pourtant une figure centrale, Alexandre Dumas est, enfin, reconnu pour ce qu'il est : un prodigieux fleuve narratif, le plus grand romancier du dix-neuvième siècle, peut-être. Eternel chasseur de gloire et d'argent, il a étendu pendant presque un demi-siècle sur l'Europe littéraire la lumière de son immense popularité. Il porte au théâtre la révolution romantique ; il invente pour instruire le peuple des romans h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Vous l'avez probablement noté si vous suivez un peu mes critiques, mais cette année 2014 a été placée sous le signe flamboyant d'Alexandre Dumas, un de mes grands amours littéraires de jeunesse que j'ai eu le plaisir de redécouvrir récemment. Il semblait donc juste de terminer l'année par la lecture d'une biographie de Dumas et pas écrite par n'importe qui, attention, par Claude Schopp, probablement l'admirateur français le plus fanatique et le plus monomaniaque du ventripotent auteur romantique.

Claude Schopp a consacré sa vie à Alexandre Dumas, a fait éditer des dizaines de ses oeuvres les plus méconnues, s'est penché sur les moindres détails de sa vie, sur ses moindres lettres, sur ses moindres nouvelles. Un tel dévouement a immanquablement créé un lien particulier entre le biographe et son sujet : Claude Schopp ne parle pas de Dumas avec l'abstraction que l'on conserve généralement vis-à-vis des grands hommes, il en parle comme d'un ami, un très cher, très fantasque et très brillant ami. Il l'interpelle, se moque gentiment de ses folies et de ses inconséquences, s'amuse de ses fantaisies et applaudit joyeusement à ses triomphes.

Sa biographie ne perd pas pour autant en détails et en objectivité, mais elle gagne énormément en tendresse et en émotion. Quel plaisir que de suivre Dumas le long des chemins campagnards de son enfance, enfance dorée par la présence d'un père vénéré et d'une mère un peu dépassée mais adorée ! Quelle excitation que de l'accompagner à Paris, d'être ébloui à ses côtés par la performance de l'illustre Talma à la Comédie Française, de côtoyer le cercle passionné et tumultueux des jeunes romantiques, Victor Hugo, Théophile Gauthier, Gérard de Nerval, Honoré de Balzac ! Quelle exaltation que de partager ses premiers succès d'auteur théâtral, de courir sur ses talons pour faire le coup de feu pendant la Révolution de Juillet ! Quelle joie que de voir naître sous sa plume alerte les chefs d'oeuvres qui nous enchanteront des décennies plus tard, « Les Trois Mousquetaires », « le comte de Monte-Cristo », « La reine Margot », « Vingt ans après » !

Et quand les années noires viennent, quand les amis commencent à mourir, que les bourses se vident, que le cher Victor est parti en exil, que les enfants tournent le dos, que la critique boude, on s'émeut sur le sort de ce grand bougre dépensier, fort-en-gueule et orgueilleux, mais aussi si bon, si chaleureux, si affectueux, si joyeux, si humain en somme…

Jamais je n'avais été autant touchée à la lecture d'une biographie. J'en suis sortie avec le sentiment, non seulement d'avoir appris une foule de détails sur la vie de Dumas, mais aussi d'avoir été, le temps de quelques centaines de pages, un peu plus proche de lui – pas une amie, n'exagérons pas, pas même une connaissance, mais presque une contemporaine, quelqu'un qui l'aurait croisé au détour d'une rue, l'aurait entraperçu brièvement du coin de l'oeil, juste le temps de s'extasier « Regardez, Regardez ! Je l'ai vu, c'est Alexandre Dumas ! ».

Adolescente, j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps à la mort des mousquetaires dans « le vicomte Bragelonne ». Aurais-je l'air ridicule si je confesse avoir un peu larmoyé sur la mort du dernier et du plus vieux des mousquetaires, treize ans plus tard ? Contrairement à ses héros, Dumas n'aura pas eu la chance d'une mort épique, mais il s'est éteint dans son lit, ruiné mais entouré des siens, et son dernier geste conscient fut un sourire. Il avait peur pourtant, il tremblait de voir son oeuvre disparaitre derrière lui, d'avoir bâti son immense château sur du sable… Qu'il se rassure maintenant : à l'instar de d'Artagnan, d'Athos, d'Aramis et de Porthos, il est devenu immortel. Regardez les rayons des librairies, des bibliothèques, les affiches de cinéma, de série télévisée, les petits garçons coiffés de chapeaux à plumes dans les défilés de Carnaval !

Qu'on se le dise, qu'on le clame haut et fort : Dumas n'est pas mort !
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Il était le génie de la vie, il n'a pas senti la mort. Belle épitaphe que celle offerte par George Sand à ce très grand bonhomme dont la vie fut à la démesure de l'oeuvre.
Petit-fils d'un marquis aventureux et d'une belle esclave noire, fils d'un général révolutionnaire déchu, il naquit avec le siècle et joua un rôle dans tous les grands combats progressistes de son temps. Celui de l'art romantique, aux côtés de Hugo, sur les scènes des théâtres parisiens. Celui de la république, en 1830, fusil au poing sur les barricades, puis en 48, moins jeune déjà, candidat enthousiaste mais malheureux à des élections qui le laisseront sur la touche. Celui de l'indépendance italienne, encore, aux côtés de Garibaldi, alors que la vieillesse lui tendait déjà les bras.

Engagé en littérature par vocation, parce qu'il fallait bien gagner sa vie, parce que la politique ne voulait pas de lui, il devint l'auteur le plus prolifique de son temps (voire de tous !), aidé par de multiples collaborations sans doute, mais aussi et surtout, par une formidable fertilité intellectuelle, une puissance de travail énorme.
Le résultat se chiffre par dizaines : de pièces de théâtre, de nouvelles, d'articles, d'impressions de voyage, de causeries, de romans. Il connut des triomphes magnifiques et des fours formidables. Y gagna des centaines de milliers, qu'il perdit par millions. Généreux, dispendieux, inconséquent, entouré toujours d'innombrables maîtresses, de pique-assiettes éhontés, embarqué sans cesse dans de grandes affaires plus ruineuses que rentables, il finit à peu près aussi pauvre qu'il avait commencé. Et au milieu de tout cela, il trouva encore le temps de voyager, avec autant de passion qu'il en mettait pour le reste : en Suisse, en Italie, en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Espagne, en Afrique du Nord, en Angleterre, en Russie...

Grand spécialiste de Dumas, Claude Schopp en livre ici une biographie d'une grande précision. Un poil trop précise, même, peut-être : alors que je ne connais pas trop mal l'époque et le contexte, j'avoue m'être parfois un peu perdue dans cette accumulation de faits, qui aurait gagné à un peu plus de synthèse et d'analyse, à quelques remises en perspective politique et littéraire. de même, j'aurais apprécié un peu moins de détails sur les très nombreuses maîtresses, les grands amours dont la répétition devient très vite lassante, et en contrepartie en apprendre un peu plus sur ces belles amitiés qui furent aussi l'un des grands fondements de la vie de Dumas.
Malgré ces quelques réserves, la lecture est très intéressante, enthousiasmante même parfois, lorsque la jeunesse s'emballe dans ses premiers combats, lorsque les théâtres croulent sous les applaudissements, lorsqu'il faut affronter les vieux prégugés et la censure, lorsque les balles sifflent sur les barricades. Bien plus tard, même, lorsque vieilli, ruiné, l'incorrigible Alexandre refuse encore de devenir respectable, fait le désespoir de son fils en posant, égrillard, enlacé d'une belle écuyère demi-nue.
Enthousiasmante parfois, et parfois franchement poignante, lorsque les amis commencent à mourir, que les désastres s'accumulent, que l'argent fait défaut et oblige à courir toujours plus vite après le moindre sou, à prostituer le talent pour tenter de sauver le navire. Lorsque la formidable vitalité se heurte désormais, régulièrement, à la mélancolie, et qu'un réalisme désabusé vient ternir les beaux idéaux d'autrefois. Claude Schopp est particulièrement doué pour décrire ces moments noirs, qui donnent à ce grand monstre impétueux une belle profondeur.
Nuancé et intelligent, le portrait de l'auteur, indéniablement, est superbe !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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critiques presse (1)
LeFigaro
22 juin 2017
Biographie d'une haute érudition, le travail des Schopp est surtout l'occasion de voir s'écrire sous nos yeux un roman familial hors du commun dans la France artiste et bourgeoise du second Empire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"Le nom d'Alexandre Dumas est plus que français, il est européen ; il est plus qu'européen, il est universel. Son théâtre a été affiché dans le monde entier ; ses romans ont été traduits dans toutes les langues. Alexandre Dumas est un de ces hommes qu'on peut appeler les semeurs de civilisation ; il assainie et améliore les esprits par on ne sait quelle clarté gaie et forte ; il féconde les âmes, les cerveaux, les intelligences, il crée la soif de lire ; il creuse le génie humain, et il l'ensemence. Ce qu'il sème, c'est l'idée française. L'idée française contient une quantité d'humanité telle que partout elle pénètre, elle produit le progrès. De là l'immense popularité des hommes comme Alexandre Dumas. Alexandre Dumas séduit, fascine, intéresse, amuse, enseigne. De tous ses ouvrages, si multiples, si variés, si vivants, si charmants, si puissants, sort l'espèce de lumière propre à la France."

(Victor Hugo à Alexandre Dumas Fils - avril 1872)
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Alexandre n'a de vertiges que physiques, au haut de la tour de Notre-Dame ou au sommet du Wegghis, mais il se plaît à l'altitude dans l'aventure sociale. Maître incontesté du feuilleton, il règne sur les journaux auxquels il a imposé des conditions ; seuls les petites feuilles, auxquelles il ne peut prêter sa plume, continuent à le harceler, piqûres de moustiques sur l'épiderme de l'éléphant. Alors, ne pourrait-il pas s'arrêter un instant sur le bord du chemin de la vie, faire fructifier en père de famille ses immenses revenus ? "Enrichissez-vous" a lancé naguère Guizot de la tribune de la Chambre. Economiser, s'économiser. Alexandre éclate d'un rire d'ogre. Il méprise Guizot, il méprise la boutique louis-philipparde, il méprise les petites manoeuvres thésaurisatrices de ses contemporains. Il construit par la plume une réplique de l'épopée impériale. Toujours plus. Non pas d'argent, non pas de pouvoir, bien qu'il poursuive l'un et l'autre comme un moyen. Toujours plus de vie.
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Je n'ai pas oublié le quai d'Anvers, ami,
Ni le groupe, vaillant, toujours plus raffermi,
D'amis chers, de fronts purs, ni toi, ni cette foule.
Le canot du steamer soulevé par la houle
Vint me prendre, et ce fut un long embrassement
Je montai sur l'avant du paquebot fumant,
La roue ouvrit la vague, et nous nous appelâmes.
- Adieu ! - Puis, dans les vents, dans les flots, dans les lames,
Toi debout sur le quai, moi debout sur le pont,
Vibrant comme deux luths dont la voix se répond,
Aussi longtemps qu'on put se voir, nous regardâmes
L'un vers l'autre, faisant comme un échange d'âmes ;
Et le vaisseau fuyait et la terre décrut ;
L'horizon entre nous monta, tout disparut ;
Une brume couvrit l'onde incommensurable ;
Tu rentras dans ton œuvre éclatante, innombrable,
Multiple, éblouissante, heureuse, où le jour luit ;
Et moi dans l'unité sinistre de la nuit.

(Victor Hugo à Alexandre Dumas - extrait des "Contemplations")
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Les héros ne meurent jamais, au désespoir de leurs biographes qui, éternelles Pénélope, doivent sans cesse remettre leur trame sur le métier. On ne peut rééditer une biographie qu'en la réécrivant, car les héros ont continué de vivre, hors du livre. Ils ont aimé d'autres maîtresses, engendré d'autres enfants, lié d'autres amitiés, ils ont écrit d'autres oeuvres, ils ont fait d'autres voyages. Les biographes eux-même sont quelquefois à l'origine de ces nouvelles découvertes qui annulent pour partie leur travail, définitif, pensaient-ils.
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« Il était le génie de la vie, il n’a pas senti la mort »

(George Sand)
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Vidéo de Claude Schopp
L'impact culturel du chef-d'oeuvre Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas est énorme. Publiée initialement sous la forme d'un roman-feuilleton en 1844, la puissance évocatrice de l'oeuvre a contribué à la mythification de la figure du Mousquetaire. Qu'on l'ait lu ou non, les noms de D'Artagnan, Athos, Porthos et Aramis évoquent à tous les romans de cape et d'épée, l'héroïsme, l'aventure épique, la loyauté et l'amitié.
Pour évoquer ce chef-d'oeuvre, Nicolas Herveaux reçoit Claude Schopp, docteur es lettres, biographe d'Alexandre Dumas dont il est un grand spécialiste et Clara Hedouin, auteure et comédienne.
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