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EAN : 9782020133197
185 pages
Seuil (18/03/1992)
3.92/5   20 notes
Résumé :
Physique quantique et représentation du monde

L’œuvre d’Erwin Schrödinger, le grand pionnier de la théorie quantique, porte bien au-delà de la seule physique théorique. Les textes ici rassemblés montrent que sa pensée n’a rien perdu de son actualité. Il y évoque la « barbarie de la spécialisation » et la nécessaire intégration de la science à la culture, convaincu que la recherche scientifique doit aller de pair avec l’« enquête » philosophique et la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Houlà me suis-je dit, attention, je m'attaque ici à du lourd, à du très lourd… Car nous sommes en présence d'un Grand Maître, d'un Grand Ancien, d'un Grand « Père », d'un Grand Illuuuustrissime et Tooooopissime Inventeur de la Mécanique Quantique ! Chevelure en pétard, petites lunettes rondes, noeud papillon de travers, rire malicieux – cf. la nouvelle couverture du livre chez Points-Sciences –, il est entré dans la Légende : voici Erwin Schrödinger, l'inventeur de l'Équation (du même nom) et du Chat (du même nom aussi).
Du très lourd… Et pourtant, ce court essai ne pèse « que » 120 pages, hors introduction (20 pages environ) et notes (45 pages – en petits caractères – situées en fin de volume) deux ajouts indissociables que l'on doit à Michel Bitbol, directeur de recherche au CNRS, directeur adjoint de l'École polytechnique, chercheur en philosophie des sciences. le texte de Schrödinger est constitué de deux parties : la première « Science et Humanisme » (Science and Humanism, physics in our time) a été rédigée en 1951 à partir de quatre conférences données à Dublin en 1950, la seconde « La situation actuelle en mécanique quantique » est la traduction d'un article datant de 1935 (Die gegenwärtige Situation in der Quantenmechanik), l'année de l'invention du Chat, soit deux ans après l'attribution du prix Nobel de Physique reçu en 1933.
Quand on s'appelle Schrödinger, on s'en doute, on ne fait pas dans la vulgarisation à la petite semaine pour béotiens. Pour autant, on ne déballe pas non plus les formules mathématiques qui sous-tendent la théorie ou qui servent dans la démonstration de l'Équation ; d'ailleurs, Michel Bitbol, le décodeur inclus, va devoir s'en charger lui-même dans ses notes pour tenter d'éclairer notre lanterne sur les laconiques assertions d'Erwin. En fait, le texte de d'Erwin Schrödinger est purement et simplement (si j'ose dire) philosophique : il ne développe pas la description des modèles atomiques de l'époque, il ne s'étend pas sur les procédés expérimentaux utilisés, il ne raconte pas l'aventure quantique empruntant ses chemins détournés, il ne s'interroge que sur l'interprétation de la théorie quantique, au moment où les récentes découvertes – comme le principe d'incertitude d'Heisenberg ou l'énoncé du paradoxe Einstein-Podolsky-Rosen – provoquent de passionnants débats et sèment la confusion et le trouble chez les savants (nous ne sommes qu'en 1935).
Schrödinger s'adresse visiblement à un public aguerri, sans doute formé initialement de scientifiques et de physiciens, et il s'avère donc difficile à suivre pour un lecteur non averti. L'auteur aborde dans la première partie les notions de continu et de discontinu dans la représentation du réel, les relations de causalité, le problème du libre arbitre, l'interdépendance entre le sujet et l'objet. Mais toutes ces notions revisitées et expliquées à l'éclairage de la mécanique quantique resteront hermétiques au lecteur qui en ignore les concepts. Dans la seconde partie, plus ancienne, Schrödinger aborde plus ouvertement la théorie, évoque la fonction d'onde et son effondrement, le paradoxe du chat, les variables cachées et l'intrication (appelée ici « entremêlement »), le problème de la mesure, les résultats qui dépendent de la volonté de l'observateur, le rôle du temps et les limites de la conception non relativiste de la théorie, etc. Ici encore, Michel Bitbol, tel Zorro, arrive à la rescousse avec moult précisions puisées dans les écrits scientifiques, les courriers échangés, le formalisme mathématique qui avait été initialement occulté, les évolutions actuelles de la théorie, voire ses propres analyses d'épistémologue, etc. pour aider le pauvre lecteur à comprendre et à suivre sans se perdre les méandres de la pensée schrödingérienne.
L'effort est louable, mais il exige du lecteur qui joue le jeu une attention redoublée par la lecture en parallèle du texte et des 145 notes (qui sont très copieuses), ainsi qu'une sorte de dextérité manuelle lui permettant d'utiliser deux doigts à la fois, introduits à deux endroits différents dans la tranche du livre pour tourner simultanément les pages à partir des textes et des notes en correspondance (les lecteurs de moindre habileté s'autoriseront à utiliser deux marque-pages).
Ces deux textes d'Erwin Schrödinger sont manifestement entrés dans l'histoire, au même titre que le court essai d'Einstein vulgarisant la Relativité. Il ressort de cette lecture exigeante le sentiment d'avoir accompli de méritants efforts, pour parvenir à maîtriser un débat qui donne une représentation un peu datée de la mécanique quantique (par exemple en s'interrogeant sur le rôle de la conscience de l'expérimentateur selon l'interprétation d'Eugène Wigner), et dont l'intérêt réside surtout dans la célébrité et la notoriété de l'auteur.
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Suite à votre choix sur Instagram (ceux que ne me suivent pas encore, rejoignez-nous @hippetc pour des contenus exclusifs et dynamiques), voici ma chronique de ce livre scientifique ! Mon amour pour les sciences étant aussi fort que celui pour les lettres, j'ai suivi un Master de philosophie des sciences fondamentales (à dominante mathématiques). Et puis, Schrodinger (comme bien d'autres scientifiques) me fascine!

Dans ces deux exposés, Schrodinger nous dévoile ses théories sur la matière, la physique, et la mécanique quantique. A partir d'illustres exemples, on (re)découvre les rouages de ces avancées qui ont fait la science.

Reminiscence de mon parcours, de ces années à étudier des théorèmes divers et variés, j'ai apprécié cette lecture. Même si je suis un peu rouillée en terme de physique, la logique et l'approche restent limpides !
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Quand un des pères de la mécanique quantique prend la plume, le résultat est à la hauteur de ses travaux théoriques : limpidité, clarté… Voilà bientôt un siècle que physiciens et philosophes (rares) débattent de “l'interprétation” de la MQ, sujet passionnant, sans doute réservé à quelques-uns. Dans ce petit livre, deux articles qui synthétisent le point de vue de S sur le sujet, notamment son célèbre chat. La fréquentation de telles “pointures” est un antidote à la médiocrité et à la stupidité ambiante, que l'on partage ou non son point de vue sur le sujet. Cela change du Woke et e la cancel-inculture de nos médias.
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un magnifique livre qui recueille des conférences données par l'un père de la physique quantique, le grand physicien autrichien Erwin Schrodinger.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Que nous a apporté cette analyse ? En premier lieu, un aperçu sur la séparation disjonctive du catalogue de prévisions, qui se produit systématiquement et qui se traduit par son insertion dans un catalogue commun pour l'appareil de mesure et l'objet. L'objet ne peut être extrait de cet entremêlement que par le sujet vivant, lorsqu'il prend connaissance du résultat de la mesure. Il faut que cela se produise, à un moment ou à un autre, pour que ce qui s'est passé représente véritablement une mesure, même s'il nous tient à cœur d'envisager le déroulement du processus le plus objectivement possible. En second lieu, nous avons appris ceci : ce n'est qu'au moment de cette inspection, qui permet de prononcer une décision sur la disjonction, qu'il se passe quelque chose de discontinu : un saut (*). On est tenté d'appeler cela un acte mental, puisque l'objet est alors déconnecté de l'appareil de mesure et n'est donc plus soumis à un contact physique. Ce qui lui est arrivé est désormais passé.
_______________________________________________________
(*) Note de Michel Bitbol n°110.
Von Neumann a rapporté cette discontinuité à la part de dualisme que comporte nécessairement une description exhaustive de la chaîne de mesure : « Cependant, si loin que nous allions [...], jusqu'à la rétine de l'observateur ou à son cerveau, il faut de toute façon nous arrêter et dire : et ceci est perçu par l'observateur » (J. von Neumann, "Les Fondements mathématiques de la mécanique quantique", op. cit., p. 288).
Wigner exprime ce dualisme plus concrètement et plus naïvement, lorsqu'il évoque le « rôle particulier » que joueraient les « êtres conscients » en mécanique quantique (E. Wigner, « Remarks on the mind-body question », in "Symmetries and Reflections", Ox Bow, 1979, p. 180).
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Quelle est la valeur de la recherche scientifique? Chacun sait que de nos jours, plus que jamais, tout homme ou toute femme qui désire apporter une contribution originale à l’avancement de la science doit se spécialiser : c’est-à-dire intensifier son propre effort en vue d’apprendre tout ce que l’on connaît dans un certain domaine étroit et ensuite essayer d’augmenter l’ensemble de ses connaissances par son propre travail - par des études, des expériences et de la réflexion.
Lorsqu’on est engagé dans une activité spécialisée de ce genre, il est naturel que l’on s’arrête à certains moments pour s’interroger sur l’utilité de ce que l’on fait.
(…)
Ne perdez jamais de vue le rôle qu’a votre sujet particulier dans la grande représentation de la tragi-comédie de la vie humaine; gardez contact avec la vie - non pas tant avec la vie pratique qu’avec le fonds idéals de la vie, qui est toujours tellement plus important; et maintenez la vie en contact avec vous. Si vous n’êtes pas capable -à longue échéance- d’expliquer à n’importe qui ce que vous avez fait, votre activité à été inutile.
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Il y a un passage fameux dans la mort de Wallenstein(II,3)

Sachez-le :les pensées et les actions des hommes ne sont pas comme des vagues de la mer qui sont agitées de façon aveugle.Le monde intérieur,son microcosme,est le puits profond d’où elles sourdent sans cesse.Elles sont nécessaires,comme le fruit de l’arbre ;le hasard ne peut les modifier par des tours de passe -passe.Dès que j’ai examiné ce qu’il y a dans le cœur de l’homme,je connais son vouloir et son agir.
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Si vous n'êtes pas capable d'expliquer à n'importe qui ce que vous avez fait, votre activité a été inutile.
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le savoir scientifique fait partie du fonds idéal de la vie humaine
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Videos de Erwin Schrödinger (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erwin Schrödinger
Préface de Mieke BAL
Nouvelle édition actualisée
Dans le contexte actuel de guerre et de pandémie, la réédition de Mère Folle prend une tonalité particulière. En effet, dans un récit littéraire, l'ouvrage met en scène la rencontre anachronique des Fous d'un théâtre politique très populaire en Europe après la Grande Peste et la Guerre de Cent ans avec ceux des asiles où l'auteur a travaillé comme analyste pendant trente ans.
Demain, c'est la Toussaint. La narratrice, psychanalyste à l'hôpital psychiatrique, vient d'apprendre la mort par overdose d'un de ses patients psychotiques. Découragée, elle s'en veut et en veut à la psychanalyse de cet échec. Tentée d'abandonner son travail, elle y retourne néanmoins « à reculons ».
Débute alors un étrange voyage où des personnages surgis du passé, fous du Moyen-Âge, acteurs des Sotties – Mère Folle – se mêlent aux malades de l'hôpital, mais aussi à de grands penseurs comme Erasme, René Thom, Artaud, Wittgenstein ou Schrödinger avec qui elle engage des dialogues imaginaires. Cette traversée dialogique, qui est aussi un retour vers son propre passé, la rend capable de recevoir et mettre en actes les enseignements de Gaetano Benedetti à qui elle rend visite à Bâle pendant le Carnaval. Il lui conseille de s'immerger dans le délire de ses patients afin de devenir leur égal fraternel et de leur ménager un espace auxiliaire où pourront être rendues conscientes les « aires catastrophiques » constitutives de leur folie. le traitement possible de la psychose est à ce prix.
Dans le contexte actuel de guerre et de pandémie, la réédition de Mère Folle qui met en scène la rencontre anachronique des Fous d'un théâtre politique très populaire en Europe après la Grande Peste et la Guerre de Cent ans avec ceux des asiles où l'auteur a travaillé comme analyste pendant trente ans, se révèle particulièrement précieuse.
Dans la collection
Hypothèses
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