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Critique de 5Arabella


Je ne sais pas si on peut qualifier ce livre de roman, tellement sa construction est particulière. Suite à une préface dans laquelle Raoul Schrott nous explique comment les textes qui suivent sont censés être entrés en sa possession, quatre parties bien distinctes, et pourtant intimement associées suivent.

La première est supposée être la traduction du texte prétendument retrouvé de Pythéas le Massaliote, un grec parti à la découverte de terres du Nord mythique, dont la fameuse Ultima Thulé. le deuxième carnet est un mélange de lettres et journal intime de Ludwig Höhnel, archéologue autrichien. le troisième carnet revient sur les fouilles entreprises par Höhnel et Schiaparelli au Kenya, à la recherche de l'origine de l'homme. La dernière partie enfin, évoque l'expédition à laquelle a participé le grand père de Höhnel au XIXem siècle, ainsi que des mystérieux événements arrivés dans le même endroit dans les années 30, très proche en fait du lieu de fouilles de Höhnel et Schiaparelli. Voilà donc pour un impossible résumé, mais vous l'avez compris, ce n'est pas le récit en lui même qui fait l'intérêt de ce livre.

Ce qui frappe de prime abord et fascine le lecteur parti dans l'exploration de ce texte, c'est le style, l'écriture, de Raoul Schrott. J'ai lu quelque part qu'il écrivait de la poésie, et à mon sens il forge sa phrase comme un poème en prose, avec un rythme, une respiration, une musique. Chaque mot est à sa place, il ne pourrait être remplacé par un autre, c'est un travail au millimètre près, qui donne envie de lire ce texte à haute voix pour en retrouver toute la richesse et toute la beauté.

Raoul Schrott nous parle de la mort, de l'impression de notre propre finitude, de l'impossible contact avec l'autre, aussi proche de nous qu'il doive nous paraître, de l'altérité, de ces créatures que nous considérons ou non comme nos semblables, où commence l'humain et où finit l'animal. Il aborde les confins du monde comme on aborderait nos propres limites, les limites de notre propre humanité et identité. Et comme il a une culture encyclopédique et qui semble inépuisable, c'est d'une richesse et d'une complexité qui demande sans aucun doute plusieurs lectures pour en saisir au moins en partie le contenu.

Ce fût une belle découverte, mais disons que ma réserve serait que l'auteur a peut être essayé de mettre trop de choses dans un livre finalement relativement court et que cette extrême abondance, finit par perdre par moments son lecteur. La quatrième de couverture précise que c'est le premier roman de l'auteur, et j'ai comme la sensation, que comme pour beaucoup de premiers romans, l'auteur a eu l'ambition d'écrire l'Ultime roman, d'y mettre tout ce qu'il trouvait important, et d'adopter une construction très ambitieuse. Et du coup, le résultat final n'est pas complètement à la hauteur d'une telle ambition, même si c'est un livre fort et dense, et que certains de ses passages vont longtemps me hanter.
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